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Terminus elicius (Karine Giebel)

note: 5Train avec correspondance Jean-François - 29 mai 2020

Un jour, un train, entre Istres et Marseille. Dans le train de 17h36, toujours à la même place au fond du dernier wagon, Jeanne trouve un jour une lettre qui lui est adressée par un inconnu. Lui la connait, et même très bien, il la trouve jolie, lui déclare son amour. Elle, secrétaire autant exemplaire que discrète au commissariat, va voir changer sa vie, surtout lorsque son amant épistolaire lui apprend une terrible vérité. De son côté, le capitaine Esposito enquête sur une série de meurtres inexpliqués, assortis d’un rituel particulièrement cruel. Tel est le départ d’un récit haletant, exécuté avec brio, où le mystère demeure jusqu’à la dernière page, conviant le lecteur à imaginer des pistes tout aussi fausses les unes que les autres. Une écriture efficace, où chaque mot semble définitivement à sa place, des personnages attachants, y compris ceux que l’on préférerait ne jamais rencontrer. Une réussite du genre…

Victoire, les saveurs et les mots (Maryse Condé)

note: 5la race, dans tous ses états… Jean-François - 15 mai 2020

Victoire, cette grand-mère maternelle à la peau blanche et aux yeux clairs, que l’auteure n’a pas connue, qui était-elle vraiment ? Sa mère lui en a peu parlé, mais les légendes sur son compte courent vite dans cette Guadeloupe métissée où les différences de couleur de peau ont longtemps servi de référence aux haines sociales. Comme dans une enquête policière, Maryse Condé va recouper les témoignages, consulter les archives locales, et combler les vides avec son imagination pour nos livrer ce magnifique portrait de femme, loin, très loin des légendes qui ont circulé sur son compte. Certains la prenaient pour un démon maléfique à cause de sa beauté si étrange, d’autres lui tressaient des lauriers en raison de ses talents extraordinaires de cuisinière. Mais qui était-elle réellement lorsqu’on se débarrasse des on-dit et des a priori ? Et au-delà de cette quête de la vérité sur une femme qui a vécu en silence le passage du dix-neuvième au vingtième siècle, l’auteure dresse un réquisitoire sans faille d’un racisme ordinaire qui est loin d’être l’apanage des seuls blancs de peau…

Oeuvre non trouvée

note: 5La race, dans tous ses états… Jean-François - 15 mai 2020

Victoire, cette grand-mère maternelle à la peau blanche et aux yeux clairs, que l’auteure n’a pas connue, qui était-elle vraiment ? Sa mère lui en a peu parlé, mais les légendes sur son compte courent vite dans cette Guadeloupe métissée où les différences de couleur de peau ont longtemps servi de référence aux haines sociales. Comme dans une enquête policière, Maryse Condé va recouper les témoignages, consulter les archives locales, et combler les vides avec son imagination pour nos livrer ce magnifique portrait de femme, loin, très loin des légendes qui ont circulé sur son compte. Certains la prenaient pour un démon maléfique à cause de sa beauté si étrange, d’autres lui tressaient des lauriers en raison de ses talents extraordinaires de cuisinière. Mais qui était-elle réellement lorsqu’on se débarrasse des on-dit et des a priori ? Et au-delà de cette quête de la vérité sur une femme qui a vécu en silence le passage du dix-neuvième au vingtième siècle, l’auteure dresse un réquisitoire sans faille d’un racisme ordinaire qui est loin d’être l’apanage des seuls blancs de peau…

Une mère (Alejandro Palomas)

note: 5mater dolorosa Jean-François - 9 mai 2020

Une mère, et pas n’importe laquelle ! Amalia combine tous les excès. Elle perd (ou fait semblant de perdre) la mémoire, se trompe tout le temps, n’a aucune culture, fait des gestes brusques qui génèrent des catastrophes, et sa vue baisse terriblement. Mais cet excès embrasse aussi un amour infini pour ses enfants, Fernando (Fer), Sylvia et Emma, et une vision à dix dixièmes de leurs tourments affectifs. Débutant comme une comédie burlesque des joies et vicissitudes de la vie en famille, doté d’un humour ravageur, ce roman singulier tourne assez rapidement à une analyse en profondeur, quasiment philosophique, du rapport à l’autre et à soi-même, dans une langue empreinte de poésie (merci à la traductrice). Une belle réussite…

Roy Grace n° 3
Mort, ou presque (Peter James)

note: 5bloody brighton Jean-François - 1 mai 2020

Une femme est retrouvée sauvagement assassinée à son domicile, dans une somptueuse villa de Brighton, le Deauville anglais. Son mari, un riche homme d’affaires, devient le principal suspect dès lors qu’on découvre qu’il a souscrit au nom de sa femme une assurance-vie de trois millions de livres, ce qu’il nie farouchement. Roy Grace est chargé de cette enquête particulièrement difficile, qui l’oblige à vérifier pas à pas des informations souvent contradictoires. Un second meurtre, commis dans des conditions identiques, avec le même rituel fétichiste, va encore compliquer l’affaire. Mais qui se cache donc derrière ce personnage respecté dans le "tout" Brighton : un maniaque sexuel, doublé d’un tueur en série ? Un Peter James de haute volée, qui ne vous lâchera pas de la première à la toute dernière page, avec des pistes habilement dissimulées que le lecteur averti devra saisir au vol s’il veut résoudre l’énigme avant notre héroïque enquêteur…

Oeuvre non trouvée

note: 5la forteresse encombrée Jean-François - 19 avril 2020

Autiste, vous avez dit autiste ? Ce vocable désigne une pathologie mal connue, que certain(e)s, dont je tairai les noms, ont il n’y a pas si longtemps assimilée à un dysfonctionnement de l’environnement affectif de l’enfant, prétendant le soigner en le retirant à ses parents. La narratrice, Laura, a réussi à grand peine à retirer son fils César, diagnostiqué autiste dès son plus jeune âge, des griffes des psychiatres. Elle veut lui permettre de fréquenter l’école maternelle pour qu’il soit en contact avec les autres enfants de son âge hors du circuit des centres spécialisés. Handicapé, oui, relégué, non, tel est son credo. Elle va le défendre becs et ongles au long d’un parcours du combattant qui va l’amener à braver la pesanteur d’une administration hypocrite, affichant de beaux principes sans jamais les appliquer. Un roman sensible, décrivant avec finesse les rapports mère-enfant et bien au-delà. L’empathie est totale, jusqu’au final retentissant qui va voir enfin la victoire de cette mère-courage des temps modernes. Un bien beau livre, qui fait du bien…

Un bonheur que je ne souhaite à personne (Samuel Le Bihan)

note: 5la forteresse encombrée Jean-François - 19 avril 2020

Autiste, vous avez dit autiste ? Ce vocable désigne une pathologie mal connue, que certain(e)s, dont je tairai les noms, ont il n’y a pas si longtemps assimilée à un dysfonctionnement de l’environnement affectif de l’enfant, prétendant le soigner en le retirant à ses parents. La narratrice, Laura, a réussi à grand peine à retirer son fils César, diagnostiqué autiste dès son plus jeune âge, des griffes des psychiatres. Elle veut lui permettre de fréquenter l’école maternelle pour qu’il soit en contact avec les autres enfants de son âge hors du circuit des centres spécialisés. Handicapé, oui, relégué, non, tel est son credo. Elle va le défendre becs et ongles au long d’un parcours du combattant qui va l’amener à braver la pesanteur d’une administration hypocrite, affichant de beaux principes sans jamais les appliquer. Un roman sensible, décrivant avec finesse les rapports mère-enfant et bien au-delà. L’empathie est totale, jusqu’au final retentissant qui va voir enfin la victoire de cette mère-courage des temps modernes. Un bien beau livre, qui fait du bien…

06h41 (Jean-Philippe Blondel)

note: 4un train peut en cacher un autre… Jean-François - 11 avril 2020

Attention : un train peut en cacher un autre, clame la SNCF pour mettre en garde ses voyageurs. Un homme, une femme, peuvent en cacher un(e) autre tout autant, comme dans cette étrange histoire, qui se déroule pendant le trajet d'une heure et trente-six minutes qu’effectuent, de Troyes à Paris, Cécile Mergey née Duffaut et Philippe Leduc. Le hasard, ou le caprice d’un esprit facétieux, fait s’asseoir Philippe à côté d’une belle passagère à l’air conquérant. Il finit par reconnaître en elle cette jeune fille assez quelconque avec laquelle il avait eu une liaison quelque vingt-sept années plus tôt. Elle, a tout de suite identifié ce séducteur impénitent, qui n’avait pas hésité à la plaquer en plein week-end amoureux. Aujourd’hui bedonnant, les traits avachis, le bel et le fier n’est plus si fringant aujourd’hui. Un petit roman attachant, sur les apparences trompeuses et les jeux de l’amour et du hasard...

06h41 (Jean-Philippe Blondel)

note: 4un train peut en cacher un autre… Jean-François - 11 avril 2020

Attention : un train peut en cacher un autre, clame la SNCF pour mettre en garde ses voyageurs. Un homme, une femme, peuvent en cacher un(e) autre tout autant, comme dans cette étrange histoire, qui se déroule pendant le trajet d'une heure et trente-six minutes qu’effectuent, de Troyes à Paris, Cécile Mergey née Duffaut et Philippe Leduc. Le hasard, ou le caprice d’un esprit facétieux, fait s’asseoir Philippe à côté d’une belle passagère à l’air conquérant. Il finit par reconnaître en elle cette jeune fille assez quelconque avec laquelle il avait eu une liaison quelque vingt-sept années plus tôt. Elle, a tout de suite identifié ce séducteur impénitent, qui n’avait pas hésité à la plaquer en plein week-end amoureux. Aujourd’hui bedonnant, les traits avachis, le bel et le fier n’est plus si fringant aujourd’hui. Un petit roman attachant, sur les apparences trompeuses et les jeux de l’amour et du hasard...

Oeuvre non trouvée

note: 5Le retour du cubain Jean-François - 8 avril 2020

Le cadavre de Francis Sancher, ou bien Francisco Alvarez-Sanchez comme il avoue se nommer à Moïse, le facteur, est retrouvé dans la boue au milieu de la mangrove. Sa mort met en émoi le village de Rivière-au-Sel, sur Grande-Terre, Guadeloupe, où la vie de cet homme, venu de Cuba quelques années auparavant, a défrayé la chronique. Le temps de la veillée funèbre voit se rassembler tous ceux qui l‘ont connu de près ou de loin. Les ragots circulent et ils sont nombreux tant le personnage était tissu de contradictions. Ange ou démon ? Chacun s’exprime tour à tour dans ce roman à multiples voix. Les nombreuses facettes de ce personnage nous sont révélées petit à petit, au travers de la vision toute personnelle que chacun a pu en avoir, mais le mystère demeure jusqu’au bout. Un roman pétri de poésie, qui se lit toutefois comme un véritable roman policier à énigmes. Par bonheur, et contrairement à nombre de ses autres romans, les expressions créoles font l’objet de notes en bas de page qui éclairent le lecteur égaré dans la touffeur caraïbe…

Moi, Tituba sorcière, noire de Salem (Maryse Condé)

note: 5Une étrange affaire… Jean-François - 4 avril 2020

Mais oui, nous dit Maryse Condé, les sorcières existent, et leurs pouvoirs sont manifestes. Mais sont-elles vouées à faire le mal, entourées de chauves-souris et enfourchant un balai pour se rendre au sabbat, comme dans notre vieil imaginaire européen ? Sûrement pas, nous dit-elle, prenant comme exemple cette Tituba, qui défraya la chronique de la très puritaine Nouvelle-Angleterre en ce dix-septième siècle finissant. Tituba, issue de la Barbade alors aux mains des anglais, est une esclave, vendue à un de ces "hommes de Dieu" habile à manier le fouet autant que la parole divine. Son histoire traverse l’épisode des célèbres "sorcières de Salem", sorte d’hystérie collective qui conduisit nombre d’innocentes au bûcher sous prétexte de chasser Satan d’un petit village de ce qui deviendra plus tard le Massachusetts. Racontée dans une langue belle et pétrie de poésie, l’histoire de Tituba nous plonge au cœur du racisme et des préjugés ordinaires, là où se niche cette flamme de haine qui ne demande qu’à s’attiser dès que souffle le vent de l’intolérance…

Le vallon des Parques (Sylvain Forge)

note: 3Veni vedi vichy Jean-François - 1 avril 2020

André Lange, récemment nommé Directeur de la Sûreté par Philippe Pétain, va chercher à retrouver ses anciens camarades des "Brigades du Tigre", mis au placard par les autorités vichyssoises ou retirés des affaires après la signature de l’Armistice qui mit fin à la troisième république. Il s’agit de mettre fin à des crimes particulièrement odieux commis sur des fillettes, crimes que la rumeur publique attribue à une mystérieuse "bête". Vaille que vaille, les compagnons, avec à leur tête Paul Montford, vont se rassembler, y compris Lucien exfiltré à grand-peine du camp de concentration où il était interné. La chasse va donc pouvoir commencer, avec des méthodes assez particulières héritées d’un temps où tous les coups étaient permis aux vaillants brigadistes de Georges Clémenceau. Le récit est haletant à souhait, avec de nombreux personnages appartenant aux diverses factions qui grouillaient et grenouillaient dans l’entourage du "Maréchal". On ne lâche pas une seconde le livre une fois la lecture entamée, et le suspense reste entier jusqu’à la dernière page. Hélas, on peut regretter les innombrables fautes d’orthographe et de grammaire qui émaillent l’ouvrage, sans doute jamais relu par son éditeur et que ne parvient pas à faire oublier l’usage sans modération de mots ou tournures désuètes, censées attester d’une profonde connaissance de la langue française. Quel dommage…

La Femme qui ne savait pas garder les hommes (Vénus Khoury-Ghata)

note: 4la poétesse et ses deux maris Jean-François - 22 mars 2020

Au retour de l’incinération de son compagnon au crématorium du Père-Lachaise, la narratrice achète des abricots et se lance dans la préparation de confitures. Une occupation peu banale mais qui va lui donner le temps de faire affluer les souvenirs. Le souvenir de cet homme, parti conquérir la toison aux Amériques et revenu finir sa vie auprès d’elle, dans cet appartement parisien hanté par celui qu’elle ne cessera d’appeler son "jeune mari". Ce scientifique brillant, elle ne l’a jamais oublié, ni accepté sa mort prématurée, il vit toujours avec elle, parmi les objets qui l’entourent. Seul son travail d’écriture et ses rencontres avec ses amis poètes donnent un sens à sa vie, au-delà du chagrin et des regrets de n’avoir su les aimer. Dans ce court roman, Vénus Khoury-Ghata se livre comme elle l’a rarement fait, avec toujours cette même qualité d’écriture, aux confins de la poésie. On peut y trouver de l’affectation, et un certain goût pour la mise en scène de ses propres sentiments, mais on ne peut rester insensible à la magie des mots et leur pouvoir évocateur.

Le pique-nique des orphelins (Louise Erdrich)

note: 3Foutus caractères… Jean-François - 21 mars 2020

Autant j’avais été enthousiaste à la lecture de "La chorale des maîtres bouchers" et "Ce qui a dévoré nos cœurs", autant " Le pique-nique des orphelins" ne m’a pas accroché. Cette saga, qui s’étale sur cinquante ans de la vie de Mary Adare, bouchère dans une petite ville (imaginaire) du Dakota du Nord, embrasse de nombreux personnages, tous de la famille de Mary ou ayant eu des liens avec elle. Hélas, ce qui aurait pu être une analyse au scalpel de cette Amérique profonde, écartelée entre progrès et tradition, que Louise Erdrich excelle à disséquer, devient une sorte de galerie des monstres, tant le fichu caractère des personnages rend impossible de s’y attacher. On pourrait sans peine les taxer de "caractériels" et les vouer aux gémonies tant ils rendent aux autres la vie impossible. De quel poids l’auteure a-t-elle voulu se débarrasser en écrivant ce roman, original certes, mais dépourvu de tout message et surtout, dans l’accumulation de ses excès, de toute relation avec le monde réel ?

Nos séparations (David Foenkinos)

note: 5l'attraction des corps Jean-François - 29 février 2020

La théorie de la gravitation universelle postule que les corps s’attirent avec une force proportionnelle à leur masse. Tous les corps devraient donc se rencontrer et fusionner. Pourtant il n’en est rien car la loi ne vaut qu’en l’absence de perturbations. Dans la réalité de la vie humaine les êtres s’attirent mais sont constamment repoussés par les aléas de la vie. C’est la brillante démonstration que nous fait David Foenkinos dans ce roman doux-amer décrivant le chassé-croisé amoureux entre deux êtres qui auront passé leur vie à se trouver, se séparer et se retrouver au fil du temps, un temps passablement entaché d’incertitude. Avec son humour habituel et sa si profonde connaissance des méandres du cœur humain, il nous entraîne dans une suite d’aventures sentimentales mettant en scène un homme et une femme, qui s’aiment mais ne trouveront jamais le moyen de concrétiser cet amour. Caprices du destin ? Ou profonde incompatibilité de leurs personnalités ? Ou bien encore ne s’agirait-il pas d’une autre loi universelle que ni Newton ni Einstein n’auront réussi à déchiffrer ? Le mystère demeure et demeurera peut-être à jamais…

Une enquête du commissaire Brunetti n° 26
Les disparus de la lagune (Donna Leon)

note: 5mortelle lagune Jean-François - 24 février 2020

Un "Brunetti" en or, or noir bien entendu comme le comprendront rapidement les lecteurs de ce énième opus des aventures du célèbre commissaire vénitien. Guido est cette fois-ci suffisamment stressé pour être mis en repos forcé par sa hiérarchie. Il va donc partir pour quelques semaines de repos bien mérité dans une propriété appartenant à la riche famille de son épouse Paola. Située sur une île au beau milieu de la lagune, loin des flots de touristes, c’est la tranquillité assurée. Et cela va lui permettre de rencontrer Davide Casati, un vieil ami de son regretté père, qui va l’entraîner vers de bonnes parties de rame à bord de son "puparìn", entièrement fabriqué et décoré à la main, à la visite de ses ruches. Hélas, les abeilles disparaissent dans la lagune, atteintes d’un mal mystérieux, que Davide s’efforce de comprendre et qui va entraîner notre commissaire vers de nouvelles aventures. Un polar "écologique", qui sort de la veine habituelle de cette auteure mais captivera à coup sûr ses fidèles lecteurs, et les autres…

Anaisthêsia (Antoine Chainas)

note: 3noir, flic et camé Jean-François - 16 février 2020

Un polar déjanté qui décrit les aventures d’un flic noir, camé, dealer à ses moments perdus dans le quartier mal famé qu’il n’a jamais voulu quitter. À la suite d’un accident qui a failli lui coûter la vie il se retrouve doté d’une parfaite insensibilité à la douleur. Voilà donc notre "créature" partie pour des aventures incroyables au pays des malfaisants, flics et voyous compris, à la poursuite de l’insaisissable "Tueuse aux bagues". La morale de l’histoire : "tous pourris", comme on s’en doute. Tous les lieux communs du nihilisme intégral et de la théorie du complot sont au rendez-vous. Malgré une apparente parenté, tenant au langage crû et aux situations cauchemardesques, on est loin, très loin d’une littérature engagée utilisant le polar comme un moyen de sédition pour changer la société. Ici, nulle morale, nulle dénonciation ne sont au rendez-vous. Le lecteur subit passivement le choc des situations horribles, de la cruauté gratuite, sans aucune échappatoire possible. Une vision de l’avenir qui nous attend ? Ou bien est-on bel et bien dans le monde d’aujourd’hui, celui que nos yeux refusent de voir ?

En cas de bonheur (David Foenkinos)

note: 5Je t'aime moi non plus Jean-François - 11 février 2020

Ils se sont rencontrés, se sont aimés, se sont mariés, ont eu une petite fille. Et puis vint l’ennui. Sur les conseils plus ou moins avisés d’un ami célibataire, Jean-Jacques, le mari, commet une incartade. Sa femme le quitte, prend elle aussi un amant. Mais ce qui aurait pu être un mauvais scénario de roman-photo prend tout à coup, sous la plume de David Foenkinos, les allures d’une comédie de mœurs déjantée, bien dans l’air du temps mais porteuse de beaucoup d’espoir pour les couples en mal de reconstruction. Un petit roman qui en dit long et devrait être offert, aux frais de la collectivité, par Monsieur ou Madame le Maire, ou leurs adjoint(e)s, lors de l’échange des alliances. On éviterait ainsi bien des déboires conjugaux…

Oeuvre non trouvée

note: 5Que justice soit faite… Jean-François - 9 février 2020

Un roman coup-de-poing par la fine fleur des lettres américaines. Polar noir, très noir, ou histoire d’amour ? Impossible de définir le genre littéraire de ce roman écrit au vitriol, osant la crudité des mots pour décrire l’insoutenable. Un viol collectif, commis sous les yeux d’une fillette de douze ans, non loin du paysage sauvage et urbain des chutes du Niagara. Dans l’ambiance festive et pétaradante de la fête nationale américaine, personne n’a remarqué les cris de la mère et de sa fille, sauvagement agressées par une bande de fêtards imbibés d’alcool et de substances inscrites au tableau. Pour elles, la fête est finie et va les faire basculer dans un autre monde, dont elles ne reviendront jamais intactes. Joyce Carol Oates décrit un monde cruel, où la justice s’avère impuissante devant le pouvoir de l’argent, justifiant la violence comme seule parade à la violence lorsque l’accumulation des preuves et des témoignages ne suffit pas. Un message que ne renierait certes pas Clint Eastwood, dont on connait la morale terriblement désenchantée. Cette Amérique-là, que décrit si bien ce court roman, est-ce le monde que nous voulons ? Est-ce le monde dans lequel nous aussi nous vivons ?

Oeuvre non trouvée

note: 5après la guerre… Jean-François - 30 janvier 2020

Hambourg, 1947, une ville détruite, dont la plupart des quartiers ouvriers sont devenus des champs de ruines après les bombardements alliés. Parmi ces ruines, un corps de très jeune femme est retrouvé, sans aucun vêtement ni aucun bijou permettant son identification. Curieusement, en ces temps de disette généralisée, elle semble avoir été bien nourrie. Serait-elle étrangère ou bien appartenant à ces quartiers riches "miraculeusement" épargnés par les bombardements ? L’enquête de l’inspecteur Frank Stave piétine, en ces temps où l’ADN reste encore au fond des éprouvettes de quelques précurseurs de génie, et le mystère va s’épaissir avec l’arrivée de trois autres cadavres, étranglés et dépouillés de manière identique. L’ambiance, lugubre à souhait, en ce mois de janvier 1947 où l’Elbe va finir par geler sur toute son épaisseur et où on ne compte plus les morts de faim et de froid, humains et animaux confondus. Amateurs de films en noir et blanc, qui avez frissonné à la projection du "Troisième homme" (Carol Reed) ou bien, dans un registre prémonitoire, de "M le maudit" (Fritz Lang), vous retrouverez cette vision d’un monde en décomposition, où on ne sait plus qui est qui est bon ou méchant, saluant l’arrivée du temps des assassins. Un polar étrange, dont la lenteur savamment calculée du récit débouche sur un feu d’article final avec quelques pistes laissées à la sagacité du lecteur attentif. Magistral…

Oeuvre non trouvée

note: 5sortilège Jean-François - 22 janvier 2020

Sortilège ou fascination ? Les mots sont faibles pour décrire l’étrange emprise qu’exerce sur les gens un certain "docteur" Ramzi An-Nawawi, soi-disant diplômé de la faculté de médecine de Leeds, en Angleterre, et héritier d’une des plus anciennes familles de Samssara, lieu imaginaire au nord d’un pays d’Afrique tout autant imaginaire. Grand connaisseur de la botanique tropicale, il a trouvé par là un moyen de s’enrichir, considérablement, et s’attirer les faveurs des puissants, au mépris de la morale la plus ordinaire. Cette emprise sur les êtres, il va également l’exercer sur un pauvre hère, habile de ses mains mais doté d’une innocence au-delà du commun, dont il fera son assistant dans cette activité lucrative qu’il nomme "parage". Kassem Mayoumbe, fraîchement débarqué de sa France natale, métis d’un père d’origine guadeloupéenne et d’une mère d’origine roumaine, va rapidement tomber sous la coupe de cet étrange personnage, qui va le couper de toutes les attaches qu’il arrive à grand-peine à tisser dans ce pays dont il ignore les us et les coutumes. Un roman étrange, flirtant avec le surréalisme, magnifié par une écriture somptueuse. Derrière la fable se dissimule à peine une critique du monde dans lequel nous vivons, où les apparences comptent plus que la réalité, où les mensonges les plus grossiers sont plus crédibles que le simple bon sens…

Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux (Martha Hall Kelly)

note: 5trois femmes dans la tourmente Jean-François - 15 janvier 2020

Dans ce roman Martha Hall Kelly s’est attachée à nous décrire le destin de trois femmes, plongées dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Caroline Ferriday, l’américaine francophile, a voué sa jeunesse à améliorer la condition des orphelins français, en profitant de sa place au sein de la bonne société pour récolter les dons nécessaires à l’envoi de produits de première nécessité. De l’autre côté de l’Atlantique, dans une Europe saccagée par la déferlante nazie, Kasia Kusmerick, qui s’est mise au service de la résistance polonaise, va être emprisonnée avec sa mère et sa sœur aînée dans le camp de concentration de Ravensbrück, où les médecins pratiquent sur les prisonnières des expériences "in vivo". Parmi ces médecins du camp, une femme, Herta Oberheuser, fière d’avoir acquis son titre de médecin dans un univers sous contrôle où la femme n’est bonne qu’à enfanter, va participer délibérément à ces expériences, persuadée ainsi de servir son pays. La fin de la guerre et la libération des camps vont rebattre les cartes. L’intrigue est bien menée, débordant la vérité historique issue des témoignages recueillis patiemment auprès des survivantes et de la consultation des archives de la guerre, en introduisant une large part de romanesque qui rend le récit attrayant de la première à la dernière page. Une œuvre originale, qui ne laissera personne indifférent…

Une joie féroce (Sorj Chalandon)

note: 5le gang des cancéreuses Jean-François - 5 janvier 2020

Jeanne, la narratrice, atteinte d’un cancer du sein, s’est associée à trois copines de galère médico-chirurgicale pour offrir à l’une d’entre elles, la charmante et timide Melody, la possibilité de récupérer sa fille, enlevée par son père, le méchant russe Arseni qui lui réclame pour la récupérer la bagatelle de cent mille euros. Derrière ce synopsis digne des "Pieds Nickelés" se cache un merveilleux roman, tout en sensibilité, qui décrit la force des femmes face à l’adversité, qu’il s’agisse de la maladie, des hommes ou de la société. Un roman féministe écrit par un homme, et pourquoi pas ? Il y a bien eu des précédents, avec Maupassant et quelques autres. Mais Sorj Chalandon va nettement plus loin et vous fera découvrir, à travers les aventures rocambolesques de nos quatre novices de la cambriole, toute la diversité et l’insoupçonnable complexité du psychisme féminin.

Roy Grace n° 8
Que ta chute soit lente (Peter James)

note: 4planète gaïa Jean-François - 1 janvier 2020

Le tournage d’un film historique à Brighton, la Deauville du Sussex, avec la célébrissime Gaia Lafayette, va causer bien des tracas au commissaire Roy Grace, que l’on a désigné pour assurer sa sécurité. Et elle va en avoir bien besoin, de sécurité, elle et son jeune fils Roan, car une armée de personnages qui ne lui veulent pas que du bien sont à ses trousses. Entre fans, déçus de ne pas se voir justement récompensés par leur idole préférée, et scénaristes qui n’ont pas digéré leur mise au placard, notre commissaire va avoir fort à faire pour déjouer tous les complots qui se trament autour de la star. Le récit, au découpage quasi cinématographique, est haletant, et agrémenté de mystère car Peter James sait ménager les surprises, un peu à la manière d’un certain Michel Bussi. Un très agréable moment de lecture, qui donne envie de lire la suite (et les épisodes précédents) des enquêtes de Roy Grace…

Oeuvre non trouvée

note: 5vingt ans après… Jean-François - 25 décembre 2019

Pour ce troisième et dernier opus de sa célèbre trilogie écossaise, Peter May a fait fort, très fort. À la manière des célèbres "Trois mousquetaires" de notre Alexandre national, le retour de Finlay Macleod sur l'île de Lewis, vingt ans après les événements qui ont lié un groupe de copains amateurs de rock celtique, va perturber le délicat équilibre qui s'était installé, au prix de bien des secrets enfouis, dans cette petite communauté. Un événement naturel extraordinaire, l'assèchement brutal d'un lac à la suite de la rupture d'un verrou glaciaire, va mettre à jour un avion que l'on croyait perdu en mer, piloté par Roddy Mackenzie, leader du petit groupe rock local devenu depuis mondialement célèbre, avec un cadavre en partie décomposé à l'intérieur. Damned ! Mais il en faut plus pour tromper la sagacité de "Fin", ex-flic devant l'Éternel, qui va petit à petit grâce à sa ténacité lever la chape de silence qui pèse sur cette île perdue au fin fond des Hébrides Extérieures. Un thriller magistral, haut en couleurs, tant de la nature que des hommes, loin du bruit et de la fureur de la ville. Ne ratez surtout pas le bouquet final de ce feu d'artifice d'invention romanesque écrit par un Peter May inspiré. Le récit reste passionnant même lorsque l'on croit qu'il s'éloigne de sa destination finale car, rassurez-vous, un sacré pilote est aux commandes…

Une bête au paradis (Cécile Coulon)

note: 5blanche n'oublie pas… Jean-François - 12 décembre 2019

Le Paradis, une ferme traditionnelle comme on n’en fait plus (ou plutôt on n’en veut plus, en haut lieu du moins), avec ses prés, son étang, son coq en majesté sur son tas de fumier, et bien entendu sa fosse aux cochons. Une ferme où ont vécu trois générations, sauvagement frappées par le destin, mais qui survit vaille que vaille grâce à la fermeté et la sagesse d’Émilienne Émard, patriarche au féminin de cette petite communauté soudée sur elle-même. Il serait dommage de déflorer l’histoire de cette famille, car dès les premières pages de ce thriller paysan chaque ligne compte, porteuse d’indices, le lecteur s’attachant à deviner ce qu’il est advenu dans cette ferme où vit aujourd’hui une vieille paysanne solitaire, jetant chaque jour un bouquet de fleurs dans une fosse à jamais abandonnée par la gent porcine…

Les aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour n° 16
Wartburg 1210 (Jean d' Aillon)

note: 5chevaliers et troubadours Jean-François - 8 décembre 2019

Avec sa verve habituelle et son sens aigu de la vérité historique, Jean d’Aillon nous emmène à la suite d’un personnage imaginaire, Guilhem d’Ussel, chevalier-troubadour, protecteur des cathares et ami du roi de France Philippe Auguste. Dans ce énième opus des aventures de ce preux chevalier, celui-ci quitte son fief de Lamaguère, dans une Occitanie ravagée par la croisade contre les albigeois, pour se rendre au chevet de son roi. Las, bien des mésaventures vont contrecarrer son projet, dans un périple qui va le mener à Paris mais aussi à Rouen puis dans les lointaines contrées germaniques, dans une Europe en ébullition où la religion sert de prétexte bien commode pour assouvir des desseins tout ce qu’il y a de plus personnels. Les épées s’entrechoquent dans une pluie d’étincelles, les carreaux d’arbalète percent les armures et le sang coule à flot. Pourtant l’on ressent, au fil de la lecture, un attachement profond pour cette époque cruelle et ces personnages d’une vaillance hors du commun qui, pour survivre et accomplir les desseins les plus nobles, ne doivent pas hésiter à tuer et mettre leur propre vie en danger. Le travail de Jean d’Aillon est remarquable, tant au niveau de l’écriture que du contexte historique, et son imagination fertile maintient jusqu’au bout l’attention du lecteur.

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon (Jean-Paul Dubois)

note: 5le charme dubois… Jean-François - 30 novembre 2019

En prison au Canada, Paul, le fils du pasteur Johannes Hansen, se remémore sa vie d’avant, que nous découvrons au fil de ses souvenirs égrenés. Son récit alterne avec les choses vues en prison, en particulier les us et coutumes d’un étrange compagnon de cellule, fanatique de Harley Davidson, une passion qu’il partage avec… le directeur de la prison ! Une vie pas comme les autres, un mystère distillé goutte à goutte car on ignore jusqu’aux toutes dernières pages quel caprice du destin a pu conduire ce "juste" au pénitencier. Dans une langue travaillée, mêlant avec malice les images poétiques les plus raffinées aux propos les plus vulgaires, le charme opère, et l’on regrette de devoir refermer le livre si tôt. Vivement le prochain…

Le lac des rêves (Kim Edward)

note: 4énigme généalogique Jean-François - 24 novembre 2019

En quittant le Japon et ses secousses sismiques pour un moment de tranquillité dans sa maison natale au bord du Lac des Rêves, quelque part dans l’état de New York, Lucy va aller de découverte en découverte sur les origines de sa famille. Une arrière-grand-tante, prénommée Rose, a totalement disparu des radars, de même que sa fille Iris, mais des lettres bien cachées, qu’elle va finir par retrouver en fouinant dans la vieille maison, vont la mettre sur la voie d’un pan ignoré de son passé familial. Une quête de la vérité où il est question de fleurs, d’art nouveau, d’amour et de mort, de féminisme, de religion aussi. Le récit tient le lecteur en haleine de bout en bout tout en délivrant un message humaniste qui fait chaud au cœur. Une réussite…

Le lac des rêves (Kim Edward)

note: 4énigme généalogique Jean-François - 24 novembre 2019

En quittant le Japon et ses secousses sismiques pour un moment de tranquillité dans sa maison natale au bord du Lac des Rêves, quelque part dans l’état de New York, Lucy va aller de découverte en découverte sur les origines de sa famille. Une arrière-grand-tante, prénommée Rose, a totalement disparu des radars, de même que sa fille Iris, mais des lettres bien cachées, qu’elle va finir par retrouver en fouinant dans la vieille maison, vont la mettre sur la voie d’un pan ignoré de son passé familial. Une quête de la vérité où il est question de fleurs, d’art nouveau, d’amour et de mort, de féminisme, de religion aussi. Le récit tient le lecteur en haleine de bout en bout tout en délivrant un message humaniste qui fait chaud au cœur. Une réussite…

Oeuvre non trouvée

note: 5du sang dans la tourbe… Jean-François - 17 novembre 2019

Après la mort de son fils, et le départ de sa femme qui a suivi, Fin MacLeod revient au pays natal, campant provisoirement près des ruines de la maison de ses parents. Sa solitude et son chagrin vont vite trouver un dérivatif dans une enquête qu’il va mener à la recherche du passé d’un homme atteint de sénilité, que sa femme et sa fille se repassent comme une patate chaude. Et pourtant, dans l’esprit embrumé de ce vieil homme, dont la mémoire lointaine est restée intacte mais qu’il est devenu incapable d’exprimer (sauf heureusement pour le lecteur), va se trouver la solution d’une énigme policière, un meurtre vieux de soixante ans. Un roman policier singulier, où le lecteur entrouvre progressivement, en compagnie des protagonistes, un coin du voile qui recouvre des pratiques aujourd’hui disparues, où les enfants abandonnés servaient de bétail à une agriculture mourante dans ces lointaines contrées du nord de l’Écosse vivant encore quasiment en autarcie dans les années 1950. La couleur est le gris, l’odeur celle de la tourbe, mais le charme opère à cent pour cent. Une réussite totale…

Oeuvre non trouvée

note: 5les fous de l'île Jean-François - 17 novembre 2019

Tuer chaque année deux mille nouveaux-nés de fous de Bassan, cet oiseau emblématique des côtes rocheuses de l’Atlantique Nord, telle est la tradition sur l’île de Lewis, dans les lointaines Hébrides Extérieures, à l’extrême nord-ouest de l’Écosse. C’est là, dans ce pays désolé aux paysages magnifiés par la lumière boréale, que se déroule l’enquête menée par Finlay (Fin) Macleod, venu tout exprès d’Édimbourg pour aider la police locale à retrouver l’assassin d’Ange Macritchie. Cela donne à Fin l’occasion de revenir sur son île natale, et les souvenirs, conscients et inconscients, vont ressurgir au fil de ses rencontres avec les témoins et protagonistes du drame. Le lecteur peut être surpris par l’importance donnée à la méditation intérieure de Fin, dont la mémoire, brisée par un terrible accident lorsqu’il était adolescent et la mort récente de son fils, reconstitue petit à petit ce passé dont il aurait bien voulu se détacher. Cette quête personnelle, que l’auteur nous fait partager dans les moindres détails, est pourtant passionnante et essentielle à la compréhension de ce qui s’est passé sur Lewis. Ce premier opus de la "Trilogie écossaise" de Peter May est d’une force extraordinaire, tant par les aspects psychologiques et l’intensité dramatique du récit que par la formidable énigme qui est proposée au lecteur.

Oeuvre non trouvée

note: 5fin de règne Jean-François - 5 novembre 2019

Dans un vingt-deuxième siècle marqué par le déclin d’une humanité autrefois florissante, dans un monde pollué à l’atmosphère devenue irrespirable, le Magasin des Suicides offre des solutions satisfaisantes pour quiconque souhaite passer rapidement de vie à trépas. Lucrèce et Mishima, en compagnie de leur fille Marilyn et de leur fils Vincent, tous porteurs de prénoms rendant hommage à de célèbres suicidés, rivalisent de zèle pour proposer poisons, cordes pour se pendre, pavés de béton et autres friandises à une clientèle avide de quitter le plus rapidement possible ce monde devenu inhabitable. Hélas, dans la famille Tuvache, le dernier rejeton, Alan (comme Alan Turing) n’a pas hérité des gènes parentaux et s’ingénie à apporter la joie de vivre au sein de la boutique, au grand dam de ses parents et de sa fratrie qui n’attendent que le meilleur moment pour s’en débarrasser. Fort heureusement les choses ne vont pas en rester là et vont finir par tourner à l’avantage du joyeux fiston. Un roman loufoque, bien dans l’esprit de la BD, genre dans lequel Jean Teulé a excellé, qui ravira les amateurs de littérature décalée. Sous la farce macabre, un message d’espérance et d'amour tout de même…

Le magasin des suicides (Jean Teulé)

note: 5fin de règne Jean-François - 5 novembre 2019

Dans un vingt-deuxième siècle marqué par le déclin d’une humanité autrefois florissante, dans un monde pollué à l’atmosphère devenue irrespirable, le Magasin des Suicides offre des solutions satisfaisantes pour quiconque souhaite passer rapidement de vie à trépas. Lucrèce et Mishima, en compagnie de leur fille Marilyn et de leur fils Vincent, tous porteurs de prénoms rendant hommage à de célèbres suicidés, rivalisent de zèle pour proposer poisons, cordes pour se pendre, pavés de béton et autres friandises à une clientèle avide de quitter le plus rapidement possible ce monde devenu inhabitable. Hélas, dans la famille Tuvache, le dernier rejeton, Alan (comme Alan Turing) n’a pas hérité des gènes parentaux et s’ingénie à apporter la joie de vivre au sein de la boutique, au grand dam de ses parents et de sa fratrie qui n’attendent que le meilleur moment pour s’en débarrasser. Fort heureusement les choses ne vont pas en rester là et vont finir par tourner à l’avantage du joyeux fiston. Un roman loufoque, bien dans l’esprit de la BD, genre dans lequel Jean Teulé a excellé, qui ravira les amateurs de littérature décalée. Sous la farce macabre, un message d’espérance et d'amour tout de même…

Oeuvre non trouvée

note: 5mon liban, ma famille… Jean-François - 3 novembre 2019

Un voyage au pays des cèdres, en compagnie de la poétesse Vénus Khoury-Gata. Elle nous parle de sa famille, dans un Liban multiconfessionnel, jouissant tout juste de son indépendance après la fin du mandat français. Une famille déchirée par le terrible destin d’un fils, poète incompris, rejeté par son père et sa communauté, qui après un bref séjour en France finira par être interné dans un établissement psychiatrique. Un récit émouvant, décrivant un monde aujourd’hui oublié, celui d’avant la guerre, cette terrible guerre de quinze ans, jamais vraiment terminée, qui a mis fin au rêve d’un pays où se côtoieraient toutes les cultures, toutes les langues d’un Orient mythique. Une prose fluide flirtant avec la poésie, des images fortes, des sentiments exacerbés que les mots décrivent si bien…

Oeuvre non trouvée

note: 4pompier, toujours… prêt ! Jean-François - 31 octobre 2019

Un rude métier que celui de pompier ! Toujours prêt à répondre au moindre appel, qu’il s’agisse d’un feu, bien sûr, mais aussi d’une noyade ou d’un quelconque incident mettant en danger la vie d’une personne. Avant même l’arrivée des ambulances ou de la police, les pompiers sont toujours là, pour porter secours et rassurer. C’est sur ce métier exigeant, aux aspects souvent méconnus, que Janine Boissard a bâti son roman, en peignant le quotidien de Ninon, sapeur-pompier au féminin. L’auteure n’hésite pas à forcer sur l’émotion, mais le sujet s’y prête à loisir, et ça fonctionne. L’empathie est totale avec cette jeune femme, mère d’une petite Sophie de cinq ans, qui a mis une partie de sa vie entre parenthèses pour se dévouer corps et âme à la protection de la vie d’autrui. Des moments de bravoure (justement récompensée), mais aussi des moments de découragement lorsque les efforts ont été vains. L’amour est présent aussi, bref tous les ingrédients sont réunis pour un agréable moment de lecture, avec un mouchoir à portée de main. Seul bémol à la clé : la forêt de Loches ne fait pas 36 hectares, comme indiqué, mais en ajoutant deux zéros on obtient une surface un peu plus compatible avec la chasse à courre…

La haine de la famille (Catherine Cusset)

note: 5ah si j'avais un marteau… Jean-François - 26 octobre 2019

Une saga familiale écrite au vitriol, avec le talent que l‘on connaît de cette auteure féconde qui poursuit sa petite comédie humaine à l’aide de personnages que l’on devine en provenance directe de sa propre expérience. Dans ce roman-ci Marie, la narratrice, ne parle que de ses proches. Sa propre vie, qui se partage entre Paris et New York, reste en filigrane mais on peut la deviner à l’aide de ses autres romans, Alex, son mari américain, apparaissant ainsi dans son précédent opus, "Le problème avec Jane". Ici il est question de trois générations, la mère, le père, la grand-mère maternelle (poignante description d’une fin de vie), les deux frères et les deux sœurs. Le projecteur est pointé successivement sur chacun des personnages, dont on découvre petit à petit les aspects les plus intimes, ceux qu’il n’est pas forcément bon d’afficher en public. Catherine Cusset sait habilement brouiller les pistes, faisant apparaître tour à tour la force et les faiblesses des personnages au cours des événements qui ont marqué leur vie, attisant ainsi l’intérêt du lecteur malgré l’absence totale de dialogues. Un récit, donc, mais un récit passionnant, qui touche directement au cœur…

Oeuvre non trouvée

note: 4sacré 36… Jean-François - 17 octobre 2019

Une ode à la gloire du 36 quai des Orfèvres, qui a fait les beaux jours d’un certain… Jules Maigret ! En passe de déménager dans les beaux quartiers parisiens, la Crim’ se paye une dernière enquête. Une équipe soudée, travaillant "à l’ancienne" dans des locaux enfumés, exigus, non isolés des aléas climatiques, tout juste si l’on n’y dispose pas des assiettes pour se protéger de la pluie ! Et pourtant, quelles réussites ! Un milieu d’hommes, certains machos et pas que sur les bords, au milieu desquels une femme va faire preuve de perspicacité et faire rebondir une enquête qui piétine, grâce à sa connaissance de la langue des signes. Pour celles et ceux qui veulent savoir comment fonctionne la Police Judiciaire autrement que par les innombrables romans, films et séries télévisées qui lui ont été consacrés, lisez ce roman qui ne cache rien du processus complexe que constitue une enquête sur un meurtre. Comment on parvient, avec les moyens modernes mais aussi une forte dose d’intuition et de psychologie, à cerner les "vrais" et "faux" coupables et au final arrêter l’assassin. Un travail d’équipe, où chacun fait profiter les autres de ses capacités. Une autre vision de la Crim’ que celle d’une certaine Danielle Thiéry ("Affaire classée" et tant d’autres merveilleux polars), qui l’a pourtant bien connue, et de l’intérieur en ce qui la concerne. Mais saura-t-on jamais la vérité ?

Oeuvre non trouvée

note: 5jane erre… Jean-François - 6 octobre 2019

Avec "Le problème avec Jane" Catherine Cusset entame son exploration du monde universitaire américain, qu’elle poursuivra avec "L’autre qu’on adorait". Elle y approfondit aussi son étude des déboires de l’amour et du sexe au travers du destin de Jane Cook, une jeune universitaire spécialiste de la littérature française du dix-neuvième siècle. Ses amours contrariées, ses rencontres parfois solaires, comme avec Eric, qui deviendra son mari pour un temps, les barrières qui s’ouvrent et se ferment dès lors qu’elle postule à un poste intéressant, les jalousies et trahisons de ses meilleurs ami(e)s, constituent le matériau à partir duquel l’auteure a construit une œuvre puissante, intimiste tout en sachant atteindre à l’universel. Cerise sur le gâteau, elle a su habilement tirer profit d’un artifice littéraire qui maintient le suspense jusqu’à la toute dernière page. Pauvre Jane, victime de son innocence au pays des requins…

Oeuvre non trouvée

note: 4forensic story Jean-François - 28 septembre 2019

Une plongée dans la "forensic science" (la science des cadavres, dans une traduction très approximative) au long d’une virée allant des Grands Lacs à l’extrême nord canadien. Temperance Brennan, anthropologue judiciaire tout comme l’auteure, part à la recherche d’une jeune femme que tout accuse du meurtre de ses nouveaux-nés. Elle va découvrir une tout autre histoire, mais ses qualités scientifiques, son obstination et son goût du danger vont être fort utiles pour boucler une enquête particulièrement difficile. Kathy Reichs sait ménager le suspense et tenir ses lecteurs en haleine, tout en les intéressant à la science…

Oeuvre non trouvée

note: 5du sang dans la tourbe… Jean-François - 17 septembre 2019

Après la mort de son fils, et le départ de sa femme qui a suivi, Fin MacLeod revient au pays natal, campant provisoirement près des ruines de la maison de ses parents. Sa solitude et son chagrin vont vite trouver un dérivatif dans une enquête qu’il va mener à la recherche du passé d’un homme atteint de sénilité, que sa femme et sa fille se repassent comme une patate chaude. Et pourtant, dans l’esprit embrumé de ce vieil homme, dont la mémoire lointaine est restée intacte mais qu’il est devenu incapable d’exprimer (sauf heureusement pour le lecteur), va se trouver la solution d’une énigme policière, un meurtre vieux de soixante ans. Un roman policier singulier, où le lecteur entrouvre progressivement, en compagnie des protagonistes, un coin du voile qui recouvre des pratiques aujourd’hui disparues, où les enfants abandonnés servaient de bétail à une agriculture mourante dans ces lointaines contrées du nord de l’Écosse vivant encore quasiment en autarcie dans les années 1950. La couleur est le gris, l’odeur celle de la tourbe, mais le charme opère à cent pour cent. Une réussite totale…

Le bruit du dégel (John Burnside)

note: 5devoir de mémoire Jean-François - 8 septembre 2019

Le récit est bâti autour de la rencontre improbable entre deux femmes que tout éloigne, l’âge d’abord, le mode de vie ensuite, mais qui vont fusionner pour accomplir ensemble un parcours les conduisant à ce que l’on pourrait appeler, hors de toute connotation religieuse, une rédemption. Kate poursuit des études chaotiques de cinéma, qui vont l’amener dans les bras de Laurits, un cinéaste réputé "génial" mais très porté sur l’alcool et les substances illicites. Pour Kate, c’est le début d’une descente aux enfers jusqu’au jour de sa rencontre avec Jean (prononcer "djinn", en traînant sur le "i"), une femme âgée et solitaire qu’elle est venue interroger au hasard d’une enquête sur les "histoires" que les gens ont enfoui au fond de leur mémoire. Et des histoires, elles vont en échanger, chacune se confiant à l’autre au travers de ces récits mettant en scène leur passé, avec ses splendeurs comme ses recoins les plus sombres. Le charme de ce roman, basé sur les récits des personnages (Jean, Kate puis Simon, le neveu de Jean qui fait son apparition en fin d’ouvrage), réside dans la profonde sensibilité et la justesse de l’analyse psychologique à laquelle s’est livré l’auteur. L’émotion affleure à toutes les pages, et la communion est totale avec les personnages, dont le passé, parfois tragique, rappellera à chacun d’entre nous qu’avancer dans la vie est avant tout un devoir de mémoire…

Oeuvre non trouvée

note: 5les tribulations d'un français aux States Jean-François - 1 septembre 2019

Tel un Lucien de Rubempré des temps modernes, Thomas par à la conquête de l’Amérique, fort de sa connaissance approfondie de l’œuvre de Marcel Proust (nombreuses citations à l’appui), de l’histoire du cinéma et surtout de son immense pouvoir de séduction. Croyant son succès assuré, il s’attaque aux plus grandes universités américaines, mais va rapidement déchanter, devant se contenter de postes d’enseignement mineurs. Cela lui donne toutefois la certitude qu’il est maintenant bel et bien installé dans ce pays tant convoité et lui permet de briller aux yeux de ses amis. Sa réussite auprès des femmes, et des plus belles, lui laisse cependant un goût amer lorsqu’elles s’éloignent de ce personnage attachant mais qui ne cesse de souffler alternativement le chaud et le froid. Catherine Cusset brosse avec son écriture efficace le portrait d’un être partagé entre une folle ambition et une incapacité notoire à mener ses projets à bon terme, persuadé qu’il est de trouver le monde à ses pieds sans efforts inutiles. Derrière le destin de Thomas se profile une analyse au scalpel du milieu universitaire, une vision américano-centrée mais terriblement universelle, un milieu où les coups bas atteignent en premier lieu les cerveaux les plus doués mais souvent aussi les plus fragiles. Avis aux amateurs…

Du bois pour les cercueils (Claude Ragon)

note: 4ça presse… Jean-François - 25 août 2019

L’action se déroule dans une entreprise jurassienne de fabrique de panneaux de particules. Le directeur de l’usine est retrouvé dans le laboratoire d’essais, la tête et les mains écrasées sous une énorme presse. L’enquête est menée par le commissaire Gradenne, assisté du lieutenant Bruchet, récemment recruté. La grippe va rapidement terrasser notre commissaire, amateur des bons vins (ah, le vin jaune !) qui font la richesse de la région. Il va donc préférer rester à l’hôtel et laisser son adjoint se coltiner les interrogatoires, tout en lui faisant partager ses impressions, et bénéficier de l’aide de son "réseau". Des suspects, il y en a en veux-tu en voilà car notre victime n’était guère appréciée des employés de l’usine, plusieurs d’entre eux ayant un sérieux mobile pour l’avoir fait passer ad patres. Un polar, un vrai, avec des policiers qui mènent des enquêtes, une originalité qui mérite d’être soulignée en ces temps où ce genre littéraire, jadis méprisé, s’est largement diversifié. Le lecteur suit pas à pas les investigations menées avec brio par le jeune lieutenant, en tâchant de deviner laquelle est la bonne parmi les nombreuses pistes qui s’ouvrent au cours de l’enquête. Un roman bien ficelé, qui ne décevra pas les amateurs d’énigmes policières, tout en nous faisant découvrir une activité industrielle familière à l’auteur mais largement ignorée du grand public.

La délicatesse (David Foenkinos)

note: 5il était une fois chez ikea Jean-François - 24 août 2019

Il était une fois deux êtres que tout opposait et qui n’auraient jamais dû se rencontrer, alors qu’ils se croisaient pourtant tous les jours. Au sein de l’entreprise, on sait que les hiérarchies ont la vie dure, en France tout au moins. Nathalie, cadre chez IKEA, ne se remet pas de la mort de François, son mari, mort brutalement alors qu’ils venaient juste d’envisager d’avoir un enfant. Markus, lui, employé subalterne au sein du groupe que va diriger Nathalie, a quitté sa Suède natale dont il ne supportait plus l’ambiance morose. Renfermé, et pourtant doté d’un humour ravageur qui ne demanderait qu’à s’exprimer s’il parvenait enfin à vaincre sa timidité, s’est pourtant entiché de cette belle jeune femme au regard triste. Celles et ceux qui ont vu le film éponyme savent le fin mot de l’histoire, mais on peut se laisser surprendre par la façon dont l’écrivain a su trouver le ton juste pour nous conter cette romance d’aujourd’hui. Avec cet humour décalé derrière lequel il cache une profonde sensibilité, David Foenkinos nous emmène explorer les ressorts les plus intimes de l’amour, ou plutôt de la naissance de l’amour, dans une société où il est de plus en plus coutumier de cacher ses sentiments, qu’ils soient bons ou mauvais, pour sauvegarder à tout prix les apparences…

Un soupçon légitime (Stefan Zweig)

note: 5wouah wouah… Jean-François - 17 août 2019

Stefan Zweig, le peintre inimitable des passions, s’est intéressé, dans cette nouvelle restée curieusement inédite longtemps après sa mort tragique, aux passions dont peuvent être victimes nos amis les animaux, et leurs maîtres par la même occasion. Inutile de déflorer l’histoire, surprenante à bien des égards mais témoignant de la remarquable faculté d’observation de l’auteur de "Amok" et "Lettre d’une inconnue". Comme dans toutes ses autres nouvelles, le trait est incisif, sans fioritures inutiles, et le récit nous remue au plus profond du cœur…

Les souvenirs (David Foenkinos)

note: 5et moi et moi et moi… Jean-François - 28 juillet 2019

Un roman plein de charme et de tendresse, sur la vie qui passe, les êtres chers, qu’on connait si peu, sur le souvenir de tous ces instants de bonheur et de larmes qui font une existence. Le narrateur (l’auteur à ses débuts ?), écrivain sans écriture, se cherche au travers des personnes qui l’entourent, ce père et cette mère dont le quotidien lui semble si banal, sa grand-mère qu’il va accompagner pour un dernier voyage. Et Louise, la jolie institutrice, va lui permettre de faire un bout de route en compagnie de l’amour. Tout cela sonne si vrai qu’on a envie de croire que David Foenkinos a écrit le livre qu’on aurait voulu, mais n’a jamais pu, écrire. Merci, merci, de nous avoir fait ce cadeau…

La symphonie pastorale (André Gide)

note: 5ô l'aveugle… Jean-François - 27 juillet 2019

Dans un registre romantique à souhait, c’est l’histoire de deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Le narrateur est un pasteur du Jura suisse, qui recueille une jeune enfant aveugle qu’il va élever avec ses cinq autres enfants, au grand dam de son épouse qui n’y voit qu’une charge inutile. Au fil du temps la tendresse qui lie ces deux êtres va se transformer en amour, un amour impossible qui débouchera sur un drame, que l’on pressent dès les premières pages. André Gide a commis là un de ses romans les plus profonds, aux antipodes d’une grande partie de son œuvre qui fait souvent un pied-de-nez à la morale ordinaire…

Les Caves du Vatican (André Gide)

note: 5Les caves se rebiffent Jean-François - 21 juillet 2019

Ne vous attendez pas à des aventures souterraines sous le fameux Palais des papes, mais ne soyez pas déçu(e) car des aventures, il y en a, et pas à piquer des vers. En fait de cave, il s’agit plutôt du terme argotique désignant péjorativement une personne que l’on peut duper facilement. Car il s’agit ici d’une pochade, fortement teintée d’anticléricalisme, dont les héros sont deux copains habiles à se remplir les poches en jouant sur la crédulité des gens, et particulièrement les gens "de la religion". L’un va se trouver hériter du richissime comte de Baraglioul (sic !), dont il découvre qu’il est le fils "naturel", l’autre va continuer à escroquer les "caves", du Vatican et d’ailleurs, en montant avec quelques complices une vaste supercherie destinée à rassembler la rançon du pape Léon le treizième. Dans une langue fleurie à l’extrême, multipliant les tournures alambiquées, le récit alterne entre les différents personnages, offrant un contraste saisissant entre l’archaïsme (voulu) du langage et la modernité de la structure. André Gide s’est sans doute fortement amusé en concevant "Les caves du Vatican", un roman étrange où il y a mille choses à découvrir, et où il en reste encore mille autres que l’on gardera pour la prochaine lecture…

Bourbon kid n° 6
Le pape, le kid et l'Iroquois (Cindy Kapen)

note: 5des monstres, comme s'il en pleuvait… Jean-François - 6 juillet 2019

Amateurs de littérature gore, vous ne serez pas déçus. Vous non plus, qui aimez les romans déjantés comme ont su en écrire Chester Himes et consorts. Sans compter les fans d’heroïc fantasy qui y retrouveront certains de leurs héros favoris. Le mélange des genres, sous couvert d’anonymat, fait ici la nique aux grands noms de la littérature parallèle. Si vous avez le cœur bien accroché, vous vous laisserez enchanter par les tribulations d’un groupe de super-héros à la gâchette facile, s’intitulant modestement "Hells Angels" ou "Dead Hunters" selon l’occasion. Ils vont croiser, à la faveur d’une de ces soirées de "bienfaisance" chères aux riches héritières américaines, d’autres groupes tout aussi malfaisants, tout droit issus des "expériences" menées par une spécialiste des "opérations parallèles" du FBI. Difficile de savoir qui sont les bons et les méchants dans ce pandémonium à la poursuite de la plus grande invention militaire de tous les temps, à l’exception de la délicieuse "Bébé", en provenance directe du "Minou Joyeux" que les lecteurs et lectrices de "Psycho Killer" auront plaisir à retrouver dans de nouvelles aventures.

Oeuvre non trouvée

note: 5gare aux moustiques Jean-François - 30 juin 2019

Un polar magistral, qui vous tient en haleine jusqu’au bout. L’action se situe sur l’île de Groix, cette petite île tranquille (quoique battue par les vents) où Adam Killian, un retraité amateur d’entomologie, vient d’être assassiné. L’enquête est close, l’unique suspect ayant été innocenté par manque de preuves, mais va rebondir vingt ans après à l’arrivée d’Enzo Macleod, le célèbre spécialiste des "affaires non résolues". Un mystère plane autour des indices laissés par la victime à l’intention de son fils, hélas mort à son tour quelque temps après. Il va donc falloir beaucoup de flair à notre expert, et l’aide d’une certaine Charlotte, pour démêler ce puzzle. Peter May brouille les pistes à l’envi, avec un prologue que les amateurs d’énigmes policières se devront de lire très attentivement, et un final qui déjouera les plus perspicaces d’entre eux.

Oeuvre non trouvée

note: 5polar polaire Jean-François - 26 juin 2019

Une expédition est montée "à l’ancienne" pour rallier le pôle nord en partant de l’île norvégienne de Svalbard, aux alentours du 80ème parallèle. Deux avocats, guère aguerris aux expéditions polaires, n’ont rien trouvé mieux pour tromper l’ennui quotidien et se faire mousser aux yeux d’un public avide de sensations fortes. Vaille que vaille, malgré les mises en garde des amis et des autorités, le projet se met en place. Il faut néanmoins de l’argent, beaucoup d’argent, et ni l’un ni l’autre ne veut en être de sa poche. Il faut aussi des chiens, et bien entendu un maître-chien pour s’en occuper et les guider, car nos deux compères n’y connaissent rien. L’action commence au premier appel de détresse lancé sur la banquise, le campement étant en difficulté sous la menace d’un mystérieux ours polaire. Le récit alterne entre la suite de l’aventure, racontée par le policier qui a été dépêché sur place pour prendre les mesures d’urgence qui s’imposent, et un retour en arrière sur les préparatifs de l’expédition, racontés par une des deux épouses. On va de surprise en surprise dans ce polar arctique bien ficelé, avec une mention spéciale pour la description des rapports humains en situation extrême.

J'ai encore menti ! (Gilles Legardinier)

note: 5blackout Jean-François - 12 mai 2019

Malgré leur prix, il revient encore moins cher d’acheter un livre de Legardinier que de se payer une séance chez un psychanalyste. On peut même l’emprunter, ce qui revient encore moins cher. Bref, tout cela pour dire que la lecture de son dernier opus me conforte dans l’idée que l’on peut se passer du corps médical dans bien des domaines, dont le bien-être personnel. Fidèle à sa réputation, le dernier opus de cet auteur fécond nous entraîne dans la tentative de Laura, une jeune femme atteinte d’amnésie à la suite d’une chute de poney, pour se reconstruire et retrouver un semblant de vie sociale. Elle y parviendra, et bien au-delà de ses espérances. Mais, au-delà de ses mésaventures, contées avec l’humour que l’on connaît, tout l’intérêt de l’histoire réside dans les multiples à-côtés, le monde nouveau que Laura découvre avec son âme redevenue celle d’un enfant, et les réflexions de l’auteur sur la vie quotidienne, ses travers et les joies qu’elle procure lorsque l'on sait en profiter. Un agréable bain de jouvence, et une analyse pertinente de la société actuelle.

Oeuvre non trouvée

note: 5qu'elle est douce ma françafrique Jean-François - 8 mai 2019

Chez les Morvan on est chtarbé de père en fils (et en fille). Pourtant le père, Grégoire, ce grand flic magouilleur, spécialiste de la sulfureuse Françafrique, a exercé au cours de sa carrière les plus hautes fonctions au sein de l’administration française, allant jusqu’au grade de préfet, sans parler de ses responsabilités occultes auprès des gouvernements successifs. Jean-Christophe Grangé comme à ses habitudes ne fait pas dans la dentelle: tous pourris ! Bien et mal se mêlent inextricablement dans ce thriller politique haletant mettant aux prises ce père, honni pour sa conduite scandaleuse, et ses propres enfants. Erwan, l’aîné, a embrassé la même carrière policière, tout en vouant son père aux gémonies. Loïc, le puîné, a eu longtemps pour compagne l’héroïne, quant à Gaëlle, la cadette, elle aurait pu écrire le Guide Michelin des établissements psychiatriques. De multiples rebondissements vont amener ces personnages à se côtoyer, d’abord à leur corps défendant, puis dans une quête commune de la vérité et vont les amener à réunir leurs forces dans un même désir de vengeance. Si l’on oublie le message, guère réjouissant en ces temps de doute, on ne peut s’empêcher d’être happé par le talent fou de ce raconteur d’histoires horribles. Un Grangé de plus, et pas le moindre…

Le Fanal bleu (Colette)

note: 5 Des souvenirs, encore et encore… Jean-François - 14 avril 2019

Dans "Le fanal bleu", Colette poursuit l’écriture de ses mémoires, entrelaçant ses souvenirs à l’évocation de son quotidien, écriture entamée quatre années auparavant avec "L’étoile Vesper". Le ton est toujours aussi léger, la langue toujours aussi belle, bravant la progression de l’invalidante arthrite qui la cloue sur un fauteuil dans son domicile parisien. Au passage, un beau portrait de Marguerite Moreno, qui fut son amie sa vie durant. Mais le plus intéressant, comme d’habitude chez Colette, est son évocation des animaux, des plantes, de la nature, même lorsqu’elle ne la voit plus que depuis sa fenêtre. Un bonheur…

Sido (Colette)

note: 5la tribu Jean-François - 7 avril 2019

Sido, la mère, Le Capitaine, le père, Les Sauvages, ses deux frères. L’enfance de Colette s’est déroulée entre ces quatre êtres, au sein d’un foyer fusionnel dominé par la figure de la mère. Dans ce court roman, l’auteure brosse leur portrait, à sa manière, certes quelque peu "maniérée" mais dans une langue si riche et si belle qu’on ne s’ennuie jamais même lorsqu’au bout du compte on se demande de quoi elle a bien voulu parler. Une enfance heureuse, donc, de l’aveu de Colette, même si on peut émettre quelques doutes, tant la figure de Sido semble fortement retouchée. Cette femme fantasque, rebelle et tout à la fois fortement attachée aux traditions, autoritaire et pourtant aimée à la folie, a dû quelque peu perturber cette fillette qui a bien du mal à trouver sa place entre ses deux frères, choyés par leur mère, et une grande sœur qui a su très tôt prendre le large. Une chronique familiale pleine de tendresse, s’efforçant à la sincérité, à lire et à relire pour comprendre le destin étrange de cette écrivaine, devenue à la force du poignet un fleuron de la littérature française du vingtième siècle…

Les Disparus du phare (Peter May)

note: 5Amnésie et néonicotinoïdes Jean-François - 31 mars 2019

Un homme surgit un beau jour sur une plage des Hébrides extérieures, ces îles venteuses situées à l'extrême pointe ouest de la lointaine Écosse. Amnésique, il va lentement devoir reconstituer sa vie, ou ce qu'il croit être sa vie, avec les éléments à sa disposition: une amie, avec laquelle il va rapidement retrouver les gestes de l'amour, des papiers d'identité retrouvés au fond d'une caisse. En parallèle, on suit les pérégrinations d'une adolescente en révolte, Karen, qui ne s'est jamais remise de la mort de son père. Dès les premières pages, le lecteur tente d'établir un lien entre ces deux itinéraires que tout semble opposer, mais l'auteur est habile à tromper son monde et il va falloir de la patience, beaucoup de patience, pour dénouer l'écheveau de cette incroyable machination. Fort heureusement, on ne s'ennuie pas à suivre toutes les pistes qui s'ouvrent à notre perspicacité, jusqu'au feu d'artifice final, sur un îlot isolé au milieu d'un océan déchaîné…

Le grand secret (René Barjavel)

note: 5virus atomique Jean-François - 24 mars 2019

Lire Barjavel, c’est mordre à pleines dents dans un mets goûteux à souhait, fondant délicieusement sous la dent. Que dire aussi de l’érotisme, présent à toutes les phrases, même lorsqu’il s’agit de décrire ne serait-ce qu’une austère façade d’immeuble. Mais l’art de Barjavel ne réside pas seulement dans la langue, son imagination fertile et sa connaissance du monde lui permettent de nous tenir en haleine dans cette vision, toujours plus actuelle, d’un monde qui court vers sa perte. Comme dans le célèbre "Ravage", l’apocalypse semble bel et bien une création humaine et non une quelconque punition divine venue du fond des âges. La découverte d’un virus mutant aux pouvoirs extraordinaires menace la survie de l’humanité par des chemins très détournés mais terriblement efficaces. Les "grands de ce monde" vont donc décider, dans le plus grand secret, de s’entendre pour prendre des décisions drastiques auxquelles ils vont devoir se tenir coûte que coûte, et le coût, lui aussi, sera terrible. Thriller, espionnage, science-fiction, l’auteur use de tous les genres, sans oublier une merveilleuse histoire d’amour entre deux êtres que tout rapproche et que tout va brusquement éloigner, sans autre remède possible que la mort. Lisez, relisez Barjavel, et profitez de la vie, tant qu’il est encore temps.

Une aventure de Mickey Bolitar n° 3
À toute épreuve (Harlan Coben)

note: 5Mickey et ses souris Jean-François - 17 mars 2019

Dans ce troisième volet de la série des enquêtes de Mickey Bolitar, le héros, jeune et talentueux basketteur, va se trouver aux prises avec un triple mystère. Tout d’abord, la mort mystérieuse de son père, Brad Molitar, le frère du célèbre Myron Bolitar bien connu du fanclub de l’auteur, disparu à la suite d’un incendie criminel. Puis il y a une autre disparition mystérieuse, celle de cet adolescent inconnu avec lequel Ema, la meilleure amie de Mickey, avait entretenu de si riches relations via internet. Enfin, dernière mais non moindre, celle de Buck, un autre basketteur du même lycée, avec lequel Mickey a eu des relations plutôt tendues. Grâce à la ténacité de notre détective en herbe, aidé de ses deux copines Rachel et Ema, et à la sagacité de Spoon, un copain cloué dans un lit d’hôpital mais doté d’un sens inné de l’informatique, ces trois affaires vont se démêler après maintes péripéties et il faudra que le lecteur patiente jusqu’aux dix dernières pages pour en savoir plus. Un polar pour la jeunesse écrit par un vétéran du roman policier, que ses lecteurs fidèles ne bouderont pas car, comme à son habitude, il s’ancre parfaitement dans la réalité la plus quotidienne et, au-delà du suspense et de l’action, porte un témoignage sur la société d’aujourd’hui.

Sanditon (Jane Austen)

note: 5Charlotte à la plage Jean-François - 16 mars 2019

"Sanditon", entrepris par la célèbre Jane Austen peu de temps avant sa mort, est resté inachevé jusqu’à sa résurrection sous la plume inspirée de Marie Dobbs, qui s’est pour l’occasion intitulée "Une autre dame". Romantique en diable, l’histoire de Charlotte Heywood décolle véritablement lorsque Marie Dobbs se substitue à sa créatrice. Bien qu’aucune rupture de ton ne soit sensible après les fameux onze courts chapitres originaux, passablement soporifiques, l’intérêt du lecteur est rapidement stimulé par ce remarquable portrait de très jeune femme. Perdue au milieu de la famille Parker, qui l’a momentanément accueillie en leur cher Sanditon, une station balnéaire du Sussex qu’ils souhaitent voir un jour mise à la mode, Charlotte va rapidement montrer son véritable caractère et devenir petit à petit la personne sur qui "on peut compter". Pauvre, mais honnête, elle va mettre ses inclinations sous le boisseau, en niant mordicus que l’on puisse lui trouver un attrait quelconque, en cette époque où la grande occupation de la "gentry", juste après "les affaires", était de marier aussi vite que possible les filles et assurer la fortune des garçons. Les "bonnes manières", à la sauce anglaise, interdisant que l’on exprime directement ses sentiments, génèrent une suite de quiproquos et de valses-hésitations qui font tout l’intérêt de l’histoire, au-delà ce portrait d’une époque et de mœurs depuis longtemps disparues.

Oeuvre non trouvée

note: 5Allons à crozon Jean-François - 10 mars 2019

Qu’est-ce qu’un livre ? Qu’est-ce qu’un auteur ? Et le succès, c’est quoi ? Ces questions graves, David Foenkinos a fait le pari d’en rire, en en faisant le sujet d’un polar, mi-thriller mi-humoristique, une enquête à la recherche de l’auteur d’un livre oublié au fin fond de la Bretagne profonde. Retrouvé dans un coin de bibliothèque voué aux livres jamais publiés, il va devenir le best-seller de l’année, sous l’égide d’une jeune éditrice de chez Grasset. On rit, on pleure aussi dans cet étrange roman qui ose aborder des questions existentielles sans jamais tomber dans le pathos, tout en nous distrayant avec son jeu de fausses pistes, relançant sans cesse l’attention du lecteur par des coups de théâtre imprévus. Du grand art, et au passage une charge "à la hussarde" sur le milieu de l’édition et la création littéraire…

Les enquêtes de Victor Legris n° 12
Le dragon du Trocadéro (Claude Izner)

note: 4en r'venant d'l'expo Jean-François - 2 mars 2019

L’Exposition Universelle de 1900, avec ses 48 millions de visiteurs, célèbre par son déferlement de trouvailles architecturales et d’attractions en tout genre (le Trottoir Roulant, la Grande Roue, le Métropolitain), sert de cadre à cet énième opus des enquêtes de Victor Legris. On y retrouve notre libraire-détective, affublé de son beau-frère Joseph, à la recherche d’un tueur à la flèche, qui s’en prend à des visiteurs venus d’Outre-Atlantique. On va de surprise en surprise, dans un mystère qui ne cesse de s’épaissir tant les protagonistes sont habiles à se grimer et se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas. On tente d’abord de se retrouver dans ce labyrinthe savamment conçu pour égarer les limiers les plus perspicaces, et puis on finit par s’abandonner à l’atmosphère langoureuse du Paris de la Belle Époque, admirablement rendue à l’aide de savoureuses anecdotes. Comme dans les toiles des nabis, où le cadre s’avère aussi important que le sujet…

Check-point (Jean-Christophe Rufin)

note: 5promenons-nous en bosnie Jean-François - 16 février 2019

Une plongée au cœur des dérives de l’aide humanitaire, dès lors que les motivations personnelles des hommes et des femmes en "mission" l’emportent sur la louable nécessité de venir en aide à des populations victimes de la famine ou de la guerre. Une réflexion aussi sur la notion de guerre "juste", lorsque la conscience en dicte la nécessité, sous la forme d’un thriller mettant en scène quatre hommes et une femme partis fournir vivres et médicaments à un village perdu au fin fond de la Bosnie, en pleine guerre d’indépendance. Au cours de ce périple, qui va rapidement s’avérer un véritable enfer tant les tensions entre les personnages vont s’exacerber, de multiples événements sont surgir, mettant en péril une mission qui va s’avérer un véritable fiasco. Le pessimisme de l’auteur est justifié par une postface où il raconte les circonstances dans lesquelles ce roman a été décrit. Une curiosité est à souligner : alors que les Serbes, orthodoxes dans leur immense majorité, et les Croates, catholiques dans leur immense majorité, sont désignés non par leur religion mais par leur nationalité, les Bosniaques, en lutte pour leur indépendance, sont taxés de "musulmans", sans référence à la nation qui est en train de se construire, la Bosnie-Herzégovine.

La fille dans le rétroviseur (Linwood Barclay)

note: 5déréliction Jean-François - 3 février 2019

Cal Weaver, un détective privé, et sa femme Donna passent leur vie dans un sentiment d'abandon après la mort de leur fils Scott, tombé de quatre étages après une prise de drogue, la prise de trop. L'ennui quotidien, celui des affaires d'adultère et de recouvrement de loyers impayés, va être rompu lorsqu'une jeune fille va toquer à la fenêtre de son véhicule, un soir de pluie non loin du Patchett's, une boîte de nuit où les jeunes de Griffon, une petite ville de l'état de New York, ont l'habitude de venir se distraire. Les événements qui vont suivre s'enchaînent dans une sarabande infernale jusqu'au paroxysme final. Bien des masques vont tomber, et les personnages les plus dignes en apparence vont s'avérer, pour les uns de fieffés coquins, pour les autres de pauvres diables victimes de leur inconscience ou de leur lâcheté. Personne, quel que soit son sexe, son âge ou sa condition sociale n'est épargné dans ce thriller magistral, qui fait froid dans le dos lorsqu'on songe que chacun d'entre nous est capable de devenir un criminel, au gré des circonstances de la vie, pour peu que la raison s'égare une fraction de seconde de trop…

La nuit de tous les dangers (Ken Follett)

note: 4dix de der Jean-François - 28 janvier 2019

À l'aube de la seconde guerre mondiale un hydravion va tenter de relier pour la dernière fois l'Angleterre aux États-Unis, emportant à son bord des voyageurs triés sur le volet et disposant d'un confort digne des plus sélects navires de croisière. Un huis-clos "volant" mettant en relation dix-huit personnages aux allures et aux destins variés, qui vont se trouver confrontés à des situations inattendues et révéler leur véritable personnalité. Dans ce thriller magistralement conçu pour tenir le lecteur en haleine de la première à la dernière page l'auteur bat et rebat les cartes jusqu'à la bataille finale digne des meilleurs scénarios de films d'action. On s'attache rapidement à des personnages tels que la jeune Margaret, désireuse de s'engager pour défendre son pays contre la menace nazie, au grand dam de son fasciste de père, mais aussi à de nombreux autres, masculins et surtout féminins, qui ne sont pas traités d'une façon trop manichéenne. Même si la situation d'ensemble paraît assez abracadabrantesque, le contexte exceptionnel de l'attente imminente de la guerre rend vraisemblables les pires bizarreries du comportement humain. Une réussite du genre, qui fera passer un très bon moment aux lecteurs aimant les livres mêlant romance, suspense et action.

Oeuvre non trouvée

note: 5vous avez dit humanitaire ? Jean-François - 18 janvier 2019

Jean-Christophe Rufin, avec sa maestria habituelle, nous conte les gloires et déboires de Grégoire, vingt-sept ans, chargé de mettre sur pied à Asmara, aujourd’hui capitale de l’Érythrée, une mission humanitaire destinée à accueillir les milliers d’Éthiopiens victimes d’une terrible famine. L’occasion est trop bonne pour profiter de l’aide internationale, que la junte militaire au pouvoir destine en réalité à financer la déportation massive de la population. Croyant maîtriser la situation, avec l’aide d’un ancien marchand d’armes devenu son mentor, Grégoire va se trouver pris en otage dans une sombre machination qui va voir s’effondrer tous ses espoirs. Ce roman, avec ses personnages attachants, jamais tout noirs ni tout blancs, et ses multiples péripéties, se lit comme un polar politique alors qu’il s’agit d’un pamphlet acerbe, basé sur l’expérience personnelle de l’auteur et des sources très sérieuses, citées en fin d’ouvrage. On ne ressort pas indemne de sa lecture, même si l’actualité a fait depuis son chemin et largement redistribué les cartes dans cette partie de la corne de l’Afrique. Au travers de la narration d’Hilarion Grigorian, l’ex-marchand d’armes, c’est toute la complexité du comportement humain, partagé entre de multiples ressorts souvent contradictoires, qui nous est dévoilée, atteignant à l’universel.

Kostas Charitos n° 7
Le justicier d'Athènes (Pétros Márkarīs)

note: 4finitions à l'antique Jean-François - 13 janvier 2019

En pleine crise économique, un justicier anonyme, qui signe ses crimes "le percepteur national", assassine des personnalités diverses ayant dissimulé des sommes énormes au fisc. Il va rapidement devenir un héros populaire, déclenchant des mouvements de foule venant s’ajouter aux manifestations quotidiennes qui paralysent la ville d’Athènes, dans une Grèce rongée par la crise économique et croulant sous les diktats de la "troïka". Le commissaire Charistos s’englue dans son enquête, lui qui peut prédire chacun des crimes de la série mais s’avère incapable d’avoir la moindre piste, jusqu’au jour bénit où il accepte l’aide d’une profileuse. Un polar sociologique, qui va nous amener à mieux comprendre le quotidien vécu par une population prête à préférer le crime à la corruption. Hélas, l’auteur nous lasse un peu avec la description minutieuse des encombrements de la capitale et des moyens de les éviter. Des indications sans doute très utiles à un conducteur de taxis débutant, mais guère au lecteur impatient de connaître le nom de l’assassin…

Oeuvre non trouvée

note: 4soleil trompeur Jean-François - 8 janvier 2019

Une lente descente aux enfers sous le soleil du Brésil, une passion mortelle digne d'un Stefan Zweig, tel est le sujet de ce roman flamboyant, d'un style raffiné n'hésitant pas à employer des mots rares. L'écriture de Jean-Christophe Rufin s'est épurée dans ses romans ultérieurs, mais celui-ci reste dans une veine très littéraire, avec des effets de style qui peuvent dérouter le lecteur lambda. Le destin funeste de cette femme, qui a fait le choix de la solitude et de l'ardeur au travail après une jeunesse tumultueuse, nous émeut au plus profond de nous-mêmes. Sa plongée brutale dans l'univers tropical, propice à l'éveil des sens, va réveiller en elle des pulsions savamment enfouies, et bousculer toutes ses résolutions. Ce qui commence par une simple romance va rapidement se transformer en un long cri de souffrance dès lors que la folie l'emporte sur la raison. Un roman étrange, que l'on aura bien du mal à oublier tant le sujet dérange. Et si cette folie nous habitait un jour ?

Reviens (Samuel Benchetrit)

note: 5écrire, mais encore… Jean-François - 5 janvier 2019

Hilarant, comme le suggère la quatrième de couverture, ce n'est certes pas la qualité première de ce roman, dont l'humour, le plus souvent en demi-teinte, ne parvient pas à masquer un énorme potentiel d'émotion. La légèreté n'est qu'apparente, un simple effet d'écriture, en décalage avec la souffrance du narrateur. Séparé de sa femme, maintenant séparé de son fils parti pour un tour du monde en apparence initiatique, cet écrivain en panne d'inspiration, à la recherche de ses rares lecteurs, s'apprête à sombrer dans la déprime. Mais une suite d'événements imprévus vont l'amener à échapper à son enfermement : un message d'un soi-disant ami africain lui demandant de l'aide (l'arnaque typique, mais il y croit dur comme fer), un coup de téléphone d'un producteur lui proposant de réaliser une série à partir de son dernier livre "Béton armé", mais désireux d'en recevoir un exemplaire car il n'en connait que le thème (les banlieues) et ne l'a jamais lu (sic !). Ce qui ferait rire n'importe qui va au contraire déclencher chez notre très crédule héros une série de réactions qui vont l'amener à découvrir des personnes qu'il n'aurait jamais, au grand jamais, côtoyés auparavant, emmuré qu'il était dans sa "supériorité" d'intellectuel parisien. Un roman hors du commun, qui fait chaud au cœur sans jamais tomber dans la mièvrerie ni dans aucun des clichés de la littérature d'empathie et de cohésion sociale.

Katiba (Jean-Christophe Rufin)

note: 5dans les sables de l'histoire Jean-François - 1 janvier 2019

Katiba est un roman d'espionnage de haute volée, conforme aux schémas habituels du genre : une belle espionne, un bel espion, chargés par leurs officines respectives de se rencontrer et surveiller mutuellement. Mais derrière cette façade du roman d'action, et de l'action, rassurez-vous, il y en a en veux-tu-en-voilà, se cache une étude très poussée des ressorts de la géopolitique, mêlant intérêts économiques des grandes puissances, prétentions territoriales et essor du djihadisme, ainsi qu'une fine analyse psychologique de ce qui meut les individus lorsqu'ils sont à la recherche de leur identité. Les protagonistes principaux, Dimitri et Jasmine, auxquels se joint Kader, constituent un trio auquel il est difficile de ne pas s'intéresser, pour ne pas dire s'identifier, tant leurs défauts et qualités, malgré leurs outrances, sont ceux que tout un chacun porte en soi. J'ai particulièrement apprécié la façon dont l'islam "combattant" est vu "de l'intérieur" et non pas diabolisé selon les canons des médias occidentaux. Un roman d'espionnage "intelligent", mêlant l'expérience personnelle de l'auteur et des témoignages dignes de confiance, comme expliqué dans l'excellente postface de l'auteur, sans que cela nuise jamais à l'efficacité du récit, que l'on dévore du début à la fin…

Kostas Charitos n° 6
Liquidations à la grecque (Pétros Márkarīs)

note: 5banco Jean-François - 27 décembre 2018

Des banquiers et hommes d'affaire sont retrouvés décapités, avec la lettre D épinglée sur leur cadavre. Il n'en faut pas plus pour mettre en branle la cellule anti-terroriste de la police grecque, persuadée de trouver là les signes d'une attaque signée DAECH. Il n'en faut pas moins, cependant, pour mettre la puce à l'oreille du commissaire Charitos, persuadé que des terroristes dignes de ce nom ne vont pas s'en prendre à ceux qui détiennent l'argent dont ils ont tant besoin. Il va donc devoir mener une enquête parallèle qui va l'amener, et nous par la même occasion, de surprise en surprise. Comme dans les autres opus de la série, Petros Markaris nous révèle un pan de la réalité grecque, ici la crise économique qui ravage ce petit pays et a mis fin au beau rêve européen. La philosophie n'est pas absente, proposant à notre réflexion : qu'est-ce qu'une société ? Du cousu main, efficace et intelligent…

Les énigmes d'Aurel Le Consul n° 1
Le suspendu de Conakry (Jean-Christophe Rufin)

note: 5marinade Jean-François - 22 décembre 2018

Un polar signé Jean-Christophe Ruffin, de l'Académie Française, mazette ! Et quel polar ! Des personnages hors du commun, tel Aurel, ce roumain exilé en Guinée, devenu diplomate à la force du poignet après avoir été un temps sans papiers. Tel encore ce Jacques Mazières, retrouvé mort, pendu par un pied en haut du mat de son voilier, dans la marina de Conakry. Telle encore sa compagne du moment, cette mystérieuse beauté du cru nommée Mame Fatim. Et maints autres du même acabit, que l'auteur fait vivre (ou revivre) intensément sous notre regard éberlué. J'avoue n'avoir encore jamais pris autant de plaisir à la lecture d'un roman policier digne de ce nom, tant l'action est soutenue, au fil de l'enquête menée clandestinement par ce vice-consul en mal de reconnaissance, mis au placard pour cause de… compétence ! Cerise sur le gâteau, l'auteur règle ses comptes avec les pratiques mafieuses de la Françafrique, qu'il a bien connues. Un coup de torchon salutaire…

Piégée (Steven Soderbergh)

note: 5au-dessous du volcan Jean-François - 16 décembre 2018

Un thriller islandais, où on ne tremble pas que de froid tant la tension monte tout au long de 125 courts chapitres. Une plongée dans une Islande ravagée par la crise économique de 2008, qui a entraîné l'effondrement de son système bancaire, et pour faire bonne mesure de ses institutions. Sur fond d'accointance entre finance et grand banditisme, on suit pas à pas les pérégrinations de Sonja, une jeune mère de famille divorcée, décidée à tout pour assurer le bonheur de son fils Tómas et qui se trouve prise au piège d'une sombre machination dont les ressorts ne seront dévoilés qu'en fin d'ouvrage. Le rythme est soutenu, l'écriture fluide et les personnages tous attachants, à l'exception des "méchants", bien entendu. Une réussite du genre…

Contre toute attente (Linwood Barclay)

note: 5chinoiseries Jean-François - 9 décembre 2018

Un polar d’exception, magistralement adapté et interprété à la télévision sous le titre "L’accident". Tout commence avec un accident mortel sur une bretelle d’autoroute, causé par une voiture à l’arrêt dans laquelle on retrouve au volant le corps de Sheila, la femme de Glen, fortement imbibé de vodka. Bien que l’enquête ait rapidement mis en cause l’abus d’alcool, Glen n’y croit pas une seule fois mais va se retrouver face à la vindicte populaire. L’angoisse monte inexorablement bien que l’on sache, dès les premières pages, qu’il s’agit d’une histoire de trafic de contrefaçons chinoises impliquant toute une partie de la population d’une petite ville du Connecticut fortement touchée par la crise. Ce que nous savons, ou devinons par bribes, les protagonistes ne le savent pas et tout l’art de l’auteur est de ménager les surprises, en multipliant les pistes et en nous faisant découvrir les ramifications d’un trafic dans lequel les personnages se sont trouvés impliqués, volontairement ou à leur corps défendant. Sans oublier le coup de théâtre final, qui surprendra les lecteurs les mieux avertis. Un livre qu’on n’oublie pas, une fois dépassé le plaisir de la lecture, tant il est riche de notations tant psychologiques que sociales, et dresse un bilan, au-delà de l’intrigue policière, des conséquences aussi inattendues que désastreuses de la mondialisation.

Les accommodements raisonnables (Jean-Paul Dubois)

note: 4french touch Jean-François - 24 novembre 2018

Un scénariste français est toujours le bienvenu dans les studios d’Hollywood, pour apporter la "French touch" à des scénarios improbables. Paul Stern, pourvu d’une épouse dépressive shootée aux antidépresseurs et d’un père refaisant sa vie avec une jeune beauté héritée de son frère récemment décédé, ne va pas tarder à céder aux appels des sirènes hollywoodiennes, histoire de changer d’air. Tel est le point de départ d’une aventure qui va l’amener à s’interroger sur son passé, les êtres qui l‘entourent, à découvrir de nouvelles amitiés, de nouvelles amours, et accessoirement à s’enrichir, au sens propre comme au sens figuré. Jean-Paul Dubois, avec son humour grinçant et ses dons de conteur, s’interroge sur les métiers du cinéma, un monde qu’il connait bien par les nombreuses adaptations de ses romans, mais aussi sur les relations au sein du couple, les ressorts du désir, et bien d’autres aspects de la vie quotidienne. Un livre qui se lit aisément, des personnages bien typés auxquels on s’attache, avec une pirouette finale porteuse d’espoir.

Oeuvre non trouvée

note: 5elena et lila Jean-François - 18 novembre 2018

Elena, la narratrice, et Lila sont deux amies d'enfance d'un quartier pauvre de Naples, que l'on va suivre de l'âge où l'on joue à la poupée à celui où l'on s'apprête à donner la vie à son tour. Elles se chamaillent sans cesse, mais aussi se copient, chacune s'ingéniant tour à tour à rivaliser avec son amie. Elena Ferrante analyse avec une véracité confondante le trouble qui est au cœur des rapports humains, qu'il s'agisse des jeux de la petite enfance comme, plus tard, de réussite scolaire ou bien encore du désir amoureux. Le tout sur fond de particularités locales, telles le sang chaud bien connu des napolitains, faisant de la moindre contrariété un prétexte à raviver les vieilles querelles. On ne se lasse pas de voir les nombreux personnages grandir, changer, tant physiquement que mentalement, renier les engagements pris autrefois la main sur le cœur, de voir les amitiés et les amours se faire et se défaire au fil des sentiments et… des intérêts bien compris ! Dans une écriture limpide, admirablement traduite par Elsa Damien, une description au scalpel d'un microcosme bien délimité, tant dans l'espace (le quartier du Rione Luzzatti) que dans le temps (les années 1950 à 1960), qui touche à l'universel par sa mise en lumière des ressorts les plus intimes de la vie en société.

Oeuvre non trouvée

note: 5elena et lila Jean-François - 18 novembre 2018

Elena, la narratrice, et Lila sont deux amies d'enfance d'un quartier pauvre de Naples, que l'on va suivre de l'âge où l'on joue à la poupée à celui où l'on s'apprête à donner la vie à son tour. Elles se chamaillent sans cesse, mais aussi se copient, chacune s'ingéniant tour à tour à rivaliser avec son amie. Elena Ferrante analyse avec une véracité confondante le trouble qui est au cœur des rapports humains, qu'il s'agisse des jeux de la petite enfance comme, plus tard, de réussite scolaire ou bien encore du désir amoureux. Le tout sur fond de particularités locales, telles le sang chaud bien connu des napolitains, faisant de la moindre contrariété un prétexte à raviver les vieilles querelles. On ne se lasse pas de voir les nombreux personnages grandir, changer, tant physiquement que mentalement, renier les engagements pris autrefois la main sur le cœur, de voir les amitiés et les amours se faire et se défaire au fil des sentiments et… des intérêts bien compris ! Dans une écriture limpide, admirablement traduite par Elsa Damien, une description au scalpel d'un microcosme bien délimité, tant dans l'espace (le quartier du Rione Luzzatti) que dans le temps (les années 1950 à 1960), qui touche à l'universel par sa mise en lumière des ressorts les plus intimes de la vie en société.

Mozart est un joueur de blues (Ernest J. Gaines)

note: 5petite chronique de la négritude Jean-François - 11 novembre 2018

Cinq nouvelles, sur le thème du quotidien des nègres (le mot est de l’auteur, sans aucune connotation péjorative, comme il devrait toujours être compris) de la Louisiane. En admirateur de Faulkner, Gaines tente de retranscrire le langage imparfait mais fortement imagé de ses personnages, tous issus du petit peuple travaillant sous le soleil dans les champs de canne à sucre. Des instantanés de vie, des personnages de tous âges que l’on retrouve d’une nouvelle à l’autre, formant au fil des pages une savoureuse comédie humaine. Qu’il s’agisse du regard étonné des enfants sur le monde des adultes ("Les tortues"), de l’amour ("Le garçon au costume croisé", "Mary Louise", "Mon Grandpa et l’esprit malin") ou de la vieillesse et la mort ("Tout comme un arbre") on sent la vérité affleurer avec force à chaque mot, dans cette remarquable traduction de Michelle Herpe-Voslinsky. Un pur bonheur de lecture, qui donne furieusement envie de lire d’autres œuvres de cet auteur afro-américain, injustement méconnu en France.

Je ne retrouve personne (Arnaud Cathrine)

note: 5petite chronique de l'intranquillité Jean-François - 11 novembre 2018

Deux frères, une maison familiale à vendre, quelque part du côté de Deauville. Chacun a fait sa vie, loin du cocon familial, mais les parents, pharmaciens, ont décidé de mettre en vente cette maison qui n’est plus guère fréquentée depuis qu’ils ont pris leur retraite dans le pays niçois. Et c’est Aurélien qui a été désigné par la famille pour se charger de la corvée : recevoir les visiteurs, négocier le prix. Tancé par son frère aîné Cyrille, avec qui les rapports ont toujours été quelque peu tendus, il se rend à contrecœur à Villerville, où il va avoir la surprise de retrouver une vieille connaissance, sous les traits de l’agent immobilier précisément chargé de la vente. C’est le début d’une quête de ses racines pour cet écrivain déjà célèbre qui a fait de ses souvenirs d’enfance le sujet de la plupart de ses romans. Confronté à la réalité, il va sombrer dans une douce mélancolie, égayée par la venue de sa filleule Michelle, une adorable gamine qui va lui redonner goût à la vie. Dans cette petite chronique de l’intranquillité, selon le mot popularisé avec tant de justesse par Fernando Pessoa, Arnaud Cathrine déploie son talent de peintre des pensées intimes, sans jamais tomber dans la complaisance et avec une écriture simple et directe. Une réussite…

Une enquête du commissaire Montalbano
Une Lame de lumière (Andrea Camilleri)

note: 5montalbano amoureux Jean-François - 11 novembre 2018

Tout commence par un cercueil de bois grossier retrouvé par un paysan dans son champ, enfin, si on peut appeler ça un champ car rien n’y pousse à part les lapins. La suite est inracontable, tellement les péripéties abondent, contées dans cette langue truculente, propre à Camilleri, que Serge Quadruppani a réussi à transposer dans un français de vache espagnole auquel ses fidèles lecteurs ont fini par s’habituer, et à aimer. On y voit un Montalbano transfiguré par l’amour, aux prises avec un double trafic d’armes et de tableaux auquel, une fois n’est pas coutume, la mafia est étrangère. Comme d’habitude, Andrea Camilleri (par le truchement du commissaire Montalbano) ménage soigneusement la "cosa nostra", tout en nous brossant en contrepoint le portait de ces deux familles, les Cuffaro et les Sinagra, qui se haïssent depuis des générations. Sans conteste un des meilleurs de la série, mais aussi un des plus étranges…

Chanson de la ville silencieuse (Olivier Adam)

note: 5quand mon père était chanteur… Jean-François - 3 novembre 2018

Antoine Schaeffer, un chanteur-rockeur mondialement célèbre, aux faux airs de Jacques Higelin, fortement imbibé d'alcool et dopé aux amphétamines, aimant faire la fête et se construire un passé de prince déchu. C'est l'image qu'a conservée de lui sa fille, la narratrice, avant qu'il passe pour mort par suicide, au bord d'un fleuve où l'on a retrouvé sa voiture grande ouverte. Jusqu'au jour où une photo, floue, d'un chanteur des rues inconnu, semble attester de son errance dans le quartier de l'Alfama à Lisbonne. Tel est le début d'une quête au cours de laquelle les souvenirs vont affluer, nous faisant découvrir les liens étranges reliant ces deux êtres que tout éloigne, mais aussi maints autres personnages. Un roman inspiré, écrit dans une langue flamboyante que l'auteur tord jusqu'aux confins de la poésie. Peut-être le meilleur qu'il ait écrit jusqu'ici, en tout cas sûrement celui qui m'a le plus touché…

Le ciel après la pluie (Clara Sánchez)

note: 3la jeune fille et la fée Jean-François - 1 novembre 2018

Un thriller étrange, flirtant allègrement avec le fantastique jusqu'au passage au bleu de la finale. Patricia, mannequin à succès, est soudain victime d'accidents dont la répétition ne semble pas le fruit du hasard. Heureusement, elle peut se confier à sa bonne fée, Viviana, rencontrée par hasard (?) lors d'un déplacement en avion. Celle-ci lui laisse entendre que quelqu'un cherche à lui nuire, mais se contente de lui donner des conseils, marqués du sceau du bon sens et agrémentés d'une poudre de perlimpinpin. Ce sera donc à notre héroïne de trouver la source de cette "malédiction". Bien entendu, tout le monde y passera, des amis les plus chers aux ennemis les plus jurés. Clara Sánchez sait appâter le lecteur, avec un réel bonheur d'écriture. Hélas, on ne retrouve pas dans ce roman, centré sur un milieu où tout n'est qu'art et beauté, mais terriblement artificiel, la puissance émotionnelle dont étaient chargés ses deux précédents romans. Dommage…

Une si longue lettre (Mariama Bâ)

note: 5une femme africaine Jean-François - 28 octobre 2018

Ce roman épistolaire décrit par le menu la condition de la femme, soumise à la toute-puissance de la famille de son mari et aux quatre volontés de celui-ci, en terre d’islam version sénégalaise. Veuve, dépouillée de ses biens chèrement acquis au cours de trente années de mariage, Ramatoulaye se confie à sa meilleure (et seule) amie Aïssatou, qui elle a fait le choix de ne plus subir cette condition de dépendance extrême. Le récit, cheminant à travers les divers personnages que l’on découvre au fil de cette très longue lettre, dresse un terrible réquisitoire contre les abus d’une soi-disant tradition asservissant l’individu, de son plus jeune âge au seuil de la vieillesse, au pouvoir de la sacro-sainte famille. L’homme aussi est victime de cette négation de la dignité individuelle, mais sa condition demeure néanmoins à cent coudées au-dessus de celle de la femme, que dénonce avec un réel bonheur d’écriture ce fleuron des lettres africaines qu’est Mariana Bâ. Puisse un tel témoignage réveiller les consciences…

Entre dans ma vie (Clara Sánchez)

note: 5laura laura pas Jean-François - 7 octobre 2018

Une quête inlassable de la vérité, tel est le défi que se donne Verónica lorsqu'elle découvre la photo d'une fillette, prénommée Laura, que sa mère croit être sa sœur. Elle va reprendre à son compte, bravant moqueries et interdits, les recherches déjà menées par sa mère, qui n'a jamais accepté que son premier enfant soit déclaré mort à la naissance. Le scandale des bébés volés (et vendus très cher, avec la bénédiction de l'Église), qui a mis en émoi l'Espagne postfranquiste, a inspiré Clara Sánchez tout comme, quelques années plus tard, le "Mala vida" de Marc Fernandez. Contrairement à ce dernier, elle n'en a pas fait un polar politique, privilégiant l'atmosphère du thriller. Un pari réussi, on angoisse à toutes les pages en espérant voir enfin déjouée cette diabolique machination…

Guérilla social club (Marc Fernandez)

note: 5el cóndor pasa (bi repetita) Jean-François - 29 septembre 2018

Des militants, rangés de longue date des luttes de libération qui ont enflammé l’Amérique Latine dans les années 1970, sont enlevés, torturés et meurent dans d’atroces souffrances. Cela se passe quasi simultanément à Madrid, Paris, Buenos Aires et Santiago du Chili. Quel plan diabolique se cache derrière ce qui semble des actes tout à fait gratuits ? Un petit groupe d’amis, journalistes, avocats et militants des droits de l’homme, issus de "l’affaire des bébés volés" (voir "Mala Vida", du même auteur) vont se retrouver autour de cette énigme, et vont partager leurs informations des deux côtés de l’Atlantique. Une enquête semée d’embûches, touchant à la soi-disant "raison d’état", des personnages hauts en couleurs agissant dans une ambiance bon enfant, au mépris de tous les dangers. Un excellent polar politique, très marqué "rouge et noir" comme l’indique sans détours la couverture…

Poupée volée (Elena Ferrante)

note: 5Cruella chez les bisounours Jean-François - 23 septembre 2018

Sur une plage de la côte ionienne, Nina prend le soleil. C'est une jeune mère, particulièrement jolie, qui aime tendrement sa petite fille Elena, âgée de trois ou quatre ans. Entre elles, une poupée de chiffon, dont elles s'occupent ensemble et qui sert un peu de truchement à leur affection mutuelle. Leda, qui assiste à ces scènes de tendresse, se rapproche d'elles et va petit à petit entrer dans leur intimité. Jusqu'au jour où elle va voir dans cette poupée le moyen de leur faire payer toute cette beauté et tout cet amour, qui lui font envie et la ramènent à sa propre médiocrité : sa beauté déjà vacillante, ses filles, qu'elle n'a jamais su aimer, parties vivre au loin avec leur père. Une chronique de la désespérance, des désirs refoulés, sous le soleil bienveillant de Satan…

Ce que cache ton nom (Clara Sánchez)

note: 5nazis dans le rétro Jean-François - 23 septembre 2018

Julián, un vieux chasseur de nazis argentin, retiré des "affaires". Sandra, une jeune femme enceinte jusqu'aux yeux, qui hésite à bâtir quelque chose avec son "fiancé". Deux êtres que tout éloigne et qui vont former un tandem improbable, pour le meilleur et pour le pire, au milieu d'une coterie d'anciens tortionnaires nazis, venus se faire oublier sous le doux climat d'Alicante. Un thriller envoûtant, au charme discret, où l'on se pose jusqu'à la fin la question : et si ceci n'était qu'un théâtre d'ombres ? Qui mène la danse dans ce pandémonium où bons et méchants s'échangent les rôles à longueur de page ? Jusqu'à la fin, mais y a-t-il jamais une fin ?

Larmes de pierre : Une enfance africaine
Partir avant les pluies (Alexandra Fuller)

note: 4l'amour en miettes Jean-François - 23 septembre 2018

Au fil de ses souvenirs, avec ce côté brouillon qui lui est propre, Alexandra Fuller évoque sa rencontre avec Charlie Ross, l'homme avec qui elle a partagé vingt années de sa vie. De la Zambie au Wyoming, un portrait de groupe haut en couleurs, brossé avec acuité et une pointe de cruauté. Personne n'est épargné dans cette description d'une vie en perpétuelle agitation, en accord avec le mental déjanté des personnages, qu'il s'agisse du père, aux sentences aussi péremptoires que mystérieuses, tel un sphinx antique, de la mère, aux multiples talents cachés mais toujours entre deux alcools, ou bien encore de la sœur aînée, Vanessa, traînant son ennui aux côtés d'un mari qu'elle n'aime plus depuis longtemps. Sans compter les innombrables grands-mères et arrière-grands-mères du côté maternel, qui toutes ont défrayé la chronique de leur Écosse natale. Un lourd, très lourd fardeau à porter, déjà évoqué à maintes reprises dans les ouvrages précédents de l'auteure. Le présent récit est plus ou moins centré sur l'histoire assez navrante de ce couple mal assorti, qui vaille que vaille a su fonder une famille dans la lointaine Amérique. Curieusement, les trois enfants, que l'on sait devenus maintenant de jeunes adultes, sont à peine évoqués. Sans doute le thème d'un prochain volet de ces mémoires en zigzag, qui font tout le charme de cette auteure aux indéniables talents de conteuse…

Oeuvre non trouvée

note: 5damer le pion Jean-François - 9 septembre 2018

Eleni est une femme sans âge et assez insignifiante, dévouée à son mari, à sa famille et au jugement des voisins, dans cette île des Cyclades où les commérages vont bon train. Son mari Panis est garagiste mais, pour mettre un peu de "beurre dans les épinards", elle effectue des heures de ménage dans un hôtel apprécié des touristes. Elle va y faire la connaissance d'un jeu d'échecs, abandonné dans leur chambre en pleine partie par un couple de touristes français. Le rêve d'une autre vie va alors l'emporter dans une course folle : Paris ! La Tour Eiffel ! Mais que vient faire dans ce rêve ce mélange étrange de cases blanches et noires, où circulent chevaux et reines d'un monde oublié ? Par association d'idées, le jeu d'échecs va devenir pour elle la promesse d'un voyage qu'elle sait impossible. Et de rencontre en rencontre, associant hasard et stratégie, la voilà partie pour une autre existence, au grand dam d'un Panis en pleine déconfiture, craignant par-dessus tout de se ridiculiser aux yeux des villageois. Le court roman de Bertina Henrichs, à mi-chemin entre fable et thriller psychologique, brosse un beau portrait de femme. Une femme qui a trouvé un jour le courage d'aller au bout de ses envies, montrant enfin de quoi elle était capable, elle que l'on voyait raser les murs par crainte des regards soupçonneux…

La succession (Jean-Paul Dubois)

note: 4un médecin qui fait sa pelote… Jean-François - 26 août 2018

Paul est médecin malgré lui, pour faire plaisir à son père et ne pas déroger à une tradition familiale. Pourtant, sa passion est la pelote basque, qu’il va aller pratiquer, et dont il va en vivre, en se rendant de Hendaye à Miami, où ce sport rare est devenu la coqueluche de la "jet set" et l’objet de paris pharaoniques. Et ce jusqu’au jour où le papa décède, en se jetant du neuvième étage de son immeuble toulousain. Ce père abhorré devient alors une sorte de miroir dans lequel Paul va se contempler et se demander quel héritage il a bien pu lui léguer, sachant que le suicide, aussi, est une tradition familiale. Un roman étrange, tout en demi-teinte, où l’on suit les pérégrinations et les états d’âme d’un personnage complexe, fuyant, auquel il est bien difficile de s’identifier. On y parle de quête d’identité, bien sûr, d’amour, mais aussi d’un sujet grave sur lequel la profession médicale a bien du mal à être en phase avec la société : l’aide médicale à mourir. Jean-Paul Dubois signe là un roman attachant, fort troublant par moments, qu’il est déconseillé toutefois de lire en période de "déprime".

Oeuvre non trouvée

note: 5la maladie d'amour… Jean-François - 25 août 2018

Grand-mère était belle, très belle, elle avait aussi de terribles coliques néphrétiques, et surtout, était en permanent mal d'amour. Une soif impossible à étancher, au point de décourager tous les prétendants qui s'étaient présentés. Jusqu'au jour où… Mais cette étrange histoire ne se raconte pas, tant on va de surprise en surprise, à la poursuite de la vérité d'un être que si peu de personnes ont su apprécier, même au sein de sa propre famille. Un récit finement ciselé, proche de l'art de la nouvelle, qui vous emmènera visiter des recoins insoupçonnés de l'âme humaine. Un petit bijou…

Ces âmes chagrines (Léonora Miano)

note: 5la condition humaine Jean-François - 18 août 2018

Un roman puissant, envoûtant, décrivant par le menu le destin de deux demi-frères africains vivant en France (ici appelée la "Métropole"). Maxime, l'aîné, champion de l'intégration, a fait de brillantes études et rapidement gravi les échelons dans une société privée, jusqu'à obtenir un poste de direction très convoité. Antoine, le bellâtre aux cheveux peroxydés, se pavane et tchatche à l'envi, tel le parfait cliché du noir africain. Il a pourtant coupé tout lien avec le "Continent" (comme l'auteure appelle l'Afrique) et vit aux crochets de son frère aîné et de quelques autres, grâce à un astucieux stratagème lui permettant de vivre sans travailler. Deux êtres que tout oppose, et pourtant le destin va se charger de les faire se mieux comprendre, dès lors que le voile va se lever sur un passé qu'on leur a soigneusement caché. Une fresque haute en couleurs, remarquablement écrite, avec de beaux portraits de femmes en souffrance, qu'il s'agisse de la mère, Thamar, et de la grand-mère, Modi (ou Maria). Au passage, de nombreux coups de griffe, l'auteure n'hésitant pas à critiquer bien des aspects des sociétés tant occidentales qu'africaines, ce qui est tout à son honneur…

Contre toute évidence (Tami Hoag)

note: 4délit de sale gueule Jean-François - 12 août 2018

Un meurtre horrible est commis dans une famille de Minneapolis. Des témoins ont vu sortir un individu marginal à la mine patibulaire, connu dans le quartier pour sa violence et son peu de respect de la loi. Bref, il n'en faut pas plus pour faire de lui l'ennemi public numéro un, que policiers et journalistes vont pourchasser sans se poser trop de questions. Parmi eux, Sam Kovac, flic hors pair et colérique, croit dur comme fer à sa culpabilité, au vu de ses antécédents. Seule la juge Carey Moore, qui croit pourtant comme les autres à sa culpabilité, refuse de prendre en compte ses délits passés, au nom d'un certain sens de l'équité. Il n'en faut pas plus pour qu'elle se mette à dos cette communauté, blanche et propre sur soi, qui ne songe qu'à renouer avec les vieilles traditions de lynchage ayant fait sa gloire à l'époque de la ségrégation. La suite n'est qu'un maelström savamment organisé pour tenir le lecteur en haleine de bout en bout. Et ça fonctionne ! L'attention ne se relâche pas un instant, et l'on attend avec impatience de voir comment Sam et Carey, ces deux êtres que tout oppose, tant au social qu'au mental, vont résoudre le conflit qui les oppose. Un polar réussi, haletant à souhait, même si on se demande parfois si l'auteure n'en rajoute pas un peu dans la démesure, en multipliant les fausses pistes, les personnages glauques, perdant ainsi au passage le réalisme social qui aurait pu faire l'intérêt de l'ouvrage.

On regrettera plus tard n° 1 (Agnès Ledig)

note: 5agnès, oh yes… Jean-François - 5 août 2018

Tous les personnages des romans d'Agnès Ledig ont en commun cette particularité de nous toucher au plus profond, malgré leurs défauts, leurs souffrances, que transcende un profond désir de vivre, de surmonter peines et regrets. Avec en prime le hasard, ce dieu Cupidon qui peut d'un coup d'aile faire basculer le destin et ouvrir d'autres horizons. Ce quatrième roman ne déroge pas à la règle. On y retrouve une jeune femme, Valentine, célibataire "endurcie", du moins le croit-elle, qui un beau jour d'orage va accueillir sous son toit un père et sa fille, voyageurs au long cours affublés d'une roulotte qui prend l'eau et de deux chevaux ayant bien besoin d'être bouchonnés. Romance ? Pas si simple ! L'auteure en sait un bout sur la complexité des rapports humains, sur la difficulté à s'assumer, à accepter ses différences, et surtout à accepter de voir autre chose chez les autres que son propre reflet. Toujours avec son écriture simple et belle, Agnès Ledig sait faire voler sa plume pour quelques scènes d'anthologie (érotiques entre autres) mais aussi l'arrêter à temps et laisser passer certains silences propres à la réflexion. On a droit aussi au passage à une psychothérapie expédiée en une seule séance, une idée qui risque de mettre au chômage une bonne partie de la profession…

Oeuvre non trouvée

note: 5cheyenne party Jean-François - 4 août 2018

Walter Longmire, shérif du comté d'Absaroka, Wyoming, et grand ami des indiens, s'apprête à marier sa fille Cady en terre cheyenne, à "Crazy Head Springs", au cœur de la réserve d'où est originaire le futur marié. Au cours d'un repérage en compagnie de son fidèle ami "Ours debout", il voit une femme, tenant un enfant dans ses bras, se précipiter du haut d'une falaise. L'enfant est blessé, mais sauf, la femme, elle, tout occupée à protéger son enfant de la chute, est morte sur le coup. Suicide ? Meurtre ? L'enquête est menée par Lolo Song, une jeune cheyenne récemment nommée à la tête de la police tribale de la réserve. Devant son désarroi face à une enquête qui va s'avérer particulièrement délicate, les langues cheyennes se déliant difficilement, et frappé par sa beauté et son courage hors du commun, il va la seconder après avoir réussi à gagner sa confiance. Comme on s'en doute, les préparatifs du mariage sont quelque peu délaissés, au grand dam de Cady et de sa future belle-mère, mais le trio va parvenir, après moult rebondissements, à éclaircir cette étrange affaire. Une plongée au cœur de la cheyennité, au-delà des clichés et des poncifs touristiques, loin, très loin des clameurs de la grande ville. Dépaysement garanti…

Norma (Sofi Oksanen)

note: 5thriller capillaire Jean-François - 28 juillet 2018

Un thriller étrange, flirtant avec le fantastique, mettant en scène une jeune femme, Norma, dotée d'une curieuse capacité de croissance capillaire. Ses magnifiques cheveux blonds, de type "ukrainien", repoussent à une vitesse prodigieuse, une particularité génétique qui a sauté plusieurs générations, et que sa mère va cacher soigneusement, en faisant son gagne-pain. On découvre les dessous de l'industrie du cheveu, florissante en ces temps où tout le monde veut ressembler aux stars du moment. Mais "l'empire capillaire" mis en place aux quatre coins du monde par un certain Lambert, à la tête d'un clan familial aux méthodes plus que douteuses, sert aussi de façade à un trafic de mères porteuses. On entre page après page dans un univers aux confins du réel, décrit avec un réalisme surprenant, en se posant jusqu'à l'ultime page la question : et si tout cela existait bel et bien ? La réponse est non, bien entendu, mais il s'en est fallu… d'un cheveu !

Oeuvre non trouvée

note: 2telle à vif Jean-François - 14 juillet 2018

Une ville entière, Tel-Aviv, est évacuée à l’occasion d’une guerre, imaginaire, mais dont le risque est toujours présent dans l’esprit des israéliens. Ici, aux missiles et roquettes s’ajoute la peur d’une guerre bactériologique. Dans ce décor réaliste, l’auteur place l’histoire d’un petit groupe qui a décidé de rester, contre vents et marées, dans cette ville presque totalement vidée de ses habitants. Le grand-père, Saba, dont les jours sont comptés, la faculté ne lui donnant plus que quelques semaines à vivre, est accompagné de Naor, son petit-fils, un étudiant en cinéma et de l’amie de celui-ci, Yaël, une artiste plasticienne. Cette expérience de survie citadine va rapprocher deux générations que trop de choses éloignent. Elle va être également pour Naor l’occasion de réaliser un premier film, à l’aide de son smartphone. Le propos est émaillé de nombreuses références littéraires et cinématographiques qui peuvent intéresser les lecteurs connaissant leurs "classiques", mais on ne ressent jamais aucune empathie avec ces trois personnages qui semblent perdus dans les limbes de l’imagination de l’auteur. Beaucoup trop d’artifices de style émaillent par ailleurs le récit, entrecoupé de panneaux de signalisation routière dont on peine à saisir la relation avec celui-ci. Heureusement, le livre est très court, on n’a pas vraiment le temps de se lasser…

Oeuvre non trouvée

note: 5amel s'en mêle… Jean-François - 14 juillet 2018

Dans ce second volet de Pu-Khtu, DOA poursuit sa saga politico-journalistico-policière inaugurée avec "Citoyens clandestins". On y retrouve Amel Balhimer, journaliste au grand cœur, pour qui plusieurs personnages vont se mettre en quatre, au sens propre comme au sens figuré. On y retrouve aussi quelques belles figures de la barbouzerie internationale, aux multiples visages, capables de se vendre au plus offrant sous couvert d'officines discrètes largement rétribuées par les services de renseignements d'ici ou d'ailleurs. Parmi eux, un certain Alain Montana, fondateur d'une de ces officines chargées de l'exécution des basses œuvres, et passé comme par enchantement à une activité de conseil, officielle et largement rétribuée, auprès de la Présidence de la République. C'est sur lui et ses activités, autant cachées qu'illicites, qu'enquête la belle Amel, au mépris de tous les dangers. L'action, haletante au possible, nous transporte du Paris des beaux quartiers à la frontière de l'Afghanistan, du côté des fameuses "zones tribales" du nord-ouest du Pakistan, où grenouillent talibans, djihadistes et trafiquants en tous genres, surtout en armes et opium. Une mise à nu de la géopolitique officielle et non-officielle, un sacré "coup de torchon" dans le monde du journalisme, de la surveillance et des opérations de destruction massive menées au nom de la "raison d'état", qui vaut bien la croissance aveugle que certains ont envers les "livres saints".

Oeuvre non trouvée

note: 5ici et maintenant Jean-François - 30 juin 2018

L’endroit le plus dangereux du monde, c’est ici et… maintenant ! Ici, c’est Mill Valley, cette petite vallée californienne où tout le monde se connaît, peuplée majoritairement de représentants typiques de la classe moyenne aisée. Et maintenant, c’est le temps présent, celui de la circulation ultra-rapide de l’information via les réseaux dits "sociaux", véhiculant en un temps record les nouvelles les plus folles. Un groupe d’adolescents, que l’on suit du collège au lycée, va en faire les frais, de la lettre d’amour de Tristan Bloch à Cally Broderick jusqu’à la fête improvisée chez Elisabeth Averine. Lindsey Lee Johnson décrit par le menu le comportement de cette jeunesse désabusée, en apparence sans idéal autre que l’acquisition des derniers gadgets à la mode, et pourtant dotée d’une furieuse envie de vivre, loin du monde des adultes qu’elle réprouve tout en se préparant à le rejoindre. On évoque beaucoup dans ce thriller psychologique Scott Fitzgerald, dont le "Gatsby le magnifique" est au programme des cours d’anglais, mais on pense bien entendu aux nuits blanches et poudrées de notre Françoise Sagan nationale. Le personnage de Molly Nicoll, la jeune professeure d’anglais, introduit dans le récit comme un avatar de l’auteure, tente de faire le pont entre les générations, jusqu’au drame qui va renvoyer définitivement chacun dans son camp. Un portrait sans concession de la face cachée du "rêve américain".

Hortense (Jacques Expert)

note: 5si tu t'imagines, fillette, fillette… Jean-François - 24 juin 2018

Une jeune mère célibataire, bâillonnée, rouée de coups, voit sa fillette âgée de deux ans et demi enlevée de force par un père qui ne l’a jamais reconnue. L’enquête piétine, piste près piste, sans jamais parvenir à loger ce père indigne, capable de fuir de ville en ville, de continent en continent. Vingt ans après, lorsqu’elle croit reconnaître sa fille par hasard dans la rue, alertée par son instinct de mère, Sophie Delalande va voir renaître l’espoir. On la suit pas à pas dans ce qui va rapidement devenir une obsession, alimentée par les conseils d’Isabelle, sa meilleure amie. Le lecteur, de son côté, suit ses propres pistes en quête de "la vérité", que seul l’auteur connaît comme on s’en doute, et celui-ci va s’ingénier à nous égarer jusqu’au coup de théâtre final. Palpitant à souhait, ce polar psychologique est un petit chef-d’œuvre du genre…

Level 26 n° 1 (Anthony E. Zuiker)

note: 1gore texte Jean-François - 24 juin 2018

Un polar gore, à la poursuite de "Sqweegel", un serial killer "niveau 26", fou à lier mais diablement habile à déjouer les pièges que lui tend son ennemi juré, Steve Dark, un agent du FBI dont la famille a été massacrée trois ans auparavant. Il n’y a rien à redire au récit, haletant et rempli d’atrocités, selon les canons du genre. Hélas, aucun message n’est délivré, le "juste", chargé de libérer le monde du monstre, ayant recours aux mêmes méthodes que celui qu’il poursuit. Une apologie de l’ultra-violence, par le créateur de la série-culte "Les experts", à déconseiller aux âmes sensibles et à toute personne ayant un quelconque amour pour l’humanité…

Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg n° 9
Quand sort la recluse (Fred Vargas)

note: 5meurtres sur la toile Jean-François - 24 juin 2018

Fred Vargas aime s’attaquer aux peurs ancestrales et aux grands mythes ayant traversé l’histoire de l’humanité. Ici, l’araignée, accompagnée de son fidèle compagnon le venin, est au centre de l’enquête particulièrement difficile que va devoir mener le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg à la suite de morts inexpliquées. Trois vieillards meurent des conséquences d’une piqure d’araignée, avec des doses de venin sans commune mesure avec le pouvoir de cette araignée solitaire, guère amatrice de chair humaine, appelée "recluse brune" ou "araignée violoniste". Adamsberg va devoir reconquérir pas à pas la confiance de sa brigade, mise à mal par le caractère quelque peu bizarre de ses intuitions et une campagne de dénigrement savamment orchestrée par son adjoint Adrien Danglard. On va de surprise en surprise, comme sait le faire avec brio Fred Vargas, voyageant aux quatre coins de la France à la poursuite de l’araignée tueuse. Au passage, une belle leçon d’humanisme et un vibrant plaidoyer contre la maltraitance au travers d’une galerie de personnages en souffrance. Puisse ce message être entendu par nos dirigeants, tant civils que religieux…

Oeuvre non trouvée

note: 5whisky à gogo Jean-François - 24 juin 2018

Un détective privé, un vieil écrivain alcoolique en cavale, sa jeune et volage épouse, son ex, toujours amoureuse et dont la beauté brave les années, le tout assorti d'un bouledogue accro à la bière, tel est le cocktail réjouissant que nous sert James Crumley dans ce polar hors du commun, haut en couleurs, oscillant sans cesse entre drame et fantaisie. Aucun des personnages n'est ce que l'on croit, donnant de l'épaisseur à la dimension psychologique du récit, qui va bien au-delà d'un simple divertissement. Une certaine vision de l'Amérique, loin des clichés véhiculés par Hollywood, mais aussi un regard profond porté sur les choses de l'amour, leur mystère insondable…

Une enquête du commissaire Brunetti n° 23
Brunetti entre les lignes (Donna Leon)

note: 4incunables Jean-François - 23 juin 2018

Des livres rares disparaissent d’une célèbre bibliothèque vénitienne, des pages sont découpées. Sacrilège ! Inquiète, la bibliothécaire en chef s’adresse au commissaire Brunetti, qui va lancer ses troupes dans une longue quête de témoignages. Le gardien n’a rien vu, un lecteur omniprésent, prêtre défroqué et spécialiste des "pères" de l’Église, non plus. Le mystère est total, l’enquête piétine, jusqu’au jour où… "Brunetti entre les lignes" n’est certes pas le meilleur de la série, du moins si l’on recherche dans un polar suspense et coups de théâtre (dans ce cas lire plutôt "Le garçon qui ne parlait pas"). On y découvre cependant les secrets de la "bonne société" vénitienne, sur les pas de notre commissaire qui va devoir, pour les besoins de l’enquête, fréquenter un peu plus assidument que d’habitude la richissime famille de sa chère et pas toujours très tendre Paola…

Oeuvre non trouvée

note: 5au feu ! Jean-François - 17 juin 2018

Tessa, dix-huit ans, entre à l’Université de Caroline du Nord (WCU). Pour elle qui n’avait jamais quitté l’état de Washington et le giron familial, c’est la découverte d’un monde étrange, avec ses codes dont elle ignore tout. Loin de sa mère, de son petit ami Noah qu’elle fréquente en tout bien tout honneur depuis la plus petite enfance, elle va devoir se faire de nouveaux amis. Steph, sa colocataire à la résidence universitaire, va très vite l’entraîner dans des "fêtes", où la consommation d’alcool prélude à des jeux très loin des tendres échanges de mots doux avec Noah. Pour ne pas paraître bas-bleu, elle va se plier aux règles et faire ainsi la connaissance de Hardin, un "mauvais garçon" couvert de piercings et de tatouages. Elle va rapidement en tomber follement amoureuse. Le récit tourne autour de cette relation entre deux jeunes adultes que tout oppose. Une relation tendue, qui va vite tourner à la passion. De facture classique, ce roman, qui se lit néanmoins avec plaisir de la première à la dernière page, met en scène les émois et les tourments d’une jeune fille découvrant les feux de l’amour. Une analyse psychologique assez fouillée d’une passion dans la prime jeunesse, ne se contentant pas de décrire les personnages par leurs vêtements et la marque de leurs cigarettes, un fait suffisamment rare dans la littérature populaire nord-américaine pour mériter d’être souligné…

Une enquête du commissaire Brunetti n° 22
Le garçon qui ne parlait pas (Donna Leon)

note: 5silence dans la lagune Jean-François - 16 juin 2018

Le fils d'Ana Canavella, sourd, muet et attardé, aux dires de sa mère et des commères du quartier, est retrouvé mort étouffé dans son sommeil après avoir avalé une forte dose de somnifères. Plusieurs éléments intriguent le commissaire Brunetti, qui subodore une affaire beaucoup plus complexe que la version officielle du suicide. En bon vénitien, il sait que les langues vont être difficiles à délier mais grâce à sa pugnacité, et l'aide de quelques personnes de bonne volonté, le passé va enfin parler et la vérité éclater au grand jour. Une plongée dans l'univers, brumeux à souhait, de la lagune et de ses habitants, où le bruit et la fureur se terrent au fond de palais ténébreux. Un des meilleurs volumes de la série des enquêtes du commissaire Brunetti avec, une fois n'est pas coutume, la participation active de son épouse, fine mouche et amatrice de jeux de mots et autres subtilités langagières.

Les gens heureux lisent et boivent du café n° 2
La vie est facile, ne t'inquiète pas (Agnès Martin-Lugand)

note: 4irish romance (continued) Jean-François - 10 juin 2018

Après "Les gens heureux lisent et boivent du café" on suit Diane, héroïne et narratrice, dans la suite de son périple amoureux. Les jeux de l'amour et du hasard se poursuivent, entre Paris et l'Irlande, ce pays resté si cher à son cœur lorsqu'elle y avait trouvé refuge après la mort de sa fille et de son mari. Malgré le côté toujours "roman à quat'sous" qui a fait son succès, on ne peut rester insensible au charme de ce récit, tout en tendresse et qui va, enfin, amener Diane aux portes du bonheur. On fume beaucoup, trop, dans les romans de cette jeune auteure. On y boit beaucoup aussi et on espère voir un jour Diane/Agnès capable de marcher sans ses deux béquilles…

Oeuvre non trouvée

note: 3irish romance Jean-François - 10 juin 2018

Si "Entre mes mains le bonheur se faufile" n'est guère plus qu'un "Harlequin" amélioré, il semble que cette fois-ci la mayonnaise ait mieux pris. Il y a toujours de l'amour, bien sûr, beaucoup de sentiments voire de passion, mais cette fois les personnages ont de l'épaisseur et on s'y attache, ainsi qu'au milieu dans lequel ils évoluent. Malgré des recettes faciles (des personnages que tout repousse vont se trouver attirés inexorablement l'un vers l'autre), on se prend vite d'intérêt pour cette jeune femme, qui vient de perdre mari et enfant et tente de se reconstruire dans un des coins les plus isolés de la lointaine Irlande. L'écriture est toujours aussi fluide, la lecture est donc agréable même si le traitement du sujet reste assez banal et ne délivre pas de message…

Pars avec lui (Agnès Ledig)

note: 5une romance d'aujourd'hui Jean-François - 10 juin 2018

La rencontre se fait à l'hôpital, quelque part en Alsace, là ou Juliette est infirmière, là aussi où un jeune pompier, Roméo (sic !), vient d'être admis aux urgences après être tombé du haut de la grande échelle, en tentant de porter secours à une fillette enfermée dans sa chambre en flammes. Huit étages, tout de même, ça fait une sacrée chute, et son pronostic vital est engagé, selon le langage en vogue dans le milieu hospitalier. La suite, il faut laisser le lecteur en profiter en toute liberté, même si on devine que le dénouement final sera heureux, pour faire mentir, une fois n'est pas coutume, ce bon vieux Shakespeare. Agnès Ledig, dans son style enlevé et allant directement à l'essentiel, sait nous faire partager les grands moments aussi bien que les mille et une petites choses de la vie. L'empathie est totale avec ses personnages, des gens simples qui vont évoluer au contact les uns des autres, sans jamais accumuler les clichés. Une lecture bien agréable, qui en réconciliera plus d'un(e) avec la vie, et avec… les hôpitaux !

Photos volées (Dominique Fabre)

note: 5saint laz' Jean-François - 10 juin 2018

Saint-Lazare (la gare, le quartier), les photos, les femmes, les souvenirs, la vie qu'on croit ratée mais qui se poursuit vaille que vaille. L'univers de ce roman est rigoureusement délimité. Avec Jean, le chômeur de 58 ans qui se retrouve un beau jour sans travail, sans enfants, sans compagne pour chauffer son lit, nous voilà parti pour un tour de manège dans la tête de ce personnage assez falot, égoïste même si l'on en juge par la façon dont il se comporte avec ceux et celles qui lui veulent du bien. À travers ses souvenirs et le récit de ses longues nuits d'errance dans le quartier Saint-Lazare, les nombreux personnages défilent et brossent un portrait d'une humanité chaleureuse, mille fois plus attachante que le personnage central. Dans ce curieux roman en miroir, où la réalité n'est entraperçue que par le prisme du photographe, Dominique Fabre nous fait partager sa vision d'un quartier parisien, à mi-chemin entre le Paris populaire et celui de beaux quartiers, où les catégories sociales se côtoient sans pour autant se mélanger. On sent beaucoup de tendresse, et une profonde tristesse, celle du narrateur, bien entendu, qui ne cesse de gémir sur sa vie gâchée, mais aussi celle, bien enfouie, de tous ces personnages sympathiques qui gravitent autour de lui.

Juste avant le bonheur (Agnès Ledig)

note: 5hyper cashier Jean-François - 10 juin 2018

Julie n'a pas pu réaliser les rêves de sa vie. Dans sa vie rêvée elle est chercheuse en biologie moléculaire. Dans sa vie réelle, caissière dans un supermarché. Elle élève seul Ludovic, un enfant de trois ans qui est la prunelle de ses yeux. En attendant un hypothétique Prince Charmant, qui tarde à se manifester. Mais tout va basculer un jour où une larme va malencontreusement glisser sur sa joue satinée. Le geste qu'elle fait pour la retenir va émouvoir Paul, un client dont l'âge incertain doit avoisiner la soixantaine. À partir de ce moment sa vie ne sera plus jamais la même. En bien mais aussi en mal. Julie et les autres personnages qui vont graviter autour d'elle, Paul, bien sûr, mais aussi son fils Jérôme, Caroline, Romain, sans oublier Ludovic, et Marion, sa meilleure amie, vont être pris dans un tourbillon qui va les emmener bien loin de leur train-train quotidien. L'auteure sait évoquer comme nulle autre les gestes de tendresse, les mille petits riens qui cicatrisent les plaies, celles du corps comme celles de l'âme. Elle sait aussi évoquer la douleur, à la limite du supportable, lorsqu'on perd un être cher, lorsqu'on croit sa vie "fichue". Beaucoup d'émotion, donc, à la lecture de ce merveilleux petit roman, qui fait chaud au cœur et met en scène des personnages tous aussi attachants les uns que les autres. Agnès Ledig, retenez ce nom…

Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison (Arto Paasilinna)

note: 4bienvenue en enfer Jean-François - 9 juin 2018

Tout un folklore né de l'imagination de quelques romanciers a fait de la Laponie, cette contrée hostile, un lieu où l'on vient se ressourcer. Profitant de cet attrait, Ilova Kärmeskallio a acquis un vaste domaine, doté de parcelles agricoles et d'une ancienne mine de fer. En surface, on cultive des plantes aromatiques selon les principes de l'agriculture biologique, en profondeur différentes espèces de champignons. Le personnel est au départ bénévole, mais l'offre ne suivant pas la demande il faut bien faire appel à des personnes ne venant pas nécessairement de leur plein gré. Un beau jour, ce paradis perdu voit arriver un certain Jalmari Jyllanketö, chargé de vérifier la certification "bio" du domaine. En réalité, Jalmari appartient aux services secrets finlandais et est chargé d'enquêter sur les agissements assez troubles de cette organisation "charitable". Mais voilà que notre faux certificateur va se prendre au jeu, tombé sous le charme de ce rutilant phalanstère, et surtout de la fille de la patronne. Dans une ambiance grandguignolesque, de faux en faux on arrive à des situations plus abracadabrantes les unes que les autres, pour finir dans une vision idyllique d'une utopie qui n'est au final rien d'autre qu'un camp de concentration au pays des nains de jardin. Mais c'est très bien écrit et on dévore les pages, en se demandant jusqu'au bout, et en vain, quelle va être la morale de l'histoire…

Einar n° 3
Le septième fils (Arni Thorarinsson)

note: 5embûches glacées Jean-François - 9 juin 2018

Islande, terre de feu et de glace. Les clichés sont nombreux sur cette île mystérieuse, en contact direct avec les entrailles de la Terre. Et pourtant, elle étonne par sa diversité, elle étonne même les islandais eux-mêmes dès lors qu'ils sont amenés à quitter leur région d'origine. Tel est le cas d'Einar, journaliste au "Journal du Soir" de Reykjavik, que sa rédaction envoie à Isafjördur, dans les "Fjords de l'Ouest", une petite ville ruinée par le déclin de la pêche, pour y dénicher quelques nouvelles locales susceptibles d'élargir le lectorat du journal. Et des nouvelles locales, il va en trouver, Einar. Lui qui croyait avoir été mis temporairement au placard va se trouver brutalement au centre de l'actualité. Un immeuble en flammes, une tombe profanée, deux corps carbonisés enfermés au fond d'une caravane, dont un champion de foot national, un homme d'affaires disparu, et des courriels menaçants signés Manvamp, il n'en faut pas plus pour que notre Rouletabille boréal se mette en tête de rechercher des liens entre ces affaires disparates et de partir vers la gloire. Un polar bien mené, aux nombreux protagonistes, offrant une vision d'une Islande aux multiples facettes où se profile la crise qui l'a menée au bord du gouffre, en 2008, l'année même où ce livre a été publié dans son pays.

Kurt Wallander n° 3
Les chiens de Riga (Henning Mankell)

note: 5rigatonique Jean-François - 9 juin 2018

Dans ce second opus des enquêtes du commissaire Wallander, l'atmosphère est typiquement celle du roman d'espionnage. Aux lendemains de la chute du rideau de fer, dans une Lettonie censément indépendante mais encore aux mains des nostalgiques de l'ère soviétique, pro-russes et indépendantistes s'affrontent au sein d'une société en pleine déconfiture. Un plan diabolique va être déjoué, grâce à la ténacité de notre commissaire, enjeu malgré lui d'un féroce combat où tout le monde avance masqué. Une superbe enquête, menée des deux côtés de la Baltique par un Wallander au mieux de sa forme, quoiqu'il en dise…

Le réveil du coeur (François d' Epenoux)

note: 3anciens et modernes Jean-François - 3 juin 2018

Entre Jean, un trentenaire récemment divorcé de Leïla et parisien bon teint, et "Le Vieux", son père, solitaire grincheux et enfermé au fond de sa province landaise, sans internet ni téléphone cellulaire, c’est un peu la querelle des anciens et des modernes. Chacun campe sur ses positions et pense que son mode de vie est le seul souhaitable. Jusqu’au jour où Malo, six ans, le fils de Jean et de Leïla, débarque à Lacanau chez son grand-père, pour un mois de vacances où il va s’initier à une autre vie, au grand air, sans télé ni console de jeu, mais auprès d’un vieil homme tout heureux de lui faire découvrir des activités et des saveurs d’un autre âge. Un récit, ou plutôt une fable, pleine de bons sentiments et de bonnes intentions, écrite avec légèreté et une pointe d’ironie, mais avec un relent de passéisme et de misogynie qui agace un peu les dents, l’auteur ayant un peu trop appuyé sur le côté "franchouillard" du grand-père, fort sympathique au demeurant. Distrayant, mais peu convaincant sur le plan du message. Dommage…

Kurt Wallander n° 2
Meurtriers sans visage (Henning Mankell)

note: 5étranger ! Jean-François - 2 juin 2018

Une plongée dans la Suède du début des années 1990, aux prises avec une vague d’immigration sans précédent et voyant resurgir la peur ancestrale de l’étranger. Un couple de vieux paysans est assassiné sauvagement, sans raison apparente, le dernier mot prononcé par la femme juste avant de mourir étant : étranger ! Il n’en faut pas plus pour raviver les vieux réflexes racistes, dont va faire les frais le camp d’immigrés le plus proche, avec un mort à la clé. Le commissaire Kurt Wallander va donc devoir mener, avec toute son équipe, une double enquête, qui va l’amener à se pencher vers le côté sombre de cette Suède bien propre sur elle et qui recèle bien des secrets. On le suit au quotidien, dans sa quête de la vérité mais aussi dans ses démêlés avec sa conscience, ravivés par une consommation quelque peu excessive de whisky. Un excellent polar, avec énigme, pistes multiples, nombreux personnages, et un regard acéré sur une société en pleine mutation.

La vérité et autres mensonges (Sascha Arango)

note: 5ceci est un roman Jean-François - 26 mai 2018

Au fur et à mesure de la lecture, un sentiment de gêne remplace l'angoisse, habituellement de mise dans un thriller psychologique. Hendry Hayden, le célèbre auteur de "Frank Ellis" et de maints autres titres à succès, fait les beaux jours de la maison d'édition de Claus Morany, où travaille sa maîtresse Betty Hansen. Mais comment a-t-il pu acquérir ce talent d'écriture, reconnu par les meilleurs critiques, lui qui n'a connu que galères et ratages en tous genres avant de surgir comme un soleil dans le milieu de l'édition ? Quelle est la vérité de cet homme, dont le comportement peut toujours s'interpréter en noir comme en blanc ? L'auteur se joue de la notion de bien et de mal, de vérité et de mensonge, faisant de l'ambigüité le ressort du drame qui se joue. Un roman étrange, envoûtant, qui laisse la sensation que la frontière qui nous sépare de la folie est bien poreuse. Mais aussi une réflexion assez profonde sur la face cachée de la création littéraire. Il vaut mieux parfois ne pas savoir…

Quelqu'un pour qui trembler (Gilles Legardinier)

note: 5fantasia chez les ploucs (bis) Jean-François - 26 mai 2018

Un Legardinier pas piqué des vers, qui fait du bien au mental par ces temps de désespéritude (le mot est de moi, pas de Ségolène, pour une fois). L'histoire, assez abracadabrante, ne se raconte pas, seuls les mots de l'auteur parvenant à la rendre crédible. Il y a de l'amour, il y a de l'action, un peu de tristesse aussi parfois, mais pas trop. La peur de vieillir, connais pas, dixit Legardinier. La peur de ne pas être aimé, d'être même rejeté, est au cœur du roman, par contre, et l'auteur met en plein dans le mille. Rassurez-vous, tout finit par s'arranger. Je voterais bien pour lui à la prochaine présidentielle, s'il était candidat. Chiche…

Une enquête du commissaire Brunetti n° 20
Deux veuves pour un testament (Donna Leon)

note: 5mourir à Venise Jean-François - 26 mai 2018

Une enquête du célèbre commissaire Brunetti, dans sa Venise chérie qu'il préfère parcourir à pied au risque d'arriver trop souvent en retard à ses rendez-vous. La signora Altavilla, occupant sa retraite en aidant des personnes en grande faiblesse, femmes battues, sans-papiers, vieillards solitaires, est retrouvée morte par sa voisine, baignant au milieu d'une mare de sang. Crise cardiaque, selon le médecin légiste, mais des marques brunes sur le cou et dans le dos laissent dubitatif notre fin limier. Comme dans ses autres enquêtes, la lenteur vénitienne est de mise, lenteur que les gens du cru préfèrent appeler sagesse. Il faudra donc attendre les dernières pages pour voir une piste se dessiner, au bout d'une longue et délicate mise en confiance des protagonistes, digne d'un Jules Maigret, qui permettra de lever la chape de silence qui semble recouvrir cette ville si riche en secrets. Un bon moment d'évasion, en compagnie de personnages attachants, et une merveilleuse histoire d'amour, qu'il faut avoir la patience de découvrir au bout de cette difficile quête de la vérité.

Le problème Spinoza (Irvin D. Yalom)

note: 5quatre siècles vous contemplent Jean-François - 26 mai 2018

Contrairement à d'autres de ses romans ("Mensonges sur le divan", "Et Nietzsche a pleuré"), l'humour en demi-teinte, si typique de cet auteur, a disparu. Car l'heure est grave. Il s'agit rien de moins que d'une remise en cause de l'essence même de la religion, la croyance en un "au-delà" et en l'origine divine de textes sacrés. Le célèbre philosophe Spinoza, rejeté par la communauté sépharade d'Amsterdam, croyait en la Nature (à laquelle il identifiait Dieu) et rejetait toute idée de vie après la mort. Ses textes ont inspiré maints philosophes, parmi les plus grands, et sa vision humaniste et universaliste est toujours d'actualité. Irvin Yalom met en miroir les destins de deux personnages que tout oppose au-delà des presque quatre siècles qui les séparent. Le théoricien nazi Alfred Rosenberg se posait un problème à propos de ce Spinoza, vénéré par Goethe, dont il était persuadé qu'il ne pouvait pas être tout à fait juif avec une intelligence aussi brillante. La question qui est en filigrane dans ce double récit, mêlant faits réels (historiquement avérés) et imaginaires (des personnages viennent s'ajouter, générant discussions et polémiques), est bien : qu'est-ce qu'être juif ? Sans apporter de réponse, l'auteur fait ce qu'il sait si bien faire, nous raconter une histoire, mais avec intelligence, en laissant le lecteur, comme un de ses patients sur le divan, apporter lui-même ses réponses.

Oeuvre non trouvée

note: 5le complot Jean-François - 26 mai 2018

Un thriller redoutablement efficace, écrit avec une grande rigueur malgré son aspect kaléidoscopique, tel un collage des années 1960 auxquelles il fait référence à travers l'histoire du rock. La musique est partout, les décibels s'éclatent, la drogue aussi, dure et douce, et toute une batterie de personnages tous plus déjantés les uns que les autres s'agitent dans une sarabande infernale. Un personnage est au centre de cette histoire, envoûtante, obsédante même tant on a hâte de savoir s'il va pouvoir se tirer du guêpier dans lequel il s'est fourré. De Bruxelles à Paris, en passant par Londres, New York et Berlin, la planète rock se visite, avec ses éclairs et ses coins sombres. Bon voyage au pays des fous…

Légende (Sylvain Prudhomme)

note: 4gens de La Crau Jean-François - 26 mai 2018

La Crau, une plaine longtemps laissée à la nature, dans l’ancien delta de la Durance, à l’est de la Camargue. Une nature contrôlée, où l’irrigation (dans la Crau "humide") permet d’y faire pousser un des meilleurs foins du monde, repéré par des chefs étoilés. Partout ailleurs, une steppe infertile (la Crau "sèche"), vouée de longue date au pastoralisme, point d’arrivée de la transhumance hivernale en provenance des Alpes de Haute-Provence. C’est dans ce cadre unique en Europe, aujourd’hui menacé, que vivent ou ont vécu les protagonistes de ce roman qui nous plonge au cœur des folles années où le sida était encore terra incognita. Les gens se souviennent de leur jeunesse insouciante, de leurs amours et de leur liberté. Les bergers se sont reconvertis, mais certains ont maintenu vaille que vaille la tradition. À partir de personnages que l’on suit entre présent et passé, au fil de leurs souvenirs, c’est toute une région qui revit sous nos yeux. On pense à Giono, bien sûr, avec sa description d’une nature souvent hostile, dont la rudesse rejaillit sur ceux qui l’habitent. Lorsqu’un berger affirme haut et fort que ceux qui protègent les loups méritent tous d’être pendus, ma main s’est lentement portée vers mon cou…

Baguettes chinoises (Xin ran)

note: 3tiercé gagnant à Nankin Jean-François - 26 mai 2018

Trois jeunes filles de la campagne chinoise sont venues à Nankin pour échapper à la malédiction qui frappe leur famille, et plus particulièrement leur père, incapable de "fabriquer" un garçon. Méprisées, les filles, que l’on appelle par dérision des "baguettes" (par opposition aux "poutres" que sont les garçons), sont à peine tolérées et vouées aux travaux les plus pénibles. Dans leur famille on n’a même pas pris la peine de leur donner un prénom à leur naissance : elles sont donc appelées par un numéro, correspondant à l’ordre de leur naissance. Trois, Cinq et Six vont devoir se débrouiller pour gagner leur vie, et elles vont y parvenir très vite, y compris Trois, qui n’a pourtant jamais été scolarisée, ne sait pas lire, et passe pur une idiote. Débrouillardes, elles vont "faire leur pelote" et apporter une aide financière bienvenue à leur famille, où elles seront enfin reconnues pour leur valeur et permettront à leur père de sortir du déshonneur. Le roman se lit aisément et l’empathie est totale avec les trois héroïnes, dont on suit pas à pas les tribulations jusqu’à leur retour triomphal dans leur village natal. Hélas, ce tableau idyllique, et cette défense, empreinte d’une touchante sincérité, de la condition féminine, laisse un goût bizarre lorsque l’on compare ce destin exemplaire à la vie des personnages réels ayant inspiré le roman, rapportée avec honnêteté en fin d’ouvrage.

Oeuvre non trouvée

note: 5la maison des secrets Jean-François - 20 mai 2018

Sadie, inspecteur de police à Londres, est en congé forcé suite à des indiscrétions faites à la presse. Elle est revenue pour un temps chez son grand-père, Bertie, qui s'est installé en Cornouailles. Au cours d'un jogging elle découvre une mystérieuse maison abandonnée, au sein d'un magnifique domaine situé au bord d'un lac. Sa curiosité va l'amener à s'interroger sur le comment et le pourquoi de cet abandon. Bien entendu, elle ne pourra pas s'empêcher de franchir la barrière, et là c'est un monde étrange qui va s'ouvrir à elle, le passé d'une famille aux multiples souffrances, dont elle va faire la connaissance des derniers descendants. De multiples rebondissements tiennent le lecteur en haleine, qui découvre, page après page, comment la maison va révéler petit à petit tous ses secrets. Le récit de Kate Morton est habilement construit, alternant entre le présent (l'enquête de Sadie), et un passé vieux de soixante-dix ans (le tragique événement qui a précipité la chute du domaine de Loeanneth). Les pistes, nombreuses, sollicitent l'attention du lecteur dès les toutes premières pages. Bref, une réussite, qui ravira les amateurs et amatrices de mystère. Un léger bémol, pourtant. L'auteure a oublié que sous le climat doux et humide de la Cornouaille, un jardin paysagé tel que celui des Edevane se transforme en soixante-dix ans en une forêt inextricable.

Oeuvre non trouvée

note: 5vengeance au pays des trolls Jean-François - 20 mai 2018

L'été est court sur l'île d'Öland, une grande île suédoise célèbre pour ses moulins à vents. Mais les touristes y viennent en masse pour fêter la traditionnelle fête de la Saint-Jean et profiter des chaudes et longues journées de juin et de juillet. Cette année-là, des événements extraordinaires vont se succéder, qui vont faire craquer le vernis de ce petit coin de paradis et révéler les secrets patiemment enfouis par la famille Kloss, propriétaire d'un très rentable complexe touristique capable d'accueillir des milliers de personnes. Passé et présent vont se rejoindre dans ce polar savamment agencé en un entrelacs de séquences narratives, dominé par les histoires de deux enfants, Gerlof et Aron, qui vont se retrouver et s'affronter, soixante-dix ans après les terribles événements qui les ont fait se rencontrer dans le petit cimetière du village. L'auteur sait distiller à merveille le mystère, dans un contexte historique bien documenté. Une réussite du genre, qui tient le lecteur en haleine de la première à la dernière ligne.

Ce que le jour doit à la nuit (Yasmina Khadra)

note: 5autant en emporte Oran Jean-François - 20 mai 2018

Une vie, un destin. Celui de Younès, qui deviendra plus tard Jonas. Des années 30 à la jeune Algérie indépendante, trente années de vie, une vie bouleversée par une suite de coups du sort. Comme son père, Younès est à cheval sur l'honneur, mais n'en mesure guère les conséquences. Pour une parole donnée, du bout des lèvres, à une personne qui n'en valait guère la peine, notre héros va perdre celle qui aurait pu être le soleil de sa vie. Mélodramatique à souhait, le récit nous fait découvrir une foule de personnages tous aussi attachants les uns que les autres et le livre se dévore de la première à la dernière ligne. De la vraie, de la grande littérature populaire, pleine de rebondissements, sur un fond historique solidement documenté. Mais aussi une analyse très fine des rapports humains, l'amour, l'amitié, la fidélité aux convictions. Comme dans toute son œuvre littéraire, le message délivré par Yasmina Khadra est ambigu tout en restant profondément humaniste. Nul n'est bon, nul n'est mauvais, et les meilleurs sentiments peuvent générer des précipices dont nul ne ressort indemne. À chacun de juger en son âme et conscience…

Physicien Yukawa n° 2
Un café maison (Keigo Higashino)

note: 5cluedo japonais Jean-François - 19 mai 2018

Mais qui donc a versé de l'arsenic dans le café de Mr Mashiba ? La question qui se pose aux enquêteurs va également chatouiller les neurones de bien des lecteurs et lectrices de cette énigme que n'auraient pas reniée Agatha Christie ou Gaston Leroux. L'histoire se passe à Tokyo, dans un Japon des plus actuels, mariant l'usage des toutes dernières technologies au maintien des traditions. Ayané Mashiba est célèbre pour ses cours de patchwork, qu'elle assure avec l'aide de son assistante Hiromi. Cette épouse modèle, ange du foyer et fort habile cuisinière, a rejoint ses parents le temps d'un week-end pour assister son père, souffrant. Yoshitaka Mashiba, le mari, était donc seul au cours de ce dimanche fatal. Il va falloir bien de la persévérance à l'équipe chargée de l'enquête sur ce qui, au départ, ressemble à un suicide mais va vite s'avérer un meurtre des plus diaboliques. Le passé des protagonistes est épluché et va révéler bien des zones d'ombres, ouvrant des pistes qui vont se refermer, se rouvrir et se croiser à l'envi. Il y a longtemps que l'on n'avait pas publié un polar à énigmes de cette qualité, maintenant constante l'attention du lecteur, avec un souci du détail et de la véracité bien typique du pays ayant porté à son acmé l'art de l'estampe et du bouquet.

Un siècle de romans d'espionnage n° 2
Agents secrets face à l'Europe nazie (Jacques Baudou)

note: 4nid d'espions Jean-François - 13 mai 2018

Six romans d'espionnage, traitant de la période s'étendant des prémices de la seconde guerre mondiale au débarquement allié. Dans une volonté d'offrir un panorama de tous les styles, Jacques Baudou a rassemblé ici le meilleur ("Le masque de Dimitrios" d'Eric Ambler, 1939, "Le ministère de la peur" de Graham Greene, 1950) mais aussi le pire ("Le boxeur fantôme" de Noel Behn, 1969). Tous ont pour cadre l'affrontement entre les forces de l'Axe et le camp "occidental", qu'il se déroule en Afrique, en Angleterre ou en Allemagne. Curieusement, l'excellent roman d'Eric Ambler ne fait aucunement référence à la guerre (il a été publié en Angleterre très peu de temps avant que celle-ci ne soit déclarée) et ne traite même pas … d'espionnage ! Le lecteur fera lui-même son panier, selon ses goûts et ses auteurs de prédilection, deux d'entre eux étant immensément connus, le déjà cité Graham Greene et Pierre Mac Orlan, qui inaugure la sélection avec "Le camp Domineau". On découvre dans ce recueil assez disparate des facettes inattendues d'un genre littéraire surtout connu par ses adaptations au cinéma et à la télévision. Une seule certitude à l'issue de cette lecture (prévoir un bon mois pour en venir à bout, sauf si vous êtes cloué sur un lit d'hôpital) : les espions sont bel et bien parmi nous…

Ce que je peux te dire d'elles (Anne Icart)

note: 5femmes je vous aime Jean-François - 13 mai 2018

Que de femmes dans cette histoire ! Entre maris et amants morts ou enfuis, passion pour le métier et envie de procréer sans s'encombrer, quatre femmes vont se retrouver à partager un même foyer. Blanche, la narratrice, sa mère Angèle, bipolaire (avec ses "hauts" et ses "bas"), ses tantes Justine et Élisabeth ("Babé"). On est dans la couture, à Toulouse. De 1960 à 2013, ça rit, ça pleure, ça s'adore, ça se reproche, ça se jalouse aussi, au fil du temps, des espoirs et des malheurs que chaque membre de la tribu connaît ou croit connaître. Bref, une vie, mais une vie de femmes, que l'auteure a su merveilleusement nous faire partager dans sa singularité. Les hommes apparaissent cependant, en ombres chinoises, pour mieux faire ressortir la chaleur de ce gynécée issu d'une antique tradition, qui les accepte sans jamais les inclure. Une fine analyse psychologique, où les non-dits en disent plus que les paroles.

Mourir sur Seine (Michel Bussi)

note: 5du raisin sur les quais Jean-François - 13 mai 2018

Un Bussi bien ficelé, qui nous emmène au pays des pirates et des trésors cachés sans pourtant jamais quitter les quais de Seine, à Rouen, où règne l'effervescence de l'Armada, la grande fête des voiliers. Toutes voiles dehors, le Cuauhtémoc, navire mexicain, roi de l'Armada, est le théâtre d'un meurtre ritualisé. Le jeune marin Carlos Jésus Aquileras Mungaray, dit Aquilero, est retrouvé poignardé et marqué au fer rouge sur l'embarcadère de son bateau. De mystérieux tatouages animaliers, d'autres meurtres tout aussi mystérieux qui vont suivre, il n'en faut pas plus pour enflammer l'imagination d'une jeune et téméraire journalise, Marine Abruzze, qui va se trouver au cœur d'une effroyable machination. Comme dans les romans policiers qui ont fait par la suite son succès ("Nymphéas noirs", "Un avion sans elle"…), "Mourir sur Seine" est le fruit d'une imagination débordante s'appuyant sur un solide savoir historique et géographique. On va, ou plutôt on court, de rebondissement en rebondissement, de fausse piste en fausse piste, jusqu'à un dénouement final tout à fait inattendu. Hélas, malgré ses qualités narratives hors pair, il est navrant de voir chaque page gâtée par des fautes d'orthographe et de grammaire impardonnables de la part d'un membre du corps enseignant. À moins qu'il faille incriminer un éditeur peu scrupuleux, pressé de rentabiliser la réédition d'un des premiers opus d'un auteur à succès ? Mystère, mystère…

Carresse de rouge (Éric Fottorino)

note: 5le mystérieux incendie de la rue galande Jean-François - 12 mai 2018

Un incendie dans un immeuble de la rue Galande, à Paris. L'appartement d'où le feu est parti abrite une femme et son fils, qui fort heureusement étaient absents ce jour-là. L'immeuble est assuré par l'agence des Gobelins, dirigée par Félix Maresco, qui se rend immédiatement sur les lieux et commence ses investigations. Il n'en faut pas plus pour que le fil des souvenirs se déroule, lui qui a perdu son fils dans un stupide accident de la circulation. Dans ce roman au charme indicible et à l'écriture raffinée Éric Fottorino nous entraîne au plus profond de ce qui fait l'essence des sentiments : le besoin de retrouver chez l'autre ce qui nous fait défaut depuis la plus tendre enfance. L'amour à tout prix, au point de perdre sa personnalité, c'est le lien qui s'est installé entre Félix et son fils Colin, auprès de qui il va tâcher de remplacer une mère absente, jusqu'au jour où… Mais il faut laisser le lecteur se prendre dans les filets savamment tissés par cet auteur, qui sait à merveille installer un suspense digne des meilleurs romans policiers dans une analyse des méandres psychologiques d'un personnage au bord de la dépression.

Oeuvre non trouvée

note: 5le masque et la plume Jean-François - 12 mai 2018

La jalousie est un vilain défaut, c'est bien connu. Elle peut même conduire au crime, comme le démontre avec succès l'auteur de ce polar "littéraire". Le narrateur, Sir Edward quelque chose, gentleman bien en vue dans le milieu de l'édition londonien, est le traducteur de son ami français Nicolas Fabry, qui vient d'obtenir le Goncourt, consécration d'une œuvre abondante et mondialement célèbre. Hélas, au lieu de se réjouir de son succès, il est rongé par le sentiment d'une profonde injustice. Nicolas Fabry était en effet à l'origine un auteur médiocre, que Sir Arthur a largement aidé à parfaire sa technique, quitte à réécrire totalement certaines de ses œuvres les plus célèbres. Et pourtant, ce dernier roman, qui voit cet auteur propulsé au firmament de la qualité littéraire, ne doit rien à son aide. Nicolas Fabry a enfin réussi à écrire "avec ses tripes". Il n'en faut pas plus à notre homme de la City pour concevoir un plan diabolique destiné à provoquer la chute de son "ami". Ce plan, Jean-Jacques Fiechter nous le fait découvrir pas à pas. Une narration impeccable, un suspense garanti, qui tient en haleine jusqu'au bout…

Allumer le chat (Barbara Constantine)

note: 5petite comédie humaine et… animalière ! Jean-François - 12 mai 2018

Raymond et Mine sont deux vieux qui s'aiment, comme au premier jour. Raymond est grognon et fait peur à tout le monde, Mine est plutôt gentille, elle aime les chats, surtout son gros matou Bastos, que Raymond veut "allumer" avec son fusil. Il y a aussi Rémi, le fils de Josette, leur fille, que Mine protège comme elle peut des "foudres" de son grand-père. Raymond est fâché avec Josette, depuis longtemps bien qu'on ne sache plus trop pourquoi, et a bien du mal à prendre son petit-fils (le "gnome") dans ses bras. Bref, une famille bien de chez nous, où beaucoup (les plus honnêtes) se reconnaîtront ou bien détourneront la tête d'un air dégagé. Rassurez-vous, on n'est pas, mais alors pas du tout, chez les Thénardier, et Rémi n'est pas une Cosette en pantalons. Cette petite comédie humaine, pleine d'humour, s'agrémente des réflexions des uns et des autres, et le chat Bastos n'est pas le dernier à nous raconter sa vision des choses. Et il s'en passe, des choses ! Barbara Constantine (ce patronyme ne vous rappelle rien ?, cherchez bien du côté d'un certain Lemmy Caution, au cinéma) a l'art de la conteuse chevillé au corps, et porte un regard aigu sur notre société d'aujourd'hui. "Mine" de rien, sa petite comédie humaine (et animalière), qui est son premier roman, l'a propulsée d'un coup d'un seul chez les grands. On lui souhaite une longue, très longue carrière…

Oeuvre non trouvée

note: 5va donc eh patate ! Jean-François - 12 mai 2018

Des jardins ouvriers, en proche banlieue parisienne du côté d'Itry (un condensé d'Ivry et de Vitry, pour les Franciliens qui connaissent). Non loin de là, un lycée, où de belles jeunes filles se font courtiser par des profs rescapés des belles années post-68. Au milieu de tout ça, Enric Jovillar (non, ne cherchez-pas, ce n'est pas une contrepèterie), retraité de la SeNeCeFe, ex-réfugié politique et anar patenté, amoureux de la pomme de terre et sourd-muet, connaît bien la petite Laura, qui vient goûter en tout bien tout honneur quelques moments de tranquillité dans son jardin, entre deux cours. Le lien entre ces deux-là, au-delà des générations, est plus solide que l'on croit, et lorsque le corps de la jeune lycéenne va être retrouvé dans le tonneau d'eau de pluie d'Enric, ce dernier va se mettre en tête de retrouver le ou les assassins de la belle, au nez et à la barbe de la police, en bon anarchiste qu'il est. Un polar insolent, un peu déjanté mais pas trop, et terriblement attachant…

Nymphéas noirs (Michel Bussi)

note: 5les fleurs du mal Jean-François - 12 mai 2018

Scotché ! Je suis resté scotché, épinglé comme au fond d'une boîte d'entomologiste, à la lecture de ce polar "impressionniste", qui nous mène, touche après touche, de la mort de Claude Monet à… presque aujourd'hui. Le temps ne compte plus, la mort rôde, bravant les années, dans le petit village de Giverny, où vécut le peintre des "Nymphéas" et où s'écoule depuis une trentaine d'années un flot ininterrompu de touristes, amateurs de "belle peinture". Michel Bussi ouvre des pistes dans ce jardin coloré où l'on retrouve la petite Fanette, au talent si précoce, Stéphanie, la jolie institutrice, et la vieille sorcière à la fenêtre de son donjon. Toutes ces pistes sont fausses, comme le lecteur avide de résoudre des énigmes policières s'en rendra compte, mais trop tard. L'auteur règne en maître et nous assène le coup de grâce, final. Chapeau bas, on s'incline…

Walt Longmire n° 6
Molosses (Craig Johnson)

note: 5ya d'la casse… Jean-François - 12 mai 2018

Une casse automobile, quelque part dans un coin perdu du Wyoming, juste à côté du "site municipal de dépôt, tri et récupération des déchets", nom ronflant donné à une décharge ouverte aux quatre vents. Le décor est planté, bien sinistre, par un froid de canard comme on en connait si bien dans les grandes plaines américaines. Walter (Walt) Longmire, le shérif, accompagné de la plantureuse et néanmoins fidèle Victoria (Vic), enquête sur un accident étrange, qui va l'amener au contact de quelques personnages plus bizarres les uns que les autres, et quelques chiens aux dents particulièrement acérées. Un pouce sectionné, retrouvé dans une glacière au milieu de la décharge, va entraîner Santiago Saizarbitoria (le Basque), un autre membre de l'équipe, dans des investigations rocambolesques, à la poursuite d'une main à quatre doigts. Pas de vieilles légendes indiennes, pas de dialogues avec les esprits, dans ce sixième volet des aventures du shérif d'Absaroka. Reste ce qui fait le charme de l'œuvre de Craig Johnson, cette attention constante aux êtres et aux paysages, à leurs relations complexes, jamais évidentes. Malgré l'absence de véritable trame policière, le récit est passionnant, totalement libre (en apparence) de toute contrainte. Enchantement assuré…

Oeuvre non trouvée

note: 4drôle de famille Jean-François - 12 mai 2018

Dans cette onzième aventure policière de Raoul Signoret, le journaliste-enquêteur du "Petit Provençal", Jean Contrucci poursuit son exploration du Marseille de la Belle Époque. Marcel Gauffridy, riche armateur, vient d’être victime de l’enlèvement du petit Paul, un bébé enlevé par duperie à sa nourrice Bernadette Arnoux. Raoul Signoret va devoir jouer à son corps défendant le rôle d’intermédiaire dans les tractations entre armateur et ravisseurs, tout en maintenant de bonnes relations avec la police, sous l’aspect de son oncle et père adoptif Eugène Baruteau, chef de la Sûreté marseillaise. Une histoire abracadabrante, qui ne surprendra pas les fidèles lecteurs des "Nouveaux mystères de Marseille", amoureux de mystère et de bons mots "avé l’assent". Si l’humour et les notations historiques et géographiques sont bien au rendez-vous, le mystère, lui, laisse un peu à désirer. Jean Contrucci, cet auteur amoureux de sa ville et sympathique pourfendeur des turpitudes en tout genre, semble être tombé dans le même piège qu’Agatha Christie ou Georges Simenon. En se centrant sur des personnages dont le lecteur connaît tout, ou presque tout, l’auteur oublie que ce qui fait le charme de ses histoires, c’est bien évidemment le reste. Dommage, mais pour ceux qui ne connaissent pas encore cet auteur, "Rendez-vous au Moulin du Diable" constituera quand même un sacré bon moment de lecture…

La chorale des maîtres bouchers (Louise Erdrich)

note: 5les immigrants Jean-François - 12 mai 2018

De 1918 à 1954, la brillante saga de Louise Erdrich déroule sous nos yeux le destin de Fidelis et Delphine, deux êtres souffrant dans leur chair et dans leur âme, ballottés par l'histoire, qui vont trouver dans l'amour, au bout d'un long périple, le moyen de soigner leurs blessures. La force de ce livre, qui aurait pu n'être qu'un de ces multiples mélodrames vite lus et tout aussi vite oubliés, est de nous faire ressentir, par la magie de l'écriture, les sentiments qu'expriment, souvent maladroitement, les personnages. Par petites touches, et au fil des événements qui vont les relier entre eux, on pénètre au plus profond de leur caractère jusqu'à vivre, le temps de la lecture et bien après, leur quête d'un bonheur sans cesse repoussé. L'art de la romancière est de mêler au sein d'un même ouvrage une fine analyse psychologique, un constat social sur une face cachée de l'Amérique de la première moitié du vingtième siècle, et un extraordinaire roman d'aventures, frôlant parfois le roman policier sans jamais faire passer l'action au premier plan. Des images fortes, parfois inattendues, au caractère poétique assez bien rendu par la traduction, agrémentent et renforcent la narration, faisant de "La chorale des maîtres bouchers" une œuvre majeure de la littérature américaine contemporaine.

Bitterroot (James Lee Burke)

note: 4billy bob se fâche Jean-François - 12 mai 2018

Il ne fait pas bon s'installer dans la Bitterroot Valley, ce coin tranquille du Montana, au nom pourtant prémonitoire. Malgré la magnificence du paysage l'amertume est au rendez-vous, et le danger guette pour tous ceux qui n'acceptent pas de se mettre sous la protection de la milice néo-fasciste de Carl Hinkel, un vieux "sage" à barbe blanche au nom directement hérité (à un "y" près) du célèbre "Dictateur" de Charles Chaplin. Opposé à un consortium minier qui va ravager la région, Tobin "Doc" Voss se voit coller sur le dos un meurtre, qu'il n'a bien entendu pas commis, pour lequel le shérif va devoir le mettre aux arrêts, même s'il est parfaitement conscient qu'il s'agit d'un piège tendu par notre vénérable gourou, bénéficiaire de hautes protections. Son ami, l'avocat Billy Bob Holland, appelé au secours, va devoir le tirer d'affaire et s'installer le temps nécessaire dans la vallée aux racines amères. Tel est le départ d'un bras-de-fer mettant aux prises le Bien avec le Mal. De style plus western que polar (il y a même des indiens et des cow-boys), ce roman hanté accrochera le lecteur le plus blasé tant l'action tient en haleine, si on a le cœur bien accroché. Pour ma part je préfère Dave Robicheaux (un autre héros désenchanté de James Lee Burke), mais Billy Bob est vraiment très fort…

Complètement cramé ! (Gilles Legardinier)

note: 4mangeur d'homme Jean-François - 12 mai 2018

Surfant sur le succès de "Demain j'arrête !", Gilles Legardinier nous livre une autre de ces comédies hilarantes dont il a le secret. Ici, une histoire de faux majordome anglais transporté comme par miracle au service d'une dame dont la fortune, comme la santé, va déclinant. Son arrivée va bouleverser ce microcosme enfermé sur lui-même où tout le monde se hait ou au mieux se tolère, et depuis de longues années. La chaleur humaine va refleurir enfin, grâce à l'habileté et à l'humanisme indécrottable de notre héros. Le message est clair : pour vivre heureux, rendons tout d'abord les autres heureux autour de nous. Une fois cet adage irréfutable ingurgité, reste le charme de l'écriture, l'humour et les mille et un rebondissements du récit. Il y a du mystère aussi, ce qui ne gâche rien…

Insatiable n° 1 (Meg Cabot)

note: 4les morsures de l'amour Jean-François - 10 mai 2018

Une histoire de vampires, qui tient en haleine le lecteur du début à la fin. L'héroïne, Meena, est une rédactrice de feuilletons télévisés, qui voit lui échapper la coordination d'écriture, un poste pour lequel elle était pressentie grâce au succès de la série "Insatiable". La direction de la chaîne va lui préférer sa rivale en écriture, Shoshona, qui veut booster l'audience en injectant parmi les personnages quelques vampires, une recette qui fait le succès de la chaîne concurrente. Ce qui aurait pu être le point de départ d'une histoire de rivalité entre femmes bascule rapidement vers le fantastique, et y demeure jusqu'au bout, dès lors que de "véritables" vampires entrent en scène. Tous les ingrédients du genre sont au rendez-vous, depuis les "vilains" vampires assoiffés de sang humain jusqu'au "gentil" vampire pour qui l'amour d'une vivante pourrait être un instrument de rédemption. Et, cerise sur le gâteau, voici la Garde Palatine, ici transformée, pour les besoins de l'occasion, en organisation secrète chargée de l'éradication totale de la gent vampiresque. La qualité du roman tient beaucoup à l'enchaînement des scènes d'action, magistralement rendues dans des visions inspirées par Jérôme Bosch plus que par Bram Stoker, et à une intrigue quasi-policière, multipliant les fausses pistes. Un bonus pour les amateurs de fantastique, de tous âges et de toutes confessions…

Oeuvre non trouvée

note: 5souvenirs… Jean-François - 10 mai 2018

Du sud de la Tunisie, pays d'origine de sa mère et lieu de rencontre de ses parents, à Paris, où la narratrice est née et grandira, se déroule le fil des souvenirs et des témoignages du passé. La narration, légère, se teinte de la nostalgie des moments de bonheur, entre les bras d'une nurse pleine de tendresse, ou plus tard en Italie dans la famille de Maria, la bonne engagée par cette famille bourgeoise du Paris germanopratin. Pour le reste, il faut se débrouiller, apprendre à devenir "caniche" pour combler le manque d'amour et l'ennui d'une enfance ratée. Le récit aurait pu tourner à la lamentation et à l'étalage des ressentiments. Mais non, il n'en est rien. Il s'agit d'un témoignage touchant, révélant toute la complexité des rapports humains. Il n'y a pas de bons et de méchants, il n'y a que des hommes et des femmes, qui s'aiment, se déprennent, font des erreurs tout en croyant bien faire. La vie, quoi…

Je reviendrai avec la pluie (Takuji Ichikawa)

note: 5éternel retour Jean-François - 10 mai 2018

Un amour peut-il être éternel ? Si l'on aime très fort, mais vraiment très fort quelqu'un, l'être aimé peut-il revenir sur terre après sa mort ? Oui, nous assure Takui Ichikawa dans ce merveilleux roman au charme indicible. Merveilleux, c'est le mot, puisque nous voilà en face d'une résurrection, celle de Mio, morte dans la fleur de sa jeunesse. Un an plus tard, son mari, Takumi, qui élève seul tant bien que mal leur fils Yûji âgé de cinq ans, la découvre bien vivante, accroupie devant la porte n° 5. Elle ne se souvient de rien et va devoir tout réinventer, retrouver les gestes du quotidien, et l'amour, celui que n'ont cessé de lui porter son fils et son mari. Le temps de la saison des pluies. Au-delà de cette envolée vers un monde où réel et merveilleux se mêlent inextricablement, la description des petits gestes du quotidien, ces mille et une attentions qui font que des êtres se lient et entrent en phase pour une vie commune, font toute la richesse de ce roman, inclassable mais terriblement attachant. Remarquablement traduit, il ravira tant les amateurs de romans psychologiques que de science-fiction (version mangas). Laissez-vous charmer par sa fraîcheur et sa finesse, et savourez votre bonheur…

Oeuvre non trouvée

note: 5en quête d'os... Jean-François - 10 mai 2018

La mort est présente à toutes les pages dans cette enquête, qui n'en est pas une, du commissaire Erlendur. En vacances dans sa région d'origine, les fjords de l'est de l'Islande, il s'installe dans les ruines de la ferme familiale, une baraque en bois ouverte aux quatre vents. Retour vers les paysages de son enfance, retour aussi des souvenirs qui le hantent, comme la mort de son frère Bergur ("Beggi"), disparu dans la lande voisine lors d'une tempête de neige (un souvenir récurrent, familier aux lecteurs assidus d'Arnaldur Indridason !). La rencontre avec Boas, un chasseur qui l'avait bien connu dans son enfance, va le mettre sur la voie d'une autre disparition, tout aussi mystérieuse, celle d'une femme survenue il y a une quarantaine d'années. De témoignages en témoignages il va s'acharner à décrypter ce mystère qui va l'amener à déterrer souvenirs et… cadavres. Une quête passionnante, qui ravira le lecteur avide d'énigmes et que n'effraie pas la morbidité de certaines scènes particulièrement effrayantes.

Walt Longmire n° 2
Le camp des morts (Craig Johnson)

note: 5bas les basques Jean-François - 10 mai 2018

Mari Baroja, qui appartenait avec ses quatre frères à cette communauté basque installée dans le Wyoming depuis le dix-neuvième siècle, est morte, à un âge bien avancé, au Foyer des Personnes Dépendantes, la maison de retraite de Durant. L'alcool et le tabac ont-ils eu raison de ses artères ? Le vieux shérif à la retraite du comté d'Absaroka, Lucian Connally, autre pensionnaire du même établissement, ne semble pas convaincu par cette mort soi-disant naturelle. Il va même décider Walter Longmire, shérif en titre et héros de la série initiée par "Little Bird", à faire pratiquer une autopsie, au grand dam des deux filles de Mari, avocates de renom aux dents aussi longues que leurs relevés bancaires. Tel est le point de départ d'une longue quête qui va emmener toute notre équipe (Walt et Lucian, mais aussi Henry l'indien, et les fidèles acolytes de Walt, Vic et Ruby, auxquelles vont bientôt se joindre deux nouveaux arrivants) à se plonger dans le passé d'une famille aux multiples ramifications. Les masques tombent, les basques aussi, on meurt beaucoup. Vraies et fausses victimes vont émailler cette difficile enquête, qui va révéler des secrets bien enfouis au cœur de l'Amérique profonde. De l'action, des personnages hauts en couleurs, une intrigue complexe mais bien ficelée, et toujours la poésie qui se dégage de la vision crépusculaire de Craig Johnson…

Oeuvre non trouvée

note: 5destins brisés Jean-François - 10 mai 2018

Quatre hommes, Si Larbi et Areski, père et fils ou tout comme, Ryeb, le gardien pénitentiaire et Riddah, le directeur de la prison, dont les destins sont liés, sans qu'ils le sachent ou malgré qu'ils s'efforcent de l'oublier. Ils vont se retrouver pour un voyage, ou plutôt une fuite, vers leur Algérie natale. Pour l'un, recherche de la mère, Nour, fille de joie martyrisée lors d'une expédition punitive tournant au lynchage. Pour l'autre, recherche de la mémoire d'un père "suicidé" dans un puits au cours de la guerre d'indépendance. Que vont-ils trouver au bout du chemin, dans un pays qu'ils ont quitté depuis tant d'années ? Des images insoutenables parsèment ce récit de souffrance, écrit dans une langue finement ciselée. Un bonheur d'écriture, un cri.

Fais pas ta rosière ! (Raymond Chandler)

note: 5ah les garces ! Jean-François - 10 mai 2018

Où Marlowe, le privé chéri de Chandler, se fait rouler dans la farine par une petite jeune fille bien sage, mais sans le sou, qui vient toquer à sa porte par un beau jour de printemps californien. Un enquête qui ne va rien lui rapporter, sauf des coups (mais il a l'habitude) et une partie de bras-de-fer avec la pègre locale. Deux autres garces complètent le tableau, et maints autres personnages tous aussi rusés et menteurs les uns que les autres. Un Chandler en pleine forme, qui démonte mine de rien les rouages cachés de l'industrie du cinéma, à l'époque glorieuse où Rita Hayworth tenait bien haut le flambeau. Une fois passée la première page, on ne décolle plus de ce polar haletant, aux multiples rebondissements.

Oeuvre non trouvée

note: 5bayous voyous ripoux Jean-François - 10 mai 2018

Dave Robicheaux a vieilli, depuis les premiers polars où il est apparu sous la plume de James Lee Burke, il y a un quart de siècle. Toujours prêt à se mettre en danger pour défendre la veuve et l'orphelin et réparer les injustices, ce flic de la Nouvelle-Orléans, cajun de cœur et d'esprit, a pris de la bouteille, au sens propre comme au sens figuré. Finalement entré chez les Alcooliques Anonymes, il n'aspire plus qu'à une vie bien tranquille, en attendant une retraite bien méritée au bord du bayou Teche. Hélas, des évènements vont se succéder, qui vont mettre à mal ses bonnes résolutions. Un prêtre catholique tabassé, une jeune fille victime d'un accident de la route (pas catholique du tout), et voilà notre flic reparti en chasse comme en quarante. De nombreux personnages émaillent ce récit complexe, tortueux mais puissant. À travers Robicheaux, c'est le désenchantement de ce coin perdu de l'Amérique qui s'exprime : misère, prostitution, pollution, alcool, corruption. Une odeur de pourriture flotte au milieu des cyprès chauves... Magistral !

Les dames n° 4
Dame de trèfle (Alexis Lecaye)

note: 5touche pas à ma secte Jean-François - 10 mai 2018

Elle se sauve, prend des billets dans la caisse de son employeur, monte de force dans une voiture, armée d'un couteau, donne deux numéros de téléphone à la conductrice affolée et... se sauve ! Tel est le point de départ d'un thriller haletant, mené de main de maître par le chéri de ces "Dames". À mon avis, le dernier mais le meilleur de la série : suspense, énigme, action, psychologie, sens de l'intrigue, clarté de l'écriture, tous les ingrédients sont réunis pour se "laver la tête" en compagnie d'un des meilleurs auteurs français du genre...

Les dames n° 3
Dame de carreau (Alexis Lecaye)

note: 4des blondes bien refroidies Jean-François - 10 mai 2018

Des blondes en série, refroidies par un mystérieux tueur aux quatre coins de la France. Et pas n'importe lesquelles. Et pas n'importe comment. Le tueur les guette, enquête sur elles, il connaît leurs moindres habitudes et frappe un beau jour, en toute impunité. Bizarrement, il laisse échapper l'une d'entre elles, et la plainte de celle-ci va faire démarrer une enquête, longue, difficile, accumulant les fausses pistes, et faisant quelques dégâts au passage. Malin, ce tueur psychopathe tend des pièges au commissaire Martin et à son équipe. Un thriller comme on les aime, pas le meilleur de la série des "Dames", mais un sacré bon moment de lecture tout de même...

Le Bachelier (Jules Vallès)

note: 5indigné ! Jean-François - 10 mai 2018

Dans ce second volume de sa "Trilogie" ("L'enfant", "Le bachelier", "L'insurgé") Jules Vallès nous conte les déboires de sa jeunesse parisienne. Fraîchement débarqué de sa province natale au lendemain de la révolution de 1848, Jacques Vingtras (le prête-nom de l'auteur), républicain farouchement jusqu'au-boutiste, va connaître la faim, le froid, le manque de travail malgré des efforts incessants pour trouver un emploi correspondant à sa condition de bachelier. Au-delà de l'histoire de ce jeune intellectuel, qui préfère vivre misérablement pour rester sincère avec lui-même, un cas toujours actuel, l'écriture de Jules Vallès mérite que l'on voie dans ce roman autre chose qu'un manifeste appelant à l'insurrection. Par son langage proche du français parlé de l'époque, ses phrases courtes truffées d'onomatopées, de points d'exclamation et autres artifices narratifs destinés à "mettre du sentiment" dans la phrase, le rédacteur du célèbre "Cri du peuple" maintient constant l'intérêt du lecteur, avec lequel il semble (ou plutôt voudrait) dialoguer. Le jaillissement de l'écriture rappelle étrangement les réussites littéraires d'un Louis-Ferdinand Céline (celui du "Voyage au bout de la nuit" et de "Mort à crédit") ou, plus proche encore, d'un Philippe Djian. Moderne, Jules Vallès ? Oui, très certainement, et toujours d'actualité en ces temps propices à l'indignation...

Le Labyrinthe du monde n° 3
Quoi ? l'éternité (Marguerite Yourcenar)

note: 5le charme du nord Jean-François - 10 mai 2018

Dans ces chroniques, troisième tome du "Labyrinthe du monde", qui s'étalent sur une période allant d'une guerre (1870) à l'autre (1914-1918), Marguerite Yourcenar dépeint le destin des êtres qui lui ont été chers pendant son enfance et son adolescence. Michel, ce père volage, amoureux des femmes et des voyages, deux fois veuf et toujours en quête du bonheur conjugal. Jeanne, la femme de sa vie, maîtresse adulée, qui l'aimera à la folie mais finira par s'en lasser. Egon, le mari de Jeanne, jeune musicien d'avant-garde, bientôt célèbre, qui l'aime mais lui préfère ses amants d'un jour. Enfin, Marguerite, qui parle peu d'elle sauf pour évoquer l'éveil de son homosexualité. À travers ces personnages, et maints autres, tous "hors du commun" par leur culture raffinée mais aussi par leur sens aigü de la liberté individuelle, c'est toute une époque qui est évoquée, avec la grâce d'écriture et l'immense érudition de l'auteure de "L'œuvre au noir" et des "Mémoires d'Hadrien"...

Lettre d'une inconnue (Stefan Zweig)

note: 5je t'aime... à la folie Jean-François - 10 mai 2018

Une des nouvelles les plus célèbres de Stefan Zweig. La confession d'un amour hors du commun, né dans la prime adolescence, et qui va marquer sa vie durant cette femme passionnément éprise d'un écrivain beau, riche et... si peu physionomiste ! Personne n'a jamais trouvé des mots aussi justes pour décrire la frontière floue qui sépare l'amour de la folie.

Les enquêtes du mandarin Tân n° 8
Les corbeaux de la mi-automne (Kim Tran-Nhut)

note: 5un trésor est caché dedans... Jean-François - 10 mai 2018

Poursuivant la série des "Enquêtes du mandarin Tân", Than-Van Tran-Nhut nous plonge dans l'atmosphère trouble qui accompagne le déclin de l'empire vietnamien, au début du 17ème siècle. Un jeune garçon est retrouvé noyé le lendemain de la fête de la mi-automne, où les enfants sont laissés sans surveillance tant est grande l'agitation de la population. Peu de temps après, les statues divines et les toilettes des deux temples bouddhistes et taoïstes sont vandalisées. Ces deux affaires, qui a priori n'ont rien à voir entre elles, vont mobiliser les efforts du mandarin Tân et de ses aides, le lettré Dinh et le sbire Khoa, tous deux dotés de pouvoirs hors du commun: l'un est capable de mémoriser dans ses moindres détails un document aperçu quelques secondes seulement, l'autre est doté d'un sens olfactif lui permettant de rivaliser avec nos tests ADN les plus sophistiqués. Une enquête apparemment banale, qui va pourtant déboucher sur une chasse au trésor, révélant les sombres desseins politiques de dignitaires avides de pouvoir et de lucre. Abondamment documenté (un bravo pour les notes historiques en fin d'ouvrage), ce "polar" historique se lit d'une traite, tout en nous ouvrant l'esprit vers des pans méconnus de l'histoire de l'Asie du Sud-Est. La description des "paysages olfactifs" perçus par le sbire Khoa est un morceau d'anthologie, que n'aurait pas renié l'auteur du "Parfum"...

Double nationalité (Nina Yargekov)

note: 2bla bla bla… Jean-François - 6 mai 2018

Un roman-fleuve, avec pas loin de sept cent pages agrémentées de mots d'esprit et de références savantes, pour nous conter les déboires d'une traductrice-interprète affectée d'une amnésie passagère au retour d'une de ses nombreuses missions. En quête de ses origines, elle qui se sait née d'un père et d'une mère hongrois(es) mais ayant grandi en France, elle va tenter de disserter sur le concept de double nationalité : thèse, antithèse, synthèse. Par le truchement de ce personnage singulier, avide de certitudes dans un monde où la notion de frontière devient de plus en plus floue alors que les communautarismes s'exacerbent autour d'elle, l'auteure questionne le monde tel qu'il est. L'humour est présent, sous la forme de l'autodérision, l'érudition aussi, via de nombreuses références aux disciplines en "ique" : mathématique, logique, linguistique, sémantique, et bien d'autres encore. Hélas, le tout est d'un ennui assez profond, n'est pas James Joyce ou Marcel Proust qui veut…

Oeuvre non trouvée

note: 5copacabana Jean-François - 1 mai 2018

Un couple sort d'un restaurant chic, la femme est belle, l'homme est passablement éméché et perd son portefeuille, qui va atterrir sous le nez d'un gosse des rues. S'ensuivent une série de crimes, qui vont conduire le commissaire Espinosa sur la piste d'une sale affaire de ripoux, où le hasard va finir par devenir le protagoniste principal. Au hasard de l'enquête, donc, on va côtoyer la faune nocturne de Copacabana, qui déambule à la recherche de quoi survivre, au nez et à la barbe de policiers bien plus occupés par leurs petits trafics que par la protection des citoyens. Dépaysement ? Voire... En tout cas un sacré bon moment de lecture pour qui ne recherche pas la construction rigide des bonnes vieilles énigmes policières à la Agatha Christie. Un peu foutraque mais terriblement attachant ce commissaire Espinosa, plus à l'aise au lit que dans la recherche des assassins, mais ne vous inquiétez pas, il finit toujours pas gagner...

De grandes espérances (Charles Dickens)

note: 5gentleman frimeur Jean-François - 1 mai 2018

Roman de la maturité d'un Dickens déjà célèbre, "Les grandes espérances" puise largement dans la propre histoire de l'auteur. Il raconte l'ascension d'un jeune homme, pauvre et passablement maltraité par une sœur aînée qui se targue de l'avoir élevé "à la cuillère" à la mort de leurs parents. Dans la forge de Joe le forgeron, Pip (tel est le surnom du jeune garçon) se morfond et rêve d'une vie meilleure. Ce jusqu'au jour où il apprend qu'il est porteur de "grandes espérances", sous la forme d'un protecteur anonyme qui souhaite faire sa fortune par l'intermédiaire d'un officier de justice chargé d'administrer ses "espérances" et faire de lui un "gentleman". Lorsque notre jeune homme va apprendre d'où vient sa bonne fortune, il va perdre brusquement ses illusions et devenir ce qu'il aurait dû être depuis longtemps : un homme, pourvu de toutes les qualités devant lui permettre de conquérir par ses propres moyens la fierté d'exister. Roman initiatique, "Les grandes espérances" contient une belle galerie de "grotesques" aux noms savoureux : Pumblechook, Mlle Havisham, Mr et Mme Pocket, Bentley Drummle, et bien d'autres. Le délicieux humour si caractéristique de Charles Dickens, cette façon de dire les pires incongruités avec le plus grand sérieux (qu'on appelle à tort "humour anglais") est présent à toutes les pages. Un agréable moment de lecture, et une belle leçon de vie...

Oeuvre non trouvée

note: 4quelle choucroute !! Jean-François - 1 mai 2018

Quel personnage ce docteur Porc ! Peu affable, paresseux comme tout dès lors qu'il s'agit de se déplacer (heureusement pour lui, on est dans le Viêt-Nam impérial du 17e siècle et les porteurs ne manquent pas), âpre au gain, pour ne pas dire avaricieux, et d'une odeur repoussante. Tout pour plaire ! Et pourtant, il va réussir à démêler une affaire criminelle assez tarabiscotée, en l'absence du mandarin Tân, parti on ne sait où en laissant le tribunal impérial vacant. Il espère une récompense sous la forme d'un lingot d'or, ce qui va le motiver pour sortir de sa léthargie habituelle, mais rien ne va se dérouler selon ses plans. Il s'en sort quand même bien, un peu par hasard il faut le dire, et au grand dam de ceux qui espèrent sa chute, comme le malicieux lettré Dinh, toujours prêt à se moquer de sa fatuité : le docteur Porc fait un peu penser à Hercule Poirot, ce type de héros imbu de lui-même et passablement ridicule, popularisé par Agatha Christie. Une plongée dans le passé glorieux du Viêt-Nam, un livre rempli de références culinaires et médicinales (bravo pour les notes en fin d'ouvrage, et la franchise de l'auteure lorsqu'elle avoue avoir mêlé imagination et documentation !). Ce roman policier historique n'a pas la saveur des "Enquêtes du mandarin Tân", pleines de visions démoniaques et de scènes de bataille, mais c'est quand même un sacré bon moment de lecture, en attendant de retrouver notre héros préféré...

Les Infortunes de la vertu (Donatien Alphonse François de Sade)

note: 5vertu... gadin ! Jean-François - 1 mai 2018

Deux sœurs, Justine et Juliette, toutes deux sorties (trop tôt ?) du couvent, vont connaître des destins contraires, l'une utilisant ses charmes pour réussir dans la vie, l'autre (celle qui est au cœur de ce récit) laissant la religion la guider, sa vertu restant inentamée malgré les malheurs qui vont s'abattre sur elle tout au long de sa (courte) vie. La philosophie de Sade est connue, il prend le contre-pied de celle de Jean-Jacques Rousseau (l'homme est naturellement bon, c'est la société qui le corrompt). Tous deux s'accordent pour dire que la société est mauvaise, mais l'un la remet en question alors que l'autre (le "divin" marquis) l'accepte comme telle et pense que l'homme, étant foncièrement mauvais, doit en tirer le meilleur profit. Bref, le marquis de Sade, quoiqu'on en dise en bien ou en mal, est étonnamment moderne, puisque l'effondrement des idéaux issus de la vision socialisante de Jean-Jacques a aujourd'hui laissé la place à l'opportunisme et, par réaction, au fanatisme. Que l'on adhère ou non à la philosophie de Sade, il reste un récit très bien écrit (en quinze jours, du fond de sa prison !), vivant, qui se lit (presque) comme un roman policier. On a envie de la voir s'en sortir, cette belle et tendre Justine, et de voir ses bourreaux enfin punis et la vertu récompensée. Roman philosophique ? Voire, mais sans doute un excellent roman d'aventures, qui se lit d'une traite et avec un réel plaisir.

Oeuvre non trouvée

note: 5raoultabille à marseille... Jean-François - 1 mai 2018

Raoul Signoret et sa compagne Cécile vont dénouer une nouvelle énigme dans ce neuvième opus des "Nouveaux mystères de Marseille". Le meurtre d'un grand avocat, Louis Natanson, reste inexpliqué au bout de la dizaine d'années qu'a durée l'enquête menée par le juge Massot. Parvenu à la retraite, celui-ci a clôt le dossier. Et pourtant, il cherche encore... Une veuve, un fils, un amant devenu un mari après la mort de l'avocat. Beaucoup de pistes s'ouvrent à l'imagination débordante de notre jeune reporter, toujours en quête de sensations. Une aventure policière menée à un train d'enfer par le talent de Jean Contrucci. La ville blanche du début du siècle dernier paraît sous un jour inattendu sous la plume de cet écrivain fécond, doublé d'un historien amoureux de sa ville et de ses habitants. Humour et suspense sont au rendez-vous. On ne s'ennuie pas et on attend avec impatience le prochain bébé...

La désirante (Malika Mokeddem)

note: 5lou es-tu entends-tu ? Jean-François - 29 avril 2018

La narratrice, Shamsa, orpheline algérienne recueillie et élevée en Algérie par des religieuses françaises, part à la recherche de son compagnon, Léo (Lou), parti en mer et disparu huit mois plus tôt au large des côtes tunisiennes. Elle décide de conduire elle-même, en solitaire et pour la première fois, le catamaran à bord duquel il a disparu. Certains indices laissent à penser que sa disparition n'est pas "naturelle". Enquête et souvenirs (lointains, l'enfance, ou plus récents, l'amour au sein du couple, les beaux-parents, les amis) se mêlent dans une narration habilement construite, qui tient le lecteur en haleine du début à la fin. Un beau roman d'amour, enfin libéré des peurs qui hantaient les premiers romans de cette talentueuse écrivaine.

Oeuvre non trouvée

note: 4mortelle vodka Jean-François - 29 avril 2018

Dans son quatrième opus Camilla Läckberg nous entraîne dans une enquête sur des crimes en série ayant tous comme point commun la vodka, utilisée comme poison mortel. Comme dans les volumes précédents, Patrik Hedström enquête et va dérouler patiemment le fil qui le conduira vers l'arrestation du ou des assassins. Une équipe de télé-réalité débarque à Tanumshede et les remue-ménage provoqués par l'ego surdéveloppé des participants vont brouiller les pistes, jusqu'à ce que... mais chuttt !!! En parallèle, on suit la saga familiale, qui tourne autour du prochain mariage de Patrik et d'Erika, la toujours fidèle compagne de Patrik, et d'Anna, la sœur d'Erika, qui s'est enfin sortie d'une sale déprime et va prendre en charge toutes les corvées. On regrette qu'Erika soit toujours dans les couches-culottes (Maja a grandi mais c'est toujours un bébé) et totalement hors-jeu pour participer à l'enquête. C'est bien dommage, car elle mettait sa touche personnelle dans les premiers volumes de la saga et son humour nous manque terriblement. Sans elle, ça ronronne un peu...

Le roman d'Olivier n° 2
Trois sucettes à la menthe (Robert Sabatier)

note: 5olivier chez les bourges Jean-François - 29 avril 2018

Où l'on retrouve Olivier, le poulbot déluré des "Allumettes suédoises". À la mort de sa mère, la mercière de la rue Labat, cet enfant de la rue se trouve brusquement plongé dans un univers bourgeois, celui de son oncle Henri et de sa tante Victoria, riches propriétaires d'un empire papetier. Le décalage est cruel, tant en ce qui concerne le langage que les "bonnes" manières, dont il n'a vraiment que faire. La très belle Victoria l'effraie un peu, par ses sempiternels rappels à l'ordre et son air compassé, mais tonton Henri s'avère vite un compagnon d'infortune, prêt à partager avec lui le goût de la vraie vie. Notre jeune héros va progressivement découvrir, au-delà des apparences, la véritable substance dont sont faits les êtres qui l'entourent et qui l'aiment malgré lui. Un beau roman initiatique, largement autobiographique, et une belle leçon de vie racontée dans une langue savoureuse. Les noms de marques et les slogans publicitaires (le bon vermifuge Lune...) émaillent le récit et lui donnent une touche de nostalgie.

Yanvalou pour Charlie (Lyonel Trouillot)

note: 3pauvre charlie... Jean-François - 29 avril 2018

Mathurin, un avocat d'affaires de Port-au-Prince, a refoulé dans sa mémoire son passé de gamin pauvre. Ce passé va resurgir à l'occasion de l'enterrement de son père au village natal et de sa rencontre avec Charlie, un gamin des rues qui va se coller à lui à ses risques et périls. L'histoire est touchante et le ton, celui de la fable, convient bien à cette satire sociale agrémentée d'un message généreux et universel. Malheureusement j'ai eu beaucoup de mal à suivre le parcours de tous les personnages, en particulier le destin final de Charlie me laisse sur ma faim, j'avoue ne pas avoir très bien compris comment il en est arrivé là. Dommage, car c'est très bien écrit...

Noria Ghozali n° 2
Bien connu des services de police (Dominique Manotti)

note: 5spécial police Jean-François - 29 avril 2018

Un commissariat de la proche banlieue parisienne. Des flics ripoux, un peu macs, un peu traficoteurs, un terrain vague convoité par des promoteurs immobiliers, une commissaire ambitieuse et mieux connue des services ministériels que de ses administrés, un chauffeur aux allures de truand repenti... Tous les ingrédients sont rassemblés pour de bonnes bavures policières, et un cocktail qui va finir par exploser à la figure et faire pas mal de morts au passage. Heureusement, il y a dans le tas quelques âmes (encore) pures, deux jeunes policiers stagiaires qui n'en croient pas leurs yeux, et Noria qui, dans l'ombre des RG, tisse sa toile et va peut-être mettre à mal tout ce faux-semblant sécuritaire et mafieux. On est en 2010, en France, pays des droits de l'homme et du citoyen, terre d'accueil de longue tradition. Mais les directives gouvernementales sont là, il faut "faire du chiffre" et appliquer les nouvelles consignes : nettoyer, au prix des pires bassesses et en s'en mettant au passage dans la poche. On pense bien sûr à l'inoubliable "Tchao Pantin" mais c'est bien pire, car le monde a changé, et ça ne s'arrange pas. Tout le monde en prend pour son grade dans ce polar noir, très noir, séditieux et politiquement très incorrect. Le polar français s'endormait un peu depuis la mort de Jean-Claude Izzo. Il se réveille, enfin...

Cher amour (Bernard Giraudeau)

note: 5dernier voyage, dernier amour... Jean-François - 29 avril 2018

Dans une langue reconnaissable entre toutes, Bernard Giraudeau conte ses derniers voyages à une belle inconnue, dont le nom ne nous sera pas révélé. S'agit-il de la compagne de ses quinze dernières années ? Lorsqu'il la décrit, elle lui ressemble terriblement, mais elle aime tant la discrétion... Ses voyages, l'artiste qu'il est les justifie par des raisons professionnelles, un tournage lointain, une tournée théâtrale, mais il les accompagne toujours de son regard, si clair et si juste, sur des peuplades oubliées (l'Amazonie), des enfants errant dans des décharges (Manille, Phnom-Penh) et sur les traces encore visibles du passé (les Mapuches du sud chilien). L'artiste est fêté, entouré d'amis, mais l'homme est seul avec son amour lointain, la "femme" éternelle à laquelle il a voué son destin. Un livre hors du commun, une écriture de grande qualité, un partage total avec le lecteur. On ne ressort pas indemne de sa lecture, et l'on regrette celui qui a su nous toucher par sa tendresse, son sourire, qui a su nous faire rire et pleurer au théâtre, au cinéma, et ces dernières années en littérature. Trop tôt disparu, mais il a laissé tant de belles choses...

Oeuvre non trouvée

note: 5mandarin gourmand Jean-François - 29 avril 2018

Un policier hors du commun, conçu comme une suite de petites histoires, suivies d'un coup de théâtre final. Comme dans les autres volumes de la série, on est toujours au dix-septième siècle, à l'époque où le Viêt Nam est un empire rival de celui de la Chine voisine. À l'occasion de la venue du percepteur des impôts impériaux un méga-banquet est organisé et chacun des convives, rassemblés autour du jeune et beau mandarin Tân, doit raconter une anecdote particulièrement croustillante. Les histoires rivalisent d'étrangeté, alternant avec des plats aux senteurs typiquement extrême-orientales, dont les ingrédients et la préparation sont racontés dans le plus menu détail. Bizarre pour un roman policier censé nous mettre en face d'une énigme et de sa résolution. Mais patience, tout vient à point, et l'énigme est là où on ne l'attend pas, le terrible coup de théâtre final venant rassurer le lecteur avide de mystère. Si l'odeur de la citronnelle vous incommode, refermez le livre, mais vous allez en perdre l'essentiel...

Oeuvre non trouvée

note: 5une bien étrange affaire... Jean-François - 29 avril 2018

Tout commence par le meurtre d'une jeune fille, violentée et torturée, dont le corps disparaît mystérieusement de la morgue de New York. On est en 1909, au moment de l'unique visite aux États-Unis qu'y fera Sigmund Freud, invité pour un cycle de conférences dans une université newyorkaise. Sa venue, en compagnie de ses célèbres disciples Carl Jung et Sándor Ferenczi, va déclencher une cabale dans cette Nouvelle-Angleterre restée très puritaine. Dans le même temps une série d'événements, plus rocambolesques les uns que les autres, vont survenir, au cours desquels un jeune enquêteur malin et un jeune psychiatre tout aussi malin (disciple de Freud, of course !) vont conjuguer leurs talents pour dérouler le fil d'une incroyable machination. Au centre de ce thriller psychanalytique, Nora Acton (un cas, celle-là...), une "deb" super mignonne et facile à manipuler, autour de qui s'agitent un tas de personnages tous plus foldingues les uns que les autres (mais tout le monde sait qu'il n'y a ni fol ni dingue dans l'univers de la psychanalyse). L'histoire est complexe mais ça fonctionne, on y croit et on se laisse égarer dans ce jeu de pistes, toutes plus fausses les unes que les autres, jusqu'à la découverte d'une vérité pas jolie jolie. Un bon moment de lecture, pour celles et ceux qui aiment se perdre dans les méandres de l'esprit humain...

Erlendur Sveinsson (gros caractères) n° 8
Hypothermie (Arnaldur Indridason)

note: 5la mort et au-delà... Jean-François - 29 avril 2018

Maria s'est donné la mort, dans le chalet d'été au bord du lac gelé. Elle n'avait pas supporté la mort de sa mère, survenue deux ans plus tôt, et le souvenir du suicide de son père, lorsqu'elle était encore enfant, la hantait. Il en faudrait plus pour décourager le commissaire Erlendur d'aller voir s'il n'y a pas "anguille sous roche". D'autres disparitions étranges, restées inexpliquées, le hantent lui aussi, celle de son jeune frère en particulier, disparu lors d'une tempête de neige. Et s'il existait une vie après la mort ? Erlendur ne croit pas aux fantômes mais bien des témoignages sont assez troublants. Tel est le point de départ d'une quête solitaire (Sigurdur Oli et la fidèle Elinborg sont curieusement absents de cet opus), qui va mener le lecteur au cœur d'une incroyable machination. Arnaldur Indridason poursuit son analyse au scalpel de l'âme humaine. Frissons garantis...

Erica Falck et Patrik Hedström n° 3
Le Tailleur de pierre (Camilla Läckberg)

note: 5fjällbacka for ever ! Jean-François - 28 avril 2018

Un crime odieux et mystérieux (une fillette retrouvée noyée la bouche pleine de cendres), des fausses pistes à n'en plus finir, une fine analyse sociale et psychologique de la société suédoise, tous les ingrédients d'un bon polar contemporain sont réunis. Et les fans seront ravis de retrouver les héros de "La princesse des glaces" et du "Prédicateur" : Patrik Hedström, l'enquêteur toujours prêt à enfreindre les ordres de sa hiérarchie, sa compagne Erica, la journaliste trop curieuse, ici coincée à la maison avec un bébé sur les bras (la soi-disant parité suédoise en matière de congé parental en prend pour son grade...), et sa sœur Anna, éternelle victime de la brutalité des hommes. L'atavisme (génétique ou culturel), au cœur de l'œuvre de Camilla Läckberg, renvoie à une vision mystique (freudienne ? ouh là là, qu'est-ce que j'ai dit là ???) de la criminalité, vue comme une pulsion incontrôlable plus qu'un froid calcul. Agatha Christie est loin, bien que l'on retrouve ici le même art de brouiller les pistes et de donner envie au lecteur de se joindre à l'enquête. En prime, une fois celle-ci terminée et les coupables confondus, l'histoire se termine sur un coup de théâtre qui obligera le lecteur peu attentif à revenir en arrière et... à espérer lire bientôt le prochain volume de cette saga suédoise tout à fait hors du commun !

Le monde d'hier (Stefan Zweig)

note: 5une leçon d'humanité Jean-François - 28 avril 2018

Dans ces mémoires, écrites peu de temps avant qu'il ne se donne la mort en 1942, Stefan Zweig retrace 50 ans d'histoire, de la Vienne riante de la Belle Époque aux bruits de bottes qui ont précédé la Seconde Guerre Mondiale. Aux longues années de bohème et de voyage initiatique (Londres, Paris, Berlin) succède brutalement, dès la fin de la Première Guerre Mondiale, le succès mondial du fabuleux peintre des passions humaines qu'était devenu l'auteur de "Amok" et de "Brûlant secret". L'émergence du nazisme en Allemagne et en Autriche, érigeant la haine des juifs en valeur cardinale, va faire de lui un apatride, d'abord en Angleterre, qu'il retrouve trente ans après, puis en Amérique, où il fuira la guerre et la haine de "l'allemand". Sur cette trame historique, présente dans tous les manuels d'histoire, et reprise tant de fois dans la littérature et le cinéma, Stefan Zweig apporte son regard personnel, un regard que le lecteur ne pourra plus oublier une fois refermé le livre. J'ai été estomaqué par l'acuité de son analyse des causes de la Première Guerre Mondiale. Non, décidément Stefan Zweig n'était pas seulement un spécialiste des choses du cœur, il était aussi un géopoliticien hors pair. Sa profonde connaissance de l'âme humaine lui avait permis de comprendre ce qui pouvait animer les masses bien au-delà des contingences politiques. Un grand moment d'émotion, et une si belle écriture...

Sans un mot (Harlan Coben)

note: 5msn en folie Jean-François - 28 avril 2018

Un suspense hallucinant et un document sans concession sur les risques posés par les moyens modernes de communication. Spencer, "suicidé" sur le toit de son lycée, son copain Adam, qui va s'enfuir de chez lui, persuadé d'être responsable de sa mort et Jill, sa sœur, que tout le monde croit "trop petite" pour savoir se servir d'un micro-ordinateur : trois adolescents bien d'aujourd'hui autour desquels va s'enrouler une spirale infernale qui va précipiter parents et amis vers... là où ils n'auraient jamais dû mettre les pieds ! En parallèle avec ce drame psychologique particulièrement crédible, que beaucoup d'entre nous ont vécu ou vivent au quotidien (l'angoisse de ne pas savoir comment vivent nos enfants), la police enquête sur deux meurtres particulièrement odieux, qui vont nous faire découvrir comment la folie peut se nourrir de bons sentiments. Avec son talent habituel, Harlan Coben nous plonge dans un tourbillon infernal, où bons et méchants ne sont pas toujours ceux que l'on croit, car tout est affaire de circonstances, surtout lorsque MSN, SMS et MMS s'emmêlent les crayons. Une analyse psychologique et sociale beaucoup plus profonde qu'elle n'en a l'air, et un sacré bon moment de lecture...

Oeuvre non trouvée

note: 5damned ! Jean-François - 28 avril 2018

Un thriller original, écrit comme une suite de flashes d'information sur une vieille affaire criminelle : l'assassinat de toute une famille de paysans, quelque part en Bavière peu après la fin de la seconde guerre mondiale. La narratrice, qui vient d'apprendre la nouvelle du crime dans un journal, décide de se rendre à nouveau dans ce village si tranquille où elle avait passé son premier été d'après-guerre. Elle va enquêter auprès des habitants témoins du drame et chacun de ces témoignages va jeter un éclairage nouveau, souvent inattendu, sur la scène du crime. Le bruit des cloches et des extraits des litanies (lamentations) catholiques ponctuent ce roman noir, excellent par sa facture originale et le regard qu'il porte sur une société rurale aujourd'hui en grande partie disparue...

Erica Falck et Patrik Hedström (gros caractères) n° 2
Le prédicateur (Camilla Läckberg)

note: 5meurtres au pays des trolls Jean-François - 28 avril 2018

Une bien curieuse famille que ces Holt, descendants d'un sombre personnage ayant semé la bonne (et la mauvaise) parole dans son village, et quelques gènes plutôt... dégénérés ! Un remake d'Abel et Caïn, mais on se demande toujours quelques millions d'années plus tard quel était le bon et quel était le méchant. Là, plus méchant que ça tu meurs : une jeune fille assassinée, sauvagement torturée, dont le cadavre recouvre les squelettes de deux jeunes filles assassinées itou vingt ans auparavant. Tel est le point de départ de l'enquête (difficile) que va devoir mener l'inspecteur Hedström. Comme les cadavres, les secrets de famille sont bien enfouis, mais heureusement la génétique a fait des progrès, et l'ADN est même capable de ressusciter les morts. Un suspense haletant, écrit d'une main de maître par l'auteure de "La princesse des glaces". Divin !

Oeuvre non trouvée

note: 5saga chinoise Jean-François - 28 avril 2018

Extrême fin du dix-neuvième siècle. La Chine impériale est aux mains des "grandes puissances" du moment, au premier rang desquelles l'Allemagne de Bismarck : en l'absence d'empire colonial, elle y trouve le moyen de s'approvisionner à bon compte en matières premières et en denrées rares. La Belle Époque dites-vous ? Pas en Chine en tout cas et pas en ce temps-là... Les paysans se révoltent et sont durement réprimés par les armées étrangères qui s'appuient sur le système du mandarinat, fortement attaché à ses privilèges. Dans ce contexte historique mouvementé, Mo Yan nous décrit le destin funeste de Sun Bing, un chanteur d'opéra "à voix de chat" (une forme populaire apparue à cette époque) qui va être victime d'un concours de circonstances devant le conduire à un supplice particulièrement cruel, le "supplice du santal" (âmes sensibles s'abstenir !). Un récit puissant, décrivant avec précision, au travers d'un événement local (la révolte des habitants d'un village du Shangdong), les rouages d'une société féodale sur le déclin. On y découvre que la cruauté de l'armée allemande valait bien le raffinement des fameux "supplices chinois". Bien que complexe dans sa structure et dans les rapports entre les personnages ce roman se lit aisément et passionnera le lecteur du début à la fin. Une œuvre magistrale, malgré un défaut de relecture de la part de l'éditeur, qui a laissé passer de trop nombreuses erreurs de langage.

Tant que je serai noire (Maya Angelou)

note: 5une femme d'humeur Jean-François - 28 avril 2018

Chanteuse de jazz, strip-teaseuse (on va plutôt dire danseuse...), militante pour les droits civiques (la grande affaire de sa vie), et enfin écrivaine reconnue, après bien des déboires amoureux et financiers. Le destin chaotique de Maya Angelou nous est conté par elle-même avec humour et tendresse. Son franc-parler, ses coups de gueule, mais aussi un cœur gros comme ça, elle sait nous faire partager tout ça dans ce récit très attachant, traversé par des personnages célèbres, au fil de ses rencontres : Martin Luther King, auprès de qui elle s'est engagée un temps, Malcom X (nettement moins sympathique, mais c'était l'époque...), Billie Holiday (copieusement imbibée mais toujours charmante), et enfin Musumzi Make, l'homme qu'elle a un temps épousé, militant des droits de l'homme lui aussi, mais plutôt tendance apparatchik. Un beau morceau d'histoire contemporaine, savoureusement raconté par une grande dame.

Oeuvre non trouvée

note: 1charlie chez les ploucs Jean-François - 28 avril 2018

Vous souvenez-vous de Cosette et des Thénardier, dans "Les Misérables" ? Yann Queffélec a plagié Victor Hugo (mais depuis le temps il y a prescription) en transformant Cosette en Charlie, un merveileux petit enfant noir, orphelin comme elle, placé dans une famille d'accueil composée de deux grotesques (Mado, Monsieur Bob) affublés d'un fils skinhead prénommé Érik (avec un k, ça fait plus germanique). Évidemment, Charlie est mis à la portion congrue et ne mange pas à sa faim tous les jours, et le peu d'argent de poche qu'il parvient à gagner en aidant une vieille dame lui est confisqué manu militari par le fiston "casseur de bougnoules". À la fin de l'histoire Charlie meurt dans la cave des Thénardier (pardon, des "sacs", comme il les appelle) d'une balle de Luger dans foie, et Érik, l'auteur du crime, est innocenté. Je veux bien croire en l'antiracisme de Yann Queffélec, mais trop c'est trop. Cela me fait penser à ces romans et ces films soi-disant antimilitaristes, qui se complaisent à décrire les horreurs de la guerre avec force détails bien saignants. Rassurez-vous, messieurs-dames, vous ne ressemblez pas aux Thénardier, alors ne vous faites aucun souci, vous irez droit au paradis. Voilà le message que je reçois à la lecture de ce petit, tout petit roman. C'est un peu mince, non ? Alors, dans la famille Queffélec, choisissez plutôt le père, ça c'est de la littérature...

Oeuvre non trouvée

note: 1charlie chez les ploucs Jean-François - 28 avril 2018

Vous souvenez-vous de Cosette et des Thénardier, dans "Les Misérables" ? Yann Queffélec a plagié Victor Hugo (mais depuis le temps il y a prescription) en transformant Cosette en Charlie, un merveileux petit enfant noir, orphelin comme elle, placé dans une famille d'accueil composée de deux grotesques (Mado, Monsieur Bob) affublés d'un fils skinhead prénommé Érik (avec un k, ça fait plus germanique). Évidemment, Charlie est mis à la portion congrue et ne mange pas à sa faim tous les jours, et le peu d'argent de poche qu'il parvient à gagner en aidant une vieille dame lui est confisqué manu militari par le fiston "casseur de bougnoules". À la fin de l'histoire Charlie meurt dans la cave des Thénardier (pardon, des "sacs", comme il les appelle) d'une balle de Luger dans foie, et Érik, l'auteur du crime, est innocenté. Je veux bien croire en l'antiracisme de Yann Queffélec, mais trop c'est trop. Cela me fait penser à ces romans et ces films soi-disant antimilitaristes, qui se complaisent à décrire les horreurs de la guerre avec force détails bien saignants. Rassurez-vous, messieurs-dames, vous ne ressemblez pas aux Thénardier, alors ne vous faites aucun souci, vous irez droit au paradis. Voilà le message que je reçois à la lecture de ce petit, tout petit roman. C'est un peu mince, non ? Alors, dans la famille Queffélec, choisissez plutôt le père, ça c'est de la littérature...

Oeuvre non trouvée

note: 5pour les fans de michael connelly Jean-François - 28 avril 2018

La nouvelle policière est un genre peu prisé en France, et c'est bien dommage. Aux États-Unis, de nombreux magazines spécialisés permettent à de jeunes auteurs de se faire connaître, mais des auteurs chevronnés (comme ici Joyce Carol Oates) y montrent également qu'ils savent "faire court". Dans ce recueil, Michael Connelly ("Les égouts de Los Angeles" et bien d'autres depuis) a sélectionné dans le cru 2002 vingt nouvelles qui offrent un panorama intéressant de la littérature policière américaine contemporaine. Toutes vous enchanteront, mais les meilleures (à mon avis) ont été gardées pour la fin. On ressort de la lecture de ce recueil avec la certitude que le polar, et particulièrement sous la forme de la nouvelle, est vraiment la littérature qui "colle" à notre époque. Au Beaujolais nouveau, je préfère très nettement le polar nouveau, mais les deux peuvent faire la paire si vous aimez lire au troquet du coin...

La poudre noire de maître Hou (Kim Tran-Nhut)

note: 5mandarin malin Jean-François - 28 avril 2018

Le cinquième volume des enquêtes du mandarin Tân le montre aux prises avec de nombreux mystères : un comte est retrouvé la gorge tranchée, noyé dans son sang, des jonques sont attaquées par une armée de morts-vivants, des cadavres surgissent de leurs tombes et dérobent les stèles funéraires, des marchandises précieuses disparaissent au nez et à la barbe de l'administration. Dans le cadre somptueux de la baie du Dragon (la fameuse baie d'Ha Long), Tân, accompagné de son fidèle acolyte le lettré Dinh, va déjouer les traquenards de deux jeunes et belles femmes trop passionnées par leurs idéaux. Le combat final, qui associe la puissance et la magie du Kung-fu, verra notre héros bien près de succomber, mais il sera sauvé in extremis par l'amour d'une belle guerrière. Beaucoup de poésie dans ce volume, très bien écrit comme d'habitude, qui ravira les amateurs d'énigmes policières tout autant que d'aventures guerrières aux pays des arts martiaux. En solo comme en duo, une réussite de plus des très talentueuses sœurs Tran-Nhut...

Lame de fond (Linda Lê)

note: 5paris saïgon Jean-François - 28 avril 2018

Une chronique familiale douce-amère mettant en jeu trois générations et deux pays, qui pourrait s’intituler "chronique du désenchantement" tant la grisaille l’emporte sur la lumière. Van, le personnage central, est un lettré vietnamien, amoureux des belles lettres françaises et des jolies femmes, qui a quitté sans regrets son pays lors de la chute de Saïgon, à la toute fin de la guerre du Vietnam. Réfugié à Paris dans le quartier sang-mêlé de Belleville, bohème dans l’âme, il va trouver un travail de correcteur, mal payé comme de coutume, et rencontrer Lou, une jeune institutrice qui deviendra sa femme et avec qui il aura une fille, Laure. Le désenchantement suivra, de part et d’autre, dans ce couple mal assorti. Tel est le point de départ des témoignages croisés des différents protagonistes, ces femmes qui gravitent autour de Van, au milieu desquelles ressort la lumineuse Ulma. L’auteure ose l’inceste, elle ose aussi faire parler les morts, comme un rappel discret à la tradition vietnamienne, mais le message est universel. Elle analyse avec une parfaite acuité les rapports souvent difficiles entre les êtres, hommes et femmes, parents et enfants, la part du hasard dans les rencontres, les ruptures, jusqu’au crime parfois accompli dans une quasi inconscience.

Erlendur Sveinsson (gros caractères) n° 3
La cité des Jarres (Arnaldur Indridason)

note: 5adn en folie Jean-François - 22 avril 2018

Un meurtre associé à une sombre histoire de filiation vient troubler l'existence de l'inspecteur Erlandur et de ses fidèles acolytes Sigurdur Oli et Elinborg. Un cerveau prélevé sur un cadavre vieux de 40 ans et une odeur tenace de pourriture sur la scène de crime vont conduire nos enquêteurs à remuer la fange d'une Islande s'apprêtant à entrer doucement dans le long hiver boréal. Bien des personnages vont être bousculés par un Erlandur en colère mais décidé à aller jusqu'au bout de ses intuitions et la vérité finira par éclater. Une atmosphère très "gore" pour un polar réaliste qui nous fait découvrir la face cachée de la "tranquille" cité de Reykjavik. C'est le premier volume des célèbres enquêtes du commissaire Erlendur Sveinsson, qui n'est encore qu'inspecteur dans celui-ci, et c'est déjà un petit chef-d'œuvre. À déguster sans se priver...

Oeuvre non trouvée

note: 5une petite île bien tranquille Jean-François - 22 avril 2018

Une dissection au scalpel de la société islandaise, prise au piège de sa bonne conscience et de son humanisme officiel. Racisme, préjugés, faux témoignages, rien n'est épargné à Erlendur et ses fidèles adjoints pour retarder la recherche du (ou des) coupable(s) du meurtre inexpliqué d'un garçon de douze ans. La mère de l'adolescent, d'origine thaïlandaise et son père, islandais de pure souche, appartiennent à deux communautés qui se suspectent mutuellement et ne se fréquentent guère, même au sein de l'école. Les fausses pistes s'accumulent tout au long de cette enquête difficile, aux multiples imbrications sociales et psychologiques, qui va amener le commissaire Erlendur face à son propre passé. Un polar bien noir, dans la veine des romans précédents d'Arnaldur Indridasson, avec un coup de théâtre final qui ne se laisse pas deviner. Mais "Hiver arctique", par la finesse de son analyse sociale, démontre une fois de plus à ceux qui n'en seraient pas encore convaincus que le roman policier est bien le miroir le plus fidèle de la société.

Syngué sabour (Atiq Rahimi)

note: 5le courage d'une femme Jean-François - 22 avril 2018

Ce récit poignant dresse un constat sans concession des dérives d'une certaine société musulmane, qui confond honneur et tradition. En pleine guerre civile, dans un Afghanistan (?) rongé par les rivalités de clans après la chute du communisme, une femme reste au chevet de son mari, mourant et inconscient, et se confie à lui. Elle lui avoue son amour et son ressentiment, lui raconte sa vie faite d'humiliations mais aussi de rencontres solaires, comme celle de son beau-père (un sage, moqué de tous) et de sa tante (une femme de "mauvaise vie", rejetée de sa famille). Au travers de ce monologue émouvant, c'est toute une société qui est décrite : les souffrances des femmes, humiliées dès leur plus jeune âge, mais aussi des hommes, trompés par leur volonté de sauvegarder à tout prix l'honneur de leur famille, de leur village, de leur peuple. Non, une Kalachnikov ne sauve aucun honneur, elle creuse la honte... Une œuvre exceptionnelle, remarquablement bien écrite, et d'une actualité brûlante : un cri d'alarme, mais qui l'entendra ?

Oeuvre non trouvée

note: 2mise en boîte Jean-François - 22 avril 2018

Le mythe de la caverne de Platon revisité. Mettez-vous une boîte en carton sur la tête et le haut du corps, avec une mince fente pour les yeux et une visière en plastique, et promenez-vous ainsi dans les rues de Tokyo. Kōbō Abe décrit les avatars de cette drôle de machine à voir le monde tout en étant en lui mais extérieur à lui. Bref, un roman philosophique sur la perte d'identité, mais sans l'humour d'un Franz Kafka ("La métamorphose") ou la férocité d'un Gunther Grass ("Le tambour"). On s'y perd un peu, entre les vrais, les faux, les vrais-faux et les faux-vrais hommes-boîtes. Au final, quel est le vrai, quel est le faux ? C'est peut-être le message que voulait délivrer l'auteur au bout de ses 271 pages, mais j'avoue que je me suis sérieusement ennuyé. Tout le monde ne peut pas être prof de philo...

Les sandales blanches (Malika Bellaribi-Le Moal)

note: 5enfance brisée Jean-François - 22 avril 2018

Un récit poignant, écrit par une cantatrice "issue de l'immigration", qui nous fait partager le long calvaire qu'ont été son enfance et son adolescence. Entre la lente résurrection de son corps après un terrible accident, l'absence d'amour maternel et le rejet de la société à l'égard des "bronzés" (pas le film !), Malika Bellaribi a su se construire et trouver sa fierté de vivre au travers du chant. L'émotion est présente à toutes les pages dans ce beau récit écrit avec passion et beaucoup de sincérité. Les personnages que la narratrice a rencontrés au cours de sa vie sont nommément cités. Certains s'en trouveront flattés, d'autres sans doute moins. Tant pis pour le politiquement correct...

Un Simple viol (Marie-Sabine Roger)

note: 5viol sans retour Jean-François - 22 avril 2018

Un thriller psychologique d'une qualité exceptionnelle, qui se lit d'une traite sans reprendre son souffle. L'héroïne de l'histoire traque à travers tous les hommes qu'elle rencontre au cours de son adolescence l'homme qui l'a violée lorsqu'elle était à peine pubère. Un cutter dans la poche, elle attend... Tout l'intérêt de ce court roman, ou plutôt de ce récit, tient à l'analyse fine d'un cœur et d'un corps blessés, écrite dans une langue épurée à l'extrême. Une réussite !

Hortense (Jacques Expert)

note: 5si tu t'imagines, fillette, fillette… Jean-François - 21 avril 2018

Une jeune mère célibataire, bâillonnée, rouée de coups, voit sa fillette âgée de deux ans et demi enlevée de force par un père qui ne l’a jamais reconnue. L’enquête piétine, piste près piste, sans jamais parvenir à loger ce père indigne, capable de fuir de ville en ville, de continent en continent. Vingt ans après, lorsqu’elle croit reconnaître sa fille par hasard dans la rue, alertée par son instinct de mère, Sophie Delalande va voir renaître l’espoir. On la suit pas à pas dans ce qui va rapidement devenir une obsession, alimentée par les conseils d’Isabelle, sa meilleure amie. Le lecteur, de son côté, suit ses propres pistes en quête de "la vérité", que seul l’auteur connaît comme on s’en doute, et celui-ci va s’ingénier à nous égarer jusqu’au coup de théâtre final. Palpitant à souhait, ce polar psychologique est un petit chef-d’œuvre du genre…

La vie secrète des arbres (Peter Wohlleben)

note: 5et si les arbres parlaient… Jean-François - 15 avril 2018

Peter Wohlleben, fort de son expérience personnelle de forestier allemand, de sa curiosité insatiable et de ses nombreuses lectures, a réussi son pari. Il met à la portée de tout lecteur, un tant soit peu curieux de nature, les connaissances les plus actuelles concernant les arbres de nos forêts, de nos parcs, de nos avenues. À l’aide de nombreux exemples concrets, les notions les plus complexes sont abordées, abondamment illustrées, non pas à l’aide de schémas, à la véracité souvent discutable, mais de photographies (de toute beauté) montrant l’arbre tel que l’œil du promeneur est capable de le percevoir. Un propos volontairement emprunt de que l’on appelle en termes savants l’anthropomorphisme, cette façon de prêter à des êtres vivants des sentiments humains dans un souci de pédagogie. J’ai particulièrement apprécié cette image forte, lorsque l’auteur dit "Les arbres urbains sont les enfants des rues de la forêt", montrant ainsi que l’absence d’apprentissage et de liens sociaux acquis au sein de l’écosystème forestier fragilise ces individus voués à une mort précoce dans un environnement hostile. Un profond respect de la nature qui ne plaira pas à tout le monde, à contre-courant d’une écologie centrée sur l’homme et ses besoins (illustrée par le fameux adage "préserver les générations futures"), mais doit nous faire réfléchir avant que nature meure…

Inspecteur Chen Cao n° 6
La Danseuse de Mao (Xiaolong Qiu)

note: 5le dernier empereur Jean-François - 14 avril 2018

L’inspecteur principal Chen Cao, de la police de Shanghai, est investi d’une mission, dont il ne connait pas les tenants et les aboutissants tant elle doit rester secrète. Le sujet est sensible : il s’agit de récupérer en toute discrétion des documents (ou des objets) compromettants peut-être en possession de la petite fille de la dernière maitresse de Mao Zedong. Chan ne sait pas exactement ce que l’on cherche, et pourquoi, mais fidèle à son instinct de fin limier il va en faire une affaire personnelle et n’hésitera pas à mettre son nez là où on ne l’attend pas. Pour approcher la donzelle, il va devoir se faire tout petit, et faire oublier sa condition de policier pour mettre en avant ses innombrables autres qualités, en particulier ses talents de poète. Comme dans les autres volumes de la série, on va de surprise en surprise, à la découverte de la face cachée de cette Chine nouvelle qui fascine autant qu’elle inquiète. On revit une époque mouvementée aux accents guerriers, celle de la "Révolution Culturelle", sous l’égide d’un "Grand Timonier" qui en prend sacrément pour son grade, tant sa vie privée était aux antipodes de son image de combattant révolutionnaire…

Level 26 n° 1 (Anthony E. Zuiker)

note: 1gore texte Jean-François - 7 avril 2018

Un polar gore, à la poursuite de "Sqweegel", un serial killer "niveau 26", fou à lier mais diablement habile à déjouer les pièges que lui tend son ennemi juré, Steve Dark, un agent du FBI dont la famille a été massacrée trois ans auparavant. Il n’y a rien à redire au récit, haletant et rempli d’atrocités, selon les canons du genre. Hélas, aucun message n’est délivré, le "juste", chargé de libérer le monde du monstre, ayant recours aux mêmes méthodes que celui qu’il poursuit. Une apologie de l’ultra-violence, par le créateur de la série-culte "Les experts", à déconseiller aux âmes sensibles et à toute personne ayant un quelconque amour pour l’humanité…

Le Jour de la chouette (Leonardo Sciascia)

note: 5mafia connait pas… Jean-François - 31 mars 2018

Quelque part en Sicile, dans les années 1950. Un homme en costume sombre est abattu de deux coups de fusil alors qu’il s’apprêtait à monter dans un car plein de voyageurs, juste à côté de l’étal d’un marchand de beignets. De nombreux témoins, donc. Hélas, lorsque les carabiniers arrivent, le car s’est vidé comme par enchantement de ses voyageurs, le receveur n’a rien vu et le marchand de beignets n’a même pas entendu de coups de feu. Ambiance typiquement sicilienne, en ces temps où la mafia renaissait de ses cendres pour imposer sa loi après la défaite du fascisme. Dans un style condensé mais d’une précision diabolique, Leonardo Sciascia décrit par le menu le processus par lequel le capitaine en charge de l’enquête, à force de ruse et une bonne dose de ténacité, va parvenir à reconstituer le fil des événements et établir la liste des coupables, au grand dam de sa hiérarchie. Un roman magistral, remarquablement traduit, qui utilise la force d’une intrigue policière au profit d’une dénonciation de la corruption et de la terreur dans laquelle n’a cessé de vivre le peuple sicilien.

La petite Borde (Emmanuelle Guattari)

note: 5morceaux choisis Jean-François - 24 mars 2018

Deux enfants, mon frère et moi. Une enfance libre (libérée ?), dans ces années 70 où il faisait bon respirer un air frais, loin des pesanteurs d’une France catholique confite dans ses traditions. Au château de la Borde, où résident nos deux enfants, on n’enferme pas les fous, d’ailleurs il n’y a pas de fous, ce sont des "pensionnaires", et les enfants les côtoient sans faire tellement de différence avec ceux qui y travaillent. Ce recueil de petits morceaux de vie, écrit avec une grâce toute enfantine au hasard des souvenirs de la narratrice, séduit par son originalité et sa concision. Un bon moment de lecture, trop vite passé mais qui va rester longtemps imprimé quelque part dans notre inconscient.

Oeuvre non trouvée

note: 5entre orient et occident Jean-François - 24 mars 2018

L’action se déroule à Amsterdam, avec des incursions à Moscou, à la poursuite des commanditaires d’un double meurtre et d’un terrible accident causé à un jeune garçon afghan, retrouvé inanimé dans les bois et affublé d’habits rituels féminins. Farah Hafez, une journaliste d’origine afghane et championne d’arts martiaux, s’est prise de pitié pour l’enfant lors de son arrivée à l’hôpital et va chercher à connaître son histoire. La piste qu’elle suit va croiser celle des enquêteurs officiels, en la personne de Joshua Calvino et Marouan Diba, respectivement d’origine italienne et marocaine, les deux inspecteurs en charge de l’enquête. On comprend très rapidement qu’immigration et racisme, et plus généralement ce qu’on peut appeler la dignité humaine, sont au centre du sujet abordé par Walter Lucius dans ce polar magistral. Il y a de l’action, du suspense, mais aussi bien plus que cela. On navigue dans les milieux du journalisme, de la politique, du commerce international et du grand banditisme, et l’auteur met à jour, dans une démarche très courageuse, les liens étranges qui se tissent entre ces milieux. Il y a parfois des dérapages, ce qui doit rester caché parvient alors à la surface et l’édifice savamment construit s’abat alors comme un château de cartes…

Le Choix de Diane (Mireille Pluchard)

note: 5hallali Jean-François - 11 mars 2018

Quelle histoire ! Mireille Pluchard ose ce qu’aucun auteur de roman historique destiné au grand public n’ose plus depuis de nombreuses décennies : raconter un drame ! Celui, tragique, de Diane de Joannis, riche héritière et marquise, est exemplaire de la condition féminine sous l’Ancien Régime, que l’on soit noble ou manante. Telle la Justine du "divin" marquis de Sade, sa vertu et sa fidélité inébranlables vont l’amener aux pires avanies, sans que l’espoir de jours enfin heureux ne la quitte jamais tout à fait. Les amitiés solides qu’elle a forgées, qui ne lui feront jamais défaut, ne seront cependant pas de taille à l’empêcher de courir vers un destin aussi funeste qu’immérité. Ce qui aurait pu être un de ces romans faciles, à la couverture brillante, aussi vite lu qu’oublié, s’avère au final un pamphlet féministe écrit avec une sincérité touchante et porteur d’un message des plus actuels. L’écriture est de qualité, dans un français châtié reprenant à son compte expressions et tournures des siècles passés, dans la veine du Robert Merle de "Fortune de France". On espère et on désespère au gré des efforts que fait notre jeune et belle héroïne pour se sortir des ornières dans lesquelles sa crédulité ne cesse de l’enfoncer, en un siècle où la loi et la tradition n’étaient là que pour protéger les intérêts de la gent masculine…

Oeuvre non trouvée

note: 5arabesques Jean-François - 10 mars 2018

Dans un quartier "ethnique" de Rome où vivent de nombreux musulmans, une opération est montée par les services secrets, destinée à déjouer une préparation d'attentat kamikaze. Nom de code de l'opération : "Little Cairo". Un italien de pure souche, fort connaisseur de la langue et de la culture arabe, est infiltré au sein du quartier, où il se fera passer pour un Tunisien prénommé Issa. Il va se faire embaucher comme "pizzaiolo" et se fera rapidement des amis mais Issa va tarder à voir le moindre signe d'une quelconque opération clandestine. Le temps passe et ses tribulations, dans ce quartier où il coule des jours tranquilles, lui font oublier petit à petit sa mission d'origine. Il va (presque) finir par rencontrer l'amour, sous la forme de la belle Sofia, jusqu'au jour où l'auteur décide, dans une pirouette finale qui laisse le lecteur pantois, de l'exfiltrer et de sa mission et du roman. Mais ne soyez pas déçus à l'avance, car tout l'intérêt de ce petit livre ne réside pas dans le scénario à la James Bond, où l'auteur lui-même s'est empêtré, mais dans la description au quotidien des mille et une avanies auxquelles les immigrés de fraîche date ont à faire face dans une métropole moderne. On rit, car la cocasserie est omniprésente tout au long de l'ouvrage, mais on réfléchit aussi, et en profondeur, à la complexité des rapports humains dès lors que religion et loi se mêlent de les régir.

Retour à Brixton Beach (Roma Tearne)

note: 5jusqu'à la lie… Jean-François - 3 mars 2018

Un roman, puissant, sur le déracinement et la différence. L'auteure nous conte l'histoire tourmentée d'Alice, une petite fille du Sri Lanka (à l'époque encore appelé Ceylan), née d'une mère cinghalaise, l'ethnie majoritaire, au pouvoir depuis l'indépendance, et d'un père tamoul. Dès son enfance elle sait qu'il lui faudra se battre sa vie durant car le métissage ethnique est très mal vu dans son pays natal, où les deux communautés se font la guerre, une guerre meurtrière qui va s'intensifier en cette fin de vingtième siècle. L'exil vers l'Angleterre, de son père d'abord, parti avec ses rêves de réussite sociale, puis d'elle-même, accompagnée de sa mère, ne va guère résoudre les problèmes liés à son identité multiple. D'aléa en aléa, de désillusion en désillusion, elle va devoir se construire toute seule, et finira par trouver sa voie grâce à l'aide de quelques (rares) personnes de bonne volonté et surtout aux souvenirs qu'elle a emportés de son île natale, des souvenirs où trône en majesté son grand-père Bee. Artiste solitaire et au grand cœur, Bee, au-delà de la mort, continuera à veiller sur elle et l'aider par ses conseils, lui insufflant la confiance qui aura tant manqué à sa mère. On ne rit guère dans ce beau roman doux-amer où éclatent à toutes les pages l'émotion et la poésie, admirablement rendues par la traductrice, qu'il faut féliciter.

Retour à Brixton Beach (Roma Tearne)

note: 5jusqu'à la lie… Jean-François - 3 mars 2018

Un roman, puissant, sur le déracinement et la différence. L'auteure nous conte l'histoire tourmentée d'Alice, une petite fille du Sri Lanka (à l'époque encore appelé Ceylan), née d'une mère cinghalaise, l'ethnie majoritaire, au pouvoir depuis l'indépendance, et d'un père tamoul. Dès son enfance elle sait qu'il lui faudra se battre sa vie durant car le métissage ethnique est très mal vu dans son pays natal, où les deux communautés se font la guerre, une guerre meurtrière qui va s'intensifier en cette fin de vingtième siècle. L'exil vers l'Angleterre, de son père d'abord, parti avec ses rêves de réussite sociale, puis d'elle-même, accompagnée de sa mère, ne va guère résoudre les problèmes liés à son identité multiple. D'aléa en aléa, de désillusion en désillusion, elle va devoir se construire toute seule, et finira par trouver sa voie grâce à l'aide de quelques (rares) personnes de bonne volonté et surtout aux souvenirs qu'elle a emportés de son île natale, des souvenirs où trône en majesté son grand-père Bee. Artiste solitaire et au grand cœur, Bee, au-delà de la mort, continuera à veiller sur elle et l'aider par ses conseils, lui insufflant la confiance qui aura tant manqué à sa mère. On ne rit guère dans ce beau roman doux-amer où éclatent à toutes les pages l'émotion et la poésie, admirablement rendues par la traductrice, qu'il faut féliciter.

Occupe-toi d'Arletty ! (Jean-Pierre de Lucovich)

note: 5collabos & co Jean-François - 24 février 2018

Jérôme Dracéna, un ancien de la Crim', s'est reconverti en détective privé. Un coup de téléphone de son père, retraité de la Brigade Mondaine, va l'entraîner dans une enquête qui va l'amener à fréquenter le milieu du spectacle en la personne d'Arletty, actrice célèbre par ses répliques affûtées (atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?). La belle est victime de menaces de mort, sous la forme de petits cercueils habilement décorés qu'un admirateur inconnu lui fait parvenir par porteur spécial. Un monde nouveau s'ouvre à notre héros, celui de la collaboration en ces années d'occupation allemande où le beau linge n'hésite pas à s'acoquiner avec l'uniforme vert-de-gris. On retrouve des célébrités de l'époque, la belle Arletty bien sûr, mais aussi une foule d'artistes, passés ou non à la postérité, et quelques truands célèbres, pour la plupart maqués avec l'occupant. Bref, l'ordinaire de la "révolution nationale". L'auteur mêle habilement personnages réels, sur la base d'une documentation très fouillée, et personnages de fiction, au premier rang desquels notre rouletabille au grand cœur, et aux reins solides, qui va se fondre dans ce demi-monde pour les beaux yeux de Garance et lui apporter, enfin, moins de larmes et un peu de sérénité…

Avant que tout se brise (Megan E. Abbott)

note: 5du sang sur la poutre… Jean-François - 17 février 2018

Un thriller palpitant, dont le personnage principal est une jeune gymnaste pressentie pour intégrer un jour, si tout se passe bien (ou plutôt si rien ne se passe), l’équipe olympique américaine. De nombreux sacrifices, de sa part mais aussi de ses parents, ont été nécessaires depuis sa plus tendre enfance pour en arriver là. En fait, Devon ne vit que pour ça. Son corps s’est transformé, devenant dur et mince, sa croissance s’est arrêtée. Deviendra-t-elle un jour une femme ou restera-t-elle à jamais un objet au service d’une pratique sportive de haut niveau ? La mort d’un jeune homme, accueilli au sein du club de Devon pour effectuer de menus travaux, avec les bouleversements qui s’en suivront, va remettre en cause le fragile équilibre qui maintient vaille que vaille la cohésion de ce groupe de jeunes, voire très jeunes gymnastes. Les inimitiés se révèlent, celles que l’on croyait devenues des machines se révélant terriblement humaines. L’angoisse monte à mesure que les mystères s’épaississent et que se fissure cette image lisse d’une Amérique figée dans son obsession de ne jamais montrer que le meilleur d’elle-même. Derrière le thriller, terriblement efficace et très ancré dans le quotidien de la "middle class" américaine, se cache un réquisitoire contre les dérives du sport de haut niveau, dès lors que la réussite à tout prix l’emporte sur le plaisir du jeu. À déguster et à méditer…

Princesse Bari (Sok-Yong Hwang)

note: 5odyssée Jean-François - 4 février 2018

De nombreux écrivains ont été inspirés par l’odyssée d’enfants ayant traversé guerres, famines, épidémies, dotés d’une intelligence et d’un instinct de survie hors du commun, leur permettant de braver tous les dangers. Le récit, narré par l’héroïne, porte sur une période allant de ses douze ans à sa vingt-et-unième année. Il décrit le long périple de Bari, une toute jeune nord-coréenne qui va être prise dans la tourmente d’un pays victime de l’aveuglement et de la gabegie d’un régime autoritaire et hyper-militarisé, mis au ban de l’humanité. Elle va voir sa famille décimée par la famine et les exactions de l’armée. Survivre devient alors le seul but dans sa vie, mais Bari n’oubliera jamais son souhait ardent de voir sa famille, ou ce qu’il en reste, à nouveau réunie. Le surnaturel est présent, donnant une incroyable force à ce roman où l’auteur délivre un message d’une humanité profonde. Il faut lire ce livre et s’imprégner de son sens profond, pour qu’enfin, un jour prochain, les frontières disparaissent et l’humanité retrouve un idéal capable de vaincre l’instinct de mort, malheureusement au cœur de bien des déviances idéologiques et religieuses.

Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg n° 9
Quand sort la recluse (Fred Vargas)

note: 5meurtres sur la toile Jean-François - 3 février 2018

Fred Vargas aime s’attaquer aux peurs ancestrales et aux grands mythes ayant traversé l’histoire de l’humanité. Ici, l’araignée, accompagnée de son fidèle compagnon le venin, est au centre de l’enquête particulièrement difficile que va devoir mener le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg à la suite de morts inexpliquées. Trois vieillards meurent des conséquences d’une piqure d’araignée, avec des doses de venin sans commune mesure avec le pouvoir de cette araignée solitaire, guère amatrice de chair humaine, appelée "recluse brune" ou "araignée violoniste". Adamsberg va devoir reconquérir pas à pas la confiance de sa brigade, mise à mal par le caractère quelque peu bizarre de ses intuitions et une campagne de dénigrement savamment orchestrée par son adjoint Adrien Danglard. On va de surprise en surprise, comme sait le faire avec brio Fred Vargas, voyageant aux quatre coins de la France à la poursuite de l’araignée tueuse. Au passage, une belle leçon d’humanisme et un vibrant plaidoyer contre la maltraitance au travers d’une galerie de personnages en souffrance. Puisse ce message être entendu par nos dirigeants, tant civils que religieux…

L'abandon (Peter Rock)

note: 5passeur d'âmes Jean-François - 27 janvier 2018

Un roman fantastique mettant aux prises Pierce, une jeune fille de quinze ans fille d’un PDG d’une florissante multinationale, et John, un être à la fois divin et humain, capable du meilleur comme du pire, selon l’humeur du moment. Une revisitation de la mythologie grecque à l’heure des portables et des réseaux sociaux, mais aussi une très belle histoire d’amour dans ce roman initiatique qui ravira adultes et adolescents. Une fois le livre refermé, on ne pourra plus se rendre dans un cimetière sans penser qu’il peut s’agir d’une porte vers l’au-delà. Frissons garantis…

Les lunes de Mir Ali (Fatima Bhutto)

note: 4mon pays Jean-François - 20 janvier 2018

Le Pakistan, un pays où fait rage la corruption, est en proie au soulèvement des populations limitrophes de l’Afghanistan. Ce roman, écrit au vitriol, décrit les destins contrastés de trois frères issus de la bourgeoisie de Mir Ali, une ville frontalière du Nord Waziristan. Le livre se resserre au cours d’une matinée, mais les souvenirs déferlent, embrassant les années d’enfance et de jeunesse des protagonistes, nous donnant l’occasion de plonger au cœur des événements qui ont agité cette ville en sécession et sous contrôle permanent de l’armée. Les personnages sont attachants, notamment la jeune et valeureuse Samarra, qui accompagne Hayat au cours de cette matinée. Malgré quelques maladresses d’écriture, qui obligent le lecteur à chercher constamment des repères dans le temps, on se laisse aisément porter par le souffle de ce récit qui nous plonge dans une actualité brûlante. Malheureusement, la façon dont elle présente les combattants talibans, qui ont pris la tête de la sécession, laisse dubitatif lorsque l’on connaît leur cruauté et le sort qu’ils réservent aux femmes, au nom d’une lecture passablement obscurantiste des textes sacrés : elle les désigne plusieurs fois au cours du récit du nom de "justes" ou de "purs". Quelle justice ? Quelle pureté ?

Chronique du soupir (Mathieu Gaborit)

note: 4fées, elfes et sirènes Jean-François - 14 janvier 2018

Une plongée dans un monde merveilleux où fées, elfes et sirènes voisinent avec les humains. Imaginons un instant que notre corps est habité par une fée, logeant dans notre cœur et décidant de notre vie, notre souffle n’étant que la projection de sa force, pour faire le bien comme le mal. La société imaginaire dans laquelle nous invite Mathieu Gaborit, une fois décryptés codes et vocabulaire, ne semble ni pire ni meilleure que la nôtre. On y vide ses querelles, on s’y entretue, on complote, on aime aussi. Bref, rien que de très banal. Reste la magie des mots, et une intrigue soignée qui nous entraîne sur les pas de personnages aux noms d’arbres et de fleurs : Lilas, Saule, Iris, Frêne et tant d’autres dont on suit avec intérêt les mille et une aventures, jusqu’au dénouement final assez inattendu. Un livre à recommander aux amateurs de contes et légendes, un genre littéraire tombé en désuétude ou réservé à la littérature enfantine, mais qui nous est revenu des states sous le nom de "fantasy" ou "heroic fantasy" et a d’ores-et-déjà conquis ses lettres de noblesse.

Les coeurs déchiquetés (Hervé Le Corre)

note: 2faut qu'ça saigne… Jean-François - 13 janvier 2018

Hervé Le Corre n’a pas compris, ou n’a pas voulu savoir, que les images les plus fortes ne sont pas celles que l’on décrit par le menu, mais celles qui sont suggérées, évoquant chez le lecteur des sensations en rapport avec sa propre expérience. Hélas, les descriptions à longueur de pages de plaies profondes, de cadavres en putréfaction, avec l’odeur qui va avec, ne compensent pas la faiblesse d’un scénario où rien n’est laissé à l’imagination de celui ou celle qui recherche dans un roman policer autre chose qu’un rapport d’autopsie. On devine dès les premières pages pourquoi l’enquête sur l’assassinat sauvage de la mère du jeune Victor s’avère aussi difficile, l’assassin ayant toujours une longueur d’avance sur le commandant Pierre Vilar, escorté de son "fidèle" adjoint Laurent Pradeau. Aucun effet de surprise, aucun jeu de pistes dans lequel se perdre. Aucun message social ou politique non plus, sauf si l’auteur veut nous faire croire que le Mal est en chacun de nous, ce qui n’ouvre guère de perspectives quant à l’avenir de l’humanité. À ne (surtout) pas lire dans un moment de déprime, mais tous ceux qui ont dans l’idée de commettre un meurtre sanglant y trouveront néanmoins de savoureuses recettes…

Oeuvre non trouvée

note: 5marseille, sauvage au rouge cœur Jean-François - 6 janvier 2018

L’inoubliable "trilogie marseillaise" de Jean-Claude Izzo met en scène, dans le Marseille des années 90, Fabio Montale, un policier hors normes qui ne va pas tarder à abandonner une profession en laquelle il ne croit plus, ainsi que ses amis et ses femmes. Ses amis, il les recherche parmi le petit peuple marseillais, voyous et ex-voyous inclus, prostituées aussi. Ses femmes, qui incluent la catégorie précédente, il les a aimées, s’en est fait aimer, mais n’a jamais su les garder car il a trop peur de leur faire du mal. Car c’est un grand sensible, Fabio Montale. Une sensibilité à fleur de peau qui ne fait guère bon ménage avec sa vision manichéenne de la société : d’un côté les bons, de l’autre les méchants, bons et méchants n’étant pas forcément ceux que la justice ou la rumeur publique rangerait dans ces deux catégories. Au travers de trois histoires bien distinctes ("Total Khéops", "Chourmo", "Soléa") ces personnages constituent l’univers d’une petite comédie humaine très "fin de siècle", laissant peu d’espoir tellement l’appétit des puissants fait peu de cas de la chair humaine. Polar social, certes, mais aussi roman solaire (soleil noir ?), avec une empathie totale pour les personnages "positifs" (les exclus, les sans-dents), magnifié par une écriture alliant efficacité et lyrisme.

Fabio Montale (Trilogie marseillaise) n° 3
Solea (Jean-Claude Izzo)

note: 5en solo Jean-François - 6 janvier 2018

Le troisième volet de la "trilogie marseillaise" de Jean-Claude Izzo est le plus sombre, le plus pessimiste aussi sur le sort de l’humanité, au crépuscule du siècle passé. La mafia, ou faudrait-il plutôt dire aujourd’hui "les" mafias, tant l’esprit mafieux s’est emparé de la politique et de l’économie mondiale, est au cœur du récit. Babette, une amie (ou un peu plus que ça) de Fabio Montale, a mené une enquête approfondie sur les liens entre mafia et finance internationale, tissés au travers de l’évasion fiscale, du blanchiment de l’argent sale et de multiples opérations aussi juteuses qu’occultes, avec des complicités au sein même de l’appareil d’état. L’enjeu est de taille et la mafia, avec ses grandes oreilles, a vite fait d’être tenue au courant de ces investigations. Fabio va tout faire pour protéger Babette et la mettre à l’abri, mais il va accumuler les imprudences en croyant faire le bien, et va mettre en grand danger la plupart de ses amis. Un polar haletant, dont on ne parvient pas à se détacher et qui vous poursuit bien au-delà de la dernière page. Jean-Claude Izzo a lâché là ses dernières munitions, avant l’inoubliable "Soleil des mourants", ode à la misère, qui clôturera sa trop courte carrière littéraire.

Fabio Montale (Trilogie marseillaise) n° 2
Chourmo (Jean-Claude Izzo)

note: 5la galère Jean-François - 1 janvier 2018

On est à Marseille, en cette fin de vingtième siècle, au milieu des barres des quartiers nord, terrain propice aux activités illicites, à la "débrouille", pour s’en sortir, pour survivre en cette époque de misère qui n’en finit pas et n’a toujours pas fini vingt ans après. Terrain propice aussi à la montée de l’islamisme, endoctrinant les jeunes les plus désœuvrés, avec comme un goût de revanche sur une société qui les rejette. GIA et FIS, nés en Algérie, commencent à conquérir leur part du marché, sur le terrain fertile de cette jeunesse en déshérence. Fabio Montale, qui a quitté un an auparavant la police, comme on pouvait d’en douter à l’issue du premier opus de la "trilogie marseillaise", est bien décidé à venger la mort de Serge, son ami, ex-animateur de quartier, abattu devant lui au nez et à la barbe d’une police impuissante sinon désireuse de se débarrasser à bon compte de la "racaille". Il va également se mettre à la recherche du plus jeune fils de Gilou, sa belle cousine, disparu du domicile familial. Une plongée dans l’horreur d’une époque, loin d’être révolue, où mafias et intégrismes en tout genre se donnent la main pour plonger notre société, ou ce qu’il en reste, dans le chaos le plus total, et ce pour leur plus grand profit. La vision de Jean-Claude Izzo est noire, très noire, mais fait la part belle aux valeurs humanistes qui tentent de surnager au milieu de cette vallée de larmes.

Oeuvre non trouvée

note: 5chaos total Jean-François - 30 décembre 2017

Le Marseille des années 90, en plein bouleversement urbanistique avec l‘expulsion des populations immigrées du centre-ville et leur relogement forcé dans les fameux "quartiers nord", est le théâtre d’affrontements sanglants entre bandes rivales cherchant à s’approprier le juteux marché de la drogue et de la prostitution, auparavant tenu par quelques "grandes familles". C’est dans ce contexte "explosif" que Fabio Montale, un simple flic de quartier, récemment de retour dans sa ville natale, va mener son enquête sur l’assassinat de Manu et Ugo, ses deux amis d’enfance, et de Leila, violée et tuée de trois balles dans le dos. Ami des immigrés de toute obédience, mais aussi des prostituées et des petits malfrats, Fabio Montale détonne dans un milieu où il est de bon ton de "casser du bougnoule", sinon en actes du moins en paroles. Son enquête va donc s’avérer particulièrement délicate car il doit compter avec des collègues ayant des objectifs et des méthodes aux antipodes de sa conception humaniste du métier de policier. Jean-Claude Izzo inaugure, par un polar associant un lyrisme exalté à une écriture d’une efficacité redoutable, sa célèbre "trilogie marseillaise", plus d’un demi-siècle après celle de Marcel Pagnol.

Oeuvre non trouvée

note: 5chaos total Jean-François - 30 décembre 2017

Le Marseille des années 90, en plein bouleversement urbanistique avec l‘expulsion des populations immigrées du centre-ville et leur relogement forcé dans les fameux "quartiers nord", est le théâtre d’affrontements sanglants entre bandes rivales cherchant à s’approprier le juteux marché de la drogue et de la prostitution, auparavant tenu par quelques "grandes familles". C’est dans ce contexte "explosif" que Fabio Montale, un simple flic de quartier, récemment de retour dans sa ville natale, va mener son enquête sur l’assassinat de Manu et Ugo, ses deux amis d’enfance, et de Leila, violée et tuée de trois balles dans le dos. Ami des immigrés de toute obédience, mais aussi des prostituées et des petits malfrats, Fabio Montale détonne dans un milieu où il est de bon ton de "casser du bougnoule", sinon en actes du moins en paroles. Son enquête va donc s’avérer particulièrement délicate car il doit compter avec des collègues ayant des objectifs et des méthodes aux antipodes de sa conception humaniste du métier de policier. Jean-Claude Izzo inaugure, par un polar associant un lyrisme exalté à une écriture d’une efficacité redoutable, sa célèbre "trilogie marseillaise", plus d’un demi-siècle après celle de Marcel Pagnol.

Les noces barbares (Yann Queffélec)

note: 2comme un goût de vieille serpillière… Jean-François - 26 décembre 2017

L’histoire de Ludovic commence par un bal du quatorze juillet. Nicole, la fille du boulanger, y rencontre Will, un jeune soldat américain venu fêter avec ses copains son dernier jour en France. La fête va se poursuivre au camp et, l’alcool aidant, va rapidement dégénérer. Nicole est sauvagement violée, et donnera naissance neuf mois plus tard à un garçon, l’enfant "de la honte", que personne, mère et grands-parents compris, n’acceptera. Pour en faire la mémoire vivante de la "faute" de leur fille, les grands-parents affublent Ludovic de la robe déchirée et ensanglantée de sa mère, qu’elle portait au moment du viol. Il va rester huit années ainsi, enfermé dans un grenier, sans la moindre manifestation d’amour maternel et sans le moindre apprentissage des codes de la vie en société. On aura vite fait de le cataloguer comme idiot, sans se préoccuper outre mesure du traitement inhumain qu’on lui a fait subir. J’avoue très franchement être incapable de porter un jugement sur ce roman, qui m’a dérouté comme m’avait dérouté une autre œuvre, ultérieure, de cet écrivain ("Noir animal" ou" La Menace"), portant cette fois sur le racisme. Je soupçonne l’auteur de n’avoir aucun message à nous délivrer face aux horreurs qu’il décrit avec, à mon avis, une certaine complaisance. J’en retire une sensation de dégoût, comme un goût de vieille serpillière, dont je ne parviens pas à me débarrasser…

Oeuvre non trouvée

note: 3paris au temps des enluminures Jean-François - 24 décembre 2017

À quoi pouvait bien ressembler Paris au Moyen-Âge ? On pense bien sûr à Notre-Dame (Victor Hugo oblige), mais aussi à ces deux chefs-d’œuvre de l’art "supplicien" qu’étaient le gibet de Montfaucon et la place de Grèves. C’est ce Paris, celui du quatorzième (siècle, pas arrondissement), que nous fait découvrir Michel Jullien à travers l’histoire de Raoulet d’Orléans, copiste et enlumineur de son état en son échoppe de la rue Boutebrie, en plein cœur du Quartier Latin. Armés d’un lourd corpus d’érudition, mêlant le langage des temps passés aux références les plus actuelles, nous voici transportés dans le quotidien d’un de ces métiers d’art depuis longtemps disparus, ne survivant plus qu’au travers de la restauration des reliques du passé. Hélas, ce qui aurait pu être un agréable voyage dans le temps s’avère un pensum assez indigeste, malgré les efforts de l’auteur pour multiplier clins d’œil et jeux de mots à la manière d’un Prévert ou d’un Audiard. Comme la plupart de ces mots nous sont inconnus, sauf à posséder un Littré (le "grand", de préférence) ou avoir fait une thèse de doctorat sur les langues romanes, le divertissement se transforme vite en parcours du combattant. Reste la musique de l’écriture, assez belle il est vrai. À déconseiller sur la plage, peut-être à réserver aux très longues soirées d’hiver…

Oeuvre non trouvée

note: 5saga balte Jean-François - 16 décembre 2017

Un voyage aux confins du rêve et de la réalité, en compagnie d’un géographe recruté par les services secrets français pour délimiter, quelque part au bord de la Baltique, la nouvelle frontière de l’espace Schengen. Aucun lieu précis n’est nommé, mais des pistes sont laissées de page en page à la disposition du lecteur un tant soit peu curieux. Cette ambigüité donne du caractère à ce roman étrange, sans réelle narration mais parsemé de scènes oniriques d’une réelle poésie. On pense à Jean Échenoz, pour ce mariage entre réel et imaginaire, pour la beauté de la langue aussi. Mais on se laisse porter ici par la peinture quasi impressionniste d’une nature boréale intouchée, aux multiples splendeurs, et les interrogations du narrateur sur une société qui hésite à jeter aux orties les vieilles peurs du passé, entre nazisme et communisme. Mais pourquoi a-t-on encore besoin de frontières ? Et de quoi veut-on ainsi se préserver, si l’ennemi est autant intérieur qu’extérieur, bien niché au creux de notre âme humaine ?

Une enquête du commissaire Brunetti n° 23
Brunetti entre les lignes (Donna Leon)

note: 4incunables Jean-François - 16 décembre 2017

Des livres rares disparaissent d’une célèbre bibliothèque vénitienne, des pages sont découpées. Sacrilège ! Inquiète, la bibliothécaire en chef s’adresse au commissaire Brunetti, qui va lancer ses troupes dans une longue quête de témoignages. Le gardien n’a rien vu, un lecteur omniprésent, prêtre défroqué et spécialiste des "pères" de l’Église, non plus. Le mystère est total, l’enquête piétine, jusqu’au jour où… "Brunetti entre les lignes" n’est certes pas le meilleur de la série, du moins si l’on recherche dans un polar suspense et coups de théâtre (dans ce cas lire plutôt "Le garçon qui ne parlait pas"). On y découvre cependant les secrets de la "bonne société" vénitienne, sur les pas de notre commissaire qui va devoir, pour les besoins de l’enquête, fréquenter un peu plus assidument que d’habitude la richissime famille de sa chère et pas toujours très tendre Paola…

Oeuvre non trouvée

note: 2comme un goût de vieille serpillière… Jean-François - 9 décembre 2017

L’histoire de Ludovic commence par un bal du quatorze juillet. Nicole, la fille du boulanger, y rencontre Will, un jeune soldat américain venu fêter avec ses copains son dernier jour en France. La fête va se poursuivre au camp et, l’alcool aidant, va rapidement dégénérer. Nicole est sauvagement violée, et donnera naissance neuf mois plus tard à un garçon, l’enfant "de la honte", que personne, mère et grands-parents compris, n’acceptera. Pour en faire la mémoire vivante de la "faute" de leur fille, les grands-parents affublent Ludovic de la robe déchirée et ensanglantée de sa mère, qu’elle portait au moment du viol. Il va rester huit années ainsi, enfermé dans un grenier, sans la moindre manifestation d’amour maternel et sans le moindre apprentissage des codes de la vie en société. On aura vite fait de le cataloguer comme idiot, sans se préoccuper outre mesure du traitement inhumain qu’on lui a fait subir. J’avoue très franchement être incapable de porter un jugement sur ce roman, qui m’a dérouté comme m’avait dérouté une autre œuvre, ultérieure, de cet écrivain ("Noir animal" ou" La Menace"), portant cette fois sur le racisme. Je soupçonne l’auteur de n’avoir aucun message à nous délivrer face aux horreurs qu’il décrit avec, à mon avis, une certaine complaisance. J’en retire une sensation de dégoût, comme un goût de vieille serpillière, dont je ne parviens pas à me débarrasser…

Une enquête du commissaire Bordelli
Une sale affaire (Marco Vichi)

note: 4un parfum de fenouil Jean-François - 3 décembre 2017

Décidément, le commissaire Bordelli est toujours aussi peu doué pour boucler ses enquêtes (voir "Le commissaire Bordelli"). Les meurtres s'enchaînent, l'enquête piétine, notre commissaire semble perdu au milieu des senteurs de fenouil et de souvenirs morbides datant de la Seconde Guerre Mondiale. Un polar d'atmosphère, dans la Florence des années 60, sans traçages de portables ni tests ADN. Il faut cogiter, déduire, tendre des pièges, sentir le vent, bref on la fait "à l'ancienne", et ça prend le temps qu'il faut. Pour les nostalgiques des "Trente Glorieuses", version florentine, avec en prime quelques recettes savoureuses…

Oeuvre non trouvée

note: 5sorbonne story Jean-François - 3 décembre 2017

Robert Collie est le grand spécialiste mondialement connu des Vrangliens, une peuplade (imaginaire) d'Europe Centrale. Les Vrangliens ont connu leur heure de gloire à la Chute de l'Empire Romain d'Orient, avec à leur tête Jérémie le Sanguinaire, un héros pour tous ceux qui se targuent d'être aujourd'hui les descendant de ces valeureux guerriers. Hélas, les recherches du professeur vont le conduire à démystifier la légende faisant de Jérémie le vainqueur des Romains. C'est le début de toute une série d'aventures, aussi rocambolesques les unes que les autres, qui vont contraindre notre tête chenue à quitter son cher Quartier Latin pour la lointaine Crimée, à la poursuite de la Pierre Fondatrice, seule source sûre capable de révéler la "vraie" histoire des Vrangliens. Cette inénarrable tragi-comédie, oscillant sans cesse entre lyrisme et dérision, sert de prétexte à une peinture réaliste du microcosme universitaire : désir de gloire, jalousies, crocs-en-jambe, vexations, flagorneries semblent être le quotidien des messieurs et dames censés représenter la fleur de l'intelligentsia française. Une mise à nu salutaire, et une bonne pinte de rigolade, avec un sens aigu de la narration et au passage quelques réflexions assez justes sur la valeur toute relative de la "preuve" scientifique. De la belle ouvrage…

Quand les colombes disparurent (Sofi Oksanen)

note: 3saga balte Jean-François - 19 novembre 2017

Trois époques, un même lieu : l’Estonie, ce petit pays balte situé à quelques encablures de la Finlande, avec laquelle il partage une même culture. Le récit se déroule sur une période allant de 1941 à 1966, couvrant la période soviétique précédant la Seconde Guerre Mondiale, l’annexion de l’Estonie par le Troisième Reich et sa reprise par le régime soviétique en 1944. Sur les pas des trois personnages principaux, Juudit, Edgar son mari, et Roland, un cousin d’Edgar (du moins j’ai cru le comprendre), c’est une histoire tourmentée qui va défiler sous nos yeux. Des êtres marqués par le destin, dont les voies vont s’éloigner en fonction de leur personnalité, de leur histoire personnelle et des occasions qui vont se présenter à eux. La structure du roman est complexe, la narration volontairement non-linéaire, et l’auteure utilise un certain nombre d’artifices pour induire le lecteur en erreur et susciter de temps en temps la surprise. Le message que veut faire passer Sofi Oksanen est assez flou, en dehors de l’exaltation d’un nationalisme estonien victime des méchants bolcheviks et qui a cru un temps à sa libération par les armées hitlériennes. Reste l’intérêt d’une reconstitution du puzzle qui relie ces personnages, notamment la vérité sur le "suicide" de Rosalie, la fiancée de Roland, dont la mort inexpliquée et profondément injuste va le précipiter vers l’action armée.

Martin Eden (Jack London)

note: 5et en ce jardin croissait l'arbre de la connaissance du bien et du mal Jean-François - 12 novembre 2017

Martin Eden, jeune marin rompu aux bagarres et au verbe haut, fait un jour la rencontre de Ruth Morse, une jeune fille cultivée de la bourgeoisie californienne. Choc des classes ! La rudesse de Martin heurte la jeune fille, tout en l'attirant, et elle va petit à petit tenter d'apprivoiser ce sauvage au grand cœur, l'incitant à se cultiver et abandonner ses manières de prolétaire, trop frustes à ses narines délicates. Notre bon sauvage va se prendre au jeu, tant pour conquérir le cœur de sa belle que pour se prouver à lui-même qu'il vaut bien les beaux messieurs paradant dans le salon des Morse. Ayant goûté au fruit de l'arbre de la connaissance Martin va s'investir comme un forcené dans la lecture et l'écriture, devenant en quelques mois capable d'en remontrer aux plus érudits. Jack London sait décrire comme peu avant lui la réalité d'une société capitaliste qui broie les individus autant qu'elle les porte au pinacle dès que des intérêts pécuniers sont en jeu. Vanité des vanités, tout est vanité, telle est peu à peu la morale que se forge notre héros, après avoir cru à la loi du plus fort, ce darwinisme social que lui a fait adopter un temps l'étude de la biologie et de l'œuvre de Nietzsche. Un roman amer, qui pourtant se lit avec plaisir tant l'écriture, souple et aérée, parle à notre cœur sans pour autant dédaigner d'aborder les grands thèmes universels.

Martin Eden (Jack London)

note: 5et en ce jardin croissait l'arbre de la connaissance du bien et du mal Jean-François - 12 novembre 2017

Martin Eden, jeune marin rompu aux bagarres et au verbe haut, fait un jour la rencontre de Ruth Morse, une jeune fille cultivée de la bourgeoisie californienne. Choc des classes ! La rudesse de Martin heurte la jeune fille, tout en l’attirant, et elle va petit à petit tenter d’apprivoiser ce sauvage au grand cœur, l’incitant à se cultiver et abandonner ses manières de prolétaire, trop frustes à ses narines délicates. Notre bon sauvage va se prendre au jeu, tant pour conquérir le cœur de sa belle que pour se prouver à lui-même qu’il vaut bien les beaux messieurs paradant dans le salon des Morse. Ayant goûté au fruit de l’arbre de la connaissance Martin va s’investir comme un forcené dans la lecture et l’écriture, devenant en quelques mois capable d’en remontrer aux plus érudits. Jack London sait décrire comme peu avant lui la réalité d’une société capitaliste qui broie les individus autant qu’elle les porte au pinacle dès que des intérêts pécuniers sont en jeu. Vanité des vanités, tout est vanité, telle est peu à peu la morale que se forge notre héros, après avoir cru à la loi du plus fort, ce darwinisme social que lui a fait adopter un temps l’étude de la biologie et de l’œuvre de Nietzsche. Un roman amer, qui pourtant se lit avec plaisir tant l’écriture, souple et aérée, parle à notre cœur sans pour autant dédaigner d’aborder les grands thèmes universels.

Louise Morvan n° 6
La nuit de Géronimo (Dominique Sylvain)

note: 5louise attaque Jean-François - 5 novembre 2017

Louise Morvan est une jeune et jolie détective (une "privée"), d'habitude au service des conjoints trompés ou croyant être trompés. Cette fois-ci elle va tomber sur une affaire bien plus compliquée, qui va l'amener à côtoyer à son corps défendant des milieux aussi variés que la recherche scientifique de pointe et les mafias russes. Mandatée pour faire la lumière sur un message sibyllin envoyé à tous les membres de la famille Domeniac, elle va rapidement se trouver plongée au cœur d'une affaire "sensible" qui va aiguiser sa curiosité et l'amener au-devant de tous les dangers. L'histoire est captivante, les personnages nombreux et hauts en couleurs. Des secrets bien gardés, de l'action, du suspense, une écriture efficace et sans bla-bla, tous les ingrédients d'un polar bien ficelé sont au rendez-vous. Le plaisir est total, de la première à la dernière ligne…

Louise Morvan n° 6
La nuit de Géronimo (Dominique Sylvain)

note: 5louise attaque Jean-François - 5 novembre 2017

Louise Morvan est une jeune et jolie détective (une "privée"), d'habitude au service des conjoints trompés ou croyant être trompés. Cette fois-ci elle va tomber sur une affaire bien plus compliquée, qui va l'amener à côtoyer à son corps défendant des milieux aussi variés que la recherche scientifique de pointe et les mafias russes. Mandatée pour faire la lumière sur un message sibyllin envoyé à tous les membres de la famille Domeniac, elle va rapidement se trouver plongée au cœur d'une affaire "sensible" qui va aiguiser sa curiosité et l'amener au-devant de tous les dangers. L'histoire est captivante, les personnages nombreux et hauts en couleurs. Des secrets bien gardés, de l'action, du suspense, une écriture efficace et sans bla-bla, tous les ingrédients d'un polar bien ficelé sont au rendez-vous. Le plaisir est total, de la première à la dernière ligne…

Oeuvre non trouvée

note: 5dublin's band Jean-François - 28 octobre 2017

Quand on s'ennuie en banlieue, qu'on est fana de musique (même sans savoir en jouer) et qu'on en a assez de se faire traiter de petit c... par les commères du quartier, on peut monter un groupe, pourquoi pas ? Tel est le pari de Jimmy Rabbitte et sa bande de copains, qui vont s'adjoindre les compétences de Joey-les-Lèvres, un ex-saxophoniste de James Brown, et de quelques filles bien roulées et avec une jolie voix. Et voilà notre bande de joyeux banlieusards en route vers le succès ! Un vrai bonheur d'écriture (hourra pour la traduction, pas facile facile !) et un témoignage réaliste sur une certaine Irlande, bien loin des clichés pour touristes...

Les loups de Fenryder n° 1 (Alec Covin)

note: 3bloody louisiana Jean-François - 28 octobre 2017

Pour quelle raison des forces mystérieuses s'en prennent-elles à Scotty, ce petit garçon qui n'a fait de mal à personne ? Ses cauchemars le poursuivent une fois éveillé, rendant difficilement crédibles les visions de "La Chose" qu'il raconte à ses parents. Jusqu'au jour où un terrible événement va bouleverser la vie de Tusitala, cette petite bourgade de Louisiane où les forces du Mal semblent s'être donné rendez-vous. Chacun cherche des explications rationnelles à ce qui pourtant défie la raison, jusqu'au jour où il faudra bien se rendre à l'évidence : le surnaturel est parmi nous, et le bonheur de l'humanité ne fait pas partie de ses plans. L'angoisse monte, au fur et à mesure que l'on s'approche de la vérité, savamment distillée au fil des pages. Un thriller classique, sans surprise mais bien ficelé.

La Mélopée de l'ail paradisiaque (Yan Mo)

note: 5que d'aulx que d'aulx… Jean-François - 14 octobre 2017

Sous la houlette de Deng Xiaoping, de 1978 à 1992, les chinois ont à nouveau la possibilité de s’enrichir, avec la bénédiction du Parti. Mais cette liberté nouvelle va surtout profiter aux mieux placés, c’est-à-dire les cadres du Parti et les petits potentats locaux chargés de mettre en place la réforme économique. Au fin fond de la province chinoise, une campagne a été lancée, destinée à permettre aux paysans les plus pauvres de sortir enfin la tête de l’eau. La recette : cultiver de l’ail, à profusion, dans cette région méridionale dont le climat doux est favorable à sa croissance. Chacun calcule la richesse que cette manne inespérée va lui apporter. Hélas, cette année-là la récolte va être si bonne que, suivant la loi de l’offre et de la demande au cœur de la "nouvelle économie", les cours vont s’effondrer et l’ail ne parviendra pas à se vendre. Une révolte s’en suit, mettant en cause les dirigeants locaux qui, comme on s’en doute, ont été les premiers informés et ont tout fait pour vendre leur ail en premier. Sur cette trame Mo Yan a brossé un de ces petits chefs-d’œuvre dont il a le secret. Derrière la fable se devine un procès en bonne et due forme d’une société foulant allègrement aux pieds les grands principes moraux édictés par le Comité Central du Parti Communiste Chinois.

Les moustaches de la sagesse (Sheila Jeffries)

note: 5chat perçant Jean-François - 7 octobre 2017

Une histoire de chats, en forme de fabulette, où nos félins domestiques s'avèrent capables de penser et de s'exprimer avec les mots des humains. C'est donc un chat qui raconte sa vie de chat, un chat "spirituel", aux deux sens du terme. Doté d'un solide humour et d'une farouche volonté, Salomon est un "esprit de chat", réincarné en chaton pour venir en aide à Ellen, une jeune mère en prise aux pires difficultés, tant financières qu'amoureuses. Bien des mésaventures attendent notre "docteur chat", qui va devoir grandir et mériter son titre sans jamais révéler sa nature céleste. Et ça marche ! La larme à l'œil est prête à mouiller la page à maintes reprises et on garde jusqu'au bout l'espoir de voir la sagesse de Salomon enfin récompensée. C'est très joliment écrit, avec un message "humaniste" qui fait chaud au cœur…

Oeuvre non trouvée

note: 5le complot Jean-François - 30 septembre 2017

La théorie du complot a fait les bonheurs des romans d'espionnage, y compris les meilleurs (John Le Carré, par exemple). Réel ou imaginaire, le complot international met en lumière les failles de notre société, et distille l'angoisse car à qui peut-on se fier si rien de ce qui est repris par les médias n'est vrai ? Et si le complot s'avère créé de toutes pièces ? Et s'il finit par échapper à ses créateurs, telle la "créature" du Dr Frankenstein ? C'est dans ce maelström que se trouve précipité à son insu Paul Janson, un ancien des "opérations consulaires", le "service action" de la Central Intelligence Agency, recyclé dans le conseil en sécurité. Lorsque le chasseur devient le gibier, et réciproquement, rien ne va plus et il va falloir bien des péripéties avant que la vérité se fasse jour. Remarquablement conçu, le roman de Robert Ludlum fonctionne sans à-coups, comme une mécanique bien huilée, et met à mal au passage bien des certitudes. Sous les noms d'emprunt, on y reconnaîtra des personnages existants, notamment Peter Novak, nobélisé pour ses actions en faveur de la paix dans le monde, qui rappelle étrangement un certain ex-procureur de la Cour Pénale Internationale de La Haye. Un récit haletant, et une formidable vision géopolitique du monde d'aujourd'hui.

Entre mes mains le bonheur se faufile (Agnès Martin-Lugand)

note: 2harlequin amélioré Jean-François - 16 septembre 2017

Une histoire de tissus, une histoire d'amour, dans le Paris de la mode, des faux-semblants, le Paris clinquant cher à la presse à sensation. C'est dans ce paradis ô combien artificiel que se trouve un jour transportée Iris, mal mariée à un homme imbu de sa carrière plus que de la réussite de son couple, quelque part dans une Province imaginaire que l'on sent plus proche de Bordeaux que de Roubaix. Elle va être lancée dans le monde par Marthe, une riche femme d'affaires qui a découvert son talent de créatrice de mode. Mais ce destin hors du commun a son revers de la médaille et elle va devoir batailler ferme pour conserver honneur et liberté. Hélas, ce qui aurait pu être une peinture acerbe d'un milieu tout en superficialité, où l'argent facile sert à cacher les pires turpitudes, pourrait figurer parmi les meilleurs romans à l'eau de rose de la célèbre collection Harlequin. La qualité de l'écriture, qui rend la lecture assez agréable, peine à masquer la banalité du propos. Seul le titre vaut qu'on s'y attarde…

Cézembre noir (Hugo Buan)

note: 4polar vintage Jean-François - 11 septembre 2017

Un parfum très "années 70", qui ravira les nostalgiques du Commissaire San Antonio (Frédéric Dard) et des films dialogués par Michel Audiard ("Les tontons flingueurs"), avec un zeste de polar français "gauchiste" de la belle époque ("Nada", "Billy-ze-Kick"). L’action vise surtout à mettre en valeur les "bons mots" de l’auteur, qui s’exprime par le truchement du commissaire Workan, dont on avait déjà apprécié les qualités d’esprit dans "Hortensias blues". L’île de Cézembre, à quelques encablures de Saint-Malo, ancien bastion allemand copieusement arrosé au napalm par les ricains en 1944, sert de cadre à ce huis-clos drolatique, qui met aux prises pas loin de quinze personnes, coincées là un beau soir de tempête, aux motivations aussi diverses que suspectes. Un mystère insondable, des rencontres improbables, des personnages déjantés à souhait, et l’humour, omniprésent, qui emporte l’adhésion…

La collectionneuse de boules à neige (Maurizio De Giovanni)

note: 5tranche napolitaine Jean-François - 10 septembre 2017

Une nouvelle enquête de l'inspecteur Giuseppe Lojacono, qui vient renforcer, en compagnie de quelques policiers "déclassés" comme lui, un commissariat napolitain sur le point d'être fermé pour cause de collusion avec la Camorra. La nouvelle équipe, très hétéroclite, va devoir faire la preuve de sa capacité à réhabiliter l'honneur de la police, dans un quartier où il ne fait pas bon se promener en uniforme. Un pari qui sera tenu et gagné haut la main. Comme dans "La méthode du crocodile", ce polar de haute volée où notre sympathique héros avait fait son apparition, "La collectionneuse de boules à neige" mêle les genres, tissant sa toile entre les nombreux personnages, tous animés par cette exacerbation des sentiments qui semble l'apanage de Naples la rebelle. Un petit bijou, dont on referme la dernière page avec regret, en espérant ardemment la suite…

Un Paquebot dans les arbres (Valentine Goby)

note: 3enfance perdue Jean-François - 10 septembre 2017

Les Trente Glorieuses ! Quel journaliste en mal de copie, n’ayant sans doute pas vécu ces trente années qui ont suivi la seconde guerre mondiale, a pondu cette ineptie ? Glorieuses pour qui ? Certainement pas pour l’immense majorité de la population, qui est restée ce qu’elle était : un vivier de main-d’œuvre corvéable à merci. C’est le portrait de cette époque, aujourd’hui trop mal connue, que nous brosse cette auteure, à travers le personnage de Mathilde, enfant vite devenue adulte, qui va devoir porter le fardeau d’une famille décimée par la maladie (la tuberculose) à une époque où seuls les salariés étaient couverts par une protection sociale encore balbutiante. Un portrait d’un naturalisme appuyé, digne des frères Goncourt (Edmond et Jules), où tout commence dans un café bruyant des sons de l’harmonica de Paul Blanc, le père, et des danses d’une population en liesse au sortir de la guerre et de ses privations. La chute de la famille Blanc sera terrible, et sans cette fille que Paul continuera à appeler "mon p’tit gars" jusqu’à l’article de la mort, les "Trente Glorieuses" auraient sans doute compté quelques clochards de plus. Valentine Goby "a du style", mais elle a un peu trop forcé le trait en peignant ces délaissés du progrès social pour qu’on y croie vraiment. Dommage, car cette gamine montée un peu trop tôt en graine est attachante, et c’est très bien écrit.

La méthode du crocodile (Maurizio De Giovanni)

note: 5l'arme à l'œil Jean-François - 31 août 2017

Un tueur invisible, qui fait mouche sans coup férir, s'en prend à des jeunes, garçons et filles, sans raison apparente et sans qu'un quelconque lien ait pu être établi entre eux. L'inspecteur Lojacono, exfiltré de sa Sicile natale pour cause de dénonciations (mensongères) d'un maffioso repenti, se trouve brusquement au cœur d'une affaire dont il n'aurait jamais dû s'occuper. Aidé par la procureure Piras, qui a tôt fait de remarquer l'acuité de ses intuitions, il va se mettre en chasse. Une enquête pleine de rebondissements, où le lecteur est convié à suivre ses propres pistes grâce à un habile montage narratif. Loin de la Naples franquiste dont l'auteur a fait le cadre des enquêtes du commissaire Ricciardi, Maurizio de Giovanni nous plonge dans l'univers de la Naples d'aujourd'hui, où plane l'ombre de la sinistre Camorra. Mais l'amour peut lui aussi conduire à la mort, comme le démontre avec brio ce polar haletant, aux multiples facettes.

Oeuvre non trouvée

note: 5zazie dans le s-bahn Jean-François - 26 août 2017

Au mitan du vingtième siècle, Zazie disait des gros mots dans le métro. Le temps a passé, le monde a changé. Nini et Jameelah, deux jeunes berlinoises de quatorze ans, disent toujours des gros mots, des mots en "o" (c'est leur jeu). Elles fument aussi des joints, font des "pipes" pour se faire un peu d'argent, qu'elles vont dépenser en friandises et en "lait de tigre", un cocktail de leur invention, particulièrement alcoolisé. Bienvenue au vingt-et-unième siècle ! Dans une vie où tout semble trop facile, le drame survient pourtant, et fait passer plus vite qu'on croit dans l'âge adulte. Dans ce roman, dont la légèreté n'est qu'apparente, Stefanie de Velasco nous fait partager le quotidien de deux gamines d'aujourd'hui, dans ce qu'on imagine être une de ces cités où se côtoient pour un temps les cultures les plus diverses, où l'on tente, souvent en vain, de franchir les frontières des conventions érigées par des siècles d'histoire et de tradition. Heureusement il y a l'amitié, et un grand besoin d'amour, finalement le monde n'a pas tellement changé…

Menteurs amoureux (Richard Yates)

note: 5découplages Jean-François - 12 août 2017

Si vous voulez tout savoir sur les mille-et-une façons dont un couple (hétérosexuel) peut se défaire, lisez sans tarder "Menteurs amoureux". Tout le monde, hommes ou femmes, en prend pour son grade, tant la lâcheté semble prendre le pas sur le désir amoureux au fil des renoncements successifs et des fausses réconciliations qui peuvent transformer la vie à deux un véritable parcours du combattant. C'est du moins la vision de l'auteur, dont il ne s'est jamais départi depuis "La fenêtre panoramique". Heureusement l'humour est omniprésent dans cette vision tout à fait pessimiste de la vie de couple et l'auteur sait nous fait partager son empathie pour les personnages. On peut se dire aussi bien "comment peuvent-ils être aussi futiles ?" que "celui-là (ou celle-là) c'est pourtant bien moi". Une belle leçon de choses de la vie…

Oeuvre non trouvée

note: 5total mytho Jean-François - 30 juillet 2017

Une plongée dans l'univers de la mythologie grecque, revisité au travers de l'héroic fantasy. Les dieux grecs, ayant perdu une grande partie de leurs pouvoirs depuis l'extinction des croyances païennes, vivent reclus dans un quartier insalubre du centre de Londres, digne de Jack l'Éventreur ou de l'Opéra de Quat' Sous. Meurtres, disputes, alliances trompeuses, jalousies, mises au placard, bref on y retrouve le bruit et la fureur qui faisaient jadis le charme de l'Olympe et les délices des lecteurs de l'Iliade et de l'Odyssée. Par nécessité les dieux se sont reconvertis, Apollon fait de la télé-réalité, Aphrodite gère des sites pornos, Dionysos est patron de boîtes de nuit, et le reste est à l'encan. Cet équilibre précaire, qui dure pourtant depuis des millénaires, va être bousculé par l'intrusion de deux jeunes mortels, Neil et Alice. Neil aime en secret son amie Alice, dont Apollon va tomber follement amoureux au grand dam d'Aphrodite. De multiples rebondissements vont résulter de cette rencontre improbable, avec quelques morceaux de bravoure comme l'extinction du soleil et une visite homérique (sic) aux enfers. Marie Phillips sait nous captiver sans jamais sombrer dans le ridicule, piège dans lequel tombe assez souvent ce genre littéraire. On finirait presque par y croire…

Une enquête du commissaire Brunetti n° 22
Le garçon qui ne parlait pas (Donna Leon)

note: 5silence dans la lagune Jean-François - 30 juillet 2017

Le fils d'Ana Canavella, sourd, muet et attardé, aux dires de sa mère et des commères du quartier, est retrouvé mort étouffé dans son sommeil après avoir avalé une forte dose de somnifères. Plusieurs éléments intriguent le commissaire Brunetti, qui subodore une affaire beaucoup plus complexe que la version officielle du suicide. En bon vénitien, il sait que les langues vont être difficiles à délier mais grâce à sa pugnacité, et l'aide de quelques personnes de bonne volonté, le passé va enfin parler et la vérité éclater au grand jour. Une plongée dans l'univers, brumeux à souhait, de la lagune et de ses habitants, où le bruit et la fureur se terrent au fond de palais ténébreux. Un des meilleurs volumes de la série des enquêtes du commissaire Brunetti avec, une fois n'est pas coutume, la participation active de son épouse, fine mouche et amatrice de jeux de mots et autres subtilités langagières.

Oeuvre non trouvée

note: 5gare aux caniches Jean-François - 22 juillet 2017

Une cliente particulièrement énervée, accompagnée d'un caniche nain, frappe sans discontinuer à la porte d'un magasin de vêtements, quelques minutes après la fermeture. De guerre lasse, la vendeuse lui ouvre, et a le malheur de vouloir caresser son gentil petit chien, qui lui fait la fête. On la retrouvera pendue dans la réserve le lendemain matin. Suicide ? Meurtre ? Tel est le début d'une longue enquête dans laquelle April, une jeune inspectrice d'origine chinoise, va s'avérer plus fin limier que ses collègues les plus chevronnés. Ce polar new-yorkais se dévore d'une traite tant mystère et suspense s'affichent à longueur de pages, avec le coup de théâtre final de rigueur. Mais il vaut également par son regard aigu sur une société qui, sous couvert de démocratie et de respect des droits de l'homme, maintient les gens dans une stricte hiérarchie sociale basée sur le sexe, l'âge, les diplômes, et bien entendu la couleur de la peau.

Oeuvre non trouvée

note: 5victor, c'est toi l'plus fort ! Jean-François - 18 juillet 2017

Le génie du romancier apparaît dès "Han d'Islande", qui est celui que je préfère : dépaysement, action, coups de théâtre, personnages hauts en couleur, tous les ingrédients sont là pour maintenir en haleine le lecteur du début à la fin de cette œuvre de caractère populaire, où affleure déjà le moralisme social de l'auteur des "Misérables". Victor Hugo, dès sa vingtième année, avait déjà tout inventé en matière de ressort dramatique : aujourd'hui, on classerait "Han d'Islande" parmi les thrillers fantastico-policiers et, réécrit en langue moderne, ce serait sans doute un best-seller. À côté de ce roman "gothique" d'un jeune poète encore inconnu, le spectaculaire "Notre-Dame-de-Paris", écrit alors que l'auteur était en pleine gloire, apparaît comme un drame ampoulé, truffé de références historiques plus que douteuses et de citations latines qui n'impressionnent plus grand monde aujourd'hui. Le cinéma et la comédie musicale s'en sont emparés et l'ont rendu populaire en le débarrassant de la culture livresque que le jeune Victor, en pleine reconnaissance officielle, étalait en toute immodestie. Deux autres courts romans méritent le détour par leur force et leur caractère prémonitoire. "Le dernier jour d'un condamné" et "Claude Gueux" constituent des plaidoyers particulièrement convaincants en faveur de l'abolition de la peine de mort, qu'il aura fallu 150 ans pour voir disparaître !

Ulysse (James Joyce)

note: 5homère d'alors Jean-François - 18 juillet 2017

Joyce ne recule devant rien pour nous faire sentir la saveur de la langue (aux deux sens du terme) : du sexe, du scatologique, de l'emphase, du comique, du gargantuesque, tout est bon pour éveiller nos sensations et nous faire voir Dublin et sa faune sous un jour totalement inattendu. On s'amusera des passages où le verlan d'aujourd'hui (celui dit des "cités") remplace l'argot des quartiers populaires du Dublin de la Belle Époque. Plusieurs lectures sont possibles de cette œuvre magistrale de James Joyce. On peut s'armer d'une encyclopédie ("hénaurme" si possible) et rechercher la signification de toutes les références historiques, géographiques, philosophiques dont l'œuvre fourmille. On peut aussi, et c'est la voie la plus facile (et la plus honnête), se dire que de toute façon on ne parviendra jamais à la cheville de ce penseur universel, et se laisser bercer par la musique des mots et les sensations qu'ils nous font retrouver au travers de nos propres souvenirs. Comme dans un hamac, on se laisse bercer, ça prend le temps qu'il faut mais on y trouve un réel plaisir. Et on découvre, à travers "Ulysse", que James Joyce avait, cinquante ans avant, tout inventé du soi-disant "Nouveau roman". Que du bonheur...

Oeuvre non trouvée

note: 2ô dingos, ô bureaux... Jean-François - 8 juillet 2017

Un meurtre est commis dans le service "Planification et Contrôle" d'une société milanaise dont on ignore les tenants et les aboutissants, sauf qu'elle disposait d'un centre d'appel qui vient d'être délocalisé. Mais peu importe, car l'histoire se déroule dans une ambiance typiquement "bureauesque" comme il en existe sans doute dans toutes les grandes capitales économiques. Le meurtre se transformera rapidement en un véritable jeu de massacre en direction des employés et dirigeants les moins "méritants", tous gravitant de près ou de loin autour de la pauvre Francesca, la narratrice, qui n'en peut plus de devoir expliquer aux enquêteurs qu'elle n'a aucune relation avec les victimes. On s'attend à un bon petit polar à la "Miss Marple", où une personne que l'on croit insignifiante va finir par damer le pion aux plus fins limiers. Hélas, il n'en est rien, l'histoire se traînant entre les nombreux protagonistes, héroïne comprise, qui ne nous montrent que leurs côtés les plus ridicules. On se croirait dans une "commedia dell'arte" où masques et bouffons rivalisent de fourberie et d'imbécillité. Plein de petites notations, se voulant drôles, sur tout ce qui pimente la vie de bureau, "Meurtres à la pause-déjeuner" plaira (ou au contraire déplaira) à celles et ceux qui la vivent au quotidien, mais laissera indifférents les autres…

Animaux fragiles (Tawni O'Dell)

note: 5des taureaux et des hommes Jean-François - 1 juillet 2017

Du taureau ou de l'homme, quel est l'animal le plus fragile ? Dans son roman social qui se passe en Pennsylvanie, avec une incursion en Espagne, Tawni O'Dell nous montre les parentés qui existent entre l'homme et l'animal, tous deux animés des mêmes passions et des mêmes peurs. Qu'il s'agisse de Calladito, ce taureau hors du commun qui a réussi à tuer d'un seul coup de corne un des toréadors les plus doués de l'Espagne franquiste, ou bien de Klint, dont la vie ne tourne qu'autour de sa batte de base-ball, et de biens d'autres personnages, tous sont pris dans les rets de leurs passions, qui les conduisent à braver la mort et se jouer du qu'en dira-t-on. Un roman haut en couleurs, riche de sentiments et porteur d'un vibrant message en faveur de la tolérance et de l'amour. Il est difficile de définir pourquoi on s'attache dès les premières pages à ces personnages représentant tout l'éventail des âges et des classes sociales, mais le résultat est là : on est pris au piège de la lecture et la dernière page est refermée avec bien des regrets, et l'envie pressante de lire un autre de ses romans…

Le Rêve du village des Ding (Lianke Yan)

note: 4sidinaction Jean-François - 17 juin 2017

Un étrange roman, qui se veut aux confins du rêve mais constitue bel et bien au travers de la fable une remise en cause du modèle politique et économique sur lequel repose la Chine d’aujourd’hui. Le village en question est victime de ce qu’on appelle la "fièvre" et qui, dix années plus tard, sous le nom de sida, s’avérera un des plus terribles fléaux de l’humanité moderne. Sous couvert de patriotisme, en fait appâtés par l’aisance matérielle qu’on leur fait miroiter, les habitants de ce village dépourvu de tout confort ont décidé de donner leur sang, sans savoir que celui-ci a été contaminé par un virus encore inconnu, ou plutôt dont on leur cache soigneusement les méfaits. Dix ans plus tard, le village n’est plus que ruines, malgré la construction de maisons en brique, de routes et de tout ce qui est censé faire le bonheur. Les rares habitants ayant échappé à la terrible maladie se sont empressés de partir vers la capitale régionale ou des contrées encore plus reculées. Dans cet intervalle de dix années, la corruption a fait rage, quelques-uns, dont le père même du narrateur, ayant profité de la crédulité des habitants pour s’enrichir et accaparer les biens communs. Prévarication, cupidité, jalousie, rancune se donnent la main dans ce portrait au vitriol d’une société en pleine déliquescence, où les valeurs traditionnelles de respect mutuel s’effondrent. Un rêve éveillé qui fait froid dans le dos…

Les gens heureux lisent et boivent du café n° 2
La vie est facile, ne t'inquiète pas (Agnès Martin-Lugand)

note: 4irish romance (continued) Jean-François - 17 juin 2017

Après "Les gens heureux lisent et boivent du café" on suit Diane, héroïne et narratrice, dans la suite de son périple amoureux. Les jeux de l'amour et du hasard se poursuivent, entre Paris et l'Irlande, ce pays resté si cher à son cœur lorsqu'elle y avait trouvé refuge après la mort de sa fille et de son mari. Malgré le côté toujours "roman à quat'sous" qui a fait son succès, on ne peut rester insensible au charme de ce récit, tout en tendresse et qui va, enfin, amener Diane aux portes du bonheur. On fume beaucoup, trop, dans les romans de cette jeune auteure. On y boit beaucoup aussi et on espère voir un jour Diane/Agnès capable de marcher sans ses deux béquilles…

Oeuvre non trouvée

note: 3zombies à gogo Jean-François - 10 juin 2017

Waynesboro, Géorgie, quelque part à l'est de la capitale, Atlanta. Une curieuse épidémie s'est répandue, les morts semblant ressusciter sous la forme de répliques quasi humaines avides de chair fraîche : les morts-vivants. Parmi eux un petit groupe de survivants va devoir combattre cette armée des ombres, pour survivre et tenter de rejoindre ce qui reste de la "civilisation". Un thriller fantastique, où l'horreur voisine avec la violence pure. Une histoire habilement ficelée, point de départ d'une célèbre saga adaptée pour la télévision, qui plaira sans doute aux amateurs du genre. Hélas le message est quasi inexistant, à moins que l'on veuille nous faire croire que la cruauté est un mal nécessaire et la force le seul moyen de régler les problèmes de l'humanité…

Oeuvre non trouvée

note: 3zombies à gogo Jean-François - 10 juin 2017

Waynesboro, Géorgie, quelque part à l'est de la capitale, Atlanta. Une curieuse épidémie s'est répandue, les morts semblant ressusciter sous la forme de répliques quasi humaines avides de chair fraîche : les morts-vivants. Parmi eux un petit groupe de survivants va devoir combattre cette armée des ombres, pour survivre et tenter de rejoindre ce qui reste de la "civilisation". Un thriller fantastique, où l'horreur voisine avec la violence pure. Une histoire habilement ficelée, point de départ d'une célèbre saga adaptée pour la télévision, qui plaira sans doute aux amateurs du genre. Hélas le message est quasi inexistant, à moins que l'on veuille nous faire croire que la cruauté est un mal nécessaire et la force le seul moyen de régler les problèmes de l'humanité…

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note: 3irish romance Jean-François - 5 juin 2017

Si "Entre mes mains le bonheur se faufile" n'est guère plus qu'un "Harlequin" amélioré, il semble que cette fois-ci la mayonnaise ait mieux pris. Il y a toujours de l'amour, bien sûr, beaucoup de sentiments voire de passion, mais cette fois les personnages ont de l'épaisseur et on s'y attache, ainsi qu'au milieu dans lequel ils évoluent. Malgré des recettes faciles (des personnages que tout repousse vont se trouver attirés inexorablement l'un vers l'autre), on se prend vite d'intérêt pour cette jeune femme, qui vient de perdre mari et enfant et tente de se reconstruire dans un des coins les plus isolés de la lointaine Irlande. L'écriture est toujours aussi fluide, la lecture est donc agréable même si le traitement du sujet reste assez banal et ne délivre pas de message…

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note: 5le meyer de lui-même Jean-François - 3 juin 2017

Jean Echenoz aime les situations hors du commun, qui mettent les personnages face à eux-mêmes, qu'il s'agisse de la guerre ("14"), une île inhabitée ("Le méridien de Greenwich"), ou bien encore les glaces polaires ("Je m'en vais"). Ici nous assistons à un tremblement de terre, suivi d'un tsunami, qui va décimer la ville de Marseille, suivi d'une mise sur orbite à bord d'un vaisseau spatial lancé depuis la base de Kourou. Deux situations où les deux personnages principaux vont se rencontrer et devoir cohabiter, coupés du monde et de ses clameurs. Là encore, le mystère est présent tout au long du récit : mais qui est ce narrateur qui semble non seulement raconter sa propre histoire mais également celle de ce Meyer qu'il accompagne pas à pas ? De la belle ouvrage, excellemment écrite par un auteur dont on ne se lasse pas, livre après livre…

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note: 5le meyer de lui-même Jean-François - 3 juin 2017

Jean Echenoz aime les situations hors du commun, qui mettent les personnages face à eux-mêmes, qu'il s'agisse de la guerre ("14"), une île inhabitée ("Le méridien de Greenwich"), ou bien encore les glaces polaires ("Je m'en vais"). Ici nous assistons à un tremblement de terre, suivi d'un tsunami, qui va décimer la ville de Marseille, suivi d'une mise sur orbite à bord d'un vaisseau spatial lancé depuis la base de Kourou. Deux situations où les deux personnages principaux vont se rencontrer et devoir cohabiter, coupés du monde et de ses clameurs. Là encore, le mystère est présent tout au long du récit : mais qui est ce narrateur qui semble non seulement raconter sa propre histoire mais également celle de ce Meyer qu'il accompagne pas à pas ? De la belle ouvrage, excellemment écrite par un auteur dont on ne se lasse pas, livre après livre…

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note: 2harlequin amélioré Jean-François - 3 juin 2017

Une histoire de tissus, une histoire d'amour, dans le Paris de la mode, des faux-semblants, le Paris clinquant cher à la presse à sensation. C'est dans ce paradis ô combien artificiel que se trouve un jour transportée Iris, mal mariée à un homme imbu de sa carrière plus que de la réussite de son couple, quelque part dans une Province imaginaire que l'on sent plus proche de Bordeaux que de Roubaix. Elle va être lancée dans le monde par Marthe, une riche femme d'affaires qui a découvert son talent de créatrice de mode. Hélas, ce destin hors du commun a son revers de la médaille et elle va devoir batailler ferme pour conserver honneur et liberté. Hélas, ce qui aurait pu être une peinture acerbe d'un milieu tout en superficialité, où l'argent facile sert à cacher les pires turpitudes, pourrait figurer parmi les meilleurs romans à l'eau de rose de la célèbre collection Harlequin. La qualité de l'écriture, qui rend la lecture assez agréable, peine à masquer la banalité du propos. Seul le titre vaut qu'on s'y attarde…

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note: 5viva vialatte Jean-François - 27 mai 2017

La Montagne, journal des auvergnats. C'est dans ce quotidien régional qu'Alexandre Vialatte écrivit, à partir de 1952, pas loin de neuf cent chroniques hebdomadaires, qui firent sa renommée, et celle du journal par la même occasion. "Alexandre Vialatte à La Montagne" nous en présente treize, sélectionnées par la rédaction du journal et quelques membres du fan-club du célèbre écrivain. On y appréciera, au choix, sa liberté de ton, permise par son peu de goût pour les mondanités, son humour si particulier, sa perception aigüe des petits travers de la gent littéraire, son observation attentive des us et coutumes de ses concitoyens, et par-dessus tout ce style inimitable, n'hésitant pas à manier paradoxes et incongruités. En guise de signature, le leitmotiv "Et c'est ainsi qu'Allah est grand" nous renvoie à notre petitesse devant ces mille et une choses qui nous échappent et que l'écrivain tente de fixer sur la page, pour notre plus grand plaisir…

La bibliothèque des coeurs cabossés (Katarina Bivald)

note: 5chère sara Jean-François - 27 mai 2017

Chère Sara, c'est par ces mots que commencent les lettres envoyées de Broken Wheel, Iowa, par Amy Harris à sa correspondante suédoise, Sara Lindqvist. Toutes deux, au-delà de leurs différences, partagent une même passion pour les livres et vont bientôt s'échanger ceux qu'elles ont aimés. Une invitation au voyage suivra. Et voilà notre jeune lectrice suédoise, toute émue de débarquer dans ce grand pays qui l'a fait tellement rêver, découvrant une ville sinistrée, isolée au milieu des champs de maïs (très probablement génétiquement modifiés, comme ses habitants), peuplée de ce qui ressemble assez bien à la description habituelle des morts-vivants. La maison d'Amy lui est grande ouverte, malheureusement sans son hôtesse, décédée depuis peu. Sara songe à repartir, mais elle va finalement se décider à rester, le temps de souffler un peu et de profiter de la collection extraordinaire qu'a rassemblée Amy tout au long de sa vie. La suite ne se raconte pas, tant elle va de rebondissements en rebondissements au fil de l'imagination fertile de l'auteure. Une fable attachante, qui se lit comme un roman d'aventures. Il y a du mystère, de l'amour, du suspense, et l'on s'attache très vite aux personnages, dont le destin va être bouleversé jusqu'au bouquet final. Un message profondément humaniste, et un bon, très bon moment de lecture, que l'on aurait envie de prolonger…

Et maintenant il ne faut plus pleurer (Linn Ullmann)

note: 5alma mater Jean-François - 20 mai 2017

Le cadavre de Mille, une jeune fille au pair installée à Mailund, vaste propriété familiale non loin d'Oslo, a été découvert par deux enfants recherchant un trésor dans les bois. À partir de ce personnage, jeune beauté lunaire qui éveille les désirs masculins, ce sont trois générations d'hommes et de femmes qui vont être soumises au scalpel implacable de Linn Ullmann. On voit ses personnages se transformer au fil du temps, grandir au contact les uns des autres, au milieu des non-dits et des secrets accumulés. Une vision trouble, voire angoissante car le mystère demeure jusqu'à la dernière page. Par moment on aurait envie de sauter des pages, pour en savoir plus et plus vite, sur ce que les uns et les autres nous cachent. Il faut au contraire accepter de progresser au rythme que nous impose l'auteure, le long des méandres de ce voyage au cœur de l'âme humaine. Un beau thriller psychologique venu du froid et des brouillards.

Le vestibule des causes perdues (Manon Moreau)

note: 5rédemption Jean-François - 13 mai 2017

En quête de rédemption, des pèlerins en route vers Saint-Jacques de Compostelle vont se rencontrer, se parler, s'entraider, et entamer un parcours qui va les aider à soigner leurs plaies, tant physiques que mentales. Mara l'anorexique, Robert l'ouvrier retraité désœuvré, Árpád, qui fuit la paternité dans sa Hongrie natale, Clotilde, corsetée dans son éducation traditionaliste, et bien d'autres, de toutes conditions sociales, de tous âges, de toutes cultures. Ils vont vivre ensemble pendant plusieurs mois, tantôt se perdant de vue, tantôt se retrouvant au fil des étapes, et vivre une expérience inoubliable au long des 1600 kilomètres de ce parcours hors du commun. Leur histoire est racontée avec un amour profond pour tous les personnages, amour que l'on ne peut que partager à la lecture, tant l'écriture, dans sa simplicité (apparente) et sa fraîcheur (réelle), laisse toute sa place aux sentiments, les plus sombres comme les plus lumineux. C'est également un message profondément humaniste, bien salutaire en ces temps d'incertitude…

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note: 5enfant ou soldat ? Jean-François - 6 mai 2017

Pendant la guerre entre le Japon et les États-Unis la résistance du peuple japonais, groupé derrière son empereur considéré comme un dieu vivant, fut hors du commun. À l’approche de la défaite, qui sera scellée par les terribles bombardements nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki, femmes et enfants se joignirent aux troupes militaires pour tenter de repousser un ennemi mettant en œuvre de gigantesques moyens. Dans ce roman très réaliste Akira Yoshimura narre l’histoire de Shinichi, un collégien qui tient à tout prix à participer lui aussi à l’effort de guerre. Pendant la terrible conquête de l’île d’Okinawa, où plus d’une centaine de milliers de civils préférèrent se suicider plutôt que tomber aux mains de l’ennemi, il va parvenir à se faire enrôler dans une unité spéciale. Au fil des avancées de l’armée américaine, il va se trouver isolé et devoir errer d’abri en abri, jusqu’à la falaise terminale où le seul espoir de mourir dignement est de se jeter dans la mer. Le récit, volontairement dépouillé, laisse toute à sa place aux images de la guerre, peinte dans toute son horreur. On reste fasciné par le pouvoir des humains de dépasser leurs souffrances et d’affronter la mort avec fierté lorsqu’un idéal élevé les anime. Un témoignage qui tranche avec les innombrables récits de la guerre contre les "japs", vue du côté yankee, qui ont abreuvé notre culture occidentale.

Le petit Bonzi (Sorj Chalandon)

note: 2enfance, revue et corrigée Jean-François - 30 avril 2017

Jacques Rougeron redouble son CM2. Il bégaie et semble la risée de ses camarades. Heureusement, par le truchement de son fidèle Bonzi, qui le suit partout, il peut s'exprimer librement, loin du regard des autres. Tel est son terrible secret. Sur cette trame minimaliste, qui aurait pu faire l'objet d'une nouvelle délicatement ciselée, Sorj Chalandon a bâti un roman, court mais néanmoins d'un ennui profond. Les enfants y sont pourvus d'un langage peu crédible, même pour l'époque (1964). En fait, il s'agit d'un exercice de style, bavard, qui témoigne d'un mépris profond pour l'enfance, ses peurs, sa méconnaissance du monde des adultes, plus que d'une volonté de transcrire par les mots cet état en perpétuel devenir. D'autres ont essayé, avec succès, de se mettre dans la peau d'enfants ("Zazie dans le métro", "Alain et le nègre") ou d'handicapés mentaux ("Des souris et des hommes", "Le bruit et la fureur"), mais jamais n'ont ridiculisé les personnages dont ils tentaient de reproduire pensées et langage. Dommage, car il émane malgré tout une certaine poésie de ce récit digne de "La foire aux cancres".

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note: 5amitiés sino-américaines Jean-François - 29 avril 2017

Un chinois expatrié aux États-Unis et membre des milieux mafieux associés à l'immigration clandestine, accepte de témoigner et jouer le rôle de "repenti" à condition que sa femme puisse venir le rejoindre. Tel est le début d'une collaboration officieuse entre Chinois et Américains (une fois n'est pas coutume) pour exfiltrer cette femme au nez et à la barbe des "triades", les fameuses mafias chinoises, et leurs amis bien placés au sein des plus hautes instances du pays. L'inspecteur Chen (que l'on a déjà vu à l'œuvre dans l'excellent "Mort d'une héroïne rouge") est chargé de cette délicate mission, placée comme il se doit sous la surveillance étroite du "Parti". Mais notre héros, chargé de distraire son homologue américaine plus que de la faire participer à l'opération, a plus d'un tour dans son sac et saura déjouer les manœuvres des uns et des autres. Roman policier ou d'espionnage ? Un peu de tout ça, mais aussi une romance bien sympathique entre deux personnages qui ont beaucoup de choses à partager. La poésie est présente, car notre inspecteur est lui-même poète à ses heures et base souvent son action sur les préceptes de ses auteurs préférés. Un récit plein de rebondissements et une mise à nu sans pitié des rouages complexes de la société chinoise, de Shanghai jusqu'aux campagnes les plus reculées. Une petite merveille…

Dans son ombre (Gerald Seymour)

note: 5the winner and the loser Jean-François - 16 avril 2017

Albert William Packer alias "Mister", règne sur la pègre londonienne, avec l’appui de son avocat attitré, Henry Arbuthnot alias "L’Aigle", qui lui a permis de sortir libre d’un procès retentissant après trois ans de traque par les plus fins limiers du Royaume-Uni. Joey Cann est un "perdant", du moins se définit-il comme tel. Refusé à l’armée, pour cause de myopie aggravée, il a rejoint le corps des douanes, où il a participé comme simple archiviste à l’équipe chargée d’accumuler les charges pesant contre "Mister". La faillite de l‘entreprise, pourtant soutenue au plus haut niveau, va contraindre les autorités à revoir la stratégie utilisée pour mettre à bas le tout-puissant roi de la drogue. Joey, sorti miraculeusement de son placard par un de ses supérieurs hiérarchiques, va se retrouver en première ligne contre ce génie du mal incarné. Un récit haletant, mené avec une maîtrise hors du commun, mettant aux prises les forces du Bien et du Mal dans une vision sombre mais pourtant jamais manichéenne de l’humanité. Ancré dans l’actualité, ce roman noir, très noir, nous emmène visiter les recoins les plus cachés du comportement humain. Un récit haletant jusqu’à la dernière signe mais aussi un pamphlet au vitriol contre la guerre, la corruption, les faux-semblants qui font, hélas, croire aux puissants qu’ils nous gouvernent…

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note: 4amours saoudites Jean-François - 8 avril 2017

Comment concilier l’amour et la foi, lorsqu’on est une jeune fille vivant en Arabie Saoudite ? Pas facile, facile, malgré internet et les mille et une possibilités qu’il offre pour communiquer. Présenté comme une série de messages électroniques hebdomadaires envoyés comme des bouteilles à la mer par une de ces jeunes filles souhaitant dénoncer l’oppression dont sont victimes les femmes en terre d’islam, il conte les mésaventures de quatre amies, Sadim, Gamra, Michelle et Lamis. Elles font partie de la "bonne société", ce qui, dans ce pays aux multiples contrastes, veut dire qu’elles sont excessivement riches, l’argent n’étant pas, et de loin, leur principal problème. Leur problème, c’est bel et bien l’amour, et surtout l’impossibilité de le vivre lorsque l’homme est conditionné par des siècles de croyance en sa toute puissance et son impunité, reposant prétendument sur des textes sacrés. Seule l’une d’entre elles, Lamis, parviendra au paradis sur terre, rencontrant après bien des déboires amoureux un homme avec qui elle pourra partager ses sentiments. Pour les trois autres, la terre sera au pire une vallée de larmes, au mieux un arrangement avec le destin au prix du sacrifice de sa liberté. Un témoignage émouvant, empreint d’une profonde sincérité, bien que l’on puisse regretter que les souhaits de ces jeunes filles ne soient pas toujours exempts d’une certaine superficialité.

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note: 5chat alors… Jean-François - 1 avril 2017

Comment la rencontre avec un chat de hasard peut-elle transformer votre vie ? La réponse est dans ce petit roman, écrit avec une légèreté qui ne l'empêche pas d'aborder des thèmes aussi sérieux que la solitude, la vieillesse et la mort, l'amour aussi et par-dessus tout cela ces mille petits riens qui font le charme de la vie. Beaucoup de fraîcheur et de sincérité dans ce plaidoyer pour une humanité plus ouverte sur le monde extérieur, acceptant la différence. Ce qui arrive à Samuel, ce solitaire qui ne jure que par son travail et son train-train quotidien, pourrait arriver à n'importe lequel d'entre nous. D'un seul coup un événement, venu bousculer ce fragile équilibre auquel on tient tant, va nous plonger dans un autre monde, celui des possibles : revivre un amour d'enfance, parler avec ses voisins, sortir enfin de son enfermement. L'effet papillon ? Une expression à la mode pour montrer comment de grandes choses peuvent surgir d'un événement fortuit, comme il suffit d'un rien pour transformer le monde. Donnez-moi un levier, je soulèverai la Terre, un vieil adage toujours d'actualité…

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note: 3espion, qui es-tu ? Jean-François - 25 mars 2017

Frankie, barman au Blue Lou's, est un bon copain. Avec Christoph, Judith et Emma, ils forment une petite bande de jeunes sympathiques, sans problèmes, venant d'horizons sociaux très variés. Jusqu'au jour où le dénommé Frankie, qui a une bonne dizaine d'années de plus qu'eux et leur sert de mentor, va les entraîner dans une aventure qui va les mener aux quatre coins de l'Europe, sous prétexte d'une "mission" au service d'une "cause" (on ne saura jamais laquelle) qui va les obliger à de nombreux sacrifices. Coupés de leur famille, qu'ils sont chargés de rançonner sous prétexte de se mettre à l'abri de poursuivants réels ou imaginaires, ils vont devoir se soumettre aux quatre volontés d'un personnage qui les manipule jusqu'à leur faire perdre toute identité. Une montée lente vers l'abolition de tous les liens qui les reliaient à la société, y compris les liens (d'amour, d'amitié) qui s'étaient tissés entre eux au fil du temps. Une vision apocalyptique d'un monde en perdition, où tous les repères s'effondrent, où l'on ne sait plus distinguer le réel de l'imaginaire, le bien du mal. Hélas, on se demande bien quel message l'auteur a voulu délivrer car, jusqu'à la fin du livre, on se posera la question : et si Frankie était lui-même une victime ? Roman d'espionnage ? Oui, certes, et très bien écrit, mais terriblement décevant par son manque de perspectives…

Oeuvre non trouvée

note: 5brrr… Jean-François - 18 mars 2017

Un roman fantastique, brodant sur le thème du célèbre "Vaisseau fantôme", ce bateau sans équipage à bord, errant sur les mers nordiques, qui inspira Richard Wagner et tant d'autres. Ici, il s'agit du journal de bord d'un jeune marin, parti de Norvège un beau jour de 1927 sur un navire baleinier, le "Providence". La providence ne va guère être au rendez-vous, des forces maléfiques venant déjouer le destin de ce bateau et de son équipage. L'angoisse est savamment distillée, sans effets inutiles, le lecteur lui-même, son imagination aidant, se laissant doucement embarquer dans ce voyage aux confins de l'horreur. Une réussite du genre, pour un premier roman qui dénote un réel talent d'écriture.

Le commissaire Bordelli (Marco Vichi)

note: 4fait chaud… Jean-François - 18 mars 2017

À Florence, au mois d'août, il fait chaud, très chaud et l'air est chargé d'humidité. Les privilégiés profitent de leur piscine, mais le commissaire Bordelli souffre de cette moiteur, lui qui préfère travailler lorsque ses collègues sont en vacances. Difficile de se concentrer sur l'enquête en cours, une vieille femme morte d'une crise d'asthme dans des circonstances assez douteuses. L'enquête va traîner, au rythme des humeurs et des malaises de notre commissaire, qui va chercher des distractions dans les plats amoureusement cuisinés par son ami Botta, un repris de justice avec lequel il a sympathisé. Comme on l'aura compris, l'intérêt de ce policier hors du commun, peinture truculente de la Florence des années 60, est dans le cadre, pas dans le tableau. Amateurs d'énigmes policières, ne vous découragez surtout pas, car une surprise vous attend…

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note: 5tout ça pour ça… Jean-François - 12 mars 2017

Bébé travaille au "Minou Joyeux", une maison de passe de la petite ville de "B Movie Hell" (3672 habitants), quelque part au fin fond de la campagne US. Tenue de main de maître par Silvio Mellencamp, un malfrat plein aux as qui l'a "achetée" pour ses bons plaisirs et ceux de ses hommes de main, la ville est totalement à ses pieds, policiers et édiles compris. Tel est le cadre de l'incroyable et sanglante mascarade qui va se dérouler à la suite de l'arrivée d'un tueur fou bientôt suivi de deux agents très spéciaux au service d'une peu glorieuse majesté. Tout ça pour… Vous le saurez en dégustant ce cadavre exquis issu d'un mystérieux auteur désirant rester anonyme, sans doute par peur des représailles. Tout dans ce thriller bizarroïde n'est que plagiat de séries B et de la pire télé réalité, mais la mayonnaise prend et, à condition d'être amateur du genre, le plaisir de la lecture est total. À prendre au second degré ? Voire… Si le roman original n'avait pas été publié en 2013 on pourrait y voir une allégorie de l'Amérique des années Trump telles qu'elles se dessinent sous nos yeux éberlués.

Oeuvre non trouvée

note: 5une romance d'aujourd'hui Jean-François - 11 mars 2017

La rencontre se fait à l'hôpital, quelque part en Alsace, là ou Juliette est infirmière, là aussi où un jeune pompier, Roméo (sic !), vient d'être admis aux urgences après être tombé du haut de la grande échelle, en tentant de porter secours à une fillette enfermée dans sa chambre en flammes. Huit étages, tout de même, ça fait une sacrée chute, et son pronostic vital est engagé, selon le langage en vogue dans le milieu hospitalier. La suite, il faut laisser le lecteur en profiter en toute liberté, même si on devine que le dénouement final sera heureux, pour faire mentir, une fois n'est pas coutume, ce bon vieux Shakespeare. Agnès Ledig, dans son style enlevé et allant directement à l'essentiel, sait nous faire partager les grands moments aussi bien que les mille et une petites choses de la vie. L'empathie est totale avec ses personnages, des gens simples qui vont évoluer au contact les uns des autres, sans jamais accumuler les clichés. Une lecture bien agréable, qui en réconciliera plus d'un(e) avec la vie, et avec… les hôpitaux !

Les aventures d'Olivier Hauteville
Dans les griffes de la Ligue (Jean d'Aillon)

note: 5le béarnais Jean-François - 5 mars 2017

Une chevauchée pleine de surprises et de rebondissements, au cœur de la mêlée qui opposa Henri de Navarre, le futur Henri IV, aux troupes liguées contre l’héritier légitime de la couronne de France. Bien documenté, mariant personnages réels et imaginaires (Olivier Hauteville, chevalier de la Fleur-de-Lys, Nicolas Poulain, Eustache de Cubzac et quelques autres), ce roman historique haut en couleurs représente ce qui se fait de mieux dans le genre. Guerres et intrigues ne cessent de se croiser, la religion n’étant, hier comme aujourd’hui, qu’un prétexte à se hisser vers le pouvoir. Paris a pris fait et cause pour le camp catholique, profondément divisé mais allié pour l’occasion contre le camp protestant, et Navarre va avoir bien du mal à se faire admettre comme roi après l’assassinat de son cousin Henri III, excommunié comme « bougre », en raison de son attrait (avéré ou supposé ?) pour les personnes de son sexe. L’auteur connait sur le bout des ongles son histoire de France, sans oublier pour autant d’appâter le lecteur avec quelques scènes de bravoure, sur les champs de bataille ou à la recherche de mystérieux souterrains, et sans jamais s’écarter de la vraisemblance. Une réussite…

USA n° 1
42e parallèle (John Dos Passos)

note: 4mon amérique à moi Jean-François - 26 février 2017

Mac, Bill, Janey, J. Ward, Eleanor, Charley, six personnages en quête d'identité dans l'Amérique du début du vingtième siècle, en plein essor économique. L'essor n'est pas pour tout le monde, hélas, l'écart se creusant entre les déclassés (Mac, Bill, Charley) et ceux, plus malins, plus chanceux (?), qui vont s'en sortir par le haut, tel J. Ward Moorehouse, devenu un richissime homme d'affaires peu scrupuleux, qui va entraîner Janey et Eleanor dans son ascension sociale. Tous ces personnages, qui vont se rencontrer au hasard de leurs destins tourmentés, vivent comme rarement la littérature a su le faire, malgré quelques artifices littéraires dont l'auteur aurait pu se passer. L'époque (le roman a été écrit en 1930) est aux expériences, notamment picturales, et l'influence d'un Francis Picabia et des peintres cubistes n'est sans doute pas étrangère à la technique du "collage" que n'hésite pas à employer l'auteur. Insérant dans les parcours entrecroisés de nos héros des extraits de journaux de l'époque ("Actualités") et de courts textes qui semblent tirés de ses propres écrits ("Chambre noire"), John Dos Passos se veut "moderne" sur le plan du style, mais presqu'un siècle plus tard cette "modernité" semble bien désuète. On peut aisément sauter ces passages, qui n'apportent guère de matière au récit, n'en déplaise aux puristes que j'entends d'ici hurler au sacrilège…

Sebastien Bergman n° 1
Dark secrets (Michael Hjorth)

note: 5je ne suis pas un meurtrier Jean-François - 11 février 2017

Je ne suis pas un meurtrier ! C'est par ces mots que commence un des meilleurs polars que j'ai lus ces dernières années. Dès les premières pages, tout est fait pour égarer le lecteur face à ce crime horrible : un adolescent retrouvé au fond d'une mare, le cœur arraché. On croit avoir compris qui est les meurtrier avant les policiers qui vont mener l'enquête, on croit beaucoup de choses, comme par exemple que l'assassin s'est glissé parmi les membres de l'équipe chargée de l'enquête, et que sais-je encore ? Il va falloir lire, qui dis-je lire, dévorer (oui, je sais, l'image est un peu forte au vu du contexte) les presque 600 pages de ce polar venu du froid, pour tirer enfin tous les fils de cet incroyable scénario. Toute une équipe va s'y mettre au commissariat de Västerås, une ville de Suède située au bord du lac Mälar. De l'action, bien sûr, mais aussi beaucoup de psychologie tant la vie personnelle de ces policiers et policières est passée au peigne fin, ainsi que celle des protagonistes du drame. Malgré les innombrables personnages, malgré les pistes tout aussi fausses les unes que les autres, on suit parfaitement l'intrigue jusqu'au dénouement final et rien ne semble jamais "fabriqué". Un chef-d'œuvre, premier d’une trilogie que l’on a hâte de découvrir…

La petite boulangerie n° 1
La petite boulangerie du bout du monde (Jenny Colgan)

note: 5baker street Jean-François - 4 février 2017

Un petit roman bien sympathique, qui nous vient d'Outre-Manche. Jenny Colgan nous conte l'histoire de Polly, une jeune femme venant s'installer dans un coin perdu de Cornouailles, aux confins de la Manche et de la Mer d'Irlande. La faillite de son couple, et accessoirement de son entreprise, la laisse sans le sou, à la recherche d'un logement et d'un travail, aussi modestes soient-ils. Elle va donc atterrir dans cette presqu'île, isolée du continent par un chemin de pierre recouvert à chaque marée haute, mais où on peut se loger pour pas cher. Comme elle fait de merveilleux petits pains (la recette figure en fin d'ouvrage, ainsi que quelques autres), elle va faire de la boulangerie son nouveau métier, et conquérir le cœur des habitants, dont celui de quelques amoureux. Tout n'est pas rose pourtant dans ce roman, car la vie est rude à Mount Polbearne, et les marins savent que leur vie tient parfois à un fil. L'auteure a su garder un juste équilibre entre les genres, entre comédie romantique et roman de mœurs, tout en lançant un message humaniste. Et elle sait à merveille maintenir constamment l'intérêt du lecteur. Un sacré bout de femme, cette Polly…

Je m'en vais (Jean Echenoz)

note: 5dare dare… Jean-François - 21 janvier 2017

Félix Ferrer, marchand d’art contemporain, en a un peu assez de se faire le commis-voyageur de vidéastes, installateurs et plasticiens en vogue, qui lui rapportent de l’argent mais n’éveillent guère son sens artistique. Il tombe sur un "tuyau" qui l’emmène dans les terres arctiques à la poursuite d’un vieux navire échoué, porteur d’une riche cargaison d’art inuit traditionnel. Ce voyage à haut risque lui laisse entrevoir, outre une possibilité nouvelle d’enrichissement personnel, l’espoir d’une reconversion vers des formes d’art plus "authentiques". Il va donc partir, réussir dans son projet, et revenir avec des étincelles dans les yeux et une arrière-boutique bien remplie. Hélas, croyant voir la fin de ses soucis, il va rapidement s’apercevoir que ceux-ci ne font que commencer. Dans ce polar peu conformiste, Jean Echenoz déploie tout son talent au service d’une littérature agréable à lire tout en étant de la plus haute exigence. Sa vision du réel, toute en décalages, allant du proche au lointain, tournant autour du sujet comme une caméra en perpétuel mouvement, nous emmène dans un monde qui tout en étant le nôtre s’avère totalement réinventé par la seule magie de l’écriture. Un régal…

Je m'en vais (Jean Echenoz)

note: 5dare dare… Jean-François - 21 janvier 2017

Félix Ferrer, marchand d’art contemporain, en a un peu assez de se faire le commis-voyageur de vidéastes, installateurs et plasticiens en vogue, qui lui rapportent de l’argent mais n’éveillent guère son sens artistique. Il tombe sur un "tuyau" qui l’emmène dans les terres arctiques à la poursuite d’un vieux navire échoué, porteur d’une riche cargaison d’art inuit traditionnel. Ce voyage à haut risque lui laisse entrevoir, outre une possibilité nouvelle d’enrichissement personnel, l’espoir d’une reconversion vers des formes d’art plus "authentiques". Il va donc partir, réussir dans son projet, et revenir avec des étincelles dans les yeux et une arrière-boutique bien remplie. Hélas, croyant voir la fin de ses soucis, il va rapidement s’apercevoir que ceux-ci ne font que commencer. Dans ce polar peu conformiste, Jean Echenoz déploie tout son talent au service d’une littérature agréable à lire tout en étant de la plus haute exigence. Sa vision du réel, toute en décalages, allant du proche au lointain, tournant autour du sujet comme une caméra en perpétuel mouvement, nous emmène dans un monde qui tout en étant le nôtre s’avère totalement réinventé par la seule magie de l’écriture. Un régal…

Dans les yeux des autres (Geneviève Brisac)

note: 2la seringue et la plume Jean-François - 15 janvier 2017

Molly et Anna, l'une est médecin, en dispensaire, l'autre écrivain, en panne d'inspiration après un livre à succès publié sous le pseudonyme de Deborah Fox. Elles ont milité ensemble dans une organisation semi-gauchiste, semi-terroriste, aux contours mal définis, qui les a emmenées aux quatre coins du pays puis au Mexique, en soutien à la révolution zapatiste du Chiapas. Dans son livre, Anna dit tout, tout ce qui était gravé dans son "carnet rouge", celui où elle notait au jour le jour sa vie de militante. Pas mal pour une "clandestine" !! Bien entendu, cela lui vaut l'ire de sa sœur et un procès en bonne et due forme. Des hommes et des femmes gravitent autour d'elles, la vie les a changés, en bien ou en mal, mais ils sont restés soudés les uns aux autres comme des poissons incapables de quitter le bocal où ils tournent inlassablement. Geneviève Brisac accumule les clichés sur cette génération, qui est pourtant la sienne, et les effets de style (on aurait envie de dire "de manche"), qui alourdissent le récit, ne compensent pas la "faiblesse du scénario". Difficile d'aimer ces personnages qui au fil du temps en arrivent à se détester sans être pour autant capables de vivre les uns sans les autres. Un vide existentiel est-il un bon sujet de roman ? On peut en douter, seul un François Mauriac aurait, peut-être, pu en faire quelque chose…

Oeuvre non trouvée

note: 5sur la plage à oléron… Jean-François - 14 janvier 2017

Voilà un roman qui ravira les fans d'Annie Ernaux. Le ton est juste, les mots sont précis, dégraissés du superflu et de tout effet de style, le tout au profit d'une vision aigue de la réalité. Bref, un roman comme on aimerait en lire plus souvent. Le récit est basé sur le souvenir, souvenir d'une jeunesse insouciante, des amours de plage, avant que l'on se lance dans la conquête d'un métier, avant que l'on sache quoi faire de sa vie. Laure Narsan, écrivain reconnu à défaut d'être renommée, se souvient de ses vingt ans où elle était tombée follement amoureuse du Bel Aurélien, de ces vacances à Oléron où leur amour a pu, enfin, être "consommé". Mais la vie est pleine de surprises, parfois belles, parfois tristes, et le bel Aurélien ne sera pas l'homme avec lequel Laure fera sa vie. Des surprises, Anne-Sophie Brasme nous en ménage tout au long de ce récit, où le présent de l'écriture alterne avec le passé revécu à l'occasion d'une perte d'inspiration. En prime, un délicieux anachronisme, qui n'en est pas un si l'on y réfléchit bien. À vous de le découvrir…

Oeuvre non trouvée

note: 5sur la plage à oléron… Jean-François - 14 janvier 2017

Voilà un roman qui ravira les fans d'Annie Ernaux. Le ton est juste, les mots sont précis, dégraissés du superflu et de tout effet de style, le tout au profit d'une vision aigue de la réalité. Bref, un roman comme on aimerait en lire plus souvent. Le récit est basé sur le souvenir, souvenir d'une jeunesse insouciante, des amours de plage, avant que l'on se lance dans la conquête d'un métier, avant que l'on sache quoi faire de sa vie. Laure Narsan, écrivain reconnu à défaut d'être renommée, se souvient de ses vingt ans où elle était tombée follement amoureuse du Bel Aurélien, de ces vacances à Oléron où leur amour a pu, enfin, être "consommé". Mais la vie est pleine de surprises, parfois belles, parfois tristes, et le bel Aurélien ne sera pas l'homme avec lequel Laure fera sa vie. Des surprises, Anne-Sophie Brasme nous en ménage tout au long de ce récit, où le présent de l'écriture alterne avec le passé revécu à l'occasion d'une perte d'inspiration. En prime, un délicieux anachronisme, qui n'en est pas un si l'on y réfléchit bien. À vous de le découvrir…

Notre vie antérieure (Anne-Sophie Brasme)

note: 5sur la plage à oléron… Jean-François - 14 janvier 2017

Voilà un roman qui ravira les fans d'Annie Ernaux. Le ton est juste, les mots sont précis, dégraissés du superflu et de tout effet de style, le tout au profit d'une vision aigue de la réalité. Bref, un roman comme on aimerait en lire plus souvent. Le récit est basé sur le souvenir, souvenir d'une jeunesse insouciante, des amours de plage, avant que l'on se lance dans la conquête d'un métier, avant que l'on sache quoi faire de sa vie. Laure Narsan, écrivain reconnu à défaut d'être renommée, se souvient de ses vingt ans où elle était tombée follement amoureuse du Bel Aurélien, de ces vacances à Oléron où leur amour a pu, enfin, être "consommé". Mais la vie est pleine de surprises, parfois belles, parfois tristes, et le bel Aurélien ne sera pas l'homme avec lequel Laure fera sa vie. Des surprises, Anne-Sophie Brasme nous en ménage tout au long de ce récit, où le présent de l'écriture alterne avec le passé revécu à l'occasion d'une perte d'inspiration. En prime, un délicieux anachronisme, qui n'en est pas un si l'on y réfléchit bien. À vous de le découvrir…

Le Plus bel endroit du monde est ici (Francesc Miralles)

note: 5un café pas comme les autres Jean-François - 14 janvier 2017

Surfant sur le succès mondial de "L'ombre du vent" et son mystérieux "Cimetière des Livres Oubliés", nos deux auteurs ont imaginé un autre lieu magique de Barcelone, cette fois-ci un café dont le nom est le titre du livre. Ce lieu enchanté, rencontré au hasard d'une nuit d'errance après un suicide fort heureusement raté, va conduire une jeune femme, désespérément en quête de l'âme sœur, de l'autre côté du miroir, là où les rêves se conjuguent avec la réalité. La magie est au rendez-vous, tout en restant les pieds bien ancrés dans la réalité d'aujourd'hui, où les personnes se côtoient sans se rencontrer, ce qui n'est guère propice à l'amour ou à l'amitié. Une délicieuse fable, porteuse d'un message profondément humaniste tout en n'étant jamais gnangnan, un récit plein de rebondissements qui se dévore d'une traite. Le bonheur, quoi…

Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison (Arto Paasilinna)

note: 4bienvenue en enfer Jean-François - 7 janvier 2017

Tout un folklore né de l’imagination de quelques romanciers a fait de la Laponie, cette contrée hostile, un lieu où l’on vient se ressourcer. Profitant de cet attrait, Ilova Kärmeskallio a acquis un vaste domaine, doté de parcelles agricoles et d’une ancienne mine de fer. En surface, on cultive des plantes aromatiques selon les principes de l’agriculture biologique, en profondeur différentes espèces de champignons. Le personnel est au départ bénévole, mais l’offre ne suivant pas la demande il faut bien faire appel à des personnes ne venant pas nécessairement de leur plein gré. Un beau jour, ce paradis perdu voit arriver un certain Jalmari Jyllanketö, chargé de vérifier la certification "bio" du domaine. En réalité, Jalmari appartient aux services secrets finlandais et est chargé d’enquêter sur les agissements assez troubles de cette organisation "charitable". Mais voilà que notre faux certificateur va se prendre au jeu, tombé sous le charme de ce rutilant phalanstère, et surtout de la fille de la patronne. Dans une ambiance grandguignolesque, de faux en faux on arrive à des situations plus abracadabrantes les unes que les autres, pour finir dans une vision idyllique d’une utopie qui n’est au final rien d’autre qu’un camp de concentration au pays des nains de jardin. Mais c’est très bien écrit et on dévore les pages, en se demandant jusqu’au bout, et en vain, quelle va être la morale de l’histoire…

Oeuvre non trouvée

note: 5embûches glacées Jean-François - 7 janvier 2017

Islande, terre de feu et de glace. Les clichés sont nombreux sur cette île mystérieuse, en contact direct avec les entrailles de la Terre. Et pourtant, elle étonne par sa diversité, elle étonne même les islandais eux-mêmes dès lors qu'ils sont amenés à quitter leur région d'origine. Tel est le cas d'Einar, journaliste au "Journal du Soir" de Reykjavik, que sa rédaction envoie à Isafjördur, dans les "Fjords de l'Ouest", une petite ville ruinée par le déclin de la pêche, pour y dénicher quelques nouvelles locales susceptibles d'élargir le lectorat du journal. Et des nouvelles locales, il va en trouver, Einar. Lui qui croyait avoir été mis temporairement au placard va se trouver brutalement au centre de l'actualité. Un immeuble en flammes, une tombe profanée, deux corps carbonisés enfermés au fond d'une caravane, dont un champion de foot national, un homme d'affaires disparu, et des courriels menaçants signés Manvamp, il n'en faut pas plus pour que notre Rouletabille boréal se mette en tête de rechercher des liens entre ces affaires disparates et de partir vers la gloire. Un polar bien mené, aux nombreux protagonistes, offrant une vision d'une Islande aux multiples facettes où se profile la crise qui l'a menée au bord du gouffre, en 2008, l'année même où ce livre a été publié dans son pays.

Oeuvre non trouvée

note: 5science sans conscience… Jean-François - 31 décembre 2016

On a souvent taxé les scientifiques d'apprentis sorciers, lorsqu'une découverte, riche d'applications, est lancée sans prendre en compte les risques qu'elle peut faire courir à l'humanité ou à la nature. Dans une université américaine la chirurgie du cerveau a permis de mettre au point un traitement visant à développer les facultés intellectuelles. Une souris, surnommée Algernon, a d'abord été traitée, devenant capable de se diriger sans erreur dans un labyrinthe en trois dimensions, d'une complexité sans cesse croissante. C'est au tour de Charlie Gordon, un handicapé mental (on disait un "attardé") de trente-six ans, de se faire opérer. Il a été sélectionné car il avait depuis toujours eu l'envie de "devenir intelligent". Les progrès sont spectaculaires, Charlie devenant en quelques semaines un "génie" scientifique mondialement connu, mais seront vite suivis d'une chute tout aussi spectaculaire, à la manière d'un "mauvais trip". L'intérêt du livre, au-delà des sentiments que l'on éprouve pour le héros involontaire de cette navrante épopée pseudo-scientifique, tient à l'analyse des rapports humains qui s'instaurent entre "normaux" et "handicapés" et au mince fil auquel tient le fait d'être accepté ou rejeté par la société. Un discours profondément humaniste, malgré une fin prévisible, très pessimiste en ce qui concerne les bienfaits de la science.

Oeuvre non trouvée

note: 4gens de la crau Jean-François - 31 décembre 2016

La Crau, une plaine longtemps laissée à la nature, dans l’ancien delta de la Durance, à l’est de la Camargue. Une nature contrôlée, où l’irrigation (dans la Crau "humide") permet d’y faire pousser un des meilleurs foins du monde, repéré par des chefs étoilés. Partout ailleurs, une steppe infertile (la Crau "sèche"), vouée de longue date au pastoralisme, point d’arrivée de la transhumance hivernale en provenance des Alpes de Haute-Provence. C’est dans ce cadre unique en Europe, aujourd’hui menacé, que vivent ou ont vécu les protagonistes de ce roman qui nous plonge au cœur des folles années où le sida était encore terra incognita. Les gens se souviennent de leur jeunesse insouciante, de leurs amours et de leur liberté. Les bergers se sont reconvertis, mais certains ont maintenu vaille que vaille la tradition. À partir de personnages que l’on suit entre présent et passé, au fil de leurs souvenirs, c’est toute une région qui revit sous nos yeux. On pense à Giono, bien sûr, avec sa description d’une nature souvent hostile, dont la rudesse rejaillit sur ceux qui l’habitent. Lorsqu’un berger affirme haut et fort que ceux qui protègent les loups méritent tous d’être pendus, ma main s’est lentement portée vers mon cou…

Si j'ai bonne mémoire (Anne Icart)

note: 5retour au bercail Jean-François - 31 décembre 2016

Poursuivant la saga familiale initiée avec "Ce que je peux te dire d’elles", Anne Icart nous entraîne à la suite de Violette, de retour au bercail toulousain après sa "fuite" vers Paris : études de vétérinaire, puis exercice de son métier en compagnie de Raphaël, rencontré sur les bancs de l’école. Mais la naissance du petit Gabriel va brusquement lui donner envie de retrouver la chaleur du gynécée de la "tribu" Balaguère. Une suite de coïncidences, toutes aussi heureuses qu’improbables, vont s’enchaîner et apporter beaucoup d’animation au ce sein de ce petit monde chaleureux, dévoué à la couture (la haute), et toujours plein de non-dits. Écrit d’une façon très simple, avec des mots ordinaires pour décrire des "caractères" auxquels tout un chacun pourra s’identifier ou reconnaître des proches, "Si j’ai bonne mémoire" possède toutes les qualités d’un vrai roman populaire. Mine de trois fois rien, il aborde, et avec quelle acuité, les grands thèmes universels qui fondent la vie en société, à quelque échelle que l’on se place. Fil rouge du récit, la mémoire, et parmi tous ses avatars la perte de mémoire, celle que l’on s’efforce de masquer, d’expliquer par les mille-et-un tracas quotidiens, jusqu’au jour où l’aveu ne peut plus être différé. Mais comme tout est tellement plus facile lorsqu’on est entouré(e)…

Oeuvre non trouvée

note: 3garçon manqué Jean-François - 31 décembre 2016

Conte oriental, essai philosophique ou roman réaliste ? Malgré la qualité du récit et la beauté de la langue, la lecture est difficile tant les genres se confondent et le lecteur a bien du mal à se "brancher" sur l'écrivain. Partant de l'histoire de cet enfant, dont le père veut à tout prix faire un fils alors qu'il n'est que le septième avatar d'une longue portée désespérément féminine, l'auteur multiplie les récits. Des témoins affirment l'avoir connu(e), avoir même eu accès à son journal intime, d'autres jurant mordicus qu'il ne s'agit que d'une légende et que ce carnet n'a jamais existé. Bref, à partir de ce fait divers, somme toute assez banal en terre d'islam, Tahar Ben Jelloun bâtit une œuvre dont l'intérêt se révèle purement littéraire, le contexte social, religieux et culturel passant largement au second plan. Reste la beauté de l'écriture et une réflexion profonde sur la vision de la réalité à travers le prisme du conteur.

Beijing Coma (Jian Ma)

note: 5terminus tian'anmen Jean-François - 31 décembre 2016

Dai Wei, étudiant en biologie moléculaire à l'université de Beijing (Pékin), est immobile sur son lit. Atteint d'une balle dans la tête un beau jour de printemps 1989, non loin de la place Tian'anmen, il est dans le coma. Les années passent, sans espoir de guérison, mais la partie de son cerveau laissée intacte lui permet d'entendre et sentir tout ce qui se passe autour de lui. Il revit ainsi, presque heure par heure, les événements, tendres et dramatiques, qui ont abouti à la terrible répression mettant un point final au mouvement vers la démocratie de la Chine d'après Mao Zedong (Mao-Tsé-Toung pour les anciens). Passé et présent convergent vers une fin tragique qui voit s'écrouler tous les rêves d'une jeunesse encore imprégnée d'idéal, avant que l'argent, bien ou mal gagné, ne remplace l'honneur et la liberté. Un constat implacable, ne négligeant aucune des contradictions qui ont agité tant le camp contestataire que celui des dirigeants d'un parti qui n'a de communiste que le nom. Comment le goût du pouvoir parvient à dévoyer les idées les plus généreuses ? Cette question, essentielle à la survie de l'humanité, est au cœur de l'ouvrage. Un roman puissant, aux dernières pages quasi insoutenables, aux qualités littéraires évidentes, jamais ennuyeux et qui touche à l'universel tout en décrivant par le menu ces quelques jours qui faillirent ébranler le monde…

Oeuvre non trouvée

note: 5le club Jean-François - 31 décembre 2016

Dans cette ancienne colonie anglaise qu’est le Kenya, la tradition des clubs très fermés et réservés à la "bonne société" perdure. Il en est de même des safaris, jadis dévolus aux riches touristes et résidents désireux de s’encombrer de trophées de chasse. Aujourd’hui photo et vidéo ont remplacé les fusils, et une nouvelle classe aisée, majoritairement d’origine indo-pakistanaise, a remplacé les riches colons anglais. C’est dans cette ambiance, digne d’un roman d’Agatha Christie, que deux énigmes vont être résolues, pour des crimes que ne séparent pas moins de soixante-dix années. L’humour, typiquement britannique, mêle autodérision et critique acerbe d’une microsociété observée avec l’œil du naturaliste. On parle beaucoup d’animaux à plumes et à poils, de cuisine indienne, de femmes et de whisky, dans une ambiance feutrée à souhait et propice au mystère, où le sourire est de rigueur…

Oeuvre non trouvée

note: 5mon frère ce héros… Jean-François - 31 décembre 2016

Un petit roman (un récit plutôt) assez sympathique, écrit avec une grande sincérité, et qui fait chaud au cœur. La narratrice, qui est l'auteure, nous parle de ses rapports avec ce frère aîné, que médecins et enseignants ont classé, à tort ou à raison, dans la catégorie des "anormaux". Formidable calculateur et doué d'une mémoire hors du commun, il n'a réussi à maîtriser, très partiellement, les mots qu'au prix d'un long et douloureux apprentissage. Aléa de la vie, ce frère a servi de repoussoir à tous les prétendants et a fait bien malgré lui de sa sœur une femme seule, avec peu d'amis, mais un "héros" dont elle a promis de s'occuper, quoiqu'il arrive. Un récit infiniment touchant, écrit d'une plume alerte et inspirée. Un régal…

Rondo capriccioso (Isabelle Huc-Vasseur)

note: 5la sale guerre… Jean-François - 31 décembre 2016

Un roman bien ancré dans un temps, la "Grande Guerre" (1914-18) et une région, le Languedoc, plus précisément le village d'Agde et un domaine viticole imaginaire situé non de là. Les quatre années de cette sale guerre, qui a vu plusieurs millions de poilus sacrifiés pour sauver l'honneur d'une poignée de généraux et de politiciens psychotiques, vont voir défiler pleurs et joies, au gré des pertes des êtres chers et des amours qui naissent, survivent ou disparaissent. Temps troublés, où aucune certitude, aucune croyance ne tient la route face à la machine infernale qui broie les corps et les âmes, une fois de plus et pas la dernière, hélas. Loin d'être un simple roman "régionaliste", "Rondo capriccioso", grâce à une écriture simple mais empreinte d'une profonde sensibilité, atteint au plus profond de ces êtres marqués par un terrible destin. La communion du lecteur avec la narratrice, Julie, l'institutrice de ce village, est totale, et l'on dévore allégrement les plus de six cent pages de ce roman particulièrement réussi, dont la fluidité d'écriture mérite d'être soulignée. Seule coquetterie de ce roman "populaire", au meilleur sens du terme, la musique, qui revient en tête de chaque chapitre sous la forme d'une pièce musicale évoquant l'atmosphère, sombre ou lumineuse, de la narration.

Walt Longmire n° 5
Dark horse (Craig Johnson)

note: 5cheval d'orgueil Jean-François - 31 décembre 2016

Un Craig Johnson comme on les aime : lent au démarrage mais qui s'emballe à l'arrivée. Les amateurs de chevaux vont connaître leur bonheur. Le morceau de bravoure, la poursuite dans la "mesa", cette butte tabulaire si typique des régions sèches de l'ouest américain, montre tout ce que cheval et homme, tels un centaure, peuvent partager au bout de leur longue évolution commune. Pour en arriver là, il faut se plonger dans l'atmosphère d'un petit village de cow-boys perdu au fin fond du Wyoming, où les étrangers ne sont pas vus d'un très bon œil, surtout lorsqu'ils posent trop de questions. Un bain de nature, humaine, animale et minérale, dans un des plus beaux paysages du monde, du moins là où les exploitations de gaz de schiste ne l'ont pas encore défiguré…

Le méridien de Greenwich (Jean Echenoz)

note: 5vous avez dit bizarre ? Jean-François - 31 décembre 2016

Un roman d'espionnage assez bizarre, où des personnages mystérieux se côtoient, à Paris puis sur une île inhabitée perdue au milieu du Pacifique et traversée en son milieu par le fameux méridien de Greenwich, là où le jour se replie brusquement sur le lendemain. Comme le veut la tradition dans ce genre littéraire, il est difficile de savoir qui fait quoi et pourquoi, seul le dénouement final levant quelque peu le voile sur cette histoire de vrais faux brevets, pour une invention géniale dont tout le monde se contrefiche. Heureusement, l'intérêt de ce roman, très agréable à lire, réside dans le maniement de la langue, fluide et agrémentée de nombreuses trouvailles linguistiques. L'histoire, assez obscure, n'est que prétexte à jongler avec la logique, les changements d'échelle et de perspective, dans une vision quasi cinématographique d'un réel entièrement recomposé. Bref, il n'est question ici que de littérature, mais l'exercice est brillant et ravira l'amateur de belles lettres. Un plaisir dont on ne se lasse pas…

Les maraudeurs (Tom Cooper)

note: 5bayou pas chou… Jean-François - 31 décembre 2016

Vous connaissez la Louisiane ? Non, mais vous en avez sans doute déjà entendu parler ? La marée noire, Katrina, ont laissé une empreinte durable dans une population déjà marquée par la pauvreté, et d'autant méprisée au pays du dollar-roi. Le roman de Tom Cooper a pour cadre un petit village de pêcheurs de crevettes, cajuns pour la plupart. Beaucoup sont partis, mais quelques-uns s'accrochent, continuant à pêcher vaille que vaille malgré la chute du cours de la crevette, pollution oblige, ou arrondissant leurs fins de mois difficiles avec des petits boulots. Certains se sont carrément reconvertis dans la culture du cannabis et défendent âprement leur gagne-pain face à la convoitise des copains. C'est dans le bayou voisin, terre de marécages à la végétation luxuriante, que tout se joue. Un quiproquo terrible va mettre aux prises les frères Toup, nos vaillants cultivateurs de chanvre, avec le pauvre Lindquist, toujours à la recherche du trésor du célèbre flibustier Jean Laffite, et deux "maraudeurs" un peu trop curieux, dénommés Hanson et Cosgrove. Un roman poignant, bien ancré sans sa région et son époque, et une belle galerie de "bons" et de "méchants".

La mécanique des fluides (Lidia Yuknavitch)

note: 5plouf plouf… Jean-François - 31 décembre 2016

Un roman-récit qui décoiffe. Une écriture qui colle étroitement à son sujet : la vie (la première moitié de la vie) de l'auteure. D'abord le cri, un cri de souffrance. Le sexe, souvent assorti de sévices corporels, la drogue, l'alcool, la mise en danger, de soi et d'autrui. Pour oublier un père qui "touche" ses filles, une mère qui préfère s'évader dans l'alcool plutôt que d'affronter la réalité. Et l'eau, omniprésente, l'eau chlorée des piscines qui nettoie tout jusque dans les moindres replis de l'âme. L'écriture, hachée, désarticulée, sans repères narratifs, reproduit cette vie au quotidien, cette quête permanente d'une cessation de la souffrance, en la recouvrant d'une souffrance plus grande encore mais librement consentie. Et le lecteur souffre, lui aussi. Se demande s'il ne va pas devoir aller au-delà du supportable. Et puis soudain, tout change, lorsque… l'enfant paraît ! L'écriture devient alors fluide, se resserre sur la description des mille et un plaisirs quotidiens d'une vie où l'amour est, enfin, présent. La franchise est totale, y compris lorsque l'auteure avoue que l'écriture est mensonge dès lors que l'on prétend raconter les choses. Un grand moment de partage, avec un des meilleurs témoins de notre fin de civilisation…

Aurélien (Louis Aragon)

note: 5amour, toujours… Jean-François - 31 décembre 2016

Aurélien est un jeune rentier, tout juste rentré, entier, de la Grande Guerre. Il vit une vie de plaisirs, grand amoureux des femmes, des flâneries nocturnes dans ce Paris des "beaux quartiers" encore nostalgique des splendeurs de la Belle Époque. Mais sa rencontre avec Bérénice, une jeune femme, mariée, pas si belle que ça mais aux antipodes de ses fréquentations habituelles, va bouleverser sa vie. Lorsque j'ai lu ce livre pour la première fois, il y a une cinquantaine d'années environ, j'en avais retenu la peinture d'une moyenne bourgeoisie avide d'argent, par la spéculation, et de pouvoir, par la politique. Je n'avais pas senti, ne les ayant pas encore vécues, la puissance de cette description des rapports amoureux. Avant "Aurélien", jamais l'amour n'avait été analysé dans ses intimes replis, ses déclinaisons tant physiques que psychologiques. "Aurélien", c'est aussi un formidable exercice de style, mêlant une expression très moderne du "parler vrai" à une langue alambiquée fleurant bon son dix-neuvième siècle. Roman féministe aussi, avec cette figure d'une femme qui décide de sa vie et se joue des conventions de son temps, assortie de quelques autres très beaux portraits féminins. On peut donc faire son marché dans ce récit aux multiples facettes, un des chefs-d'œuvre de la littérature en prose de Louis Aragon.

Oeuvre non trouvée

note: 5vengeance au pays des trolls Jean-François - 31 décembre 2016

L'été est court sur l'île d'Öland, une grande île suédoise célèbre pour ses moulins à vents. Mais les touristes y viennent en masse pour fêter la traditionnelle fête de la Saint-Jean et profiter des chaudes et longues journées de juin et de juillet. Cette année-là, des événements extraordinaires vont se succéder, qui vont faire craquer le vernis de ce petit coin de paradis et révéler les secrets patiemment enfouis par la famille Kloss, propriétaire d'un très rentable complexe touristique capable d'accueillir des milliers de personnes. Passé et présent vont se rejoindre dans ce polar savamment agencé en un entrelacs de séquences narratives, dominé par les histoires de deux enfants, Gerlof et Aron, qui vont se retrouver et s'affronter, soixante-dix ans après les terribles événements qui les ont fait se rencontrer dans le petit cimetière du village. L'auteur sait distiller à merveille le mystère, dans un contexte historique bien documenté. Une réussite du genre, qui tient le lecteur en haleine de la première à la dernière ligne.

La Passe-miroir n° 1
Les fiancés de l'hiver (Christelle Dabos)

note: 5nouveau monde Jean-François - 31 décembre 2016

Un monde nouveau est apparu après l'éclatement de la planète Terre en un certain nombre de continents flottants, appelés "arches" et gravitant autour du "Noyau". Les communications entre les arches sont rares, et font l'objet de voyages dans d'étranges ballons dirigeables. Venant d'Anima, une arche habitée par des humains ayant le pouvoir d'animer les objets, Ophélie, sélectionnée pour ses dons de "liseuse", est promise à Thorn, un sauvage habitant du "Pôle". Son voyage vers la terre de son promis va lui faire découvrir un monde aux codes mystérieux, bien loin du pacifisme de son arche natale. Roman initiatique, "Les fiancés de l'hiver" témoigne de l'imagination débordante de l'auteure. On ne s'ennuie jamais, tant les situations les plus inattendues s'enchaînent au fil des pages. On se passionne pour les (més)aventures de la jeune Ophélie, et on attend la suite avec impatience. Bravo Christelle…

À couteaux tirés (Olen Steinhauer)

note: 5espion ? moi, jamais… Jean-François - 31 décembre 2016

Deux agents de la Central Intelligence Agency (CIA), un homme et une femme, se retrouvent, six années après un terrible attentat ayant eu lieu à Vienne, où ils étaient tous deux en poste. Malgré la vigilance de l'Agence, des centaines d'otages sont morts. La tragédie aurait-elle pu être évitée ? Chacun pense qu'il existait une "taupe" au sein du service, mais on n'a jamais pu le prouver. Celia et Henry se sont aimés, ont vécu ensemble, ou du moins étaient sur le point de le faire au moment de la prise d'otages mortelle. Tout le roman se déroule autour d'une table de restaurant, où l'un et l'autre vont se remémorer leur participation à ces événements, qu'ils n'ont jamais oubliés. Mais on ne se débarrasse pas comme cela de réflexes durement acquis. Qui ment ? Qui dit la vérité ? Et que fait l'amour au milieu de cette joute où des intérêts puissants l'emportent sur la raison, fût-elle d'état ? Un thriller psychologique d'une densité exceptionnelle, un roman d'espionnage hors du commun qui rassurera ceux et celles qui exècrent les James Bond et autres OSS 117.

Le coût de la panne (Laurence Jyl)

note: 4télécharge Jean-François - 31 décembre 2016

Une charge à marche forcée contre les méfaits de l'addiction au "paraître" que le culte de l'image a généré. Sur le mode léger (Gilles Legardinier n'est pas loin, qui s'en est d'ailleurs peut-être largement inspiré), l'auteure nous conte les exploits d'une famille Bidochon, venue s'installer en région parisienne, loin de sa Provence chérie avec vue sur la mer. Il faut s'adapter, les journées sont longues pour Madame, lorsqu'on ne travaille pas et que la plage est inaccessible sans jet privé. Le vieux poste de télé est tombé en panne, mais une paire de jumelles aidant on peut se rincer l'œil gratuitement en surveillant les voisins de l'immeuble d'en face. Et c'est parti pour une équipée grandguignolesque qui va emmener la famille (au grand dam des enfants, vraisemblablement plus matures que leurs parents) au bord de l'éligibilité pour une hospitalisation psychiatrique sous contrainte. Le trait est grossi à l'extrême, mais on rit à gorge déployée du ridicule de ces français tout ce qu'il y a de plus moyens, donc véritablement représentatifs. Une plongée dans l'horreur d'un monde de plus en plus déconnecté du réel, qui est le nôtre vu du ciel. Riez, riez, il en restera toujours quelque chose…

Oeuvre non trouvée

note: 5autant en emporte oran Jean-François - 31 décembre 2016

Une vie, un destin. Celui de Younès, qui deviendra plus tard Jonas. Des années 30 à la jeune Algérie indépendante, trente années de vie, une vie bouleversée par une suite de coups du sort. Comme son père, Younès est à cheval sur l'honneur, mais n'en mesure guère les conséquences. Pour une parole donnée, du bout des lèvres, à une personne qui n'en valait guère la peine, notre héros va perdre celle qui aurait pu être le soleil de sa vie. Mélodramatique à souhait, le récit nous fait découvrir une foule de personnages tous aussi attachants les uns que les autres et le livre se dévore de la première à la dernière ligne. De la vraie, de la grande littérature populaire, pleine de rebondissements, sur un fond historique solidement documenté. Mais aussi une analyse très fine des rapports humains, l'amour, l'amitié, la fidélité aux convictions. Comme dans toute son œuvre littéraire, le message délivré par Yasmina Khadra est ambigu tout en restant profondément humaniste. Nul n'est bon, nul n'est mauvais, et les meilleurs sentiments peuvent générer des précipices dont nul ne ressort indemne. À chacun de juger en son âme et conscience…

Ce que le jour doit à la nuit (Yasmina Khadra)

note: 5autant en emporte oran Jean-François - 31 décembre 2016

Une vie, un destin. Celui de Younès, qui deviendra plus tard Jonas. Des années 30 à la jeune Algérie indépendante, trente années de vie, une vie bouleversée par une suite de coups du sort. Comme son père, Younès est à cheval sur l'honneur, mais n'en mesure guère les conséquences. Pour une parole donnée, du bout des lèvres, à une personne qui n'en valait guère la peine, notre héros va perdre celle qui aurait pu être le soleil de sa vie. Mélodramatique à souhait, le récit nous fait découvrir une foule de personnages tous aussi attachants les uns que les autres et le livre se dévore de la première à la dernière ligne. De la vraie, de la grande littérature populaire, pleine de rebondissements, sur un fond historique solidement documenté. Mais aussi une analyse très fine des rapports humains, l'amour, l'amitié, la fidélité aux convictions. Comme dans toute son œuvre littéraire, le message délivré par Yasmina Khadra est ambigu tout en restant profondément humaniste. Nul n'est bon, nul n'est mauvais, et les meilleurs sentiments peuvent générer des précipices dont nul ne ressort indemne. À chacun de juger en son âme et conscience…

Appelez-moi Lorca Horowitz (Anne Plantagenet)

note: 5lorca et moi Jean-François - 31 décembre 2016

Lorca Horowitz, grosse et laide, arrive chez les Perales, qui sont à la tête d’un cabinet d’architecture, pour leur servir de secrétaire. Elle va se transformer au fil des années, devenant mince et belle au point de faire de l’ombre à sa patronne, à laquelle elle va finir par s’identifier. Sur cette trame, digne d’un roman-photo assez bas-de-gamme, se tresse l’histoire de la narratrice. Celle-ci enquête sur la vie de Lorca et met en parallèle ses propres tourments avec ceux qu’elle devine chez cette jeune femme, désireuse de braver un destin qui ne la prédisposait pas à la gloire et à la fortune. Une réflexion sur une société devenue plus inégalitaire qu’elle ne l’a jamais été, mais aussi sur le désir d’amour et la quête de la confiance en soi. Un roman intimiste, fort touchant et bien ancré dans la réalité d’aujourd’hui.

Un siècle de romans d'espionnage n° 2
Agents secrets face à l'Europe nazie (Jacques Baudou)

note: 4nid d'espions Jean-François - 31 décembre 2016

Six romans d'espionnage, traitant de la période s'étendant des prémices de la seconde guerre mondiale au débarquement allié. Dans une volonté d'offrir un panorama de tous les styles, Jacques Baudou a rassemblé ici le meilleur ("Le masque de Dimitrios" d'Eric Ambler, 1939, "Le ministère de la peur" de Graham Greene, 1950) mais aussi le pire ("Le boxeur fantôme" de Noel Behn, 1969). Tous ont pour cadre l'affrontement entre les forces de l'Axe et le camp "occidental", qu'il se déroule en Afrique, en Angleterre ou en Allemagne. Curieusement, l'excellent roman d'Eric Ambler ne fait aucunement référence à la guerre (il a été publié en Angleterre très peu de temps avant que celle-ci ne soit déclarée) et ne traite même pas … d'espionnage ! Le lecteur fera lui-même son panier, selon ses goûts et ses auteurs de prédilection, deux d'entre eux étant immensément connus, le déjà cité Graham Greene et Pierre Mac Orlan, qui inaugure la sélection avec "Le camp Domineau". On découvre dans ce recueil assez disparate des facettes inattendues d'un genre littéraire surtout connu par ses adaptations au cinéma et à la télévision. Une seule certitude à l'issue de cette lecture (prévoir un bon mois pour en venir à bout, sauf si vous êtes cloué sur un lit d'hôpital) : les espions sont bel et bien parmi nous…

Oeuvre non trouvée

note: 5ici londres Jean-François - 31 décembre 2016

Londres est sous les bombes. C'est le Blitz, en plein cœur de la seconde guerre mondiale. Dans un champ de ruines, la vie s'organise malgré tout. Tiens, une kermesse ! On y propose des jeux, des concours, une loterie, au profit des "Mères libres", sous l'égide d'un pasteur tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Arthur Rowe, un veuf solitaire en quête de quelque distraction, s'y rend et gagne un magnifique gâteau, au beurre, une rareté en ces temps de privations ! À partir de là, tout dérape. Rowe n'était pas le destinataire de ce premier lot, et on va le lui faire vraiment payer très cher, ce gâteau qu'il croyait avoir mérité parce qu'il en avait deviné le poids au gramme près, grâce à l'aide d'une voyantes extra-lucide. La suite ne se raconte pas, tant l'univers dans lequel va être plongé notre héros malgré lui est teinté d'irréel et d'inattendu. L'imagination de l'auteur est débordante et nous entraîne dans une danse macabre d'où surgissent quelques figures inoubliables : la belle et ingénue (?) Anna Hilfe, dont Arthur va tomber éperdument amoureux, et le bon (?) docteur Forester, dont l'institut psychiatrique invite les gens à y entrer mais jamais à en sortir. Et pour quelle cause tous ces gens se dévouent-ils ? Sont-ils ici ou bien de l'autre côté du miroir ? Bien des questions vont aiguillonner la perspicacité du lecteur. Laissez-vous gagner par la magie du récit et décollez pour une virée dans l'étrange univers de Graham Greene.

Amenhotep, l'élu des dieux n° 1 (Pauline Gedge)

note: 5ici et au-delà Jean-François - 31 décembre 2016

Un énième roman sur l'Égypte antique, oui mais de qualité. On bascule du réalisme (imaginaire) vers le merveilleux dès que notre héros, un fils de paysan pauvre, revient du royaume des morts porteur d'un message divin qui va faire basculer son destin et celui de l'Égypte tout entière. Sur cette trame, fidèle aux quelques documents parvenus jusqu'à nous et aux cultes voués à ce personnage historique, Pauline Gedge a brodé une histoire simple, sans effets inutiles. L'amour est présent, une fine analyse sociale également, tout comme celle des rapports, parfois étranges, qui se tissent entre hommes et femmes, parents et enfants, amis et ennemis. Une vision profondément humaniste, des personnages attachants, notamment celui de la belle Ishat, la servante au grand cœur, dont le destin va accompagner jusqu'au bout celui de l'élu des dieux. Un "sacré" bon moment de lecture pour rêver un peu à ces temps merveilleux, enfouis depuis longtemps sous les sables de l'Histoire.

Amenhotep, l'élu des dieux n° 1 (Pauline Gedge)

note: 5ici et au-delà Jean-François - 31 décembre 2016

Un énième roman sur l'Égypte antique, oui mais de qualité. On bascule du réalisme (imaginaire) vers le merveilleux dès que notre héros, un fils de paysan pauvre, revient du royaume des morts porteur d'un message divin qui va faire basculer son destin et celui de l'Égypte tout entière. Sur cette trame, fidèle aux quelques documents parvenus jusqu'à nous et aux cultes voués à ce personnage historique, Pauline Gedge a brodé une histoire simple, sans effets inutiles. L'amour est présent, une fine analyse sociale également, tout comme celle des rapports, parfois étranges, qui se tissent entre hommes et femmes, parents et enfants, amis et ennemis. Une vision profondément humaniste, des personnages attachants, notamment celui de la belle Ishat, la servante au grand cœur, dont le destin va accompagner jusqu'au bout celui de l'élu des dieux. Un "sacré" bon moment de lecture pour rêver un peu à ces temps merveilleux, enfouis depuis longtemps sous les sables de l'Histoire.

Ce que je peux te dire d'elles (Anne Icart)

note: 5femmes je vous aime Jean-François - 31 décembre 2016

Que de femmes dans cette histoire ! Entre maris et amants morts ou enfuis, passion pour le métier et envie de procréer sans s'encombrer, quatre femmes vont se retrouver à partager un même foyer. Blanche, la narratrice, sa mère Angèle, bipolaire (avec ses "hauts" et ses "bas"), ses tantes Justine et Élisabeth ("Babé"). On est dans la couture, à Toulouse. De 1960 à 2013, ça rit, ça pleure, ça s'adore, ça se reproche, ça se jalouse aussi, au fil du temps, des espoirs et des malheurs que chaque membre de la tribu connaît ou croit connaître. Bref, une vie, mais une vie de femmes, que l'auteure a su merveilleusement nous faire partager dans sa singularité. Les hommes apparaissent cependant, en ombres chinoises, pour mieux faire ressortir la chaleur de ce gynécée issu d'une antique tradition, qui les accepte sans jamais les inclure. Une fine analyse psychologique, où les non-dits en disent plus que les paroles.

Oeuvre non trouvée

note: 5clownerie Jean-François - 31 décembre 2016

Un roman bien marrant, fait de bric et de broc, avec comme personnage central le clown Boudou, du nom de son village natal, souffleur de théâtre de son état. Boudou est un admirateur du rimailleur en chef qu'était Edmond Rostand, auteur de pièces à succès entièrement écrites en alexandrins, avec césure et hémistiches, comme "L'Aiglon" et le désormais mythique "Cyrano de Bergerac". L'auteur nous fait rencontrer, au fil des pérégrinations de notre souffleur au nez rouge, poètes et comédiens de l'époque (la "Belle"). Derrière la farce apparaît une étude des plus sérieuses sur la poésie, le cirque, et plus généralement la création artistique. On apprend, en s'amusant. Que demander de plus ?

Oeuvre non trouvée

note: 5jours torrides à clichy Jean-François - 31 décembre 2016

Nation Pigalle, non ce n'est pas une ligne de métro, c'est le nom d'un pays, d'une nation donc, situé aux alentours de la place Clichy, à Paris. Ville dans la ville, comme de nombreux quartiers parisiens, Pigalle vit sa vie, jour et nuit, pleure et chante, baise et dort au rythme de ses rues chaudes et de ses recoins plus tranquilles. C'est cette contrée, havre de nombreux déracinés, blancs ou noirs de pieds, que nous conte l'auteure. Récit choral, mêlant dans une syntaxe bousculée les voix de nombreux personnages, masculins et féminins, dont les parcours se croisent au gré de rencontres imprévues. Avec sa façon un peu foutraque de nous emmener ici et là, commençant une histoire sans la terminer ou la terminant sans l'avoir commencée, n'hésitant pas à inclure un collage en provenance d'un autre roman (Trois jours à Oran), elle m'a procuré un plaisir que j'avais fini par oublier, celui de la découverte d'une écriture en liberté. Une sensation rare, jadis trouvée chez un Céline, un Cendrars, un Mac Orlan ou bien sûr un Miller (Henry). Chaque page rend nécessaire la suivante : que va-t-il se passer, quelle surprise va-t-elle nous réserver, quelle trouvaille va-t-elle encore inventer ? Mille plaisirs à attendre donc de ce merveilleux voyage intra-muros. Un beau, très beau livre…

La splendeur de la vie (Michael Kumpfmüller)

note: 5la petite dora Jean-François - 31 décembre 2016

Les derniers moments de la vie de Franz Kafka. Gravement malade, pensionné de l'administration où il avait accompli l'essentiel de sa courte carrière, le voici en convalescence dans une petite ville au bord de la Baltique. Il va faire la connaissance de Dora, qui va être le dernier amour de sa vie. Elle va l'accompagner jusqu'à la fin, et lui apporter le réconfort qui lui a tant manqué jusque-là. Elle aurait pu devenir sa femme s'il avait fait preuve du minimum de ferveur religieuse lui garantissant l'accord de sa famille, mais elle restera l'éternelle amante et fidèle gardienne de ses dernières confidences. On ne rigolait pas dans les familles juives, en ce temps-là. L'histoire de Dora est contée dans ses moindres détails, qu'il s'agisse des aspects les plus triviaux comme les plus exaltants du quotidien du célèbre écrivain. Un récit naturaliste, sans fausse pudeur, un regard nouveau sur un écrivain resté loin des mondanités, à qui une mort précoce a sans doute évité l'horreur des camps hitlériens.

Des vies en mieux (Anna Gavalda)

note: 5elle est pas belle la vie ? Jean-François - 31 décembre 2016

Dans ce triptyque, chacun se raconte avec ses mots, ses silences, ses trouvailles de langage. Un véritable cauchemar pour les professeurs de français, mais un sacré bon moment passé en compagnie de Billie, Mathilde et Yann. Billie, c'est le quart-monde, enfin c'est elle qui le dit. Mais quelle nature ! Et question prof de français, elle en a connu une, et de qualité supérieure. Même si celle-ci n'a pas réussi à lui apprendre le beau langage, elle lui a permis de badiner avec l'amour et surtout de mieux se connaître. Elle est bien partie pour la vie, celle-là. Reste Mathilde et Yann. Ces deux-là ont fait des études supérieures, ça se sent, ils parlent un français châtié, mais la vie ne leur a pas fait de cadeau. Boulot idiot, mais qui rapporte, et côté intimité le néant ou presque (comme quoi, les études…). Chacun d'entre eux, par le plus grand des hasards, va faire des rencontres, ou plutôt une rencontre qui va bouleverser leur morne quotidien et leur faire entrevoir un autre univers, plus chaleureux, plus vrai. Mais vont-ils pour autant être capables de saisir la perche que leur tend le destin ? Anna Gavalda sait faire saliver le lecteur, par sa maîtrise de la langue, qu'elle tord en tous sens, mais aussi par sa connaissance (et son amour) des gens. Et c'est une conteuse hors-pair. Régalez-vous…

Oeuvre non trouvée

note: 5le rayon vert Jean-François - 31 décembre 2016

Dans cette troisième enquête de l'avocat Hong Sun et de son assistante Song Jia, nous voici transportés dans un village reculé de la Chine post-maoïste, quelques années avant le boom économique du début du vint-et-unième siècle. Une pierre mystérieuse, qui rend aveugle un homme et en tue un second, que l'on croit cachée dans une grotte habitée par un démon luminescent : il n'en faut pas plus pour réveiller les peurs et croyances ancestrales, et déclencher une chasse au trésor, vite stimulée par la cupidité de certains villageois. Au pays de Marie Curie, on a vite fait de comprendre de quoi il retourne. Mais il faudra que Maître Hong vienne s'immerger au sein de la campagne chinoise, et beaucoup de péripéties, avant que cette énigme soit résolue. En fait, cette enquête est un prétexte pour nous faire voyager au cœur de l'âme chinoise et découvrir la complexité des relations qui unissent, et désunissent, des êtres liés par des serments et des conventions millénaires, sur lesquels le communisme n'a fait que passer un vernis. Et l'on découvrira que la "Révolution culturelle", qui obligea les jeunes lettrés à aller prendre un bain de peuple dans les campagnes, n'eut pas que de mauvais côtés. Une "Comédie humaine" à la chinoise, qui décevra peut-être les amateurs d'énigmes policières bien ficelées, mais retiendra l'attention du lecteur avide d'en savoir un peu plus sur nos amis de l'autre bout de la Terre.

Oeuvre non trouvée

note: 5réchauffement Jean-François - 31 décembre 2016

Tout commence par la fonte du Sawyer Glacier, à l'extrême nord-ouest du continent américain. Des corps restés longtemps emprisonnés dans la glace sont dégagés et dérivent au fil de l'eau. Une vision de cauchemar, qui donne dès les premières pages le ton de ce thriller haletant, menant de front trois histoires qui vont se marier au final pour nous faire entrevoir une réalité assez effrayante. Dans la veine d'un Michel Bussi (Nymphéas noirs), jouant comme lui sur le brouillage entre présent et passé, entre apparence et réalité, mais dans un style minimaliste plus proche d'un Harlan Coben, Alexis Aubenque nous emmène dans cette contrée reculée, aux confins de la civilisation, où les humains se plaisent à prendre l'apparence des loups. Un sacré bon moment de lecture…

Le grand complot (Laurent Joffrin)

note: 5trop de bourbon nuit… Jean-François - 31 décembre 2016

Dans la foulée de "L'énigme de la rue Saint-Nicaise", Sébastien Lachance, le fin limier de Napoléon Bonaparte, encore premier consul, va déjouer un second complot perpétré par les Bourbons, passés au service de l'Angleterre. Scènes d'alcôve, traquenards, décryptages de documents secrets, sans compter quelques pratiques "gênantes" destinées à faire parler les témoins récalcitrants, tout est bon pour servir la politique du futur empereur des Français. Roman policier mais aussi traité de politique, "Le grand complot" intéressera tant les amateurs de romans historiques que les citoyens désireux d'en savoir un peu plus sur ce que l'on nomme ingénument la "raison d'état". Un message tout à fait actuel…

Oeuvre non trouvée

note: 5marion s'en va-t-en guerre… Jean-François - 31 décembre 2016

La commissaire Edwige Marion a des visions, elle se voit en princesse de la nuit, en perruque et cuissardes, rentrant au petit jour après des nuits très blanches… ou très noires, c'est selon. Double vie, ou caprices de la balle qu'un malfrat lui a logée dans la tête ? On ne le saura pas au bout de ce polar rouge sang où notre amazone, remisée pour un temps au service des affaires non résolues, va utiliser ses compétences et sa connaissance des vieux dossiers pour s'immiscer dans une enquête où elle n'est pas la bienvenue. Des meurtres d'enfants à des années d'intervalle, des lettres anonymes écrites au "normographe" (aujourd'hui pièce de musée), et la voilà partie pour faire travailler ses neurones, ou ce qui lui en reste, pour le plus grand plaisir de l'amateur d'histoires bien saignantes. Âme sensible, abstiens-toi, car l'auteure n'y va pas avec le dos de la cuiller…

Oeuvre non trouvée

note: 5faut pas pousser… Jean-François - 31 décembre 2016

Une maison abandonnée, envahie par le lierre, qui a eu son heure de gloire mais conserve quand même fière allure, il n'en faut pas plus pour éveiller la curiosité des passants. La plupart se contentent de passer, comme c'est l'usage, mais certain veulent en savoir plus, et rêvent même de m'acquérir. Tel est le cas de notre héroïne, Camilla, lorsqu'un panneau "À vendre" apparaît brusquement à l'entrée de la propriété. Vont s'ensuivre une série de situation plus rocambolesques les unes que les autres, mettant en scène des personnages incroyables tels que "L'Indestructible", sorte de faux SDF qui s'ingénie à traverser le boulevard en pleine circulation, ou bien ce commissaire qui fait sasser son désir pour la belle Camilla avant les impératifs de son enquête. L'imagination de l'auteure s'emballe au fil des pages dans ce polar tragi-comique qui décrit par le menu les mille et une péripéties de la vie turinoise. Un régal…

Trois jours à Oran (Anne Plantagenet)

note: 5oranie Jean-François - 31 décembre 2016

Un récit autobiographique, d'une sincérité et d'une pudeur comme on aimerait en voir plus souvent en ces temps où il est de bon ton (et de bon "commerce") de se conter et se montrer. Le récit d'un voyage, en compagnie de ce père, pied-noir d'Algérie, qui a tout quitté un beau jour de janvier 1961, l'année de ses seize ans. L'émotion est au rendez-vous, bien sûr (ah, le retour à la ferme de Misserghin, et l'accueil chaleureux et si inattendu de ses habitants actuels !), mais le récit de voyage s'intercale avec la propre histoire de la narratrice. Ce voyage à Oran est donc, pour elle, doublement initiatique : la découverte de ses "origines" mais aussi la remise en question de sa vie, auprès d'un mari et d'un amant entre lesquels elle ne parvient pas à se décider. Un beau moment d'écriture, une plume légère, disant l'essentiel en peu de mots. Un beau livre…

Oeuvre non trouvée

note: 5polar consulaire Jean-François - 31 décembre 2016

Un vrai polar historique, digne de la meilleure littérature populaire. En spécialiste reconnu de cette politique, celle d'hier comme celle d'aujourd'hui, Laurent Joffrin connaît son Bonaparte jusqu'au bout des ongles. Pour assurer son pouvoir (l'action se passe pendant le Consulat), celui qui n'est encore que le premier consul a décidé d'œuvrer en faveur de la concorde nationale, favorisant le retour des émigrés et le rétablissement des prêtres dans leurs prérogatives. Un attentat, raté, va être un prétexte tout trouvé pour servir ses intérêts en frappant les républicains, qu'il considère ou feint de considérer comme les instigateurs de l'attentat. Mais c'est sans compter sur la liberté d'esprit de Donatien Lachance, qui va mener une enquête scrupuleuse sur cette affaire, en utilisant les moyens, officiels et officieux, mis à sa disposition par le Ministre de la Police, Joseph Fouché. On côtoie Madame Récamier, côté salon et côté alcôve, et quelques autres célébrités de l'époque. Sur ce fond historique bien documenté, s'enfile une histoire captivante mettant en péril notre enquêteur, coincé entre son amour pour la belle et très républicaine Olympe (non, ce n'est pas Olympe de Gouges, déjà raccourcie pendant la Terreur !) et sa fidélité au futur empereur. La visite du Paris d'avant la Restauration, avec ses ruelles bruyantes et malodorantes, et ses maisons bâties de guingois, vaut également le détour. Une réussite…

Louise Amour (Christian Bobin)

note: 5la beauté du verbe Jean-François - 31 décembre 2016

Tout est bon chez Bobin. Les mots, les personnages, les sentiments. À travers l'histoire de ce doctorant en théologie, tombé "en amour" d'une célèbre créatrice de parfums au nom évocateur, c'est une vision poétique du désir amoureux que nous offre cet auteur inspiré, plus de quatre siècles après la "Carte du Tendre". Un plaisir de lecture infini, aux multiples réminiscences, avec un certain parfum de "Nadja", qui ravira les amateurs de beaux livres…

Oeuvre non trouvée

note: 3mon algérie Jean-François - 31 décembre 2016

L'histoire d'une enfance, et d'une jeunesse, dans l'Algérie encore "française". Assia Djebar conte, avec ses mots choisis savamment, parfois à la limite de l'affectation, les tourments et les joies d'une âme très tôt révoltée. Loin d'un pamphlet contre les tabous d'une culture ancestrale rabaissant la femme à l'état d'une "chose" dont on dénie l'accès à toute forme de spiritualité, " Nulle part dans la maison de mon père" se veut le récit d'une libération intérieure, acquise avant tout grâce au savoir. Des écrits arabes préislamiques aux philosophes et poètes de l'Occident moderne, la culture écrite a donné à l'auteure les moyens de se défendre et de forger pas à pas sa personnalité, contre vents et marées. Hélas, le plaisir de la lecture est en partie gâché, lorsqu'on avance vers le dénouement du récit, par le ressassement sans fin des états d'âme de cette toute jeune fille victime d'un instant d'égarement. La réflexion qui suit sur le travail d'écriture, et de mémoire, comme pour se justifier à elle-même d'avoir écrit sur sa propre vie, amoindrit le plaisir que l'on a pris à suivre pas à pas le personnage dans ses années d'éveil à la vie.

Oeuvre non trouvée

note: 5imbroglio sicilien Jean-François - 31 décembre 2016

Une nouvelle enquête du célèbre commissaire Montalbano, par un Camilleri en pleine possession de ses moyens, malgré son grand âge. Ce n'est pas le cas de son héros qui, voyant la soixantaine approcher, commence à douter de ses moyens tant physiques que mentaux. Il va pourtant connaître une folle passion amoureuse qui va lui redonner, le temps d'une enquête particulièrement complexe, une seconde jeunesse. Malgré sa maladresse congénitale (l'âge n'expliquant pas tout) et sa façon bien à lui de donner toute sa place au hasard, au risque de mettre en danger ses propres collaborateurs, l'enquête progresse cahin-caha, jusqu'au dénouement, explosif. Un morceau de bravoure de l'étonnant Andrea Camilleri, agrémenté de ses savoureuses curiosités langagières savamment transposées par la traduction de Serge Quadruppani. Un régal…

Oeuvre non trouvée

note: 5mamma mia Jean-François - 31 décembre 2016

Une lettre écrite par une femme, sentant venir s'approcher la fin de sa vie, à sa fille partie sans laisser d'adresse dans la lointaine Amérique. Cette lettre, sa destinataire la lira peut-être si l'envie lui prend un jour de revenir dans sa maison natale, à Trieste. Les confidences faites à cette fille, rebelle comme elle-même l'a été dans sa jeunesse, son aussi l'occasion de faire son examen de conscience, un bilan des joies et des erreurs passées, des impasses dans lesquelles se fourvoie parfois une confiance, un amour, mal placés. La finesse psychologique de ce monologue, jamais ennuyeux, est remarquable. Tout autant remarquable est la langue, fluide, admirablement rendue par la traduction. Un petit bijou de famille, un plaisir de lecture infini, qui ravira aussi les amoureux d'Elsa Morante, la perle des lettres italiennes.

Oeuvre non trouvée

note: 5mamma mia Jean-François - 31 décembre 2016

Une lettre écrite par une femme, sentant venir s'approcher la fin de sa vie, à sa fille partie sans laisser d'adresse dans la lointaine Amérique. Cette lettre, sa destinataire la lira peut-être si l'envie lui prend un jour de revenir dans sa maison natale, à Trieste. Les confidences faites à cette fille, rebelle comme elle-même l'a été dans sa jeunesse, son aussi l'occasion de faire son examen de conscience, un bilan des joies et des erreurs passées, des impasses dans lesquelles se fourvoie parfois une confiance, un amour, mal placés. La finesse psychologique de ce monologue, jamais ennuyeux, est remarquable. Tout autant remarquable est la langue, fluide, admirablement rendue par la traduction. Un petit bijou de famille, un plaisir de lecture infini, qui ravira aussi les amoureux d'Elsa Morante, la perle des lettres italiennes.

Le crime de la Noël (Laurent Cabrol)

note: 4la bicyclette rouge Jean-François - 31 décembre 2016

Un roman "régionaliste" qui ravira les amateurs d'énigmes policières et d'affaires judiciaires complexes, dans un cadre "rétro" : le Tarn, dans les années 1960. Une fillette retrouvée morte au bord d'un chemin, tout près de la propriété d'un riche notable. Son vélo rouge et sa médaille de baptême ont disparu. Il n'en faut pas plus pour éveiller la vindicte populaire de tout un village, en cette époque où les "réseaux sociaux" étaient remplacés par le bouche-à-oreille. Un juge "rouge" et un commissaire peu regardant sur les méthodes d'interrogatoire vont contribuer à brouiller les pistes et ralentir la recherche de la vérité. Un bon moment de lecture, grâce au talent de conteur de Laurent Cabrol, mais aussi un regard empreint de nostalgie sur une "France profonde" depuis longtemps disparue.

Agatha Raisin enquête n° 34
En plein coeur (M. C. Beaton)

note: 1selfie au crabe Jean-François - 31 décembre 2016

Si vous êtes trentenaire (ou à la rigueur quadra, le roman datant déjà d'une dizaine d'années), que vous aimez le foot, la musique pop-rock (avec une préférence pour Bruce Springsteen), les fringues de marque, les sorties en boîte dopées à l'ecstasy et les séries américaines, alors vous avez une chance d'aimer ce livre. Moi qui ne réponds à aucun de ces critères, et malgré des efforts considérables d'imagination, j'ai détesté ce livre dès les premières pages. Tous les poncifs associés à la soi-disant "postmodernité" occidentale s'accumulent : vocabulaire "branché", activité sexuelle débridée et déconnectée d'un quelconque sentiment amoureux et, surtout, cette priorité donnée aux apparences que véhicule, et entretient, une publicité omniprésente dans la vie de chaque jour. Et pourtant, le sujet est grave. L'auteur a vécu les événements qu'il a mis en récit avec des personnages fictifs. Mais pourquoi en avoir fait cette œuvre snobinarde, complaisante au possible ? Le succès du livre, tant aux Pays-Bas que dans le reste du monde, laisse penser que la mort de cette jeune femme atteinte d'un cancer du sein a été "marchandisée" pour en faire un best-seller. Un dernier conseil, à ceux et celles qui le liront tout de même : la législation française en matière de fin de vie est aux antipodes de l'hollandaise, renseignez-vous avant…

Oeuvre non trouvée

note: 5du côté de chez mao Jean-François - 31 décembre 2016

Yang Fenfang aime He Wuji, son ami d'enfance, dont le tort, dans le Chine de Mao, est d'avoir eu des parents qui, un jour lointain, avaient été propriétaires : un crime sous la soi-disant "dictature du prolétariat". Yang Fenfang va devoir épouser, contre son gré, un militaire gradé qui doit lui assurer gîte et couvert. Tout est "arrangé" par sa sœur et son beau-frère, qui ne veulent bien entendu "que son bien". Un drame va se jouer, qui va faire de notre amoureuse une criminelle (au sens de la loi de l'époque) et l'enverra purger une peine de vingt ans dans un camp de rééducation, où prisonnières de droit commun voisinent avec "criminelles" politiques et malades mentaux. Pour éclairer le contexte, ajoutons qu'il suffit de se moquer du président Mao ou de n'importe quel cadre politique pour devenir un "criminel". Dans ce beau roman, écrit avec une extrême simplicité tout en se ménageant quelques moments de pure poésie, l'auteure, qui a elle-même connu la vie des camps, nous plonge dans un univers où déraison et soumission totale à l'arbitraire rythment le quotidien de ces femmes dont le destin individuel a été rayé de la carte. Yang Fenfang pourra-t-elle un jour connaître le bonheur auquel tout un chacun a droit ? Rien n'est moins sûr…

Des clous dans le coeur (Danielle Thiéry)

note: 5v'là la crim… Jean-François - 31 décembre 2016

Une plongée dans le quotidien de la célèbre "Brigade criminelle", où l'auteure a accompli l'essentiel de sa carrière. Un univers glauque, où criminels, victimes et enquêteurs partagent un même cocktail les menant inéluctablement vers la mort. Maxime Revel, grand fumeur devant l'Éternel, ne s'est jamais remis de la disparition de sa femme Marieke, jamais élucidée, et sa fille anorexique ne lui adresse même plus la parole. Sonia, la pin-up du service, vit seule avec son chat et refuse toute tentative de séduction. Le reste de l'équipe est à l'avenant, mais ces êtres mal à l'aise dans leur peau, à la vie personnelle "délabrée" (du moins le crient-ils), s'avèrent pourtant d'une efficacité remarquable et d'un dévouement et d'une solidarité hors du commun. C'est donc cette toute petite équipe qui va s'atteler à une enquête difficile, mêlant présent (la mort d'un "rocker" sur le retour) et passé (des morts inexpliquées autour d'un café à la réputation assez trouble), avec en toile de fond la disparition de Marieke. Un polar captivant, qui rappelle l'univers d'un Simenon par sa noirceur mais aussi sa profondeur psychologique, tout en maintenant en permanence l'intérêt du lecteur par la multiplicité des personnages et des situations. Un grand roman, écrit "de l'intérieur", et une ode à une police proche des citoyens, qui n'est peut-être plus aujourd'hui que l'ombre d'elle-même…

La fille sans qualités (Juli Zeh)

note: 2la vie d'ada Jean-François - 31 décembre 2016

Un thriller psychologique qui fait froid dans le dos, tellement il met à mal la morale, les bons (et mauvais) sentiments, et plus généralement tout ce qui est censé faire le ciment de la société. L'histoire d'Ada, jeune lycéenne surdouée, physiquement et mentalement, et sa rencontre avec le jeune Alev, élève de terminale manipulateur et impuissant, va déclencher une série d'événements incontrôlables, dont le suicide d'un des enseignants n'est pas le moindre. L'auteure est-elle nihiliste, ou veut elle nous alerter sur les dangers qui guettent l'adolescent lorsqu'une intelligence sans conscience l'amène aux pires errements ? On ne le saura pas, tant le message, si message il y a, est noyé sous une profusion de références puisées dans la philosophie allemande, dont sont friands nos jeunes "héros". Si le but de Juli Zeh est de nous entraîner dans un univers cauchemardesque, aux confins extrêmes de la réalité, le pari est réussi, mais la complaisance avec laquelle, par le truchement de ses personnages, elle étale sa culture littéraire laisse penser que son ambition allait bien au-delà. Dommage…

La fille sans qualités (Juli Zeh)

note: 2la vie d'ada Jean-François - 31 décembre 2016

Un thriller psychologique qui fait froid dans le dos, tellement il met à mal la morale, les bons (et mauvais) sentiments, et plus généralement tout ce qui est censé faire le ciment de la société. L'histoire d'Ada, jeune lycéenne surdouée, physiquement et mentalement, et sa rencontre avec le jeune Alev, élève de terminale manipulateur et impuissant, va déclencher une série d'événements incontrôlables, dont le suicide d'un des enseignants n'est pas le moindre. L'auteure est-elle nihiliste, ou veut elle nous alerter sur les dangers qui guettent l'adolescent lorsqu'une intelligence sans conscience l'amène aux pires errements ? On ne le saura pas, tant le message, si message il y a, est noyé sous une profusion de références puisées dans la philosophie allemande, dont sont friands nos jeunes "héros". Si le but de Juli Zeh est de nous entraîner dans un univers cauchemardesque, aux confins extrêmes de la réalité, le pari est réussi, mais la complaisance avec laquelle, par le truchement de ses personnages, elle étale sa culture littéraire laisse penser que son ambition allait bien au-delà. Dommage…

Oeuvre non trouvée

note: 5les gens du fleuve Jean-François - 31 décembre 2016

Laissez-vous transporter dans un monde merveilleux où elfes, trolls et gobelins cohabitent avec les humains le long du fleuve Oriel. Dans "Le vaisseau elfique", James Baylock nous conte les aventures de trois hommes et un chien, partis descendre le fleuve en radeau jusqu'à son embouchure pour s'approvisionner à la veille de Noël en délicieux pains d'épices, qu'ils comptent échanger contre les non moins délicieux fromages de Maître Jonathan Bing. Un monde ressemblant étrangement au nôtre, mais où l'argent est remplacé par le troc et la magie fait partie du quotidien. Le récit, loin de la description fastidieuse d'un monde décalé, comme c'est trop souvent le cas en "heroic fantasy", abonde en péripéties, et chaque page nous réserve son lot de surprises. Bref, on ne s'ennuie jamais. Une réussite du genre…

Vieux, râleur et suicidaire (Fredrik Backman)

note: 5résurrection Jean-François - 31 décembre 2016

Ove présente tous les signes d'un autisme de type Asperger. Il adore calculer, a une mémoire d'éléphant, des astuces extraordinaires pour résoudre tous les problèmes du quotidien. Mais il déteste être dérangé dans son rituel quotidien, fait d'une application stricte des règles qu'il a acceptées ou s'est lui-même créées. À la mort prématurée de sa femme, et ayant perdu son travail avant d'en avoir décidé lui-même, deux catastrophes qu'il était loin d'avoir prévu, il sombre dans une crise existentielle qui va le conduire au bord du suicide. Mais le destin va en décider autrement, sous la forme de voisins qui viennent d'emménager dans le lotissement où s'est écoulée la majeure partie de son existence. Ses plans vont être bouleversés et Ove, bien obligé de se frotter à des personnes qui ne respectent aucune de ses règles, va se révéler un tout autre personnage, fort attachant. Cette résurrection, Fredrik Backman nous la raconte avec un humour, parfois féroce, assorti d'une analyse très fine des relations qui cimentent (ou parfois fissurent) toute communauté. Une narration sans failles, qui tient le lecteur en haleine du début à la fin, tant les événements les plus imprévus s'enchaînent de façon logique tout au long du récit. Un petit bijou…

Absente (Megan E. Abbott)

note: 5le joli bois de houx Jean-François - 31 décembre 2016

Gil "Hop" Hopkins travaille pour les studios d'Hollywood. Officiellement agent pour ces messieurs-dames les artistes, son travail consiste à effacer les traces de leurs fredaines diverses et variées, pouvant parfois aller jusqu'au crime. C'est dans l'atmosphère, glauque à souhait, des années de l'immédiat après-guerre que se situe l'intrigue, mettant en œuvre de nombreux personnages, en quête de fortune ou de gloire dans les milieux du cinéma. Artistes, hommes de main au service des studios ou du milieu, la frontière entre les deux étant très poreuse, maîtres-chanteurs (les paparazzis n'existaient pas encore mais on faisait déjà des photos compromettantes), tout ce beau monde s'agite et tâche de se donner bonne conscience en affichant le fameux sourire hollywoodien. Megan Abbott gratte où ça fait mal et n'hésite pas à noircir le tableau. Assez macho au premier abord, "Absente", qui ravira les afficionados de James Ellroy, David Goodis et autres grands noms du polar des "bas-fonds", fait preuve d'une finesse toute féminine dans la façon dont la notion de bien et de mal est traitée. Bien que certains personnages semblent carrément "irrécupérables", la plupart semblent victimes des circonstances plus ou moins fortuites qui les ont amenés à faire la "bonne" ou, trop souvent, la "mauvaise" rencontre. Une réussite…

Ca peut pas rater (Gilles Legardinier)

note: 4métro bureau bobo Jean-François - 31 décembre 2016

Gilles Legardinier poursuit sa petite comédie humaine, tout en soignant son public de trentenaires féminines et célibataires, qu'il avait déjà visité lors de l'hilarant "Demain j'arrête". Mariant humour, suspense et fine analyse psychologique, "Ça peut pas rater" nous plonge au cœur de la vie d'une entreprise, prise dans le maelström de la mondialisation. Plans sociaux, conflits internes, petites cruautés entre amis, tout est passé au crible de la pensée legardinière, empreinte de bon sens et d'une bonne dose de dérision, un cocktail fort sympathique lorsqu'on n'est pas "du côté du manche". Un plan diabolique est concocté par la gentille Marie Lavigne, notre trentenaire de choc, qui va se remettre de s'être fait "larguer" en s'entourant d'un groupe d'amis qui vont l'aider à se lancer dans l'action. Côté cœur, une mystérieuse lettre va la lancer sur la piste d'un étrange soupirant. Elle ne s'ennuie pas, la douce Marie, qui va pouvoir concocter sa vengeance tout en répandant mille roses autour d'elle. On peut regretter que l'auteur ait abandonné le côté déjanté, à la limite du fantastique, qui faisait tout le charme de "Demain j'arrête". Au fil des publications successives, on sent que Gilles Legardinier cherche à s'ancrer dans une réalité sociale toujours plus dure au quotidien, sans abandonner pour autant son humour et son message de fraternité.

38, rue Petrovka (Arkadij Aleksandrovič Vajner)

note: 5la crim' Jean-François - 31 décembre 2016

Un polar soviétique, écrit en 1975 et passé sous les fourches caudines de la censure brejnévienne. Et pourtant, quel style ! L'action se passe en 1945, au tout lendemain de la victoire contre les troupes hitlériennes, au sein de la Direction de la Milice Judiciaire de Moscou, le MOUR, pendant de notre défunt "36 quai des orfèvres". Chargée de traquer assassins et criminels de tout poil, qui pullulent en ces temps où la vigilance s'est quelque peu relâchée, effort de guerre oblige, la brigade a décidé de s'attaquer à la bande du "Chat noir", qui ratisse la ville et n'hésite pas à tuer. On se croirait revenu à Chicago au temps de la Prohibition. Ça défouraille à tout berzingue, mais l'intérêt réside dans l'habileté avec laquelle ces fins limiers réussissent à monter un plan diabolique qui va leur permettre de faire main basse sur toute la bande en un temps record. L'amour est aussi du voyage, les nombreux personnages permettant de multiplier les intrigues. Un excellent cru, qui ravira tant les amateurs d'action que de polar psychologique.

Tromper la mort (Maryse Rivière)

note: 5eire fatale Jean-François - 31 décembre 2016

Une chasse à l'homme qui nous emmène dans la verte Irlande, à la poursuite d'un tueur en série, avide de chair fraîche. Lorsqu'il sent la "force" monter en lui, Yann Morlaix, libraire de son état, se jette sur sa proie, une jeune femme blonde, jolie de préférence, qu'il fait disparaître après l'avoir étranglée. Damien Escoffier, du "36" (la Brigade Criminelle de Paris, installée 36, Quai des Orfèvres), va le pourchasser jusqu'à l'hallali final, après mille rebondissements. Un récit haletant, mené de main de maître, avec des morceaux de bravoure qui évoquent certaines séquences-cultes de "M le maudit" (la poursuite dans les égouts) et "Le troisième homme" (la fête foraine). Une réussite, dont on attend la suite avec impatience…

Oeuvre non trouvée

note: 5chine amère Jean-François - 31 décembre 2016

Par le truchement d'entretiens imaginaires avec divers personnages représentatifs des multiples couches de la société, Liao Yiwu nous fait partager sa vision amère de la Chine d'aujourd'hui. Arbitraire des décisions de justice, musellement de la liberté d'expression, mépris et insultes à l'égard des "migrants" et surtout, surtout, la mise à nu d'une société extrêmement hiérarchisée, divisée en classes sociales parfaitement étanches sous couvert d'un communisme de façade destiné à protéger les intérêts d'une caste privilégiée. Cruauté et humour font curieusement bon ménage dans ce pamphlet écrit au vitriol, qui manie adroitement l'art de la dérision pour dénoncer les maux d'une société ayant oublié le sens du mot égalité, pourtant gravé au fronton de sa constitution. Pour autant, Liao Yiwu ne se contente pas de dénoncer les travers des "puissants", car il s'en prend également, toujours avec le même humour grinçant, au citoyen lambda, âpre au gain, se délectant des souffrances des animaux, envieux des autres et prompt à la dénonciation. Un petit chef-d'œuvre, à déconseiller cependant aux âmes sensibles…

Vivre ! (Hua Yu)

note: 5une vie chinoise Jean-François - 31 décembre 2016

Quarante ans de la vie d'un paysan chinois, ayant traversé les épreuves qui ont marqué chaque habitant de l'empire du milieu : la guerre entre communistes et nationalistes, la collectivisation forcée, la grande famine de 1961 et la sinistre révolution culturelle. Quarante années de privations mais aussi de joies, vues à travers le prisme d'un "naïf", Fugui, qui ne cessera de s'adapter à toutes les vicissitudes de la vie, de rebondir face aux malheurs qui frapperont successivement toutes les personnes chères à son cœur. On pleure beaucoup à la lecture de ce récit, rapporté par un jeune étudiant parti dans la campagne chinoise à la recherche de chansons populaires, selon le procédé narratif cher à Stefan Zweig. Mais le ton est vrai et les petites joies de ces êtres si accordés l'un à l'autre rendent le récit attachant. Un véritable cri d'amour pour le peuple chinois, avant la fuite en avant de l'ère Deng Xiaoping.

Oeuvre non trouvée

note: 5au travail les beresford… Jean-François - 31 décembre 2016

Thomas et Tuppence Beresford, agents très spéciaux de sa gracieuse majesté, s'ennuient ferme en attendant une nouvelle mission. Jusqu'au jour où une proposition leur permet de voir refleurir la vie et s'envoler l'ennui. Ils vont devoir s'investir dans une agence de détectives privés, qui va leur servir de couverture pour une activité de contre-espionnage en direction de la Russie bolchevique. Nous sommes dans les années ayant suivi la fin de la première guerre mondiale, l'espionnite règne et va régner pour longtemps encore en Occident. L'histoire oscille entre les affaires, banales et moins banales, qui vont alimenter le quotidien de nos deux détectives improvisés. Pour pimenter la chose, à chacune de leurs "affaires", ils vont se donner des rôles, puisés dans la littérature policière de l'époque, fertile en grands détectives, le plus connu étant bien entendu l'immortel Sherlock Holmes. Une fois de plus, Agatha Christie s'amuse avec ses personnages et avec ses lecteurs, multipliant clins d'œil et jeux de miroirs. Un morceau de bravoure, qui ravira les amateurs de nouvelles policières, car chaque chapitre de ce roman est en fait conçu comme une nouvelle.

Myron Bolitar n° 3
Faux rebond (Harlan Coben)

note: 3les dessous du panier Jean-François - 31 décembre 2016

Dans ce polar, où Myron Bolitar apparaît pour la troisième fois, Harlan Coben nous emmène au pays du basket professionnel, avec ses combines, son argent (trop) facilement gagné, et la peur de déchoir de la première place, lorsqu'on y est parvenu. Basketteur renommé, champion en titre du New Jersey, Myron a vu sa royale carrière s'effondrer brusquement à la suite d'un coup violent porté à son genou. Ayant repris ses études et obtenu un diplôme de droit, il vivote au sein de MB Sports, la petite agence qu'il a créée avec sa collaboratrice Esperanza, spécialisée dans la défense des intérêts des sportifs professionnels. Un beau jour, Myron est appelé à rebondir dans sa carrière de basketteur, en réalité à s'infiltrer dans une équipe gagnante où il va jouer le rôle de l'éternel remplaçant. Sa véritable tâche va consister à retrouver la trace de Greg Downing, son éternel rival et néanmoins ami, qui a brusquement disparu et laisse l'équipe désemparée. Son enquête discrète, en compagnie de son acolyte Win, va l'amener à découvrir la face cachée du milieu sportif, où la parole donnée ne vaut que par ses contreparties sonnantes et trébuchantes. Fausses pistes et faux amis s'accumulent dans cette course haletante vers une vérité qui s'éloigne à mesure que l'on s'en approche. Un Harlan Coben honnête, pas des meilleurs loin s'en faut, mais qui se lit tout de même avec un réel plaisir.

Oeuvre non trouvée

note: 5terreur à sidney Jean-François - 31 décembre 2016

Une descente aux enfers pour Gina Davies, danseuse nue ("pole dancer") de son état dans un bar de Sidney. Surnommée "La Poupée" en raison de sa jeunesse et de sa beauté troublante, elle affole les mâles sans jamais se laisser toucher. Partie de rien, elle amasse petit à petit sa pelote, qu'elle cache sous son matelas, dans l'espoir d'acheter un jour la villa de ses rêves et faire enfin partie de la "bonne société". Un rêve de midinette, qui va se briser après une nuit d'amour torride avec un séducteur de passage, dont un journaliste en mal d'audience a décidé de faire un terroriste des plus dangereux. La chasse va commencer, dans cette mégapole glauque et apeurée, soumise aux diktats des médias. Un roman noir, très noir, un regard terriblement lucide sur la machine à broyer les âmes qu'est devenue notre civilisation.

Cycle clandestin n° 1
Citoyens clandestins (DOA)

note: 5doa j'adore Jean-François - 31 décembre 2016

Une plongée au cœur d'une exception culturelle française : la barbouzerie et les services parallèles. Publié en 2007, ce polar intense mettant aux prises la grande muette, les services officiels et officieux de police et le terrorisme djihadiste, préfigure étrangement les terribles attentats de janvier 2015. Toute l'action, qui se situe en 2001 en 2002, avant et après les attentats du 11 septembre, tourne autour de deux fûts d'une arme chimique aux pouvoirs toxiques hors du commun, que les djihadistes ont récupérée en Irak et veulent faire transiter jusqu'en France, pour préparer un attentat qui sera un des plus meurtriers de l'histoire. Cerise sur le gâteau, cette arme chimique est… française ! Retour à l'envoyeur, donc. Il n'en faut pas plus pour déclencher une opération aux enjeux multiples, où les divers services concernés vont comme d'habitude se prendre les pieds dans le tapis. La curiosité et le franc-parler d'une jeune journaliste au grand cœur, toute fraîche émoulue de son école et encore peu au fait de notre fameuse exception culturelle française, vont compliquer sérieusement les choses, pour le plus grand plaisir du lecteur. De multiples personnages, dont les "clandestins" du titre, émaillent ce récit dense, palpitant de la première à la dernière page. Un indice est donné dès le début du livre aux petits curieux dotés de bonnes connaissances naturalistes. À vous de le découvrir…

Carresse de rouge (Éric Fottorino)

note: 5le mystérieux incendie de la rue galande Jean-François - 31 décembre 2016

Un incendie dans un immeuble de la rue Galande, à Paris. L'appartement d'où le feu est parti abrite une femme et son fils, qui fort heureusement étaient absents ce jour-là. L'immeuble est assuré par l'agence des Gobelins, dirigée par Félix Maresco, qui se rend immédiatement sur les lieux et commence ses investigations. Il n'en faut pas plus pour que le fil des souvenirs se déroule, lui qui a perdu son fils dans un stupide accident de la circulation. Dans ce roman au charme indicible et à l'écriture raffinée Éric Fottorino nous entraîne au plus profond de ce qui fait l'essence des sentiments : le besoin de retrouver chez l'autre ce qui nous fait défaut depuis la plus tendre enfance. L'amour à tout prix, au point de perdre sa personnalité, c'est le lien qui s'est installé entre Félix et son fils Colin, auprès de qui il va tâcher de remplacer une mère absente, jusqu'au jour où… Mais il faut laisser le lecteur se prendre dans les filets savamment tissés par cet auteur, qui sait à merveille installer un suspense digne des meilleurs romans policiers dans une analyse des méandres psychologiques d'un personnage au bord de la dépression.

Le blanc va aux sorcières (Helen Oyeyemi)

note: 2maison qui parle Jean-François - 31 décembre 2016

La littérature fantastique n'est jamais aussi réussie que lorsqu'elle nous plonge dans un univers étrange et décalé tout en nous faisant croire qu'il fait bel et bien partie de notre quotidien. Dans cet opus venant de la gothique Angleterre, Helen Oyeyemi commence par des effets de style qui déroutent le lecteur, en le faisant d'entrée de jeu basculer hors de la réalité par des artifices purement visuels. Puis on revient vers une narration plus classique, avec phrases et paragraphes, le récit alternant entre les divers protagonistes, Luc, ses deux jumeaux Miranda et Eliot, Ore, la sensuelle amie de Miranda, et un dernier personnage qui n'est autre que… la maison ! Cette grande maison à étages, située à Douvres, propriété de la belle et trop tôt disparue Lily Silver, femme de Luc et mère des deux jumeaux, va abriter la tribu lorsqu'elle décide d'abandonner Londres à ses brouillards et sa pollution. Cette maison est dotée d'une volonté propre, pas toujours au service de ses occupants. Hélas, ce qui aurait pu se développer en un fantastique jeu de miroirs tourne court. Le "personnage" de la maison devient quasiment inexistant, et il ne reste plus que la quatrième de couverture pour nous rappeler qu'il s'agit du point focal de ce monde irréel. L'auteure a un réel talent d'écriture, mais elle a voulu trop en faire, compensant par le style et la typographie un cruel manque d'imagination. Dommage…

Et Nietzsche a pleuré (Irvin D. Yalom)

note: 5psy et compagnie Jean-François - 31 décembre 2016

Les débuts de la psychanalyse, revisités par un Irvin Yalom en pleine forme. Sur un arrière-plan historiquement avéré (les amours de Friedrich Nietzsche et de Lou Andreas Salomé, l'amitié de Josef Breuer et de Sigmund Freud) l'auteur imagine qu'à l'instigation de la belle, Josef Breuer, célèbre médecin viennois de la fin du dix-neuvième siècle, va traiter les migraines et le mal de vivre du grand philosophe allemand, tout en lui faisant croire qu'il a besoin de ses conseils éclairés. Pas facile, lorsqu'on a affaire à la fameuse moustache et au loup solitaire et tourmenté qui se cache derrière et refuse tout traitement. Un jeu de dupes où médecin et patient se renvoient la balle, tout en mettant au point, par tâtonnements successifs, les bases de ce qui deviendra bientôt la thérapie analytique, tout cela sous l'œil attentif d'un Sigmund Freud débutant mais déjà fin connaisseur de l'âme humaine. Comme les autres œuvres romanesques de cet auteur (le délicieux "Mensonges sur le divan"), "Et Nietzsche a pleuré" se lit comme un roman policier, avec ses pistes, vraies ou fausses, son mystère et toujours ce regard aigu et sans concessions sur la pratique analytique et l'influence insidieuse du patient sur son thérapeute. Un régal…

Et Nietzsche a pleuré (Irvin D. Yalom)

note: 5psy et compagnie Jean-François - 31 décembre 2016

Les débuts de la psychanalyse, revisités par un Irvin Yalom en pleine forme. Sur un arrière-plan historiquement avéré (les amours de Friedrich Nietzsche et de Lou Andreas Salomé, l'amitié de Josef Breuer et de Sigmund Freud) l'auteur imagine qu'à l'instigation de la belle, Josef Breuer, célèbre médecin viennois de la fin du dix-neuvième siècle, va traiter les migraines et le mal de vivre du grand philosophe allemand, tout en lui faisant croire qu'il a besoin de ses conseils éclairés. Pas facile, lorsqu'on a affaire à la fameuse moustache et au loup solitaire et tourmenté qui se cache derrière et refuse tout traitement. Un jeu de dupes où médecin et patient se renvoient la balle, tout en mettant au point, par tâtonnements successifs, les bases de ce qui deviendra bientôt la thérapie analytique, tout cela sous l'œil attentif d'un Sigmund Freud débutant mais déjà fin connaisseur de l'âme humaine. Comme les autres œuvres romanesques de cet auteur (le délicieux "Mensonges sur le divan"), "Et Nietzsche a pleuré" se lit comme un roman policier, avec ses pistes, vraies ou fausses, son mystère et toujours ce regard aigu et sans concessions sur la pratique analytique et l'influence insidieuse du patient sur son thérapeute. Un régal…

RN 86 (Jean-Bernard Pouy)

note: 5gare au pont… Jean-François - 31 décembre 2016

Le Pont du Gard, une des merveilles du monde, lieu mythique, fleuron de notre doulce France, lieu mystérieux aussi, qui fascine tant les amateurs de vieilles pierres que les désespérés désireux de se retrouver sur le fil d'actualité de Facebook. C'est vers ce monument archi-visité et photographié que va se tourner Léonard, lorsqu'il va apprendre l'accident mortel de sa femme Lucie, survenu peu de temps après son retour d'un stage en province. Léonard ne croit pas un instant à la thèse de l'accident, pour lui c'est un suicide. Mais pourquoi ? Dans son sac de voyage, une carte postale, coincée entre les pages de son dossier de stage : le Pont du Gard ! Plutôt que de ronger les sangs pour tenter de trouver un sens à cet acte… réussi, notre héros décide de se rendre sur place, pour faire son enquête. Qui a-t-elle rencontré au cours de ce séjour d'un mois et dix jours loin du domicile conjugal ? Et qu'a-t-elle fait après son stage, censé ne durer qu'un mois ? La quête de la vérité commence, haletante, pleine de chausse-trappes et de fausses pistes. Cette femme, Léonard était loin, bien loin de la connaître, même au bout de quinze ans de mariage. Un polar conjugal réussi, empreint d'une tendre ironie, par un maître du genre…

Le polygame solitaire (Brady Udall)

note: 5mormonnade Jean-François - 31 décembre 2016

Le polygame solitaire, un oxymore qui nous met, dès le titre, dans l'ambiance de ce roman inclassable nous plongeant dans l'univers des mormons fondamentalistes, toujours adeptes contre vents et marées du "mariage plural". Golden Richards, le "chef" de famille, a bien du mal à régenter son royaume et préfère passer le plus de temps possible dans sa caravane, en mentant à tout le monde puisqu'il n'a pas le droit d'enfreindre le "Principe", texte sacré qui régit le quotidien des adeptes. Malgré les drames qui se nouent, surtout centrés autour de la figure de Rusty, adolescent en révolte que chacun se refile comme une patate chaude, l'humour est présent tant les situations les plus cocasses s'accumulent au fil des pages. Le ton général du récit est une ironie douce-amère, qui préserve la galerie de nombreux personnages de la tendance spontanée à ne voir que des "bons" et des "méchants". On peut voir dans le destin de la famille Richards un raccourci de la société tout entière, qui perdure au milieu des drames les plus sanglants car vivre ensemble est le seul moyen qu'a trouvé l'humanité pour survivre. Mais on peut y voir aussi un plaidoyer pour l'amour et une fine analyse psychologique des liens complexes qui se tissent entre hommes et femmes, parents et enfants, collègues de fortune ou d'infortune.

Oeuvre non trouvée

note: 5le masque et la plume Jean-François - 25 décembre 2016

La jalousie est un vilain défaut, c'est bien connu. Elle peut même conduire au crime, comme le démontre avec succès l'auteur de ce polar "littéraire". Le narrateur, Sir Edward quelque chose, gentleman bien en vue dans le milieu de l'édition londonien, est le traducteur de son ami français Nicolas Fabry, qui vient d'obtenir le Goncourt, consécration d'une œuvre abondante et mondialement célèbre. Hélas, au lieu de se réjouir de son succès, il est rongé par le sentiment d'une profonde injustice. Nicolas Fabry était en effet à l'origine un auteur médiocre, que Sir Arthur a largement aidé à parfaire sa technique, quitte à réécrire totalement certaines de ses œuvres les plus célèbres. Et pourtant, ce dernier roman, qui voit cet auteur propulsé au firmament de la qualité littéraire, ne doit rien à son aide. Nicolas Fabry a enfin réussi à écrire "avec ses tripes". Il n'en faut pas plus à notre homme de la City pour concevoir un plan diabolique destiné à provoquer la chute de son "ami". Ce plan, Jean-Jacques Fiechter nous le fait découvrir pas à pas. Une narration impeccable, un suspense garanti, qui tient en haleine jusqu'au bout…

Peine perdue (Olivier Adam)

note: 5la ronde d'adam Jean-François - 25 décembre 2016

Dans "La ronde" d'Arthur Schnitzler, chaque personnage renvoie à des partenaires qui à leur tour renvoient à d'autres partenaires et ainsi de suite jusqu'au bouclage final. Olivier Adam reprend ce même processus narratif pour nous décrire un échantillon de la population d'un petit village que l'on situe quelque part au pied de l'Estérel, sur la Côte d'Azur. Une terrible tempête a bouleversé ce microcosme social. Des morts, des disparus, des couples qui vont se recomposer, la tempête va servir de révélateur et permettre aussi quelques opérations douteuses. Bref, une image de notre société, vue sous son angle le plus noir. Le noir est de rigueur avec cet auteur, dont on ne se lasse pas d'apprécier l'acuité du regard. Regard sur lui-même, au travers de personnages avec lesquels on n'a aucun mal à l'identifier, mais aussi sur nos valeurs, qu'il dissèque et renifle avec délectation. Roman choral ? Certes, par les liens tissés entre tous ces personnages, d'âges et de milieux sociaux très divers. Mais pas au sens où on l'entend habituellement, car le message sous-jacent n'est pas un message de réconciliation. Pour la première fois, Olivier Adam parle d'autre chose que de lui-même. Mais Antoine, Paul, Jeff et les autres, qu'ils soient hommes ou femmes, jeunes ou vieux, ne sont-ils pas les diverses facettes de sa personnalité complexe et tourmentée ? Lui seul le sait, mais peu importe, le roman est là, et il est excellent…

Oeuvre non trouvée

note: 5passion composée Jean-François - 25 décembre 2016

1936. Le grand hôtel de Giessbach, avec son funiculaire historique convoyant bagages et voyageurs au pied des merveilles des Alpes suisses. Un microcosme feutré et fermé sur lui-même, où règne la promiscuité. C'est ainsi, dans le partage d'une chambrette sous les toits, qu'Ernest rencontre Jacob. La cohabitation se transforme rapidement en amitié puis en amour et, pour l'un d'entre eux du moins, en passion, jusqu'au brusque départ de Jacob pour l'Amérique. Trente ans après, le "garçon" parfait du palace de Giessbach, devenu depuis longtemps "Monsieur Ernest", immuable serveur et célibataire endurci, reçoit une lettre de son ami Jacob, dont il n'avait jamais reçu aucune nouvelle. C'est le début d'une plongée dans un passé qu'il croyait avoir oublié, et c'est un autre Jacob, à la personnalité complexe, qu'il va découvrir au fil des aveux d'un troisième personnage. Une vision toute en finesse de la passion aux multiples facettes que peut éprouver un homme pour un autre homme. Un roman surprenant, d'une grande originalité, d'une écriture ciselée, abordant avec franchise un sujet encore largement demeuré tabou.

Un avion sans elle (Michel Bussi)

note: 5le hibou et la libellule Jean-François - 25 décembre 2016

Libellule, tel est le nom donné à l'époque (23 décembre 1980) au bébé miraculé de la catastrophe aérienne du "Mont Terrible", lieu imaginaire situé aux confins de la frontière suisse, dans le Jura. Le hibou, c'est Crédule (sic !) Grand-Duc (resic !), le détective grassement payé par la famille Carville pour identifier ce bébé, qui ne porte sur lui aucun signe distinctif. Dix-huit ans après le mystère demeure, deux nourrissons nés le même jour étant présents parmi les passagers du vol tragique Téhéran-Paris. Comme de rigueur avec cet auteur passé maître dans l'art de travestir les apparences, les pistes se croisent et se décroisent, toutes aussi fausses les unes que les autres, jusqu'au dénouement final, inattendu. Il est question d'hérédité, bien sûr, mais aussi de haine et d'amour, dans ce polar bien mené, qui vous emmènera à tire-d'aile au pays des rêves bleus…

Oeuvre non trouvée

note: 5le hibou et la libellule Jean-François - 25 décembre 2016

Libellule, tel est le nom donné à l'époque (23 décembre 1980) au bébé miraculé de la catastrophe aérienne du "Mont Terrible", lieu imaginaire situé aux confins de la frontière suisse, dans le Jura. Le hibou, c'est Crédule (sic !) Grand-Duc (resic !), le détective grassement payé par la famille Carville pour identifier ce bébé, qui ne porte sur lui aucun signe distinctif. Dix-huit ans après le mystère demeure, deux nourrissons nés le même jour étant présents parmi les passagers du vol tragique Téhéran-Paris. Comme de rigueur avec cet auteur passé maître dans l'art de travestir les apparences, les pistes se croisent et se décroisent, toutes aussi fausses les unes que les autres, jusqu'au dénouement final, inattendu. Il est question d'hérédité, bien sûr, mais aussi de haine et d'amour, dans ce polar bien mené, qui vous emmènera à tire-d'aile au pays des rêves bleus…

Oeuvre non trouvée

note: 1attention… danger ! Jean-François - 25 décembre 2016

De jeunes garçons et jeunes filles dotés de pouvoirs hors du commun (les enfants du volcan), vivant en communauté et victimes des poursuites de Sentinel, une organisation internationale vouée à leur éradication. Tel est le cadre dans lequel vont évoluer les aventures de Kaleb, EDV surpuissant mis sur orbite par un mystérieux message venant de l'au-delà, et la "succube" Abigail, avide de sexe et de destruction et elle-même "sous contrôle" à son insu. Au-delà de ce méli-mélo de manipulés-manipulants surdoués qui fait passer le petit monde de John Le Carré pour la cour de récréation d'une école maternelle, ce qui pose un problème dans la saga Kaleb c'est l'indifférence de l'auteure vis-à-vis du bien et du mal. Dans ce thriller destiné à la jeunesse, au succès mondial, la violence est autant au service des plus bas instincts que des idéaux les plus nobles, et la confusion est totale entre l'intérêt individuel et le bien commun. Mettre un tel arsenal négationniste entre les mains d'adolescents est comme leur fournir une grenade dégoupillée en leur faisant croire qu'il s'agit d'une fleur. On comprend mieux comment des jeunes peuvent se laisser tenter par l'hyper-violence et le terrorisme si leur apprentissage des valeurs qui ont permis à l'humanité de survivre jusqu'à aujourd'hui passe par de telles références. L'habileté et la créativité de cette auteure, bien réelles pourtant, rendent encore plus criant le danger. Gare à la chute…

Oeuvre non trouvée

note: 3trois femmes et un cottage Jean-François - 25 décembre 2016

Westport, Connecticut, quelque part sur la côte atlantique au nord-est de New York. Mise à la porte de son superbe appartement de Central Park par son mari, Joseph (Joe, Josie), qui lui apprend qu'il la quitte pour Felicity, Betty va devoir se contenter d'une petite bicoque mal retapée prêtée par son oncle Lou. Le coup est bas, après quarante-huit années ans de vie commune, mais Betty a bon espoir de faire valoir ses droits et regagner ses pénates, où Josie et Felicity se sont tranquillement installés en attendant le divorce. Les deux filles de Betty, Miranda et Annie, dont la vie, professionnelle pour la première, amoureuse pour la seconde, viennent de basculer, vont la rejoindre et entamer vaille que vaille une vie à trois, à l'étroit, en attendant des jours meilleurs. C'est aussi le moment de faire un retour sur leur vie passée, les ratages mais aussi les réussites, et découvrir petits bonheurs et tracas d'une vie simple, loin des paillettes de la bonne société new-yorkaise. Cette étude de mœurs autour de trois femmes d'âges et de tempéraments fort différents, marquées par les aléas de la vie, tourne malheureusement assez rapidement à la sitcom, et ce qui aurait pu être une fine analyse psychologique se transforme en un roman d'aventures sentimentales, féministe en diable, mais diablement peu crédible, malgré une belle qualité d'écriture.

Les voix du crépuscule (Lisa Unger)

note: 5ces chères disparues… Jean-François - 25 décembre 2016

Les Hollows, ça craint ! Tel est le cri du cœur de Willow Graves, une adolescente qui n'a pas bien accepté de se voir transplantée dans ce "trou perdu", quelque part au nord de l'état de New York. Un coin de silence où sa mère, Bethany, espère enfin trouver un peu de tranquillité pour écrire ses romans policiers. Mais pourtant, oui, ça craint, et cette expression passe-partout va bien vite s'avérer le reflet fidèle de la réalité. Le mystère s'épaissit, l'ambiance devient lourde, dès le moment où Willow, s'égarant la nuit dans les bois, croit apercevoir un mystérieux personnage s'activant autour d'une fosse. D'autres évènements surviennent, qui vont bouleverser la vie des habitants de ce petit village si tranquille, d'où plusieurs femmes ont disparu dans des circonstances jamais élucidées. Lisa Unger sait distiller l'angoisse, sans jamais avoir recours aux ficelles habituelles du genre : pas de scènes d'action, pas de crissements de pneus ni de rugissements de sirènes, rien que le silence feutré d'une campagne endormie. Un grand roman de mystère, qui ravira les amateurs d'énigmes crépusculaires.

Allumer le chat (Barbara Constantine)

note: 5petite comédie humaine et… animalière ! Jean-François - 25 décembre 2016

Raymond et Mine sont deux vieux qui s'aiment, comme au premier jour. Raymond est grognon et fait peur à tout le monde, Mine est plutôt gentille, elle aime les chats, surtout son gros matou Bastos, que Raymond veut "allumer" avec son fusil. Il y a aussi Rémi, le fils de Josette, leur fille, que Mine protège comme elle peut des "foudres" de son grand-père. Raymond est fâché avec Josette, depuis longtemps bien qu'on ne sache plus trop pourquoi, et a bien du mal à prendre son petit-fils (le "gnome") dans ses bras. Bref, une famille bien de chez nous, où beaucoup (les plus honnêtes) se reconnaîtront ou bien détourneront la tête d'un air dégagé. Rassurez-vous, on n'est pas, mais alors pas du tout, chez les Thénardier, et Rémi n'est pas une Cosette en pantalons. Cette petite comédie humaine, pleine d'humour, s'agrémente des réflexions des uns et des autres, et le chat Bastos n'est pas le dernier à nous raconter sa vision des choses. Et il s'en passe, des choses ! Barbara Constantine (ce patronyme ne vous rappelle rien ?, cherchez bien du côté d'un certain Lemmy Caution, au cinéma) a l'art de la conteuse chevillé au corps, et porte un regard aigu sur notre société d'aujourd'hui. "Mine" de rien, sa petite comédie humaine (et animalière), qui est son premier roman, l'a propulsée d'un coup d'un seul chez les grands. On lui souhaite une longue, très longue carrière…

Oeuvre non trouvée

note: 5un trésor est caché dedans… Jean-François - 25 décembre 2016

Octobre 1917, dix jours qui ébranlèrent le monde, la Russie bascule dans le communisme après la victoire des bolcheviks. Le tsar et sa famille disparaissent, et la légende de leur survie, notamment celle de la princesse Anastasia, va perdurer tout au long du vingtième siècle. C'est sur cette trame historique, rappelée en fin d'ouvrage, que Sam Eastland a bâti ce captivant roman d'aventures politico-policières, brassant un peu plus d'une dizaine d'années de l'histoire russe à travers le destin tourmenté de l'inspecteur Pekkala, surnommé "L'œil du tsar" ou "L'homme aux mains rouges". Le rouge est celui du sang, bien entendu, en écho à ses opérations secrètes, autant que discrètes, au service de l'empereur de toutes les russies. Cet homme aux dons hors du commun, doté d'une mémoire extraordinaire et d'un sens intangible du devoir, va être "réveillé" de son exil sibérien pour une fabuleuse chasse au trésor, au service du nouveau tsar, le "camarade" Joseph Staline. Le récit est parfaitement maîtrisé, le suspense dure jusqu'au bout, et l'on se prend d'un intérêt croissant pour ce "monstre" beaucoup plus humain et doté de sentiment qu'il n'y paraît. Dépaysement garanti…

Un secret du docteur Freud (Éliette Abécassis)

note: 5transfert Jean-François - 25 décembre 2016

Éliette Abécassis nous conte, avec son talent habituel, les derniers moments à Vienne du père de la psychanalyse. La montée du nazisme en Autriche, après son annexion par le Troisième Reich, va mettre en danger Sigmund Freud, vieillissant et malade. Pour le protéger et assurer son transfert rapide vers l'Angleterre, Marie Bonaparte, son élève et généreuse donatrice, va mener à bien une mission délicate qui va l'amener à côtoyer Anton Sauerwald, commissaire aux affaires juives. Celui-ci va finalement mettre sa carrière en péril en facilitant la fuite, corps et biens confondus, de la famille Freud et du trésor éditorial et artistique (les fameuses statuettes) accumulé au fil des ans. Fiction et vérité historique se mêlent, dans une langue fluide qui rend la lecture très agréable. Même si l'on connaît la biographie officielle de l'auteur de "Psychopathologie de la vie quotidienne", on se laisse facilement entraîner dans un récit fortement empreint de mystère : quel est ce secret que notre héros ne veut dévoiler, y compris (et surtout) à ceux qui lui sont les plus chers ? On le devinera au fur et à mesure que sa personnalité complexe nous sera dévoilée. Comme il est de rigueur dans toute son œuvre, Éliette Abécassis renforce au passage la judéité de Sigmund Freud, dont les relations avec le judaïsme étaient pour le moins complexes. Mais elle le fait d'une manière tout à fait convaincante. Passionnant…

Oeuvre non trouvée

note: 4le monde du silence Jean-François - 25 décembre 2016

Un jour, le monde devint silencieux. Plus de bruits de moteur, plus de sonneries, plus de conversations à bâtons rompus, rien que le bruit du vent dans les ramures des triffides. John Wyndham, se projetant dans un futur indéterminé (l’ouvrage fut écrit quelques petites années après la fin de la seconde guerre mondiale), imagine une double catastrophe mondiale, dont l’origine restera à jamais indéterminée car l’espèce humaine a quasiment disparu en quelques jours, à l'exception de quelques individus isolés ayant par miracle survécu à ce cataclysme. Ce sont deux de ces survivants, et quelques autres qu’ils vont rencontrer au passage, que nous allons suivre au cours de leur quête désespérée pour reconstruire un monde dans lequel vivre. Comme dans d’autres romans de la même veine ("Robinson Crusoe", "La guerre des mondes", "Malévil" et bien d’autres), l’idée d’un monde à reconstruire est un prétexte à réfléchir sur la notion de bien et de mal, de solidarité, de pouvoir, de destin, bref sur ce qui préoccupe de toute éternité l’humanité, sans pour autant passer par l’ennui d’un essai philosophique ou d’une exégèse historique. Et l’on ne s’ennuie guère à la lecture du "Jour des triffides", tant on s’attache à ces personnages hantés par leur destin. Une œuvre d’imagination furieusement prémonitoire, mais aussi un extraordinaire roman d’aventures.

Oeuvre non trouvée

note: 4le monde du silence Jean-François - 25 décembre 2016

Un jour, le monde devint silencieux. Plus de bruits de moteur, plus de sonneries, plus de conversations à bâtons rompus, rien que le bruit du vent dans les ramures des triffides. John Wyndham, se projetant dans un futur indéterminé (l’ouvrage fut écrit quelques petites années après la fin de la seconde guerre mondiale), imagine une double catastrophe mondiale, dont l’origine restera à jamais indéterminée car l’espèce humaine a quasiment disparu en quelques jours, à l'exception de quelques individus isolés ayant par miracle survécu à ce cataclysme. Ce sont deux de ces survivants, et quelques autres qu’ils vont rencontrer au passage, que nous allons suivre au cours de leur quête désespérée pour reconstruire un monde dans lequel vivre. Comme dans d’autres romans de la même veine ("Robinson Crusoe", "La guerre des mondes", "Malévil" et bien d’autres), l’idée d’un monde à reconstruire est un prétexte à réfléchir sur la notion de bien et de mal, de solidarité, de pouvoir, de destin, bref sur ce qui préoccupe de toute éternité l’humanité, sans pour autant passer par l’ennui d’un essai philosophique ou d’une exégèse historique. Et l’on ne s’ennuie guère à la lecture du "Jour des triffides", tant on s’attache à ces personnages hantés par leur destin. Une œuvre d’imagination furieusement prémonitoire, mais aussi un extraordinaire roman d’aventures.

Ne lâche pas ma main (Michel Bussi)

note: 5traqué ! Jean-François - 25 décembre 2016

Une traque infernale à travers les merveilles de l'Île de la Réunion, qui va engager la quasi-totalité des forces policières de ce lointain département d'outre-mer à la poursuite de Martial Bellion et de sa fille Sofa. Tout l'accuse du meurtre de sa femme Liane et d'un employé de l'hôtel Alamanda de Saint-Gilles-les-Bains. Mais court-il ainsi pour fuir la police ou bien un danger encore plus grand ? Dans ce polar haletant, aux confins du fantastique, Michel Bussi a mis tout son talent professionnel (il est géographe) pour faire de la nature, qu'il s'agisse du climat, de la végétation ou de la géologie, le ressort principal de l'action. Une prouesse de plus pour cet auteur fécond dont on ne se lasse pas. Les quatre cent et quelques pages sont vite dévorées. Un régal, et une très tentante invitation au voyage !

Ne lâche pas ma main (Michel Bussi)

note: 5traqué ! Jean-François - 25 décembre 2016

Une traque infernale à travers les merveilles de l'Île de la Réunion, qui va engager la quasi-totalité des forces policières de ce lointain département d'outre-mer à la poursuite de Martial Bellion et de sa fille Sofa. Tout l'accuse du meurtre de sa femme Liane et d'un employé de l'hôtel Alamanda de Saint-Gilles-les-Bains. Mais court-il ainsi pour fuir la police ou bien un danger encore plus grand ? Dans ce polar haletant, aux confins du fantastique, Michel Bussi a mis tout son talent professionnel (il est géographe) pour faire de la nature, qu'il s'agisse du climat, de la végétation ou de la géologie, le ressort principal de l'action. Une prouesse de plus pour cet auteur fécond dont on ne se lasse pas. Les quatre cent et quelques pages sont vite dévorées. Un régal, et une très tentante invitation au voyage !

Les vivants (Pascale Kramer)

note: 3lorsque l'enfant disparaît Jean-François - 25 décembre 2016

La lente descente aux enfers d'un jeune couple marqué par la mort brutale de leurs deux enfants. À ce couple, Louise et Vincent, s'adjoignent Benoît, le frère tant aimé de Louise, leur mère, ainsi que les parents de Vincent. Cinq personnes marquées définitivement par ce drame, qui va bousculer les rapports si fragiles qui s'étaient lentement établis entre eux au fil du temps. C'est le portrait d'une désagrégation des êtres, tant physique que morale, que nous brosse avec un réel talent d'écriture Pascale Kramer. Hélas, se sauver par la fuite semble être la recette que l'auteure a trouvée pour clore cette tragédie familiale. Un message fort peu réjouissant…

Nymphéas noirs (Michel Bussi)

note: 5les fleurs du mal Jean-François - 25 décembre 2016

Scotché ! Je suis resté scotché, épinglé comme au fond d'une boîte d'entomologiste, à la lecture de ce polar "impressionniste", qui nous mène, touche après touche, de la mort de Claude Monet à… presque aujourd'hui. Le temps ne compte plus, la mort rôde, bravant les années, dans le petit village de Giverny, où vécut le peintre des "Nymphéas" et où s'écoule depuis une trentaine d'années un flot ininterrompu de touristes, amateurs de "belle peinture". Michel Bussi ouvre des pistes dans ce jardin coloré où l'on retrouve la petite Fanette, au talent si précoce, Stéphanie, la jolie institutrice, et la vieille sorcière à la fenêtre de son donjon. Toutes ces pistes sont fausses, comme le lecteur avide de résoudre des énigmes policières s'en rendra compte, mais trop tard. L'auteur règne en maître et nous assène le coup de grâce, final. Chapeau bas, on s'incline…

Galadio (Didier Daeninckx)

note: 5métissage Jean-François - 25 décembre 2016

Didier Daeninckx, dans ce beau roman écrit à la première personne, nous conte le périple de Galadio, alias Ulrich. Parti d'Allemagne vers la lointaine Afrique, à la rencontre de ses origines paternelles, ce jeune métis va vivre plusieurs vies en un peu moins d'une dizaine d'années. Un voyage initiatique, de l'Allemagne nazie à l'Afrique Occidentale Française, le ramenant dans une Allemagne en ruines d'où tout souvenir a disparu. Un monde s'est écroulé, mais Galadio a survécu, lui qui aurait dû finir sa vie dans un camp, ou au mieux être transformé en mâle stérile sous le bistouri d'un chirurgien nazi. Dans ce raccourci de l'histoire, le message humaniste de Didier Daeninckx porte loin, mais qui l'entendra ?

Commissaire Habib n° 5
Meurtre à Tombouctou (Moussa Konaté)

note: 5raides touaregs Jean-François - 25 décembre 2016

Dernier volume des enquêtes du commissaire Habib, "Meurtre à Tombouctou" nous emmène cette fois chez les Touaregs. Un jeune marchand ambulant est retrouvé mort, non loin de son campement près de Tombouctou. L’évènement est bien près de déclencher une guerre tribale entre deux familles apparentées, qui se vouent une haine mortelle. Le commissaire Touré est chargé de l’enquête mais s’avère très vite incapable de faire la part entre tradition et justice, dans cette région culturellement et géographiquement éloignée de la capitale. Il va devoir faire appel aux Services Centraux, qui vont dépêcher sur place le célèbre commissaire Habib, assisté de son adjoint Sosso. À ce tandem fidèle et terriblement efficace le gouvernement n’a pas manqué d’adjoindre un consultant français, membre des services secrets. Car le décès mystérieux du jeune Ibrahim a été suivi d’une salve de tirs et de menaces à l’égard d’un ressortissant français. Le trio va devoir démêler les rapports complexes qui régissent une communauté fortement ancrée dans ses traditions et acceptant mal qu’on lui impose des règles qu’elle n’a pas intégrées. Mais l’habileté de notre enquêteur va lui permettre, non seulement de mettre fin à la querelle familiale ravivée par la mort d’Ibrahim, mais également de dévoiler les activités nocturnes autant qu’illicites dans lesquelles certains français se sont compromis. Dépaysement garanti...

Oeuvre non trouvée

note: 5le dernier lettré Jean-François - 25 décembre 2016

Quatre nouvelles, datant de 1944, par un écrivain chinois renommé ayant parcouru au cours de sa longue carrière la quasi-totalité du vingtième siècle. À cheval entre tradition et modernité, elles allient une profonde érudition, celle d'un des derniers lettrés de l'Empire du Milieu, à une vision désabusée de l'occidentalisation de la Chine, quelques années avant le "coup de balai" de la dictature maoïste. Bardées de notes expliquant les nombreuses allusions au bagage culturel chinois (jeux de mots, proverbes, citations diverses), excellemment traduites, les nouvelles de Qian Zhongshu raviront le lecteur par leur légèreté et leur acuité, qu'il s'agisse des rapports entre hommes et femmes ("Le rêve de Dieu", "Pensée fidèle"), du temps qui passe ("La chatte"), ou bien encore de la notoriété ("Inspiration"). Et comme il se doit, le surnaturel est au rendez-vous. J'ai particulièrement apprécié "Le rêve de Dieu", qui ouvre ce recueil. Le récit joue avec toutes les ficelles du raisonnement, en le poussant jusqu'à l'absurde, mais un absurde jubilatoire, tout empreint de poésie. Même si cela doit faire se retourner dans sa tombe cet honorable écrivain, la tournure de cette nouvelle rappellera étrangement aux amateurs de science-fiction ce que l'on appelle "heroic fantasy". Un délice…

Walt Longmire n° 6
Molosses (Craig Johnson)

note: 5ya d'la casse… Jean-François - 25 décembre 2016

Une casse automobile, quelque part dans un coin perdu du Wyoming, juste à côté du "site municipal de dépôt, tri et récupération des déchets", nom ronflant donné à une décharge ouverte aux quatre vents. Le décor est planté, bien sinistre, par un froid de canard comme on en connait si bien dans les grandes plaines américaines. Walter (Walt) Longmire, le shérif, accompagné de la plantureuse et néanmoins fidèle Victoria (Vic), enquête sur un accident étrange, qui va l'amener au contact de quelques personnages plus bizarres les uns que les autres, et quelques chiens aux dents particulièrement acérées. Un pouce sectionné, retrouvé dans une glacière au milieu de la décharge, va entraîner Santiago Saizarbitoria (le Basque), un autre membre de l'équipe, dans des investigations rocambolesques, à la poursuite d'une main à quatre doigts. Pas de vieilles légendes indiennes, pas de dialogues avec les esprits, dans ce sixième volet des aventures du shérif d'Absaroka. Reste ce qui fait le charme de l'œuvre de Craig Johnson, cette attention constante aux êtres et aux paysages, à leurs relations complexes, jamais évidentes. Malgré l'absence de véritable trame policière, le récit est passionnant, totalement libre (en apparence) de toute contrainte. Enchantement assuré…

Bellefleur (Joyce Carol Oates)

note: 5une sacrée famille Jean-François - 25 décembre 2016

Une sacrée famille, ces Bellefleur ! Établis en Nouvelle-Angleterre depuis la fin du 18e siècle, ils vont pendant près de deux siècles dominer du haut de leur château la "bonne" société, à quelques exceptions près. Parmi leurs membres, on trouvera un tueur en série, un ermite ayant fui la "civilisation", assortis de quelques chers disparus dont la disparition demeurera à tout jamais mystérieuse. Du mystère, il y en a dans les romans de Joyce Carol Oates, mais aussi une mise à nu sans concession des ressorts les plus secrets du comportement humain. Ses amateurs ne seront donc pas déçus dans cet opus magistral, qui brasse tout un pan de l’histoire des États-Unis. Le récit est loin d’être linéaire, se jouant des époques, projetant sa lumière tantôt sur l’un tantôt sur l’autre des multiples personnages de cette saga familiale. L’utilisation astucieuse des prénoms (il est de bon ton de donner aux enfants les prénoms des ancêtres) oblige encore un peu plus le lecteur à se concentrer sur les faits qui sont rapportés s’il veut les replacer dans une chronologie cohérente, d’autant que les dates sont très rarement mentionnées, à dessein sans doute. Il faut entrer dans ce roman comme dans un jeu de pistes, et le plaisir est réel car au fur et à mesure tout finit par s’éclairer. Un bonheur d’écriture, un bonheur de lecture…

Le poète de Gaza (Yishai Sarid)

note: 5maussade mossad Jean-François - 25 décembre 2016

Un jeu de dupes entre un agent des services secrets israéliens, habile à faire parler ses "clients" au risque de la torture, une belle romancière éprise de l'amitié entre les peuples, et un poète gazaoui, lui aussi pacifiste mais dont le fils est activement recherché pour "sévices" rendus à la patrie. Un air de John Le Carré ("La Petite Fille au tambour"), pour un polar palpitant qui nous plonge au cœur de la réalité israélienne la plus actuelle, avec ses soleils et ses lunes noires. Le noir est dominant, malgré tout…

Oeuvre non trouvée

note: 5anna et les loups Jean-François - 25 décembre 2016

Un court roman, écrit avec soin, qui peut surprendre par son style légèrement décalé, aux mots inattendus mais empreints de poésie. Anna est morte, on le sait dès la première ligne, et le livre va nous livrer, pas à pas, le chemin qui l’a conduite vers sa fin, au travers des souvenirs des personnages qui l‘ont aimée, bien ou mal, c’est selon. L’univers et le vécu de cette famille, meurtrie par les événements de la vie, se dévoile petit à petit au fil d’une narration kaléidoscopique, mettant successivement en lumière les divers personnages en alternance avec la confession d‘Anna. L’émotion est au rendez-vous dans ce petit bijou qui ne laissera personne indifférent.

Les trois vies de Margareta (Charlotte Link)

note: 5de bavière en bohême Jean-François - 25 décembre 2016

Librement inspiré du mythique "Autant en emporte le vent", "Les trois vies de Margareta" nous transporte à l'époque de la Guerre de Trente Ans, qui a ravagé l'Europe au cours de la première moitié du dix-septième siècle. Margereta von Ragnitz, une belle et tendre jeune fille de la noblesse bavaroise, s'apprête à sortir du couvent à l'aube de ses quinze ans, mais refuse le mariage aristocratique "arrangé" par ses parents. Elle fait la rencontre du beau Richard von Tscharnini, un noble issu de la Bohême voisine, dont elle tombe follement amoureuse, et qui lui promet le mariage. Hélas, les choses ne sont pas aussi simples, lorsque l'on appartient à deux religions différentes, la romaine, pour Margareta, et la réformée pour Richard : deux religions au cœur du conflit qui va embraser l'Europe. Leurs destins contrariés vont se mêler inextricablement au cours de cette saga, hautement mélodramatique mais savamment construite et bien documentée, qui va propulser Charlotte Link, dès ce second roman, parmi les meilleures auteures de best-sellers des deux dernières décennies. Ne boudons pas notre plaisir, et laissons-nous entraîner dans la tourmente…

Mon vieux et moi (Pierre Gagnon)

note: 5léo mon ami Jean-François - 25 décembre 2016

Un court, très court roman, très étrange mais terriblement attachant. Léo, qui n’a plus toute sa tête et vit (survit devrait-on dire) en centre d’hébergement, une spécialité québécoise, va se faire adopter par le narrateur, qui l’a rencontré au cours d’une visite à sa tante. Une façon originale de s’occuper, lorsqu’on est sans enfants, sans parents, un peu désœuvré au cours d’une retraite solitaire, et qu’on a envie d’apporter un peu de bonheur à une personne en détresse. En fait de détresse, le brave Léo va surtout apporter sa joie de vivre et son insouciance au sein de ce foyer un peu tristounet. Empreint d’humour et de poésie, le récit, que l’on pourrait qualifier d’initiatique si le narrateur lui-même n’était pas d’un âge déjà bien avancé, nous fait découvrir des petits bonheurs au quotidien, et la richesse que créent des liens entre des humains, dès lors qu’on ose s’affranchir des préjugés. Un bol d’air pur, qui ravira petits et grands…

Oeuvre non trouvée

note: 5arnaques à l'africaine Jean-François - 25 décembre 2016

L'humour est au rendez-vous à toutes les pages dans ce roman décapant, qui traite des "arnaques à l'africaine" dont chacun d'entre nous (enfin, ceux et celles qui utilisent internet) a pu faire l'expérience via des courriels au français alambiqué et trop beau pour être vrai. Nous sommes au Nigéria, la patrie de l'auteure. Son personnage principal, Kingsley, fort marri de ne pas trouver d'emploi en rapport avec son diplôme d'ingénieur chimiste et devant, en tant qu'aîné de la fratrie, subvenir aux besoins de sa famille après la mort de son père, va se résigner à aller trouver son oncle Boniface. Boniface a fait fortune, on ne sait trop comment, mais personne n'est très regardant dès lors qu'il arrose copieusement ses amis. Kingsley va rapidement être mis au parfum et devenir expert en arnaques sur internet. Et ça marche ! La suite ne se raconte pas, et la morale de l'histoire est… qu'il n'y en a pas, dès lors que la renommée se mesure à sa ceinture dorée. On peut lire ce livre au premier degré, et rire un bon coup avec les aventures cocasses de notre expert en arnaques à l'africaine, ou bien voir dans ce roman une violente charge contre la corruption de la classe dirigeante, un message d'une portée quasi universelle dans les temps actuels. En tout cas, pour un premier roman, c'est une sacrée réussite !

Oeuvre non trouvée

note: 4drôle de famille Jean-François - 25 décembre 2016

Dans cette onzième aventure policière de Raoul Signoret, le journaliste-enquêteur du "Petit Provençal", Jean Contrucci poursuit son exploration du Marseille de la Belle Époque. Marcel Gauffridy, riche armateur, vient d’être victime de l’enlèvement du petit Paul, un bébé enlevé par duperie à sa nourrice Bernadette Arnoux. Raoul Signoret va devoir jouer à son corps défendant le rôle d’intermédiaire dans les tractations entre armateur et ravisseurs, tout en maintenant de bonnes relations avec la police, sous l’aspect de son oncle et père adoptif Eugène Baruteau, chef de la Sûreté marseillaise. Une histoire abracadabrante, qui ne surprendra pas les fidèles lecteurs des "Nouveaux mystères de Marseille", amoureux de mystère et de bons mots "avé l’assent". Si l’humour et les notations historiques et géographiques sont bien au rendez-vous, le mystère, lui, laisse un peu à désirer. Jean Contrucci, cet auteur amoureux de sa ville et sympathique pourfendeur des turpitudes en tout genre, semble être tombé dans le même piège qu’Agatha Christie ou Georges Simenon. En se centrant sur des personnages dont le lecteur connaît tout, ou presque tout, l’auteur oublie que ce qui fait le charme de ses histoires, c’est bien évidemment le reste. Dommage, mais pour ceux qui ne connaissent pas encore cet auteur, "Rendez-vous au Moulin du Diable" constituera quand même un sacré bon moment de lecture…

La chorale des maîtres bouchers (Louise Erdrich)

note: 5les immigrants Jean-François - 25 décembre 2016

De 1918 à 1954, la brillante saga de Louise Erdrich déroule sous nos yeux le destin de Fidelis et Delphine, deux êtres souffrant dans leur chair et dans leur âme, ballottés par l'histoire, qui vont trouver dans l'amour, au bout d'un long périple, le moyen de soigner leurs blessures. La force de ce livre, qui aurait pu n'être qu'un de ces multiples mélodrames vite lus et tout aussi vite oubliés, est de nous faire ressentir, par la magie de l'écriture, les sentiments qu'expriment, souvent maladroitement, les personnages. Par petites touches, et au fil des événements qui vont les relier entre eux, on pénètre au plus profond de leur caractère jusqu'à vivre, le temps de la lecture et bien après, leur quête d'un bonheur sans cesse repoussé. L'art de la romancière est de mêler au sein d'un même ouvrage une fine analyse psychologique, un constat social sur une face cachée de l'Amérique de la première moitié du vingtième siècle, et un extraordinaire roman d'aventures, frôlant parfois le roman policier sans jamais faire passer l'action au premier plan. Des images fortes, parfois inattendues, au caractère poétique assez bien rendu par la traduction, agrémentent et renforcent la narration, faisant de "La chorale des maîtres bouchers" une œuvre majeure de la littérature américaine contemporaine.

Une Promesse (Sorj Chalandon)

note: 5à la vie à la mort Jean-François - 25 décembre 2016

Un livre étrange, plein de ténèbres et de croyances en l'au-delà, mais aussi en l'amitié indéfectible au sein d'un groupe d'amis. Il y a Lucien, il y a aussi Léo, Ivan, Paradis, Blancheterre (le Professeur), Berthevin (l'Andouille), Madeleine, Angèle et puis Clara, la femme de Berthevin. Tous réunis au bar de Lucien, ils tiennent leur promesse faite à Étienne (le frère aîné de Lucien) et sa femme Fauvette, les habitants de "Ker Ael". On est en Mayenne, mais la Bretagne est proche, et toujours bien présente dans les cœurs des deux frères, avec ses légendes et ses univers parallèles. Réel et imaginaire se mêlent inextricablement dans ce très beau roman, à l'intrigue habilement ficelée et écrit dans une langue chargée de poésie. Une vision chaleureuse de l'humanité, des gens simples, de ceux que l'on aimerait voir honorés par nos édiles en lieu et place de ce mépris qu'ils osent afficher en toute impunité. Merci, Sorj Chalandon, et bon vent…

Une promesse (Sorj Chalandon)

note: 5à la vie à la mort Jean-François - 25 décembre 2016

Un livre étrange, plein de ténèbres et de croyances en l'au-delà, mais aussi en l'amitié indéfectible au sein d'un groupe d'amis. Il y a Lucien, il y a aussi Léo, Ivan, Paradis, Blancheterre (le Professeur), Berthevin (l'Andouille), Madeleine, Angèle et puis Clara, la femme de Berthevin. Tous réunis au bar de Lucien, ils tiennent leur promesse faite à Étienne (le frère aîné de Lucien) et sa femme Fauvette, les habitants de "Ker Ael". On est en Mayenne, mais la Bretagne est proche, et toujours bien présente dans les cœurs des deux frères, avec ses légendes et ses univers parallèles. Réel et imaginaire se mêlent inextricablement dans ce très beau roman, à l'intrigue habilement ficelée et écrit dans une langue chargée de poésie. Une vision chaleureuse de l'humanité, des gens simples, de ceux que l'on aimerait voir honorés par nos édiles en lieu et place de ce mépris qu'ils osent afficher en toute impunité. Merci, Sorj Chalandon, et bon vent…

Vers une aube radieuse (James Lee Burke)

note: 5mauvaise mine Jean-François - 25 décembre 2016

Un roman social, noir, très noir, qui place James Lee Burke au rang des grands auteurs (Jack London, John Steinbeck, Harper Lee,…) inspirés par la misère d'une classe populaire broyée par une oligarchie politico-financière sourde aux intérêts du plus grand nombre. Il décrit, avec une minutie naturaliste, la lente dérive de Perry James, jeune mineur des Appalaches sur qui repose, après la mort du père, la survie d'une famille au bord de la famine. Dans une société où le port d'une arme est considéré comme un acte honorable, la moindre étincelle peut faire d'un homme un tueur, surtout lorsqu'il a faim, et soif, l'alcool n'arrangeant rien, bien entendu. Ne cherchez pas un quelconque message d'espoir dans les trois cent et quelques pages de "Vers une aube radieuse", un titre à l'ironie bien amère. Ce roman, publié pour la première fois en 1970, avant que l'auteur ne se tourne définitivement vers le roman policier, nous prend aux tripes et nous plonge dans l'univers d'une Amérique largement ignorée des médias.

Oeuvre non trouvée

note: 5je m'appelle caius julius caesar Jean-François - 25 décembre 2016

Une histoire romancée (et largement imaginaire) de l'enfance du futur empereur Jules César. Les scènes de bataille se succèdent, sur un fond historique bien documenté malgré quelques retouches destinées à renforcer le caractère dramatique de certaines situations. Bien entendu, dans ce péplum haut en couleurs, bons et méchants se reconnaissent aisément, mais la fougue et l'art de la mise en scène de l'écrivain rendent la lecture de cette fresque antique tout à fait agréable. Un bon moment de détente et une évocation tout à fait crédible des splendeurs et misères de la République romaine.

Kostas Charitos n° 8
Pain, éducation, liberté (Pétros Márkarīs)

note: 5drachme mortelle Jean-François - 25 décembre 2016

Et si la Grèce, en pleine crise économique, avait décidé d'abandonner l'euro pour revenir à la drachme ? C'est sur ce scénario assez crédible que Petros Markaris a brodé, imaginant que son pays s'enfonce toujours un peu plus dans la crise, exacerbant conflits sociaux et générationnels. Enquêtant sur une série de meurtres inexpliqués, qu'il va tenter de relier les uns aux autres, le commissaire Kostas Charitos va dévoiler un pan caché du système économico-politique qui a précipité la Grèce dans le marasme qu'elle connaît actuellement. Œuvre d'une extrême-droite en pleine ascension, conflit de générations ou bien simple vengeance personnelle ? Toutes les pistes sont explorées jusqu'à ce que les victimes apparaissent tout autant coupables que les assassins. Une vision noire de la réalité grecque d'aujourd'hui, scrutée dans ses recoins les plus sombres comme d'autres le font avec le même bonheur dans d'autres pays (Arnaldur Indridasson, Dominique Manotti, Moussa Konaté et bien d'autres). Le roman policier social se porte bien, et c'est tant mieux. Puisse-t-il contribuer à changer les choses, tant qu'il est encore temps…

Oeuvre non trouvée

note: 5le grand amour Jean-François - 25 décembre 2016

L'amour avec un grand A, ça n'existe pas. Ou plutôt si, puisqu'on peut en rêver, et passer sa vie à le fuir ou se laisser tenter. Karan Seth, le fil rouge de ce livre au charme ensorcelant, va changer la vie des personnes qu'il va rencontrer au long des dix années qui jalonnent le récit. Qu'il s'agisse de Rhea, l'épouse d'un riche homme d'affaires, rencontrée au hasard d'une visite à un bazar de Bombay, ou de Samar, un célèbre pianiste brûlant sa vie, et son talent, au sein de la jetset, ou bien d'autres encore, tous ces personnages vont voir leur destin basculer et abandonneront les faux-semblants qui ont régi leur vie d'avant. Dans ce roman flamboyant, pétri d'une poésie admirablement rendue par la traduction, Siddhart Dhanvant Shanghvi analyse les rapports subtils qui unissent les habitants d'une mégapole de l'Inde d'aujourd'hui. Au-delà, c'est bien de l'humanité tout entière qu'il s'agit pourtant. La lecture de ce livre m'a laissé pantois, tant il est criant de vérité, sur l'amour, le désir, la haine aussi, et sur l'art, bref sur tout ce qui anime notre vie…

Paraguay (Isabelle Fabre)

note: 3splendeurs et misères… Jean-François - 25 décembre 2016

Au mitan du dix-neuvième siècle, la rencontre à Paris de Franco López, fils du président Carlos López, et d'Ella Lynch, une belle et jeune irlandaise en quête d'amour et de fortune, va ancrer le destin de celle-ci dans l'histoire tourmentée d'une Amérique Latine en pleine décolonisation. Dès la mort de son père, Franco va prendre les rênes d'un pays, le Paraguay, en butte aux convoitises de ses deux puissants voisins, le Brésil et l'Argentine. Transportée dans un univers dont elle ignorait tous les arcanes, loin du raffinement du salon de la princesse Mathilde, notre belle courtisane va devoir affronter la haine d'une famille qui rejette celle que les sœurs de Franco appellent "la bâtarde". Adulée par son amant, elle va cependant connaître le luxe et le pouvoir, donner une éducation de choix à ses enfants, jusqu'au jour où la guerre va la précipiter dans un exil intérieur dont le pays ne se relèvera pas. Ce roman-épopée aurait pu être un très beau portrait de femme. Hélas, on ignorera tout des sentiments et des convictions intimes de cette femme au destin hors du commun. L'action prime avant tout, et le récit de ces aventures tropicales est bien mené et tient le lecteur en haleine jusqu'au bout. Un bon moment de détente…

Alger la noire (Jacques Ferrandez)

note: 5la fin d'un monde Jean-François - 25 décembre 2016

Bâb-el-Oued, un quartier "pied-noir" d'Alger la Blanche, dans les mois qui ont précédé l'indépendance de l'Algérie. Au milieu des attentats de l'Organisation de l'Armée Secrète (OAS), qui refuse de céder l'Algérie aux Algériens, l'inspecteur Paco Martinez va mener son enquête sur le meurtre de deux jeunes "amants", retrouvés enlacés sur la plage de Padovani. En compagnie de son acolyte Maurice Choukroun et de sa "fiancée" Irène, Paco va se trouver embringué dans une sombre affaire où les morts s'accumulent en toute impunité, profitant du climat de guerre civile qui règne dans les derniers mois de l'Algérie "française". Sur fond d'événements réels Maurice Attia brosse un portrait de cette communauté désorientée, qui a vu en De Gaulle un sauveur avant de le vouer aux gémonies. C'est tout un monde oublié qui revit sous la plume de Maurice Attia, sans fausse pudeur, sans rien cacher des ressorts secrets des haines, parfois fratricides, générées par le sentiment d'avoir été "oublié". Polar "pied-noir", certes, mais polar tout court, et des meilleurs…

Le passé continu (Neel Mukherjee)

note: 5le chant du bengali Jean-François - 25 décembre 2016

Un livre étrange, où s'entremêlent deux histoires, deux quêtes d'une rencontre impossible entre des cultures aussi éloignées l'une de l'autre que celles de l'Angleterre et du sous-continent indien, selon son appellation scientifique. Ritwik Gosh, natif du Bengale, croit trouver en Angleterre un havre de paix qui lui permettra de mener à bien ses études. Très cultivé, d'un esprit fin et délié, il va devoir, pour gagner son pain, accepter les tâches les plus serviles, tout en cultivant son homosexualité. Pas facile… Heureusement, il peut consacrer ses quelques moments perdus à l'écriture d'un roman portant sur la vie imaginaire d'une gouvernante anglaise, partie en Inde à l'aube du vingtième siècle pour éduquer les jeunes femmes et leur rendre leur dignité en les émancipant des préjugés qui les asservissent. Une pirouette finale, que l'on voit se profiler bien avant, au fil de la lecture et des rencontres de notre héros désabusé, fait se rejoindre fiction et réalité. Une vision amère du monde actuel, où l'amour se monnaye comme une marchandise, mais aussi un pamphlet anticolonialiste démontant les rouages des rapports ténébreux entre Orient et Occident. Une œuvre magistrale, qui surprend par sa force et la qualité de son écriture.

Des maisons, des mystères (Germaine Beaumont)

note: 5mystères, mystères… Jean-François - 25 décembre 2016

Trois romans rassemblés en un seul volume, sous la plume de celle que certains, sans doute seulement les plus âgés d'entre nous, ont connue sur les ondes de la radio nationale. Rappelez-vous "L'heure du mystère", que l'on attendait avidement à chaque début de soirée. Le mystère, elle connait. Des maisons, plus ou moins habitées, certaines abandonnées depuis longtemps déjà. Il en émane une étrange atmosphère, que Germaine Beaumont excelle à rendre, par des mots savamment choisis et des tournures imagées, parfois désuètes, qui semblent loucher du côté des auteurs romantiques du dix-neuvième siècle. La folie aussi habite ces demeures, riches de secrets de famille soigneusement enfouis, qu'une femme étrangère à ces lieux va se charger de déterrer. Au-delà des parentés évidentes entre ces trois romans écrits de 1940 à 1943, chacun conserve son caractère unique. De petits bijoux, à (re)découvrir…

Oeuvre non trouvée

note: 5china song Jean-François - 25 décembre 2016

Une histoire d'amour, dans la Chine du boom économique de la fin du vingtième siècle. Le narrateur rencontre par hasard, au cours d'une déambulation dans les rues de Pékin, une jeune femme qu'il avait connue, et aimée, cinq ans auparavant, à Nankin. Ils vont tous deux échanger leurs souvenirs, ceux qu'ils ont partagés mais aussi ceux que chacun ignore de l'autre. Malgré le temps qui a passé, les expériences que chacun a vécues loin l'un de l'autre, leur amour peut-il renaître ? Cette lente plongée dans le passé, et le parcours initiatique qui va suivre, d'un bout à l'autre de la Chine nouvelle, constitue le fil rouge de ce beau récit à deux voix, qui analyse finement les errements du cœur et du corps amoureux, et atteint très rapidement à l'universel.

La belle créole (Maryse Condé)

note: 5naufrage de l'amour Jean-François - 25 décembre 2016

Non, "La Belle Créole" n'est pas un roman autobiographique de Maryse Condé. C'est le nom d'un bateau, disons plutôt un rafiot, plutôt décati, où Dieudonné, le héros de ce livre, a trouvé refuge. Lui et quelques autres, marginaux de cette île jamais nommée mais qui rappelle étrangement (?) la Guadeloupe, s'y retrouvent pour refaire le monde, en compagnie du crack pour larguer les voiles. Nous sommes en 1999, à l'heure où le destin de l'île se joue, toutes activités suspendues par des syndicats farouchement décidés à accélérer la marche vers l'indépendance. Le propos de l'auteure n'est cependant pas politique, même si celle-ci est fortement présente. Le destin de Dieudonné va basculer lorsqu'il va tomber amoureux de Loraine, une belle "békée" (blanche native de l'île). Un amour malheureux, qui va le mener en prison et le voir en sortir pour ne plus savoir quoi faire de sa vie, lui qui n'a cessé de voir disparaître les uns après les autres tous ceux qui étaient prêts à lui donner son quota d'amour. Avec son inégalable talent de conteuse, dans une langue savoureusement agrémentée de créole et de diverses locutions locales, Maryse Condé se livre à une fine analyse psychologique, où passé et présent se mêlent sans que jamais l'attention du lecteur ne se relâche. On est "dedans", du début à la fin. Un très beau livre…

La belle créole (Maryse Condé)

note: 5naufrage de l'amour Jean-François - 25 décembre 2016

Non, "La Belle Créole" n'est pas un roman autobiographique de Maryse Condé. C'est le nom d'un bateau, disons plutôt un rafiot, plutôt décati, où Dieudonné, le héros de ce livre, a trouvé refuge. Lui et quelques autres, marginaux de cette île jamais nommée mais qui rappelle étrangement (?) la Guadeloupe, s'y retrouvent pour refaire le monde, en compagnie du crack pour larguer les voiles. Nous sommes en 1999, à l'heure où le destin de l'île se joue, toutes activités suspendues par des syndicats farouchement décidés à accélérer la marche vers l'indépendance. Le propos de l'auteure n'est cependant pas politique, même si celle-ci est fortement présente. Le destin de Dieudonné va basculer lorsqu'il va tomber amoureux de Loraine, une belle "békée" (blanche native de l'île). Un amour malheureux, qui va le mener en prison et le voir en sortir pour ne plus savoir quoi faire de sa vie, lui qui n'a cessé de voir disparaître les uns après les autres tous ceux qui étaient prêts à lui donner son quota d'amour. Avec son inégalable talent de conteuse, dans une langue savoureusement agrémentée de créole et de diverses locutions locales, Maryse Condé se livre à une fine analyse psychologique, où passé et présent se mêlent sans que jamais l'attention du lecteur ne se relâche. On est "dedans", du début à la fin. Un très beau livre…

Oeuvre non trouvée

note: 4marsupilami Jean-François - 24 décembre 2016

Tout part, comme le suggère le titre, d'un clitoris d'une longueur démesurée, qui aurait sans doute fait le bonheur du divin marquis, et rappellera un certain appendice caudal cher aux fans de Franquin. Clémentine, richement pourvue de cet instrument du plaisir féminin, voit sa vie ratée à cause de ce qu'elle considère comme une infirmité, et cache habilement sous d'amples vêtements. Mais le destin en fera à sa tête, comme à l'accoutumée, et la verve de Sophie Jabès va nous décrire par le menu comment faire d'une erreur de la nature un pur bonheur. Mais le chemin sera long, très long. Une fabulette, à déguster en entremets.

Immortelle randonnée (Jean-Christophe Rufin)

note: 5gare aux coquilles Jean-François - 24 décembre 2016

Un académicien qui délaisse l'épée et le bicorne pour le bâton de pèlerin et le sac à dos, ce n'est pas commun. C'est pourtant le choix qu'a fait cet incroyant, à l'âge où la plupart d'entre nous ne songent plus qu'à un repos bien mérité. Suivant le "Chemin du Nord", de Hendaye à Saint-Jacques-de-Compostelle, notre pèlerin d'occasion va vivre une expérience unique, qu'il conte avec humour et sincérité. Beautés (paysages sauvages du Pays Basque et des Asturies) et laideurs (pipelines de la côte Cantabrique) alternent au gré des huit cent kilomètres parcourus. Quelques rencontres trouent la solitude, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, jusqu'au rendez-vous avec la femme aimée, venue le rejoindre pour les derniers kilomètres. Beaucoup d'humour dans ce récit à une voix, beaucoup d'amour aussi pour une humanité en quête de valeurs vraies. Seuls les chiens, curieusement, ne trouvent pas grâce aux yeux de ce merveilleux conteur. Une erreur de jeunesse, sans doute…

La tête de l'emploi (David Foenkinos)

note: 3qu'est-ce qu'elle a ma tête ? Jean-François - 24 décembre 2016

Perte de l'emploi, perte de la femme aimée, éloignement des enfants, une tragique descente aux enfers banalisée depuis une bonne trentaine d'années au travers de nombre romans, pièces de théâtre, films et séries télévisée. Sur cette trame, reflet consternant de notre époque hyperlibéralisée, David Foenkinos a voulu mettre de la légèreté, en brossant le portrait d'un quinquagénaire, dont la "bonne tête", qui a fait son succès au sein du monde de la banque, va d'un seul coup causer sa perte, la confiance n'étant plus le cœur du métier. Loin d'un constat social débouchant sur une remise en cause d'une société qui marche sur la tête, comme d'autres l'ont fait avant lui, l'auteur nous invite à suivre les pas de ce doux dingue, que l'on commence par prendre en pitié pour finalement trouver fort sympathique. Un roman sans prétention, à l'humour parfois un peu "plaqué" (tout le monde ne s'appelle pas Legardinier), mais qui se laisse lire avec un certain plaisir…

Les yeux du coeur (Ramón Díaz Eterovic)

note: 4le voyage d'heredia Jean-François - 24 décembre 2016

Au Chili, en 1974, un groupe d'étudiants hostiles au régime d'Augusto Pinochet passe dans la clandestinité. Vingt ans après, comme dans "Les trois mousquetaires", ceux qui ne sont pas morts vont se retrouver, à la faveur de l'enquête menée par l'un d'entre eux, Heredia, devenu détective privé. Heredia est chargé de retrouver la piste de Traverso, un membre influent du "Parti", récemment disparu sans laisser de traces. De maigre indice en maigre indice, le voyage d'Heredia va le conduire à travers le Chili, jusqu'à l'île de Chiloé. Dans ce polar alangui, où l'action semble faire du surplace jusqu'au sprint final, Ramón Díaz-Eterovic se joue de l'impatience du lecteur et nous fait rencontrer de nombreux personnages, représentant toutes les facettes de la société chilienne : activistes, repentis ou non, policiers, hommes d'affaires, sans oublier les "gringos" et quelques figures féminines à peine esquissées. Un monde d'hommes, à la poursuite d'une toison imaginaire…

Et soudain tout change (Gilles Legardinier)

note: 5la vie rêvée de camille Jean-François - 24 décembre 2016

Après les trentenaires ("Demain j'arrête !"), les sexagénaires ("Complètement cramé !), Gilles Legardinier s'attaque au monde des adolescents avec "Et soudain tout change". Le point d'exclamation a disparu, et le titre lui-même signale une rupture de style et une gravité qui manquaient dans les deux précédents opus. Derrière l'humour, toujours présent, au travers des réparties cinglantes des divers protagonistes et des multiples facéties "bien de leur âge", perce une vision aigüe du monde d'aujourd'hui et des rapports entre les êtres. Enfin un auteur qui ose aborder cet âge, où tout est déjà pensé et ressenti mais encore non-dit, avec respect et tendresse, sans pathos ni sensiblerie. Certains fans de Legardinier seront peut-être déçus, en ne retrouvant pas le caractère déjanté, à la limite de la poésie burlesque, qui faisait le charme des deux précédents ouvrages, surtout le premier, mais on ne perd pas au change. On souhaite longue vie à la petite comédie humaine de Gilles Legardinier…

Oeuvre non trouvée

note: 5amour… toujours Jean-François - 24 décembre 2016

Un roman à trois voix, pour décrire les relations entre trois êtres qui se cherchent au travers de leurs souvenirs et des quelques moments qu'ils ont partagés. Un amour de vacances entre une mère et le meilleur ami (et souffre-douleur) de son fils, va être à l'origine de la passion de toute une vie. Passion, le mot est au cœur de cette œuvre originale, attachante par sa simplicité et la profondeur des sentiments exprimés par les personnages : passion amoureuse, passion pour la vigne et le vin, passion pour l'argent, triptyque typiquement freudien d'où les pères sont pourtant curieusement écartés. Le temps de la lecture, oubliez vos soucis du moment et ouvrez-vous aux multiples sensations que ce roman ne manquera pas de vous faire éprouver.

Thérèse Desqueyroux (François Mauriac)

note: 5sous les pins Jean-François - 24 décembre 2016

Un roman-phare, une héroïne tourmentée, faussement féministe, que d'aucuns reconnaîtront sous les traits devenus célèbres d'Emmanuelle Riva (le film de Franju) ou plus récemment d'Audrey Tautou. Une histoire d'empoisonnement et d'amour déçu, au sein de la "bonne" société bordelaise de l'entre-deux-guerres. François Mauriac, qui a le chic pour haïr ses personnages tout en les décrivant par le menu, avec amour, pratique une autopsie de cette société sur le déclin, enfermée dans ses préjugés et certitudes. Toujours d'actualité, hélas, ce court roman se lit, ou se relit, avec plaisir, tant il atteint à l'universel par l'acuité de son regard sur les aspects les plus troubles du comportement humain.

La huitième vibration (Carlo Lucarelli)

note: 4les jolies colonies… Jean-François - 24 décembre 2016

Un roman choral : ça se dit ? Ou plutôt, un roman plusieurs voix, chacune tenant son registre pour se fondre dans l'ensemble. L'action se passe en Érythrée, à l'époque où l'Italie d'Umberto 1er voulait à tout prix se doter d'une colonie. Futurs colons et militaires se retrouvent dans ce semi-désert dont l'Italie rêve de faire un jardin. Les nombreux personnages, un peu trop nombreux à mon goût, représentent toute la diversité de la société italienne, vue à travers ses dialectes et accents, l'auteur, fin linguiste, allant même jusqu'à distinguer l'accent d'un quartier de Palerme. Carlo Lucarelli a su rendre à la perfection le fourmillement de cette microsociété transplantée dans la corne de 'Afrique, dont la transpiration constitue le principal secteur d'activité. Comme dans "Le désert des Tartares" (Dino Buzzati), on attend l'ennemi, mais rassurez-vous, cette fois-ci il finit par arriver, et ça va sacrément redistribuer les cartes. La traduction de Serge Quadruppani constitue un effort remarquable pour mettre à notre portée toutes les subtilités linguistiques et ethnologiques de cette œuvre aux multiples facettes, sans parvenir toutefois à la légèreté qui, on le devine, devait être une des qualités majeures de l'œuvre originale.

Oeuvre non trouvée

note: 5la faute à rousseau… Jean-François - 24 décembre 2016

Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau… Les derniers vers de la célèbre chanson de Gavroche s'appliquent comme un gant au héros de ce roman poignant, qui nous conte la descente aux enfers d'un jeune mécanicien, avide d'amour et de reconnaissance mais incapable de se voir dans le regard des autres. Une écriture directe, efficace, que l'on pourrait croire sortie d'un Philippe Djian, qui pourtant permet de dessiner pas à pas la psychologie complexe d'un personnage solitaire qui cherche péniblement à s'extraire d'une adolescence mal construite. Patrick Ostoby va pourtant rencontrer au cours de ses pérégrinations des personnages auxquels il va s'attacher : Georgia, la serveuse du café, Bridget, sa logeuse, Welkin, avec qui la cohabitation va rapidement devenir pesante, jusqu'à tourner au drame. Et pourtant, d'échec en échec, jusqu'à l'incarcération pour un crime qu'il croit, contre toute évidence, ne pas avoir commis, Patrick va finir par devenir quelqu'un. Au fond du trou il va enfin comprendre la signification du mot solidarité. La fin reste ouverte, et c'est tant mieux. On lui souhaite, une fois la dernière page tournée, tout le bonheur qu'il a fini par mériter. Avec un talent d'écriture indéniable, et une profonde connaissance de la frontière si ténue entre le bien et le mal, M.J. Hyland nous emmène quelque part entre Freud et Conrad. Et un bravo pour la traduction…

Comme les amours (Javier Marías)

note: 3la mort, et si on en parlait ? Jean-François - 24 décembre 2016

Roman ou essai ? Les amateurs de narrations inventives, truffées de dialogues et de scènes inattendues, seront déçus. Autour d’une histoire d’amour et de mort, qui aurait pu faire l’objet d’une courte nouvelle, Javier Marías construit une réflexion approfondie sur le sens que la mort revêt, tant pour celui qui en est victime que pour celui qui l’a donnée, et pour les proches qui ressentent la perte de l’être aimé. L’histoire n‘est pas banale, elle pourrait être tirée d’un fait divers rapporté par la presse quotidienne, mais l’intérêt du livre réside dans le cheminement intérieur de la narratrice, qui va s’attacher à comprendre le comment et le pourquoi de ce crime considéré a priori comme l’œuvre d’un déséquilibré. Comme dans les romans psychologiques de l’école française du Nouveau Roman, chaque geste, chaque pensée, même les plus banals, sont décortiqués dans une vision cubiste du réel, faisant basculer la perspective selon laquelle celui-ci est observé. Malgré la linéarité du récit, de multiples facettes d’une même histoire sont explorées, la narratrice s’imaginant à la place des divers protagonistes. Pour qui a la patience d’apprécier ce genre littéraire, tout en passant sur les imperfections de la traduction, le plaisir est certain. Mais les redites sont nombreuses et rallongent encore un peu plus le chemin vers le dénouement final, où quelques dialogues bienvenus allègent le récit.

Oeuvre non trouvée

note: 5purée de cairotes Jean-François - 24 décembre 2016

Pour tout savoir sur les luttes incessantes entre coptes et musulmans, qui ont refait surface dans l'actualité à l'occasion de la Révolution du 25 Janvier, lisez ce roman policier qui nous plonge dans le Caire du temps de la domination anglaise. Un soufi est assassiné en plein "moulid", cérémonie au cours de laquelle les derviches entrent en communication avec Dieu et se transpercent le corps d'instruments divers tout en tournant incessamment sur eux-mêmes. Cet événement tragique va déclencher une série de violentes manifestations des deux communautés, qui s'en rejettent mutuellement la responsabilité. L'enquête menée par le capitaine Owen, le "mamour zapt", représentant de l'Empire britannique en charge de la police politique, va mettre au jour de sombres machinations politico-financières qui dépassent, et de loin, les intérêts de nos deux communautés rivales. Comme tout roman policier qui se respecte, "La nuit du chien" est l'occasion d'un constat social, mettant au jour les rouages intimes de la société égyptienne, en grande partie encore valable aujourd'hui même si les étendards et les slogans ont changé. Au-delà de l'énigme qui est posée à ce talentueux enquêteur, humaniste de surcroît, c'est à une fine analyse de la société cairote que se livre l'auteur, qui a bien connu et l'époque et les lieux. Un bon moment de détente, mais aussi une page d'histoire, troublante à souhait.

Complètement cramé ! (Gilles Legardinier)

note: 4mangeur d'homme Jean-François - 24 décembre 2016

Surfant sur le succès de "Demain j'arrête !", Gilles Legardinier nous livre une autre de ces comédies hilarantes dont il a le secret. Ici, une histoire de faux majordome anglais transporté comme par miracle au service d'une dame dont la fortune, comme la santé, va déclinant. Son arrivée va bouleverser ce microcosme enfermé sur lui-même où tout le monde se hait ou au mieux se tolère, et depuis de longues années. La chaleur humaine va refleurir enfin, grâce à l'habileté et à l'humanisme indécrottable de notre héros. Le message est clair : pour vivre heureux, rendons tout d'abord les autres heureux autour de nous. Une fois cet adage irréfutable ingurgité, reste le charme de l'écriture, l'humour et les mille et un rebondissements du récit. Il y a du mystère aussi, ce qui ne gâche rien…

14 (Jean Echenoz)

note: 5vous avez dit la grande guerre ? Jean-François - 24 décembre 2016

Un bien court roman pour une si grande guerre ! Mais Jean Echenoz, avec son aisance habituelle dans le maniement de la langue française, nous fait partager le quotidien d'un parmi ces tout petits, chair à saucisse de la grande tuerie, qui s'en sont relativement mieux sortis que d'autres grâce à la perte d'un membre dès les premiers combats. Tel est le cas d'Anthime (oui, le prénom était courant à cette époque, avant de revenir à la mode tout récemment après une longue période de déclin), un rêveur à bicyclette qui va se trouver embarqué dans cette aventure meurtrière et reviendra bientôt, manchot mais toujours porteur (dans sa tête) de son bras droit. Le charme du récit tient bien entendu au style de l'auteur, qui semble capable d'écrire avec la même aisance sur n'importe quel sujet, mais aussi et surtout à la véracité des personnages et des sentiments qu'ils expriment. Un roman vite lu, mais que l'on peut aussi déguster, comme un macaron gourmand : on l'avale tout rond ou bien on le laisse fondre tout doucement dans la bouche, au choix…

Les cerfs-volants de Kaboul (Khaled Hosseini)

note: 5la dette Jean-François - 24 décembre 2016

De 1975 à 2001, le portrait d'un homme poursuivi par la honte de ne pas s'être porté au secours de son copain Hassan, le petit Hazara qui s'était voué à lui corps et âme. Il lui faudra la moitié de sa vie pour enfin racheter cette faute, dont la honte ne le quittera plus jamais. Un récit mélodramatique à souhait, dans un Afghanistan en souffrance, qui va passer sans transition de la tutelle soviétique à la charia talibane. Les merveilleux cerfs-volants de l'enfance, à l'origine du drame qui est au cœur de ce roman, ne seront plus qu'un lointain souvenir, dans ce pays déchiré qu'il lui faudra quitter, pour y revenir porteur de l'espoir de soulager enfin sa conscience. Au-delà de l'attachement au récit mouvementé et aux personnages hauts en couleurs, c'est un pan de l'histoire de ce pays tourmenté, toujours au cœur de l'actualité, qui nous est conté. Et un merveilleux message d'humanisme, cher à l'auteur de " Mille soleils splendides".

Les cerfs-volants de Kaboul (Khaled Hosseini)

note: 5la dette Jean-François - 24 décembre 2016

De 1975 à 2001, le portrait d'un homme poursuivi par la honte de ne pas s'être porté au secours de son copain Hassan, le petit Hazara qui s'était voué à lui corps et âme. Il lui faudra la moitié de sa vie pour enfin racheter cette faute, dont la honte ne le quittera plus jamais. Un récit mélodramatique à souhait, dans un Afghanistan en souffrance, qui va passer sans transition de la tutelle soviétique à la charia talibane. Les merveilleux cerfs-volants de l'enfance, à l'origine du drame qui est au cœur de ce roman, ne seront plus qu'un lointain souvenir, dans ce pays déchiré qu'il lui faudra quitter, pour y revenir porteur de l'espoir de soulager enfin sa conscience. Au-delà de l'attachement au récit mouvementé et aux personnages hauts en couleurs, c'est un pan de l'histoire de ce pays tourmenté, toujours au cœur de l'actualité, qui nous est conté. Et un merveilleux message d'humanisme, cher à l'auteur de " Mille soleils splendides".

Une enquête du commissaire Montalbano
Meurtre aux poissons rouges (Andrea Camilleri)

note: 5conciliabule Jean-François - 24 décembre 2016

Les amateurs des aventures du commissaire Salvo Montalbano et de l'inspectrice-chef Grazia Negro ne seront pas déçus. Camilleri et Lucarelli se sont mis à deux pour oser écrire un roman par lettres dans le droit fil de "La princesse de Clèves" et des "Liaisons dangereuses". Comme on s'en doute, il ne s'agit pas de chassés-croisés amoureux, mais d'échanges entre deux parfaits complices. On ne sait si cette complicité concerne les auteurs ou leurs personnages, tant réalité et fiction se mêlent dans cette œuvre originale, tant par la forme que par le fond. Une enquête rondement menée, grâce aux lettres que nos deux héros échangent entre Vigàta (la ville imaginaire où sévit Montalbano) et Bologne, pour s'informer mutuellement tout en brouillant les pistes vis-vis des services secrets, qui vont "se le faire mettre", et bien profond. Réjouissant pour l'esprit, mais aussi pour la vue car la typographie devient un personnage à part entière dans ce court roman totalement hors normes. Un vrai polar, mais bien plus que ça aussi…

Oeuvre non trouvée

note: 3la fin des haricots Jean-François - 24 décembre 2016

Un visiteur arrive dans un village, autrefois célèbre pour ses cultures de haricots, aujourd'hui transformé en résidences secondaires pour nantis. Le narrateur, ancien électricien et saxophoniste au sein de l'orchestre de son entreprise d'état, a pris sa retraite et est venu habiter dans ce village quasiment désert, où il assure la surveillance des villas tout en perpétuant la tradition. Il va proposer au visiteur, venu s'approvisionner en haricots, de participer à leur écossage, opération assez longue comme on peut l'imaginer, et que l'on peut prolonger à loisir. Ce sera pour lui l'occasion d'un long monologue, en compagnie de cet étrange visiteur, quasi muet, qu'il a l'impression d'avoir connu dans un lointain passé. Le mystère demeure, et malheureusement demeurera jusqu'à la fin, le sujet du livre n'étant pas la résolution d'une énigme mais le déroulement des souvenirs, la mémoire d'une vie ayant traversé les conflits civils et militaires qui ont marqué la seconde moitié du vingtième siècle. Hélas, ces fichus haricots, on n'en voit jamais la fin, et l'ennui s'approfondit de page en page, sans même un dénouement final venant éclairer cette sombre histoire de solitude et d'enfermement. Une curiosité littéraire, à éviter toutefois pendant les périodes de déprime…

Le bleu des abeilles (Laura Alcoba)

note: 5terre d'accueil Jean-François - 24 décembre 2016

Après "Manèges", où elle nous contait son enfance, l'errance d'une fille de Monteneros sous le règne des "colonels" (Argentine, 1976-1983), nous voici en France, où la narratrice va enfin pouvoir retrouver sa mère, mais devra se plonger brutalement dans une autre culture. Ce terrible accent, qui ressurgit sans cesse malgré sa parfaite connaissance de la langue française, la marque au fer rouge (ou du moins le croit-elle), pendant cette période critique de la fin de l'enfance, où l'on cherche paradoxalement à se forger une identité tout en craignant le regard des autres. Dans ce récit à la première personne du singulier, Laura Alcoba décortique ce qui fait que l'on se sent ou non étranger, y compris dans son propre pays comme la fillette de "Manèges". On découvre aussi comment Raymond Queneau a réussi à susciter des vocations d'écrivain, et comment tout commence, toujours, à la bibliothèque…

Le bleu des abeilles (Laura Alcoba)

note: 5terre d'accueil Jean-François - 24 décembre 2016

Après "Manèges", où elle nous contait son enfance, l'errance d'une fille de Monteneros sous le règne des "colonels" (Argentine, 1976-1983), nous voici en France, où la narratrice va enfin pouvoir retrouver sa mère, mais devra se plonger brutalement dans une autre culture. Ce terrible accent, qui ressurgit sans cesse malgré sa parfaite connaissance de la langue française, la marque au fer rouge (ou du moins le croit-elle), pendant cette période critique de la fin de l'enfance, où l'on cherche paradoxalement à se forger une identité tout en craignant le regard des autres. Dans ce récit à la première personne du singulier, Laura Alcoba décortique ce qui fait que l'on se sent ou non étranger, y compris dans son propre pays comme la fillette de "Manèges". On découvre aussi comment Raymond Queneau a réussi à susciter des vocations d'écrivain, et comment tout commence, toujours, à la bibliothèque…

Oeuvre non trouvée

note: 4une âme simple Jean-François - 24 décembre 2016

Un merveilleux voyage à travers le destin de cette âme simple qu'était Jean de La Fontaine, le célèbre fabuliste du temps du Roi-Soleil. Du printemps à l'hiver de sa vie, on le suit par le témoignage de ses amis et ses propres écrits. Son talent lui aura fait connaître la gloire mais aussi la disgrâce dès lors qu'il s'est mis à égratigner les puissants et surtout à enfreindre les sévères principes moraux d'un roi devenu dévot, au travers de ses "Contes". D'une plume alerte, légèrement teintée des tournures langagières du dix-septième siècle, Valère Staraselski nous fait partager le quotidien de ce personnage célèbre mais dont la vie est restée, pour la plupart d'entre nous, largement inconnue. Un seul défaut, peut-être, le trop large recours aux citations, alors que le propre style de l'auteure est vraiment un bonheur…

Oeuvre non trouvée

note: 5fakir… pour rire Jean-François - 24 décembre 2016

Drôle de voyage, en effet. Drôle de fakir, aussi, qui n'hésite pas à faire part de ses tours (et détours) pour arriver à tromper le chaland. Tout part du voyage d'un "véritable" fakir du Rajasthan, venu en France se fournir chez Ikea (qui refuse d'ouvrir des magasins en Inde) d'un non moins véritable lit à clous en kit. Pour seul pécule, il dispose d'un billet de cent euros, imprimé d'un seul côté, avec lequel il va devoir régler ses frais de transport, de bouche et… de couche. Hélas, ses plans vont être sérieusement contrariés par sa méconnaissance des us et coutumes du doux pays de France et de ses taxis parisiens. Inspiré par "L'armoire volante", un film français qui avait fait le bonheur des salles obscures dans les années 1950, ce roman jubilatoire nous emmène d'Europe en Afrique aller-retour, à la rencontre des gens du voyage et autres migrants volontaires ou forcés que rencontre notre indien enturbanné au cours de son circuit périméditerranéen. De l'humour en veux-tu en voilà, mais aussi une belle leçon d'humanisme au-delà des multiples invraisemblances qui ne tromperont personne. D'ailleurs, les fakirs et leurs pouvoirs extraordinaires, moi j'y crois. Pas vous ?

Oeuvre non trouvée

note: 5à la campagne Jean-François - 24 décembre 2016

La musique adoucit les mœurs, dit-on. La campagne aussi. Voire ! Fabienne Juhel, à travers le récit-confession d'Antoine Le Rigoleur, un paysan bien dans sa terre, collante à souhait, va tenter de nous prouver le contraire. Dans ce roman breton, dont le charme tient en grande partie au maniement savant d'une langue mi-populaire mi-littéraire, hommes et renards entrent en osmose : ruse, instinct de prédateur, goût de la vie sauvage sont partagés par l'homme et l'animal. Beaucoup de secrets soigneusement enfouis, au sens propre comme au sens littéral, vont se dévoiler au cours du récit. Au fil des rencontres, celle de Juliette, la fillette des voisins récemment installés près de la ferme d'Antoine, celle de son frère Louis, alter ego d'un frère tôt disparu, le passé resurgit, et avec lui les instincts. Avec un talent de conteuse indéniable, Fabienne Juhel nous emmène à la campagne, par un jour de brume où les arbres et les humains ressemblent à des fantômes…

Oeuvre non trouvée

note: 3trois mille ans avant la révolution… Jean-François - 24 décembre 2016

L’Égypte ancienne est une mine pour les romanciers en quête d’un public nombreux. Universellement connue, la civilisation égyptienne, grâce aux nombreux témoignages d’un passé somptueux, offre à bon prix tous les ingrédients d’une littérature populaire d’une efficacité redoutable : amours, crimes, conquêtes et trahisons s’enchaînent au milieu de l’or et des lapis-lazulis, pour le plus grand plaisir du lecteur avide de dépaysement. Pauline Gedge utilise donc tous les poncifs du genre pour nous plonger dans l’histoire mouvementée de la 15ème dynastie, à travers quelques personnages des familles royales de cette époque troublée. Le Nil, fleuve sacré dont les crues célèbres rythment la vie quotidienne et assurent la survie des populations, est le personnage principal de cette saga mettant en scène la famille royale déchue de Séqenenrê Taâ, régnant à Thèbes (Oueset dans le livre) comme vassal d’Apopi 1er et rêvant de reconquérir la primauté sur la Basse et la Haute Égypte (le Royaume des Deux Terres). Les personnages, surtout masculins, sont bien dessinés, on s’attache à leurs rêves de gloire et de puissance, à leurs amours (un peu), le dépaysement est garanti et on ne s’ennuie jamais dans ce roman d’aventures antiques. Mais on peut regretter que l‘auteure n’ait pas cherché à "élever" un peu le débat, avec des ouvertures vers des préoccupations universelles et plus actuelles, comme d’autres ont su le faire…

Kenzie et Gennaro n° 1
Un dernier verre avant la guerre (Dennis Lehane)

note: 5ça bastonne à boston Jean-François - 24 décembre 2016

Des coups comme s'il en pleuvait, de la mitraille à gogo, des photos compromettantes qui disparaissent, des politiciens corrompus et des bons qui ne valent pas mieux que les méchants. L'univers de Denis Lehane est noir, très noir, comme au bon vieux temps d'un David Goodis, que les amateurs du genre reconnaîtront. On retrouve ici les héros désenchantés d'une Amérique qui ne cesse de noyer son puritanisme dans l'alcool, la drogue, les amours illicites (ici la pédophilie) et surtout, surtout, l'amour des… armes à feu. La figure du père est omniprésente. Héros ? Tortionnaire ? Patrick Kenzie, détective privé de son état, n'en finit pas de laver sa mémoire en se lançant d'une façon désespérée dans l'action en compagnie de son associée, Angie Gennaro. De nombreux personnages, représentant les multiples strates de la société bostonienne, émaillent le récit, qui s'attache à décrire les aspects les plus cachés et les moins reluisants d'une Nouvelle-Angleterre tiraillée entre l'arrogance de sa classe dirigeante et les turpitudes de ses bas-fonds. Un bijou, pour ceux et celles que n'effraie pas la description minutieuse de la face sombre de l'âme humaine…

Le târ de mon père (Yasmine Ghata)

note: 5luth magique Jean-François - 24 décembre 2016

Le târ, sorte de luth oriental (oud) à deux caisses de résonance, est doté de pouvoirs magiques, capable de se refuser à quiconque n'a pas reçu du Très-haut le droit de s'en servir. Tel est le thème sur lequel Yasmine Ghata va broder pour nous offrir ce conte oriental, situé dans une contrée fortement influencée par le soufisme, cette variante de l'Islam qui autorise la construction de mausolées et le culte des saints. Laissez-vous doucement bercer par cette langue finement ciselée, qui vous enverra pour un instant dans un pays enchanteur où la musique est de droit divin. Une petite merveille…

Corpus delicti (Juli Zeh)

note: 3un monde parfait Jean-François - 24 décembre 2016

Un monde pas très éloigné du nôtre, sous le règne de "La Méthode", une institution censée assurer le bonheur des citoyens du monde sur des bases scientifiques. Tous les microbes ont été exterminés, chacun étant astreint à un contrôle permanent de son état de santé physique et mentale grâce à une puce électronique insérée chirurgicalement. Hélas, quelques irréductibles résistent, comme Moritz Holl. Son suicide en captivité va déclencher chez sa sœur Mia une révolte contre ce système injuste qui broie les consciences au nom du bien commun. Elle qui approuvait la "Méthode" va se trouver au centre d'un procès où on l'accuse de complot contre l'état. Dans la lignée du "Meilleur des mondes" (1931) et de "1984" (1949), "Corpus delicti" décrit les dérives concentrationnaires d'un système destiné à assurer par la force et sur des bases scientifiques le bien de l'humanité. Le propos n'est donc pas neuf, mais il a été revisité sur la base de l'évolution des sciences et des systèmes juridiques. Hélas, la force de ce roman se perd dans des considérations abondamment délayées sur la liberté, la croyance, la science, la Loi, et bien d'autres encore. Comme dans le monde aseptisé que décrit Juli Zeh, le lecteur n'est libre d'en penser ni bien ni mal, puisque tout est prédigéré. Je me suis donc ennuyé, et c'est bien dommage, car l'histoire était bien ficelée et les personnages attachants…

Oeuvre non trouvée

note: 5le silence est d'or Jean-François - 24 décembre 2016

Tous les genres littéraires semblent s'être donné rendez-vous dans ce roman inclassable, écrit par un Jed Rubenfeld au mieux de sa forme. Tout commence par un attentat, très meurtrier, commis dans Wall Street (New York City) devant le Trésor des États-Unis. On est en 1920, et la piste des anarchistes italiens est la thèse officielle du FBI, avant que l'on accuse le Mexique, qui vient de faire sa révolution. Mais le capitaine James Littlemore n'est pas du même avis et va mener sa propre enquête, qui le conduira vers de tout autres pistes mettant en cause des intérêts supérieurs, le silence sur les dessous de cette affaire étant dicté par la raison d'état. En parallèle, son ami le docteur Stratham Younger, ex-psychanalyste et élève de Freud, va prendre en charge la jeune et jolie Colette Rousseau, venue aux States défendre la cause de Marie Curie, dont les recherches sur le radium nécessitent des fonds pour lesquels les riches américains vont être sollicités. Les deux affaires se mêlent, au milieu de bien d'autres qui nous emmènent de New York à Washington (D.C.) en passant par Paris et Vienne (la capitale, pas la sous-préfecture). Un jeu de pistes plein de rebondissements, mené d'une main de maître, mais aussi une vision très actuelle des dessous de la "démocratie" à l'américaine…

Les hommes en général me plaisent beaucoup (Véronique Ovaldé)

note: 4la drogue de l'amour Jean-François - 24 décembre 2016

Près du jardin zoologique, dont elle voit chaque nuit défiler les animaux dans un rêve éveillé, Lili vit une vie tranquille auprès de Samuel. Jusqu'au jour où un étrange personnage, qu'elle avait enfoui au fond de sa mémoire, refait son apparition : Yoïm. Et avec lui, c'est tout le passé qui resurgit : la prison, la prostitution, l'addiction à ces trois petites pilules bleues qui ont fait basculer sa vie d'adolescente dans un monde privé de tout repère. Véronique Ovaldé, dans une langue où les associations de mots confinent à la poésie, nous entraîne dans un monde imaginaire, bien à elle, où nous perdons, comme son héroïne, tout sens du jugement. Un monde où bien et mal se confondent dans le feu du désir. J'ai regretté la fin, ou plutôt l'absence de fin, un peu prévisible, mais c'est tout de même un sacré bon moment de lecture.

Oeuvre non trouvée

note: 5route ou déroute ? Jean-François - 24 décembre 2016

Le Cherche-bonheur, c'est le nom de ce vieux camping-car avec lequel John et Ella vont entamer un long, très long voyage vers la Californie, le long de la mythique Route 66. Tous deux très âgés (on ne saura jamais leur âge réel), lui atteint de sénilité, elle d'un cancer en phase sub-terminale, décident d'un commun accord (en fait c'est Ella qui décide pour deux, comme on s'en doute) de traverser d'est en ouest les États-Unis, au grand dam de leurs fils et filles, et bien entendu du corps médical, toutes disciplines confondues. Bribes de la mémoire en miettes de John, réveil de la douleur qu'Ella rendort bien vite avec quelques "substances illicites", bonnes et mauvaises surprises au fil des rencontres que ne manquent pas de faire nos deux comparses, émaillent le récit. Par le truchement de la narratrice, Ella, l'auteur nous fait connaître la vie de deux gens simples, dont l'amour a été le ciment de la vie. La tristesse des situations vécues au fil de cette galère, bien loin des chevauchées acidulées de la "beat generation" (quoi qu'en dise l'éditeur), est largement compensée par l'humour et l'attention apportée à mille situations plus cocasses les unes que les autres. Il aura fallu beaucoup de courage à l'auteur pour aborder avec autant de bonheur un sujet aussi grave que la fin de la vie.

Oeuvre non trouvée

note: 5spectres et renards Jean-François - 24 décembre 2016

Dans ces "Chroniques de l'étrange", Pu Songling (1640-1715) nous emmène dans une contrée où les humains côtoient l'au-delà au fil du quotidien. Les renards, comme nos loups-garous, sont capables de revêtir une apparence humaine, mais ils semblent plutôt désireux de faire des farces aux vivants et de commettre de menus larcins. Quant aux spectres, c'est du sérieux, il faut s'en méfier. En fait ces petites et grandes nouvelles servent de prétexte à une critique acerbe de la société mandarinale de l'époque. Corruption, calomnies, ascensions sociales aussi brutales que la chute, souvent mortelle, lorsque l'on tombe en disgrâce, sont soulignées d'un pinceau rageur par cet observateur attentif d'une société figée dans des principes immuables. Humour et grivoiserie sont également au rendez-vous et pimentent la lecture. Bravo également à la traduction, qui a dû représenter un effort considérable. Un travail d'édition méritoire, pour une meilleure connaissance de l'Empire du Milieu, dans sa routine quotidienne comme dans ses fantasmes éternels…

Chroniques de l'étrange n° 1 (Song ling Pu)

note: 5spectres et renards Jean-François - 24 décembre 2016

Dans ces "Chroniques de l'étrange", Pu Songling (1640-1715) nous emmène dans une contrée où les humains côtoient l'au-delà au fil du quotidien. Les renards, comme nos loups-garous, sont capables de revêtir une apparence humaine, mais ils semblent plutôt désireux de faire des farces aux vivants et de commettre de menus larcins. Quant aux spectres, c'est du sérieux, il faut s'en méfier. En fait ces petites et grandes nouvelles servent de prétexte à une critique acerbe de la société mandarinale de l'époque. Corruption, calomnies, ascensions sociales aussi brutales que la chute, souvent mortelle, lorsque l'on tombe en disgrâce, sont soulignées d'un pinceau rageur par cet observateur attentif d'une société figée dans des principes immuables. Humour et grivoiserie sont également au rendez-vous et pimentent la lecture. Bravo également à la traduction, qui a dû représenter un effort considérable. Un travail d'édition méritoire, pour une meilleure connaissance de l'Empire du Milieu, dans sa routine quotidienne comme dans ses fantasmes éternels…

Oeuvre non trouvée

note: 5mortel bayou Jean-François - 24 décembre 2016

Quelle ambiance ! Dans la chaleur tropicale de la Louisiane, au bord du bayou Teche cher à James Lee Burke, Dave Robicheaux, en compagnie de son vieil et fidèle ami Cleve Purcel, s'élance dans une enquête sur la mort de quatre jeunes filles, sauvagement torturées. Une quête de l'impossible, dans un monde dominé par ceux qui croient qu'argent et notoriété leur donnent l'absolution pour commettre les crimes les plus sordides. Et quand la Loi protège en toute bonne foi les criminels, quoi de plus normal que de l'enfreindre pour le respect de sa conscience ? C'est ce pas que franchissent allègrement nos deux compères, bravant tous les dangers, même ceux venant de leur propre camp. Une vision amère de la société actuelle, admirablement rendue par un auteur au sommet de son talent. L'ambiance, poisseuse à souhait, nous emmène dans les recoins les plus sombres de l'âme humaine. La traduction est remarquable, mais les (trop) nombreuses fautes de français sont malheureusement imputables à un défaut de relecture de la part de l'éditeur. Espérons que la prochaine édition les corrigera et fera honneur à une œuvre majeure de la littérature policière contemporaine…

Oeuvre non trouvée

note: 5vous voulez de la chair fraîche ? Jean-François - 24 décembre 2016

Un polar cubain (enfin, disons plutôt qui se passe à Cuba), très "chaud" et très "saignant", qui ravira les amateurs de chair fraîche autant que ceux qui l'aiment plutôt faisandée. Tout tourne autour du bordel de Mme Lupe, dans une Havane très castriste sur le déclin, où tout (ou presque) est permis pourvu que l'on dispose des précieux dollars. Un tour de passe-passe que l'on ne dévoilera pas au lecteur, bien qu'il lui soit dévoilé dès les premières pages, assure à ce roman policier une originalité incontestable, outre l'humour, grinçant à souhait, qui imprègne toutes les pages. Le petit monde transpirant de José Luis Muñoz, mêlant policiers sur le retour, touristes en mal d'amours tarifées, chauffeurs de taxi clandestins et autres spécialités de la grande île, s'agite devant nous en quête d'un impossible espoir. Le constat est amer, mais l'humour et l'imagination débordante de l'auteur en font un bien agréable moment de lecture…

Oeuvre non trouvée

note: 4l'intrus Jean-François - 24 décembre 2016

Un court roman, une fable, décrivant la suite inexorable des malheurs survenus à l'honorable "Poète", dont on ne saura jamais le nom, qui commit la funeste erreur d'adopter un enfant trouvé dans la rue. Cet enfant, qu'il appelle "Intelligence" pour lui assurer un avenir radieux au sein de l'institution scolaire, va causer la perte de sa fiancée, la merveilleuse "Ah Si" (sic !), puis de… mais la suite ne se raconte pas, tant elle est riche de trouvailles aussi drolatiques les unes que les autres. L'humour est donc présent, un humour grinçant, qui dénonce au passage les travers d'une société où tout le monde se regarde, et pas toujours avec les meilleures intentions. Dommage que l'éditeur ait laissé passer de trop nombreuses fautes de langage, un défaut impardonnable pour un aussi petit format…

La princesse du Burundi (Kjell Eriksson)

note: 5petit-john a disparu Jean-François - 24 décembre 2016

La disparition de John Jonsson, surnommé Petit-John, suivie de la découverte de son corps, sauvagement mutilé et torturé, va entraîner la brigade criminelle d'Uppsala dans une enquête difficile, où chacun va pouvoir mettre à profit ses compétences. Les multiples personnages, aux profils contrastés, nous plongent dans l'univers étrange de cette petite ville tranquille du sud de la Suède, en marge d'un immense campus universitaire largement ignoré du reste de la population. Pas de héros, pas de bons et de méchants dans ce roman policier hors du commun, qui fait la part belle à l'analyse psychologique et au constat social. La force du livre est de nous restituer un univers où les moindres faits et gestes des personnages semblent respectés à leur juste valeur, une atmosphère digne des meilleurs Simenon (pas les Maigret, les autres). Un polar scandinave de premier choix !

Quand vous lirez ce livre (Sally Nicholls)

note: 5c'est quoi mourir ? Jean-François - 24 décembre 2016

Pour son mémoire de master en littérature de jeunesse, Sally Nicholls s'est mise dans la peau d'un garçon de onze ans, Sam, atteint d'une forme incurable de leucémie, qui raconte sur un cahier d'écolier la lente approche de la mort au cours des trois derniers mois de son existence. Un sujet grave, très grave, mais traité avec l'innocence, la spontanéité et la franchise que l'on associe communément avec l'enfance. Et on y croit ! Grâce à un talent d'écriture incontestable, et une excellente traduction, Sam nous devient vite familier et partage avec nous ses sentiments, ses envies, ses regrets et son regard si clair sur les êtres qui l'entourent. Ni complaisance ni niaiserie dans cette confession au quotidien, tous les pièges sont évités. Une réussite…

Les hamacs de carton (Colin Niel)

note: 5mortelle guyane Jean-François - 24 décembre 2016

Un polar attachant, dont l'action se situe en plein cœur de ce petit morceau d'Amazonie qu'est la Guyane française. Une population mélangée, disons plutôt hétéroclite, mêlant "guyanais" de toutes couleurs, noirs-marrons (descendants d'esclaves ayant rejoint la forêt il y a plusieurs siècles), amérindiens, asiatiques (Indiens, Chinois, Hmongs), sans oublier bien sûr les "métros" et les nombreux arrivants de fraîche date (Surinamiens, Brésiliens et autres "latinos"). Les noirs-marrons, auxquels appartient le capitaine de gendarmerie Anato, récemment débarqué de la métropole, ont des coutumes bien particulières. Il va devoir les intégrer, lui qui n'a hérité de la Guyane que sa couleur de peau et quelques bribes de la langue Ndjuka, une des trois langues parlées le long du fleuve Maroni. En compagnie du lieutenant Vacaresse, un "métro" encore plus ignorant que lui de la culture des peuples du fleuve, il va devoir résoudre plusieurs énigmes liées à des morts inexpliquées. Ce sera également, pour lui et son adjoint, l'occasion d'un voyage initiatique au cœur de la Guyane profonde. Colin Niel est un fin connaisseur de son pays d'adoption, et un habile conteur. Comme au fond de la vaste forêt guyanaise, les pistes se croisent et se décroisent, pour le plus grand plaisir de l'amateur d'énigmes policières. Dépaysement garanti…

Demain j'arrête ! (Gilles Legardinier)

note: 5folle d'amour Jean-François - 24 décembre 2016

Hilarant ! Rire garanti à toutes les pages, sinon à toutes les lignes ! Julie, trente-deux ans et célibataire après une liaison malencontreuse avec un musicien raté, s'est entichée d'un voisin récemment installé dans son immeuble. Elle va tout faire, mais vraiment tout faire, et tout rater (ou presque) pour attirer son attention. Tel est le début d'une suite incroyable de quiproquos, pataquès et autres cabrioles qui vont tenir le lecteur en haleine jusqu'à un dénouement final aussi heureux qu'inattendu. Car un mystère plane, comme on s'en doute, sur cet étrange voisin, aussi beau que peu disert sur sa vie, ses œuvres et ses projets. Il y a longtemps qu'un tel vent de fraîcheur n'avait soufflé sur la littérature hexagonale. C'est drôle, et en plus très bien écrit. Gagné !

Oeuvre non trouvée

note: 5éternel retour Jean-François - 24 décembre 2016

Un amour peut-il être éternel ? Si l'on aime très fort, mais vraiment très fort quelqu'un, l'être aimé peut-il revenir sur terre après sa mort ? Oui, nous assure Takui Ichikawa dans ce merveilleux roman au charme indicible. Merveilleux, c'est le mot, puisque nous voilà en face d'une résurrection, celle de Mio, morte dans la fleur de sa jeunesse. Un an plus tard, son mari, Takumi, qui élève seul tant bien que mal leur fils Yûji âgé de cinq ans, la découvre bien vivante, accroupie devant la porte n° 5. Elle ne se souvient de rien et va devoir tout réinventer, retrouver les gestes du quotidien, et l'amour, celui que n'ont cessé de lui porter son fils et son mari. Le temps de la saison des pluies. Au-delà de cette envolée vers un monde où réel et merveilleux se mêlent inextricablement, la description des petits gestes du quotidien, ces mille et une attentions qui font que des êtres se lient et entrent en phase pour une vie commune, font toute la richesse de ce roman, inclassable mais terriblement attachant. Remarquablement traduit, il ravira tant les amateurs de romans psychologiques que de science-fiction (version mangas). Laissez-vous charmer par sa fraîcheur et sa finesse, et savourez votre bonheur…

Je reviendrai avec la pluie (Takuji Ichikawa)

note: 5éternel retour Jean-François - 24 décembre 2016

Un amour peut-il être éternel ? Si l'on aime très fort, mais vraiment très fort quelqu'un, l'être aimé peut-il revenir sur terre après sa mort ? Oui, nous assure Takui Ichikawa dans ce merveilleux roman au charme indicible. Merveilleux, c'est le mot, puisque nous voilà en face d'une résurrection, celle de Mio, morte dans la fleur de sa jeunesse. Un an plus tard, son mari, Takumi, qui élève seul tant bien que mal leur fils Yûji âgé de cinq ans, la découvre bien vivante, accroupie devant la porte n° 5. Elle ne se souvient de rien et va devoir tout réinventer, retrouver les gestes du quotidien, et l'amour, celui que n'ont cessé de lui porter son fils et son mari. Le temps de la saison des pluies. Au-delà de cette envolée vers un monde où réel et merveilleux se mêlent inextricablement, la description des petits gestes du quotidien, ces mille et une attentions qui font que des êtres se lient et entrent en phase pour une vie commune, font toute la richesse de ce roman, inclassable mais terriblement attachant. Remarquablement traduit, il ravira tant les amateurs de romans psychologiques que de science-fiction (version mangas). Laissez-vous charmer par sa fraîcheur et sa finesse, et savourez votre bonheur…

Oeuvre non trouvée

note: 5en quête d'os... Jean-François - 24 décembre 2016

La mort est présente à toutes les pages dans cette enquête, qui n'en est pas une, du commissaire Erlendur. En vacances dans sa région d'origine, les fjords de l'est de l'Islande, il s'installe dans les ruines de la ferme familiale, une baraque en bois ouverte aux quatre vents. Retour vers les paysages de son enfance, retour aussi des souvenirs qui le hantent, comme la mort de son frère Bergur ("Beggi"), disparu dans la lande voisine lors d'une tempête de neige (un souvenir récurrent, familier aux lecteurs assidus d'Arnaldur Indridason !). La rencontre avec Boas, un chasseur qui l'avait bien connu dans son enfance, va le mettre sur la voie d'une autre disparition, tout aussi mystérieuse, celle d'une femme survenue il y a une quarantaine d'années. De témoignages en témoignages il va s'acharner à décrypter ce mystère qui va l'amener à déterrer souvenirs et… cadavres. Une quête passionnante, qui ravira le lecteur avide d'énigmes et que n'effraie pas la morbidité de certaines scènes particulièrement effrayantes.

Oeuvre non trouvée

note: 5camerone, sa plage, ses palmiers… Jean-François - 24 décembre 2016

Trois délicieuses petites nouvelles, qui s'enchaînent et se répondent, au fil du souvenir à Camerone : la fillette, l'homme à moustaches à la chemise à carreaux, l'été, la plage, la dune. Comme dans un rêve, mais est-ce bien un rêve ? Le charme de Véronique Ovaldé opère, une fois de plus. Laissez-vous griser par le flux et le reflux des mots et des images : c'est bon, c'est beau, ça sent le sable chaud, mais que font ces quelques gouttes de sang ?

N'oublie pas d'être heureuse (Christine Orban)

note: 4snob ou pas snob ? Jean-François - 18 décembre 2016

De Fédala à Auteuil il y a un monde, qui sépare deux façons de vivre, de sourire (ou pas), d'aimer (ou pas). Ce gouffre, Marie, surnommée par snobisme Maria-Lila par sa tante Fifi, va le franchir en quittant le giron familial pour le Paris étudiant où elle va faire la connaissance d'un garçon "de la haute". Espoirs, cruelles déceptions, regrets d'une enfance choyée parsèment la vie de cette jeune fille fermement décidée à "réussir". Elle nous conte son passage d'une enfance marocaine toute de liberté à une jeunesse parisienne qui va l'amener à fréquenter une microsociété faite de conventions et d'interdits. Roman initiatique, écrit avec beaucoup de sensibilité, "N'oublie pas d'être heureuse" nous fait partager, le temps de la lecture, la vie et les sentiments de personnages attachants, la narratrice bien sûr, la tante Fifi, qui pleure dès qu'elle entend "la Marseillaise", mais aussi et surtout Sofia, la lumineuse amie d'enfance. Une fine analyse psychologique, et un beau travail d'écriture…

Le tigre (John Vaillant)

note: 5requiem pour un grand fauve Jean-François - 18 décembre 2016

Cette somme, sur un des derniers grands fauves vivant encore en liberté, est bâtie comme un reportage sur des événements survenus en décembre 1997 dans l'Extrême-Orient sibérien, aux confins de la Chine et de la Corée. Un tigre de l'Amour, mâle de taille exceptionnelle, blessé par plusieurs tirs de braconniers, décide de s'attaquer à l'homme et à ses chiens. Il a faim, ses blessures ne lui permettent plus de traquer son gibier habituel, cerfs et sangliers. Après deux attaques mortelles il est décidé de l'abattre, malgré son statut de haute protection. C'est le début d'une longue traque menée par Iouri Trouch, à la tête de "L'Inspection du Tigre", une institution locale aujourd'hui disparue, bénéficiant de financements internationaux. Ce récit est l'occasion pour l'auteur de dresser un tableau des relations tourmentées entre l'homme et la nature et des limites de la protection de la nature dès lors qu'elle entre en porte-à-faux avec les intérêts des hommes, qu'il s'agisse de populations affamées, oubliées après la chute de l'Union Soviétique, ou de puissants magnats avides de rentabilité et de plaisirs interdits. Un récit puissant, plein de passion et d'amour pour cette nature sauvage, qu'il s'agisse des hommes ou des bêtes, mêlé aux témoignages directs des acteurs et témoins de cette épopée ainsi qu'à de nombreuses notations scientifiques. Une œuvre originale, un constat accablant, à déconseiller toutefois aux cœurs sensibles…

Oeuvre non trouvée

note: 5le rouge est mis Jean-François - 18 décembre 2016

Filippo Zuliani, un jeune détenu de droit commun, profite de l'évasion de son co-détenu, Carlo, un chef "historique" des Brigades Rouges, pour s'enfuir d'une prison romaine. On est en 1987, quelques années après les célèbres "années de plomb" qui virent une partie de l'extrême-gauche ouest-européenne virer au terrorisme puis au grand-banditisme. Son attachement à Carlo est plus d'ordre affectif que politique, mais il va vite s'apercevoir qu'il n'est pas désiré et devra poursuivre sa route tout seul. Jusqu'au jour où la fuite vers Paris, où il va tenter de trouver refuge auprès d'une ancienne amie de Carlo, exilée comme tant d'autres brigadistes, repentis ou non, va faire de lui un autre homme. L'écriture d'un roman, où il narre l'évasion de Carlo, et sa fin dramatique à Milan, tout en se donnant le beau rôle, va faire de lui un écrivain célèbre. Hélas, la fiction va bientôt rejoindre la réalité, dans un jeu de miroirs admirablement maîtrisé par l'auteure de "Sombre Sentier". On est plongé au cœur de la tourmente qui agita l'Italie pré-berlusconienne, et continue à faire débat au sein de l'extrême-gauche : de qui fait-on le jeu lorsqu'on passe à l'action violente au nom des idéaux les plus purs ? Dominique Manotti ne clôt pas le débat mais nous livre ici un des meilleurs polars politiques du moment. Amer, mais terriblement excitant…

Walt Longmire n° 4
Enfants de poussière (Craig Johnson)

note: 5wyoming vietnam Jean-François - 18 décembre 2016

Une jeune vietnamienne est retrouvée étranglée au bord d'une route dans le comté d'Absaroka, Wyoming. Non loin de là, dans un tunnel sous l'autoroute, vit un Indien sans ressources, un géant, violent, qui va se démener comme un beau diable lorsque la police vient fureter près de ses cartons. Suspect, bien entendu. Pourtant, il en faut plus au shérif Longmire, bien connu des lecteurs de Craig Johnson, pour le convaincre qu'il s'agit du coupable idéal. Les années passées au Vietnam en compagnie d'une autre Indien, son ami Ours-Debout, reviennent à la surface. Des événements qui se sont déroulés quarante ans auparavant vont l'amener à s'interroger sur l'identité de la victime. On avance de mystère en mystère au long de ce double voyage dans le temps et l'espace, admirablement rendu par une narration savamment entrecroisée. Par moments, l'illusion est telle que passé et présent se confondent. Mais non, n'ayez crainte, on est bien dans un polar, et un des meilleurs du moment…

Oeuvre non trouvée

note: 5l'empereur et marguerite Jean-François - 18 décembre 2016

Dans ces mémoires fictives d'un célèbre empereur romain, Marguerite Yourcenar dévoile l'étendue de ses talents, tant littéraires que culturels, une culture que l'on pourrait sans honte taxer de "scientifique" tant elle est passée au crible du doute et du raisonnement contradictoire. D'une érudition basée sur une connaissance approfondie des lettres "classiques", étayée par de nombreuses sources dévoilées en fin d'ouvrage, elle tire cette confession, adressée au futur Marc-Aurèle. L'empereur, vieillissant, réfléchit sur son règne, ses campagnes militaires destinées à consolider l'empire dans ses frontières orientales, sa sagesse en matière de politique mais aussi ses errements lorsqu'il s'agit de savoir qui est ami ou ennemi, toutes choses dont il veut faire profiter celui qu'il souhaite voir lui succéder, un jour peut-être, si le Sénat de Rome veut bien suivre ses plans. Derrière l'homme avide de plaisirs et jouissant pleinement de la vie, malgré la maladie, apparaît un personnage porteur d'une vision sur le long terme, sachant mettre sa stratégie au service non de son intérêt personnel mais de celui de la nation qu'il est en charge de gouverner. C'est donc aussi d'un traité politique qu'il s'agit, dont les hommes et les femmes de cette classe qui nous gouverne feraient bien de s'imprégner. La vision d'Hadrien par Marguerite Yourcenar est avant tout un message adressé aux lecteurs d'aujourd'hui, plus qu'un travail d'historien.

Oeuvre non trouvée

note: 5l'empereur et marguerite Jean-François - 18 décembre 2016

Dans ces mémoires fictives d'un célèbre empereur romain, Marguerite Yourcenar dévoile l'étendue de ses talents, tant littéraires que culturels, une culture que l'on pourrait sans honte taxer de "scientifique" tant elle est passée au crible du doute et du raisonnement contradictoire. D'une érudition basée sur une connaissance approfondie des lettres "classiques", étayée par de nombreuses sources dévoilées en fin d'ouvrage, elle tire cette confession, adressée au futur Marc-Aurèle. L'empereur, vieillissant, réfléchit sur son règne, ses campagnes militaires destinées à consolider l'empire dans ses frontières orientales, sa sagesse en matière de politique mais aussi ses errements lorsqu'il s'agit de savoir qui est ami ou ennemi, toutes choses dont il veut faire profiter celui qu'il souhaite voir lui succéder, un jour peut-être, si le Sénat de Rome veut bien suivre ses plans. Derrière l'homme avide de plaisirs et jouissant pleinement de la vie, malgré la maladie, apparaît un personnage porteur d'une vision sur le long terme, sachant mettre sa stratégie au service non de son intérêt personnel mais de celui de la nation qu'il est en charge de gouverner. C'est donc aussi d'un traité politique qu'il s'agit, dont les hommes et les femmes de cette classe qui nous gouverne feraient bien de s'imprégner. La vision d'Hadrien par Marguerite Yourcenar est avant tout un message adressé aux lecteurs d'aujourd'hui, plus qu'un travail d'historien.

La vie sans fards (Maryse Condé)

note: 5Sans fards et sans reproches Jean-François - 18 décembre 2016

Le titre ne ment pas. Maryse Condé nous conte sa vie, enfin disons plutôt la première partie de sa vie, celle des galères, mais aussi des (nombreux) amants, sans rien cacher de ses faiblesses et de son incapacité à construire un bonheur durable. Elle le fait avec ses mots à elle, dans cette langue française qu'elle sait manier à la perfection. Une vie mouvementée, donc, rythmée par les enfants qu'elle conçoit au fil de ses pérégrinations amoureuses. Elle va les entraîner avec elle, de pays en pays, dans cette Afrique qui l'accueille et la rejette à la fois, elle, l'Antillaise fière de ses origines, que les Africains persistent à ranger dans le camp des "blancs". Malgré toutes ces vicissitudes, cette course sans fin pour trouver amour et pain quotidiens, Maryse Condé tait ses rancœurs et n'adresse que peu de reproches à ceux et celles qui ne lui ont pas voulu que du bien. Un beau portrait de femme en miroir, un témoignage aussi, de première main, sur l'Afrique de la décolonisation, et tout simplement une belle histoire, touchante, qui se lit comme un roman d'aventures.

La porte (Magda Szabó)

note: 4étrange emerence… Jean-François - 18 décembre 2016

La porte, c'est celle qui reste toujours fermée, même aux personnes les plus proches. Que dissimule-t-elle ? Il vous faudra, pour le savoir, faire pas à pas la connaissance de cette femme mystérieuse, à la personnalité complexe, qu'est Emerence. Concierge ou dame de compagnie ? Elle veut vous aider et entre sans complexe dans votre intimité, jusqu'à vous priver du chien auquel vous vous étiez attaché, mais vous ne saurez rien d'elle, rien en tout cas de ce qu'elle veut cacher derrière cette fameuse porte. Le récit de Magda Szabó brosse le portrait d'une femme aux multiples facettes, allant du désintéressement total à la perversité la plus noire, qui vit dans un monde qu'elle s'est aménagé au milieu des autres, qu'elle aide de toutes ses forces et de toutes les manières possibles, mais où elle restera définitivement seule. Un étrange récit, écrit avec une grande finesse et une profonde connaissance de l'âme humaine, qui laisse cependant un goût amer. Et si Emerence frappait à ma porte, lui ouvrirais-je ? L'auteure ne nous donne pas la réponse…

Je reste roi d'Espagne (Carlos Salem)

note: 5le roi et moi Jean-François - 18 décembre 2016

Le troisième opus policier de Carlos Salem, après "Nager sans se mouiller" et "Aller simple", fait très fort dans la démesure et l'irréalisme, mais pour le plus grand plaisir des amateurs de polars déjantés. Rien moins que Juan Carlos, roi d'Espagne, comme héros principal de ce "road novel" qui sillonne un coin perdu de l'Espagne, aux confins du Portugal. Un Juan Carlos qui a perdu la mémoire mais sait très bien se jouer de toutes les chausse-trappes visant à l'envoyer ad patres, en compagnie de son ami le détective José Maria Aguirre (dit "Txema") et d'une foultitude de rencontres de passage, dont le célèbre romancier mexicain Paco Ignacio Taibo II, qui reçoit ici un hommage inattendu sous les traits du Judas de service. Une touche unique dans le PPE (Paysage Policier Européen), une imagination débordante nous emmenant aux confins du surréalisme, une écriture efficace tenant le lecteur en haleine au fil de ces quatre cent et quelques pages bien remplies. Une réussite…

Oeuvre non trouvée

note: 5sacrée famille… Jean-François - 18 décembre 2016

Pas facile, quand on est lycéen, désireux de connaître l'amour, et qu'on a autour de soi des modèles que l'on n'a pas trop envie de copier : mère, frère et sœur, tous plus déjantés les uns que les autres, vous donnent sacrément envie de fuir le quotidien, au risque de devenir comme eux. Le petit monde de Julie Douard est peuplé de personnages dont le destin n'a jamais cessé d'être contrarié : mères porteuses en mal d'enfant, transsexuels, amants trompés, la liste est longue et s'allonge au fil des pages. Mais la vie va et chacun finit par trouver sa place, cahin-caha. Beaucoup de fraîcheur dans ce récit d'une adolescence rêveuse et pourtant bien éveillée au monde qui l'entoure. Un regard attendri sur la vie, de l'humour, des imprévus, et une écriture d'une rare qualité, pour ce premier roman auquel on souhaite une nombreuse descendance…

Oeuvre non trouvée

note: 5mignonne, allons voir si la rose… Jean-François - 18 décembre 2016

Rose (en fait elles sont deux), Monsieur Loyal, Madame Isis, Markus M., des noms bizarres, même pas des noms d'ailleurs, pour les personnages de cette histoire "décalée" mais tout à fait attachante. Rose, la narratrice, est une fille de quinze ans, qui fait l'objet de séjours à temps partiel, parfois total selon les périodes, dans ce qu'elle appelle "l'Institut" (on n'en saura pas plus). C'est par ses yeux que l'on voit se dérouler une petite saga de quartier, entre ce père qui n'est pas son père, une voisine bien au courant de tous les secrets de famille, une mère (l'autre Rose) qui décide un beau jour de prendre la poudre d'escampette, et par-dessus tout ça l'imagination de Rose qui travaille, qui travaille… On ne s'ennuie gère à lire Véronique Ovaldé, elle sait raconter, dans une langue toute de fraîcheur, ce qui fait le charme de la vie, les petits riens qui en disent long, tout ce que l'on ressent mais qu'on n'ose pas dire. Elle, elle le dit, et c'est beau !

Oeuvre non trouvée

note: 5retour au village Jean-François - 18 décembre 2016

La cruche cassée, c'est celle que l'on remplit tout au long de sa vie de ce dont on n'ose pas parler, pleurs, angoisses, occasions perdues, bonheurs enfuis, que l'on va briser au moment du passage vers l'au-delà, pour les voir disparaître à jamais. À l'occasion du décès de sa grand-mère maternelle, la vieille Yemma, Dounia, la narratrice, revient au Maroc. Les trois journées et trois nuits que vont durer le deuil, cérémonie traditionnelle conclue par le "couscous de séparation", vont être pour elle l'occasion de retrouver sa famille, mais surtout de jeter un regard nouveau sur des traditions qu'elle avait cru enfouir au fond de sa mémoire. Des gestes empreints de tendresse (la scène du hammam, émouvante à pleurer), des confessions inattendues (Aïda la si-sage, qui avoue sa décision de "tout plaquer"), une atmosphère chaleureuse admirablement rendue dans une langue simple et empreinte de sincérité. Beaucoup de qualités dans ce premier roman, qui annonce le talent de l'auteure de "Rêve d'envol".

Oeuvre non trouvée

note: 5le bonheur à beyrouth… Jean-François - 18 décembre 2016

La malédiction, c'est d'être femme lorsqu'on vit à Beyrouth dans un milieu (chrétien maronite) où le déshonneur est inscrit dans les gènes. Femme et bonheur sont deux entités guère faites pour s'entendre dans cette culture orientale que l'auteure détricote pour en montrer, derrière les apparences, les aspects les plus sordides. Cœurs sensibles, s'abstenir ! Au travers du destin tragique de Hala, fillette puis jeune fille et plus tard mère de deux enfants et veuve d'un mari qu'elle n'a pas choisi, Hyam Yared brosse un portrait au vitriol d'une certaine société, repliée sur ses certitudes. La tradition a bon dos dès lors qu'il s'agit de justifier cruauté et volonté de nuire à autrui, en réponse à ses propres frustrations transmises de génération en génération. Puisse ce récit, écrit avec du sang, faire réfléchir celles et ceux qui sont en charge d'établir les règles et limites de la morale quotidienne, qu'elle soit laïque ou religieuse…

Oeuvre non trouvée

note: 5passage au chinois Jean-François - 18 décembre 2016

Un roman policier, écrit par un chinois ayant émigré aux États-Unis après les événements de la place Tian'anmen (printemps 1989). L'action se passe à Shanghai. L'inspecteur Yu Guangming, de la Police Criminelle, enquête sur le meurtre étrange de Yue Lige, anciennement membre des Brigades Rouges et aujourd'hui considérée comme une opposante au régime via son livre autobiographique "Mort d'un professeur chinois". L'enquête va être longue et difficile car il ne faut surtout pas qu'elle puisse déboucher sur un quelconque problème politique. Le Parti veille ! L'intrigue, passionnante de bout en bout, sert en fait de prétexte, comme dans tout roman policier digne de ce nom, à une dissection au scalpel du fonctionnement d'une société écartelée entre une idéologie officielle tournée vers le bonheur du peuple et un fonctionnement économique et social favorisant son exploitation. Le regard de Qiu Xiaolong est acéré, et l'humour et les abondantes références culinaires qui en feront saliver plus d'un(e) ne masquent guère l'amertume qui se dégage de la réalité sociale que nous dépeint l'auteur.

Une soirée au Caire (Robert Solé)

note: 5mon égypte à moi c'est toi… Jean-François - 18 décembre 2016

Charles Batrakani, parti d'Égypte comme (presque) toute la famille quelques années après la crise de Suez de 1956, vient visiter sa tante Dina, restée au pays contre vents et marées dans la vaste demeure familiale d'Héliopolis. Au cours d'une soirée, les souvenirs vont défiler, alimentés par le trouble causé chez le narrateur par cette femme, très belle, qui a chaviré le cœur de plus d'un homme dans le microcosme cairote. Au fil des cahiers rédigés par Michel, l'oncle et parrain, et poursuivis après sa mort par le narrateur lui-même, c'est presque un siècle de l'histoire contemporaine de l'Égypte qui va défiler sous nos yeux. Dans une langue raffinée, Robert Solé décrit les rapports complexes qui s'établissent entre les membres d'une même diaspora, aux parcours divergents mais toujours habités par le sentiment d'appartenir à une même famille, au-delà des barrières de la langue et des inimitiés qui se tissent au fil du temps. Une fine analyse psychologique, une belle leçon d'humanité, et un art de raconter qui nous rend attachants même les personnages les plus secondaires. Écrit juste avant la révolution du 25 janvier, "Une soirée au Caire" nous éclaire sur une Égypte loin, très loin des clichés touristiques, un creuset culturel unique au monde…

Oeuvre non trouvée

note: 5qu'il est difficile d'aimer… Jean-François - 18 décembre 2016

Dans ce récit à une voix, Marina Vlady nous conte le lent retour à la vie de son fils aîné, victime d'un chauffard qui l'a laissé dans un coma profond, avec un diagnostic plus que réservé. Comme une seconde naissance, son corps et son esprit vont suivre toutes les étapes qu'il avait traversées au cours de sa vie. Va-t-elle retrouver, au bout de ce lent et chaotique cheminement, qui désoriente le corps médical, celui qui l'a aimée et qu'elle a chéri de tout son cœur, malgré l'appel de la drogue et des mirages de la vie ? L'auteure sait parfaitement rendre compte de son angoisse, de ses espoirs, des souvenirs et des deuils qui ont marqué sa vie, dans une langue simple mais merveilleusement travaillée. Touchant et attachant…

Black coffee (Sophie Loubière)

note: 5sixty-six Jean-François - 18 décembre 2016

Un meurtrier en série sur la mythique route 66, entre Chicago et Santa Barbara. Un homme, Desmond, à la recherche du tueur fou qui a assassiné sa famille, quarante ans plus tôt. Une femme, Lola, elle-même à la recherche de son mari, disparu il y a trois ans au cours d'un voyage en famille le long de cette même route 66. À partir de là, Sophie Loubière a su tisser une trame complexe, multipliant fausses pistes et coups de théâtre, vers un dénouement final inattendu, pour le plus grand plaisir des amateurs de thrillers et d'énigmes policières. Un "road novel" plein de rebondissements, tenant en haleine le lecteur du début à la fin, sur un air de jazz et dans un paysage en cinémascope. Une réussite du genre…

Oeuvre non trouvée

note: 5ike et ellen Jean-François - 17 décembre 2016

Une plongée dans l'univers âpre et sans pitié du surf, de la moto, de la drogue, du film porno. Quelque part du côté de Hollywood, sur la côte californienne, là où la vague est bonne et où les corps bronzés brillent sous le soleil de Satan. Ike, un adolescent élevé par son oncle dans la partie désertique de la Californie, part à la recherche de sa sœur Ellen, enfuie de la demeure familiale, loin de la main baladeuse de l'oncle Gordon. À Huntington Beach il va faire la connaissance de Preston, qui va l'introduire dans un monde interlope dont il ignore les arcanes. On retrouve l'atmosphère des romans noirs des années 50, comme par exemple "Vendredi 13" (David Goodis). Le monde a bien changé en soixante ans, les codes ne sont plus les mêmes, mais les rapports humains sont toujours gâchés par l'envie, le désir de vengeance, le mensonge pour arriver à ses fins. Lecteur, accroche-toi, ça fait très très mal…

Oeuvre non trouvée

note: 5psy show Jean-François - 17 décembre 2016

Quel étrange roman ! L'auteur le dit autobiographique, on doit donc faire semblant de le croire, du moins le temps de la lecture. Une course-poursuite entre Pologne, Angleterre, Islande et Autriche, pour fuir les souvenirs d’enfance et finir dans les bras d’un psychanalyste un peu fou. Tous les personnages qui gravitent autour d’Hubert, le narrateur, semblent d’ailleurs pourvus d’un grain de folie. Parents et grands-parents, oncles et tantes, rencontres de passage, amours enfuis, tout un pandémonium gravite et s’agite autour de lui, comme dans un tableau de Marc Chagall. Laissez-vous entraîner dans cette sarabande infernale, menée de main de maître par un auteur en pleine possession de ses moyens.

Oeuvre non trouvée

note: 5philadelphia story Jean-François - 17 décembre 2016

Walt, le shérif du comté d'Absaroka, Wyoming, se rend à Philadelphie, en compagnie de son fidèle ami Henry, de son nom indien Standing Bear (Ours Debout). Invité à venir faire une conférence dans le cadre d'une exposition qui lui est consacrée, ce dernier va mettre trois jours à rejoindre la grande ville, au volant de Lola, une vieille décapotable customisée à la manière cheyenne. Et les ennuis ne font que commencer lorsque Cady, la fille de Walt, avocate bien en vue dans un cabinet réputé de Philadelphie, se fait agresser et se retrouve dans le coma. Une plongée dans les affaires louches d'une grande cité. De nombreux personnages, beaucoup de femmes, Walt et Henry étant tous les deux de grands séducteurs, chacun à sa manière. Une folle course-poursuite à cheval, une "chevauchée" fantastique dans un grand lit d'amour (le cheval est très présent), Craig Johnson n'a pas lésiné sur les morceaux de bravoure dans ce troisième opus des aventures de Walt Longmire, après "Little Bird" et "Le camp des morts". Une réussite, qui ravira les amateurs de polars et de romans d'aventure, mais on est là dans la catégorie supérieure, avec la poésie en plus…

Oeuvre non trouvée

note: 5amour en berne Jean-François - 17 décembre 2016

Simone aimait danser le tango à la folie, mais sa liaison aussi torride que brève avec Carlos, son professeur de danse de salon, lui a laissé un goût amer (et quelques spermatozoïdes bien fertiles) au sortir de l'unique nuit d'amour qu'elle aura vécu. L'immeuble tenu d'une main de maître (ou plutôt de maîtresse) par une ancienne danseuse étoile, ayant fait le deuil de sa beauté et de ses multiples amants, va lui offrir le havre de paix tant espéré. Et avec elle Rosalie, Giuseppina, Carla, sans oublier le chat Jean-Pierre, seul mâle autorisé à cohabiter avec ces déçues de la gent masculine. Jusqu'à l'arrivée de Juliette, qui vient remplacer Carla, partie pour un voyage de quelques mois à Bombay. Juliette, toujours à la recherche de l'âme sœur (frère ?), qui a bien du mal à se faire à l'idée de mettre sous cloche sa boîte à fantasmes. Une petite comédie citadine, pleine de charme et de tendresse, d'humour aussi, et délicieusement bien écrite, à déguster avec un chat sur les genoux et une bonne tasse de thé, avec ou sans nuage de lait, selon les goûts…

Oeuvre non trouvée

note: 5amour en berne Jean-François - 17 décembre 2016

Simone aimait danser le tango à la folie, mais sa liaison aussi torride que brève avec Carlos, son professeur de danse de salon, lui a laissé un goût amer (et quelques spermatozoïdes bien fertiles) au sortir de l'unique nuit d'amour qu'elle aura vécu. L'immeuble tenu d'une main de maître (ou plutôt de maîtresse) par une ancienne danseuse étoile, ayant fait le deuil de sa beauté et de ses multiples amants, va lui offrir le havre de paix tant espéré. Et avec elle Rosalie, Giuseppina, Carla, sans oublier le chat Jean-Pierre, seul mâle autorisé à cohabiter avec ces déçues de la gent masculine. Jusqu'à l'arrivée de Juliette, qui vient remplacer Carla, partie pour un voyage de quelques mois à Bombay. Juliette, toujours à la recherche de l'âme sœur (frère ?), qui a bien du mal à se faire à l'idée de mettre sous cloche sa boîte à fantasmes. Une petite comédie citadine, pleine de charme et de tendresse, d'humour aussi, et délicieusement bien écrite, à déguster avec un chat sur les genoux et une bonne tasse de thé, avec ou sans nuage de lait, selon les goûts…

Oeuvre non trouvée

note: 5communard ! Jean-François - 17 décembre 2016

Le troisième volet de la trilogie "Jacques Vingtras", le nom d'emprunt que s'est choisi Jules Vallès pour raconter sa vie mouvementée, est consacré à la période révolutionnaire de 1870-1871, pendant laquelle les parisiens se sont révoltés et organisés en commune populaire. Refus de la défaite devant les Prussiens, refus de la république bourgeoise, tout était prêt pour donner au peuple l'espoir de voir enfin triompher "La Sociale". Avec sa fougue habituelle, l'auteur nous conte les enthousiasmes et les errements d'une période où toutes les utopies se sont mêlées, parfois combattues, sans rien dissimuler des "coups bas" parfois portés à un idéal auquel tout le monde croit ou fait semblant de croire. Le blocus des "versaillais", visant à affamer Paris, et les dissensions internes à la révolution vont avoir raison de cette utopie en action qu'a été, pour quelques mois, la Commune de Paris. Le style de Jules Vallès, riche en images fortes, est en communion totale avec le lecteur, auquel il s'adresse comme en une sorte de confession, sollicitant toute son adhésion. Une œuvre magistrale, que l'on peut apprécier comme un témoignage historique autant qu'un traité politique, toujours d'actualité.

Oeuvre non trouvée

note: 5communard ! Jean-François - 17 décembre 2016

Le troisième volet de la trilogie "Jacques Vingtras", le nom d'emprunt que s'est choisi Jules Vallès pour raconter sa vie mouvementée, est consacré à la période révolutionnaire de 1870-1871, pendant laquelle les parisiens se sont révoltés et organisés en commune populaire. Refus de la défaite devant les Prussiens, refus de la république bourgeoise, tout était prêt pour donner au peuple l'espoir de voir enfin triompher "La Sociale". Avec sa fougue habituelle, l'auteur nous conte les enthousiasmes et les errements d'une période où toutes les utopies se sont mêlées, parfois combattues, sans rien dissimuler des "coups bas" parfois portés à un idéal auquel tout le monde croit ou fait semblant de croire. Le blocus des "versaillais", visant à affamer Paris, et les dissensions internes à la révolution vont avoir raison de cette utopie en action qu'a été, pour quelques mois, la Commune de Paris. Le style de Jules Vallès, riche en images fortes, est en communion totale avec le lecteur, auquel il s'adresse comme en une sorte de confession, sollicitant toute son adhésion. Une œuvre magistrale, que l'on peut apprécier comme un témoignage historique autant qu'un traité politique, toujours d'actualité.

Oeuvre non trouvée

note: 4ouvrière et fière de l'être Jean-François - 17 décembre 2016

Onze ans de la vie d'une femme (1967-1978) : Marie Zedet, fille de paysans jurassiens, mariée à dix-sept ans, devenue ouvrière chez Peugeot à Vesoul, à la grande époque du boom de l'automobile. La vie se passe entre chaîne et enfants, avec quelques échappées vers la mer, cette mer toute bleue entrevue en ouverture d'un film, "La piscine", avec le bel Alain et la belle Romy. Cette Méditerranée, qu'elle associe à la beauté de la vie, va lui donner un jour l'envie de prendre le large, de larguer les amarres, vers la grande bleue de ses rêves. Le travail en usine va la reprendre, ailleurs, au bord de la mer cette fois : il faut bien vivre, et Marie est une très bonne ouvrière, rapide et sûre, mais qui ne s'en laisse pas conter. Elle va être des grandes grèves des années 70, celles qui ont inspiré les auteurs-chanteurs-interprètes de ces années-là. Nathalie Démoulin sait raconter le labeur quotidien, les espoirs, les déceptions de cette femme qui veut mordre dans la vie sans jamais renoncer à ses principes. Un beau portrait de femme, écrit dans une langue rare, peut-être un peu trop affectée à mon goût, mais qui ravira le lecteur amoureux des belles lettres…

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note: 5divan épatant ! Jean-François - 17 décembre 2016

Carol veut se venger du Dr Lash, qu'elle accuse d'avoir poussé son mari à la quitter au terme de ses cinq années de psychanalyse. Tel est le point de départ d'un époustouflant chassé-croisé mettant en scène psys et patients. Vérité et mensonge, argent et amour, pièges et séduction, tous les ingrédients sont réunis pour un délicieux pudding psychanalytique. Ecrit avec humour et beaucoup de sincérité (ah, les rapports des psys à l'argent !!!), mais haletant comme un véritable thriller, ce roman psychologique se lit du début à la fin avec un réel plaisir. Bravo également pour la traduction !

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note: 1thriller mou Jean-François - 17 décembre 2016

Un thriller écrit "à la manière" d'Harlan Coben, mais qui décevra celles et ceux qui apprécient, chez cet auteur, sa façon de coller aux problèmes du quotidien. Là, nous sommes transportés au pays des peurs enfantines, comme l'indique le titre, mais seuls des adultes sont concernés, ce qui enlève beaucoup de piquant à l'histoire. Tout part d'un cercle littéraire, il vaudrait mieux dire un atelier d'écriture, où chacun fait part d'une histoire qu'il aimerait bien commencer à écrire. Parmi les stagiaires se trouve un journaliste, déçu de ne pas avoir fait la carrière qu'il avait rêvée, et désireux de connaître les "ficelles" de l'écrivain. Au cours de ce stage, il va faire la connaissance d'une jeune fille, Angela, dont les récits, tournant autour du fameux "marchand de sable" destiné à faire peur aux enfants "pas sages", vont le pénétrer au plus profond de son âme et lui permettre de trouver enfin l'inspiration. S'ensuivent une série de pérégrinations où meurtres, fantômes (ou imaginés tels), fausses identités, souvenirs de la petite enfance et mille et un ingrédients d'une sauce pseudo-psychanalytique sont réunis, jusqu'à un dénouement final qui laisse le lecteur sur sa faim. Une tentative un peu ratée, malgré une qualité d'écriture tout à fait correcte pour le genre…

Belle mère (Claude Pujade-Renaud)

note: 5l'étrange monsieur lucien Jean-François - 17 décembre 2016

Une petite annonce du "Chasseur français" va permettre à Eudoxie, veuve de quarante-sept ans, de rencontrer Armand Bouvier, cinquante-six ans, veuf lui aussi, habitant à Meudon, à l'époque une charmante bourgade de campagne (nous sommes en 1935). Armand a un grand fils, Lucien, qui va rapidement tenir une place importante dans la vie d'Eudoxie, d'abord par son absence (il reste dans sa chambre et ne lui adresse pas la parole) puis par sa présence insistante dès lors que son père va décéder un beau jour de 1940, faisant de Lucien l'heureux (?) propriétaire de ce grand pavillon de banlieue. Les relations qui vont se tisser entre ce beau-fils, bizarre et bricoleur de génie (on le qualifierait aujourd'hui d'autiste mais le mot n'est jamais prononcé) et sa belle-mère constituent la matière de ce récit à deux voix. Lucien, que tout le monde considère comme attardé ou, au mieux, atrabilaire, et qui pourtant possède une vision très claire de la réalité, éprouve un attachement indéfectible pour sa belle-mère, qui va au fil du temps s'avérer réciproque et permettre à ces deux être déchirés par la vie (il vaudrait mieux dire par la mort) de trouver un semblant de bonheur. Le vrai bonheur, il est surtout dans l'écriture de Claude Pujade-Renaud. Fluide, raffinée, elle sait nous tenir en haleine jusqu'au dénouement final, inattendu. Une histoire peu banale, mais tellement attachante…

Notre-Dame du Nil (Scholastique Mukasonga)

note: 5hutus, tutsis & cie… Jean-François - 17 décembre 2016

Dans le Rwanda des années qui suivent l'indépendance (1962) le lycée Notre-Dame du Nil accueille des jeunes filles "de bonne famille", où les Tutsis ne sont représentés que grâce à l'existence d'un quota destiné aux plus méritantes. Au travers du destin de quelques jeunes filles et de leurs professeurs, pris dans la tourmente qui va déboucher quelques décennies plus tard sur un des pires génocides de l'histoire, c'est à un décryptage psychologique et sociologique des ressorts profonds de la haine raciale que se livre Scholastique Mukasonga. Au-delà de l'ancrage dans une histoire locale et datée, celle du Rwanda des années 60, l'auteure parvient à toucher à l'universel. Comme dans "La montagne magique" de Thomas Mann, les personnages évoluent dans leurs rapports au fur-et-à-mesure que les groupes auxquels ils appartiennent en viennent à se haïr au nom de la raison d'état. Une œuvre attachante, bien écrite, qui bouleversera le lecteur et le fera réfléchir à la fragilité de la condition humaine. Un seul regret, qu'il n'y ait pas un glossaire en fin d'ouvrage, rassemblant les nombreux termes d'usage désignant gens, objets et esprits. Il m'a fallu une bonne centaine de pages pour comprendre que le mot "Inyenzi" désignait de façon injurieuse (il veut aussi dire "cafards") les Tutsis.

Poids léger (Olivier Adam)

note: 5boxe et vodka… Jean-François - 17 décembre 2016

Sans doute écrit dans un moment "difficile", comme l'auteur en a connu au cours de sa carrière, "Poids léger" ne laisse au lecteur aucune impression de légèreté. Alcool, déprime, réflexes suicidaires, perte du travail, fuite de l'être aimé, tous les ingrédients d'une bonne vieille descente aux enfers sont au rendez-vous. Antoine boxe, et boxe même très bien, du moins lorsqu'il est à jeun. Son travail, dans une entreprise de pompes funèbres, ne lui rapporte guère mais lui assure le quotidien. Au cours d'un match, il va faire la rencontre de Su, une jeune chinoise, dont il va tomber follement amoureux, et son amour sera partagé. Tout va se dégrader dès lors que notre héros va commencer à lever le coude un peu trop haut : un match raté, car mal préparé et beaucoup trop arrosé, une rencontre avec la famille de la future fiancée qui va mal se passer, et les ennuis ne feront que commencer. Comme dans ses autres romans, Olivier Adam décrit la difficulté de vivre d'êtres profondément sensibles mais incapables de communiquer avec les autres autrement qu'en projetant leur propre souffrance. Un cri, mais quelle belle écriture, et comme on s'attache à ces héros en perdition !

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note: 5du sang dans la réserve... Jean-François - 17 décembre 2016

Le Wyoming, ses grands espaces, ses plaines à bisons (sans bisons, hélas), ses réserves indiennes où on n'a rien trouvé mieux que mettre côte à côte sioux et cheyennes. Dépaysement garanti, loin du bruit et de la fureur des grandes métropoles. Pourtant, un vent de panique va souffler lorsque le cadavre du jeune Cody Pritchard est découvert, parmi les buissons de sauge. Tué d'une balle provenant d'une arme sacrée, une "Sharps" datant de l'époque héroïque des guerres indiennes. L'enquête menée par le shérif Walt Longmire va être difficile, au milieu de ces indiens silencieux, peu désireux de coopérer avec la police. D'autres coups vont être tirés avec la même arme, jusqu'au dénouement final, inattendu, avec pour toile de fond le viol d'une jeune indienne, commis deux ans plus tôt et resté quasiment impuni. Les esprits des morts, les "Vieux Cheyennes", vont se mettre de la partie, pour le plus grand bien des vivants. Le récit, puissant, nous entraîne dans une contrée sauvage, où l'homme et la nature mêlent inextricablement leurs destins, souvent funestes et marqués par la fatalité. Craig Johnson, le Giono américain ? En tout cas un grand, très grand...

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note: 5du sang dans la réserve... Jean-François - 17 décembre 2016

Le Wyoming, ses grands espaces, ses plaines à bisons (sans bisons, hélas), ses réserves indiennes où on n'a rien trouvé mieux que mettre côte à côte sioux et cheyennes. Dépaysement garanti, loin du bruit et de la fureur des grandes métropoles. Pourtant, un vent de panique va souffler lorsque le cadavre du jeune Cody Pritchard est découvert, parmi les buissons de sauge. Tué d'une balle provenant d'une arme sacrée, une "Sharps" datant de l'époque héroïque des guerres indiennes. L'enquête menée par le shérif Walt Longmire va être difficile, au milieu de ces indiens silencieux, peu désireux de coopérer avec la police. D'autres coups vont être tirés avec la même arme, jusqu'au dénouement final, inattendu, avec pour toile de fond le viol d'une jeune indienne, commis deux ans plus tôt et resté quasiment impuni. Les esprits des morts, les "Vieux Cheyennes", vont se mettre de la partie, pour le plus grand bien des vivants. Le récit, puissant, nous entraîne dans une contrée sauvage, où l'homme et la nature mêlent inextricablement leurs destins, souvent funestes et marqués par la fatalité. Craig Johnson, le Giono américain ? En tout cas un grand, très grand...

La croisade des enfants (Florina Ilis)

note: 5un train (vraiment) pas comme les autres Jean-François - 17 décembre 2016

Une plongée dans la Roumanie de l'après Ceausescu, ses nouveaux riches, ses nouveaux pauvres, sa pègre, ses enfants des rues en attente d'exil. Florina Illis nous entraîne dans une épopée tragi-comique, à la suite d'une troupe de collégiens en partance vers une classe de mer, quelque part au bord de la Mer Noire. Le train spécial qui les emmène avec leurs professeurs va être pris d'assaut par les enfants eux-mêmes, habilement conseillés par Calman, un enfant des rues qui a réussi à se joindre au convoi. La promenade tourne à la farce, puis à la tragédie lorsque surviennent des morts pas toujours accidentelles. Le désarroi est tel dans l'administration ferroviaire et supra-ferroviaire que tout le trafic vers Bucarest est stoppé, puis de proche en proche le fonctionnement du pays tout entier dès lors que la panique s'empare des rouages de l'état à la faveur des allégations mensongères des médias sur une prétendue "croisade des enfants". De nombreux personnages s'agitent autour du "train des enfants", vont les rejoindre, s'en échapper, s'en emparer au fil de ces 500 pages d'une écriture dense et raffinée. Polar ? Essai socio-politique ? Poème lyrique à la Cervantès ? Un peu tout cela mais à coup sûr... un chef-d'œuvre !

Oeuvre non trouvée

note: 5bonjour ma sœur Jean-François - 17 décembre 2016

Femme à l'extérieur, homme à l'intérieur, Shae-Lynn, flic reconvertie en chauffeur de taxi, la quarantaine très avenante, repousse les hommes, sauf en cas de besoin pressant. Son ami de toujours, E.J., attend pourtant le moment propice, et se morfond. Jusqu'à l'arrivée de Shannon, la petite sœur de Shae-Lynn, qu'elle a élevée dès la mort en couches de leur mère. Depuis dix-huit ans elle la croyait disparue, voire pire encore au vu de la maltraitance dont leur père était coutumier. Une belle histoire, pleine de péripéties, sous le regard d'une Shae-Lynn totalement désorientée lorsque ses certitudes s'écroulent les unes après les autres au contact de celle qu'elle croyait connaître par cœur. L'âme humaine recèle bien des secrets, les découvrir est un véritable jeu de pistes, toutes plus fausses les unes que les autres. Bon voyage au pays des revenants…

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note: 5qui a peur du grand méchant loup ? Jean-François - 11 décembre 2016

Une commande de la Warner Bros, sur une idée de Leonardo di Caprio, pour le film du même nom. Et pourtant, quel beau roman, riche de personnages bien dessinés, de situations inattendues, et quelle imagination débordante de la part des auteurs! On se plonge avec délices dans cet univers moyenâgeux, revisitant le fameux conte de Perrault avec une bonne dose de romantisme "gothique". De l'action, de l'amour, de la mort, de quoi frissonner et rêver en même temps. Une réussite, qui ravira les amateurs de ces genres appelés "heroic fantasy" ou tout simplement "merveilleux".

Journal du dehors (Annie Ernaux)

note: 5la petite musique d'annie ernaux Jean-François - 11 décembre 2016

Les lecteurs des "grands" romans d'Annie Ernaux seront peut-être déçus à la lecture de ces instantanés, pris sur le vif quelque part entre Paris et la lointaine banlieue qui s'étale à l'ouest de l'agglomération parisienne. On y trouve pourtant la touche de l'auteure de "Passion simple" et de tant d'autres beaux, très beaux romans. Des phrases récoltées au petit bonheur de 1985 à 1992, vides de sens lorsqu'on en ignore le contexte, comme on peut en dire entre amis, entre collègues, voire tout seul lorsqu'on ignore qu'on est écouté. Un travail d'espionnage, mais tellement révélateur de la vraie vie. Au fil des pages, on se rend compte du décalage énorme qui existe avec ces banlieusards des années 80, qui se parlent dans le train, dans les magasins, sans casques, sans écrans les isolant d'autrui et d'un univers devenu, en grande partie à cause de ces mêmes habitudes, passablement inhumain...

Les lisières (Olivier Adam)

note: 5le charme d'adam… Jean-François - 11 décembre 2016

Un voyage à rebours, vers un passé qu'il aurait voulu oublier. Le narrateur (qui a beaucoup emprunté à l'auteur, ou bien est-ce le contraire ?) revient vers cette banlieue francilienne, qu'il a tant détestée et fini par fuir au fil de sa carrière d'écrivain à succès. Sa mère est hospitalisée, elle n'a plus toute sa tête et son père va se résoudre à vendre le pavillon qui a abrité toute leur vie de couple, pour entrer en maison de retraite. Les souvenirs affluent, il retrouve des amis oubliés, un amour de jeunesse, resté inabouti, qui va refleurir à l'âge de la maturité. Toujours insatisfait, aigri par la vie (qu'il a choisie), il va une fois de plus passer à côté d'un bonheur possible et toujours repoussé. Dans ce récit amer, Olivier Adam se met à nu et va partager avec nous, le temps de la lecture et bien après, ce mal de vivre qui ne le quitte jamais. Une profonde sensibilité aux choses et aux êtres, le charme d'une écriture souple et attentive à décrire avec précision les petites choses de la vie, et beaucoup, beaucoup de vérité...

Oeuvre non trouvée

note: 2et la force fut... Jean-François - 11 décembre 2016

Où l'on retrouve les héros de la saga interstellaire mise en images par George Lucas et mondialement connue dans le vingtième siècle finissant. Tous les héros de la première trilogie sont au rendez-vous, sauf les morts, bien entendu. Dotés de pouvoirs psychiques hors du commun et d'armes redoutables, les "jedis" sont au service des causes, bonnes ou mauvaises, qui animent les puissants de ce futur imaginaire. Pas de mouvements de foules, pas de luttes des classes ni de guerres économiques dans ce manifeste typique des années 90, où seule compte la bravoure individuelle et le développement personnel. Restent des scènes d'action spectaculaires et quelques personnages (humains et robots) auxquels on finit par s'attacher grâce au talent de conteur de l'écrivain. Pour un bon moment de détente, qui ne restera cependant pas gravé dans les mémoires...

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note: 2et la force fut... Jean-François - 11 décembre 2016

Où l'on retrouve les héros de la saga interstellaire mise en images par George Lucas et mondialement connue dans le vingtième siècle finissant. Tous les héros de la première trilogie sont au rendez-vous, sauf les morts, bien entendu. Dotés de pouvoirs psychiques hors du commun et d'armes redoutables, les "jedis" sont au service des causes, bonnes ou mauvaises, qui animent les puissants de ce futur imaginaire. Pas de mouvements de foules, pas de luttes des classes ni de guerres économiques dans ce manifeste typique des années 90, où seule compte la bravoure individuelle et le développement personnel. Restent des scènes d'action spectaculaires et quelques personnages (humains et robots) auxquels on finit par s'attacher grâce au talent de conteur de l'écrivain. Pour un bon moment de détente, qui ne restera cependant pas gravé dans les mémoires...

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note: 5destins brisés Jean-François - 11 décembre 2016

Quatre hommes, Si Larbi et Areski, père et fils ou tout comme, Ryeb, le gardien pénitentiaire et Riddah, le directeur de la prison, dont les destins sont liés, sans qu'ils le sachent ou malgré qu'ils s'efforcent de l'oublier. Ils vont se retrouver pour un voyage, ou plutôt une fuite, vers leur Algérie natale. Pour l'un, recherche de la mère, Nour, fille de joie martyrisée lors d'une expédition punitive tournant au lynchage. Pour l'autre, recherche de la mémoire d'un père "suicidé" dans un puits au cours de la guerre d'indépendance. Que vont-ils trouver au bout du chemin, dans un pays qu'ils ont quitté depuis tant d'années ? Des images insoutenables parsèment ce récit de souffrance, écrit dans une langue finement ciselée. Un bonheur d'écriture, un cri.

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note: 5le chant des partisans Jean-François - 11 décembre 2016

Au cours de la seconde guerre mondiale, lorsque les allemands ont commencé à être boutés hors de Russie par l'Armée Rouge, un groupe de partisans juifs, venus d'horizons divers mais réunis par une langue commune, le yiddish, tente de survivre et de franchir le front. Ayant tout perdu, ces hommes et ces femmes sont réunis par un unique espoir : rejoindre la Palestine. À travers une Europe exsangue ils vont devoir braver tous les dangers, la méfiance des communistes russes, l'hostilité des polonais, puis des allemands vaincus, jusqu'en Italie, d'où ils pourront (peut-être) gagner la Terre Promise. Au cours de cette errance de deux années, qui voit certains partir (au sens propre comme au sens figuré), d'autres les rejoindre, se révèlent les rapports humains, dans toute leur richesse et, parfois, leur violence. À la fois huis-clos et road-movie, "Maintenant ou jamais" constitue un témoignage unique sur les dernières années de la guerre la plus mortelle que l'Europe ait jamais connue, et un message humaniste d'une portée universelle.

Maintenant ou jamais (Primo Levi)

note: 5le chant des partisans Jean-François - 11 décembre 2016

Au cours de la seconde guerre mondiale, lorsque les allemands ont commencé à être boutés hors de Russie par l'Armée Rouge, un groupe de partisans juifs, venus d'horizons divers mais réunis par une langue commune, le yiddish, tente de survivre et de franchir le front. Ayant tout perdu, ces hommes et ces femmes sont réunis par un unique espoir : rejoindre la Palestine. À travers une Europe exsangue ils vont devoir braver tous les dangers, la méfiance des communistes russes, l'hostilité des polonais, puis des allemands vaincus, jusqu'en Italie, d'où ils pourront (peut-être) gagner la Terre Promise. Au cours de cette errance de deux années, qui voit certains partir (au sens propre comme au sens figuré), d'autres les rejoindre, se révèlent les rapports humains, dans toute leur richesse et, parfois, leur violence. À la fois huis-clos et road-movie, "Maintenant ou jamais" constitue un témoignage unique sur les dernières années de la guerre la plus mortelle que l'Europe ait jamais connue, et un message humaniste d'une portée universelle.

Dernier tramway pour les Champs-Élysées (James Lee Burke)

note: 5bayous voyous ripoux Jean-François - 11 décembre 2016

Dave Robicheaux a vieilli, depuis les premiers polars où il est apparu sous la plume de James Lee Burke, il y a un quart de siècle. Toujours prêt à se mettre en danger pour défendre la veuve et l'orphelin et réparer les injustices, ce flic de la Nouvelle-Orléans, cajun de cœur et d'esprit, a pris de la bouteille, au sens propre comme au sens figuré. Finalement entré chez les Alcooliques Anonymes, il n'aspire plus qu'à une vie bien tranquille, en attendant une retraite bien méritée au bord du bayou Teche. Hélas, des évènements vont se succéder, qui vont mettre à mal ses bonnes résolutions. Un prêtre catholique tabassé, une jeune fille victime d'un accident de la route (pas catholique du tout), et voilà notre flic reparti en chasse comme en quarante. De nombreux personnages émaillent ce récit complexe, tortueux mais puissant. À travers Robicheaux, c'est le désenchantement de ce coin perdu de l'Amérique qui s'exprime : misère, prostitution, pollution, alcool, corruption. Une odeur de pourriture flotte au milieu des cyprès chauves... Magistral !

Oeuvre non trouvée

note: 5amours et choléra Jean-François - 11 décembre 2016

Dans ce roman à connotations scientifiques et historiques, l'auteur nous entraîne dans l'Angleterre du milieu du dix-neuvième siècle. Les épidémies de choléra se succèdent, donnant lieu à des mesures de protection toutes aussi inefficaces les unes que les autres. Les processus de propagation et les vecteurs des maladies infectieuses n'étaient pas encore connus, et la pauvreté était considérée comme le principal facteur de développement de la maladie. Un jeune médecin, John Leggate, a décidé d'appliquer une méthode scientifique à la recherche des causes de la maladie. Sa rencontre avec Marian Brooks, dont il va partager l'amour puis la vie, va le confronter avec un esprit égal, sinon supérieur au sien, mais définitivement... féminin ! Difficile, pour l'époque (mais est-ce bien différent aujourd'hui ?), d'admettre que la femme aimée puisse l'aider dans ses travaux, comme elle le souhaiterait, et comme elle en a largement les capacités. Un beau roman, d'une grande finesse psychologique, qui n'hésite pas, au prétexte de l'évocation historique, à aborder sans faux-semblants les thèmes les plus contemporains. Qu'est-ce qu'un couple ? Qu'est-ce que l'amour, lorsqu'il vient se frotter à la réussite (ou à l'échec) professionnel ? Qu'est-ce aussi que la science, lorsqu'elle ne parvient pas à s'imposer au sens commun ? Un récit passionnant, qui aurait mérité un plus large public que celui visé par l'éditeur français.

Les dames n° 4
Dame de trèfle (Alexis Lecaye)

note: 5touche pas à ma secte Jean-François - 11 décembre 2016

Elle se sauve, prend des billets dans la caisse de son employeur, monte de force dans une voiture, armée d'un couteau, donne deux numéros de téléphone à la conductrice affolée et... se sauve ! Tel est le point de départ d'un thriller haletant, mené de main de maître par le chéri de ces "Dames". À mon avis, le dernier mais le meilleur de la série : suspense, énigme, action, psychologie, sens de l'intrigue, clarté de l'écriture, tous les ingrédients sont réunis pour se "laver la tête" en compagnie d'un des meilleurs auteurs français du genre...

Les dames n° 3
Dame de carreau (Alexis Lecaye)

note: 4des blondes bien refroidies Jean-François - 11 décembre 2016

Des blondes en série, refroidies par un mystérieux tueur aux quatre coins de la France. Et pas n'importe lesquelles. Et pas n'importe comment. Le tueur les guette, enquête sur elles, il connaît leurs moindres habitudes et frappe un beau jour, en toute impunité. Bizarrement, il laisse échapper l'une d'entre elles, et la plainte de celle-ci va faire démarrer une enquête, longue, difficile, accumulant les fausses pistes, et faisant quelques dégâts au passage. Malin, ce tueur psychopathe tend des pièges au commissaire Martin et à son équipe. Un thriller comme on les aime, pas le meilleur de la série des "Dames", mais un sacré bon moment de lecture tout de même...

Je ne parle pas la langue de mon père (Leïla Sebbar)

note: 5mon père, ce héros... Jean-François - 11 décembre 2016

De père algérien et de mère française, Leïla Sebbar retrace, au travers de bribes de témoignages divers, la vie de ce père, brillant instituteur, relégué sous le régime de Vichy et plus tard emprisonné pendant la guerre d'Algérie. Leïla Sebbar n'a jamais appris l'arabe, que parlait couramment son père, et elle va chercher à reconstituer, comme les pièces d'un puzzle, toute une partie de l'univers "arabe" dont elle avait soigneusement été tenue à l'écart par une barrière culturelle particulièrement étanche. Un beau récit, émouvant, dont le temps de la narration ne suit pas la chronologie des événements mais plutôt le cheminement chaotique de la mémoire. Des personnages sillonnent ce parcours, le père, bien sûr, mais aussi Aïsha, Fatima, le fils de celle-ci, emprisonné en compagnie de son ancien maître d'école. Un appel à mieux se comprendre, au-delà des frontières tant politiques que religieuses...

Les dames n° 2
Dame de pique (Alexis Lecaye)

note: 5pour qui sont ces serpents... Jean-François - 11 décembre 2016

Dans ce second opus de la série des "Dames", Alexis Lecaye nous propose un thriller éblouissant, "noir de chez noir", mettant en scène, une fois n'est pas coutume, une tueuse en série. Magdalena supprime systématiquement toutes les personnes, hommes ou femmes, qu'elle soupçonne de lui porter atteinte ou de s'intéresser de trop près à sa jeune et très belle personne. Un bras de fer avec Martin, le commissaire de la police judiciaire, et son équipe, mais aussi une plongée dans les eaux troubles de la politique. Alexis Lecaye est passé du "bien fait" ("Dame de cœur") au "très bien fait" avec "Dame de pique". On attend la suite avec impatience...

Oeuvre non trouvée

note: 4prisonnier d'opinion Jean-François - 11 décembre 2016

Longtemps après, au crépuscule de sa vie, Chang Kwang-chih, un célèbre préhistorien taïwanais, se souvient de son enfermement dans les geôles de son pays, au lendemain de la prise de pouvoir par l'armée nationaliste de Chang Kai-chek. Soupçonné d'avoir des sympathies pour la cause communiste alors qu'il est étudiant à Taipei, il va passer un an, allant de prisons en camps d'internement et centres d'interrogatoires, avant d'être libéré, sur intervention de son père et de quelque personnage bien en cour qui se portera caution pour lui. Cette année de privation de liberté lui fera connaître, d'une part les véritables communistes, qu'il n'avait pas vraiment fréquenté jusque là, d'autre part et surtout les relations complexes, parfois contradictoires, qui se tissent entre idéal et nécessité de survivre. Même si l'expérience qu'a vécu l'auteur a été relativement "douce", son témoignage est précieux, grâce à sa mémoire intacte de tout ce qu'il a vu et entendu. La principale qualité de ce témoignage est sa franchise et son approche quasi scientifique. J'ai pour ma part regretté que la qualité même de sa mémoire ait conduit l'auteur à de longues énumérations de noms de personnages, aujourd'hui morts ou disparus pour la plupart, dont le lecteur se serait bien passé au profit d'une approche plus psychologique de l'expérience humaine ainsi vécue.

Les dames n° 1
Dame de coeur (Alexis Lecaye)

note: 4impitoyable Jean-François - 11 décembre 2016

Roselyne est battue par son mari, un mari bizarre, dont elle ne connaît pas grand-chose. Jeune, belle, elle attend qu'il la frappe une dernière fois, une ultime fois, pour faire enfin le grand saut. Un plan diabolique a germé dans son esprit à Lui (dont on ne saura jamais le prénom, mais est-il un homme après tout ?), dès qu'il se rend compte que sa femme veut mourir de sa main. Alexis Lecaye, qui manie avec brio les ficelles du thriller, nous entraîne dans une sombre enquête de police, menée par Martin et son adjointe Jeannette, à la poursuite d'un tueur maniaque mais diaboliquement intelligent, qui va poser une à une ses pièces comme dans un jeu d'échecs. Le récit se partage entre les divers personnages, tous attachants (sauf un, devinez lequel...), et on reste "scotché" jusqu'au dénouement final. De très beaux portraits de femmes, un récit haletant, semé de quelques scènes "torrides". La bonne recette, mais on y croit...

Jacques Vingtras n° 2
Le Bachelier (Jules Vallès)

note: 5indigné ! Jean-François - 11 décembre 2016

Dans ce second volume de sa "Trilogie" ("L'enfant", "Le bachelier", "L'insurgé") Jules Vallès nous conte les déboires de sa jeunesse parisienne. Fraîchement débarqué de sa province natale au lendemain de la révolution de 1848, Jacques Vingtras (le prête-nom de l'auteur), républicain farouchement jusqu'au-boutiste, va connaître la faim, le froid, le manque de travail malgré des efforts incessants pour trouver un emploi correspondant à sa condition de bachelier. Au-delà de l'histoire de ce jeune intellectuel, qui préfère vivre misérablement pour rester sincère avec lui-même, un cas toujours actuel, l'écriture de Jules Vallès mérite que l'on voie dans ce roman autre chose qu'un manifeste appelant à l'insurrection. Par son langage proche du français parlé de l'époque, ses phrases courtes truffées d'onomatopées, de points d'exclamation et autres artifices narratifs destinés à "mettre du sentiment" dans la phrase, le rédacteur du célèbre "Cri du peuple" maintient constant l'intérêt du lecteur, avec lequel il semble (ou plutôt voudrait) dialoguer. Le jaillissement de l'écriture rappelle étrangement les réussites littéraires d'un Louis-Ferdinand Céline (celui du "Voyage au bout de la nuit" et de "Mort à crédit") ou, plus proche encore, d'un Philippe Djian. Moderne, Jules Vallès ? Oui, très certainement, et toujours d'actualité en ces temps propices à l'indignation...

Les encombrants (Marie-Sabine Roger)

note: 5les vieux... Jean-François - 11 décembre 2016

Les encombrants, ce ne sont pas ces meubles et ustensiles ménagers hors d'usage que l'on met au rebut, ce sont... les vieux ! Sept nouvelles, sept cas de personnes âgées plus ou moins "encombrantes", sept points de vue sur la vieillesse. Dans chacune de ces petites tranches de vie, Marie-Sabine Roger joue sur la surprise du lecteur, avec un magistral éclat de rire final ("On n'a pas tous les jours cent ans") ou un titre qui ne prend toute sa signification qu'à la dernière ligne ("Éliette et Léonard"). Au-delà de l'humour, toujours présent, c'est à une profonde réflexion sur la dernière partie de la vie que se livre cette spécialiste ("La tête en friche", Un simple viol"...) de l'analyse des sentiments et de la douleur d'exister.

Saturne (Serge Quadruppani)

note: 5silence, saturne ! Jean-François - 11 décembre 2016

Un polar bien séditieux, comme on les aimait au temps jadis chez Jean-Patrick Manchette, comme on les aime aujourd'hui chez Dominique Manotti. Trois personnes sont tuées, et de nombreuses autres blessées, aux thermes de Saturnia à L'Aquila (oui, la ville du célèbre tremblement de terre et de la réunion du G8). Le tueur a été vu mais a eu le temps de s'échapper dans la panique qui a suivi. Un fait divers banal, dans notre chère et tendre Europe, titulaire en titre (comme dirait Catarella, pour les intimes de Camilleri), du tout dernier Prix Nobel de la Paix (2012) ? Que nenni ! L'association des victimes de l'attentat, une femme, dont la maîtresse a été tuée, un homme, dont la maîtresse a aussi été tuée, et le fils de cette dernière, vont se liguer pour traquer l'assassin. Le reste ne se raconte pas, tant chausse-trappes et fausses-pistes abondent dans cette pérégrination franco-italienne mêlant mafia calabraise (La 'Ndrangheta), haute finance internationale et services spéciaux de tous bords. Un concentré d'humour et de suspense qui dénonce avec efficacité les dérives du libéralisme occidental. Merci, Serge, pour ce retour réussi au sein des belles lettres du polar hexagonal !

A quoi rêvent les loups (Yasmina Khadra)

note: 3mortelle algérie Jean-François - 11 décembre 2016

À travers le destin de Nafa Walid, qui rêvait de devenir acteur et s'est trouvé enrôlé dans le camp intégriste, Yasmina Khadra (pseudonyme du célèbre écrivain algérien Mohamed Moulessehoul) décrit les années de braise qui ont ensanglanté l'Algérie de l'après Boumédienne. D'un réalisme revendiqué (gens, lieux et faits sont pour la plupart bien réels derrière des noms d'emprunt), ce récit haletant nous entraîne des milieux mafieux de l'Algérie indépendante aux combattants fanatisés de la cause islamiste. Les amateurs de scènes de guerre ne seront pas déçus, bien que l'auteur ait sans doute voulu, en forçant le trait, délivrer un message humaniste. Hélas, comme souvent dans des œuvres voulant montrer, par la description minutieuse des atrocités, toute la folie meurtrière de la guerre, le message délivré est pour le moins ambigu. Exaltation ou condamnation de la violence ? Gloire ou honte du fanatisme ? Une fois le livre refermé, je me suis demandé où Yasmina Khadra voulait mener ses lecteurs...

A quoi rêvent les loups (Yasmina Khadra)

note: 3mortelle algérie Jean-François - 11 décembre 2016

À travers le destin de Nafa Walid, qui rêvait de devenir acteur et s'est trouvé enrôlé dans le camp intégriste, Yasmina Khadra (pseudonyme du célèbre écrivain algérien Mohamed Moulessehoul) décrit les années de braise qui ont ensanglanté l'Algérie de l'après Boumédienne. D'un réalisme revendiqué (gens, lieux et faits sont pour la plupart bien réels derrière des noms d'emprunt), ce récit haletant nous entraîne des milieux mafieux de l'Algérie indépendante aux combattants fanatisés de la cause islamiste. Les amateurs de scènes de guerre ne seront pas déçus, bien que l'auteur ait sans doute voulu, en forçant le trait, délivrer un message humaniste. Hélas, comme souvent dans des œuvres voulant montrer, par la description minutieuse des atrocités, toute la folie meurtrière de la guerre, le message délivré est pour le moins ambigu. Exaltation ou condamnation de la violence ? Gloire ou honte du fanatisme ? Une fois le livre refermé, je me suis demandé où Yasmina Khadra voulait mener ses lecteurs...

Dalva (Jim Harrison)

note: 5des sioux... Jean-François - 11 décembre 2016

L'histoire d'une famille où Blancs et Indiens d'Amérique ont lié leurs destins de façon inextricable. À travers les souvenirs de Dalva et les lettres et objets de son arrière-grand-père Northridge, pieusement conservés dans deux grands coffres, c'est tout un pan méconnu de la "conquête de l'Ouest" que nous fait découvrir l'auteur de "Sorcier" et de "Légendes d'automne". Passé et présent s'entremêlent, les points de vue divergent selon les personnages qui s'expriment. Dalva, Ruth, Naomi, la mère de Ruth et de Dalva, Michael, un universitaire amoureux de Dalva et de la cause indienne, et maints autres personnages émaillent cette saga familiale qui couvre un siècle et demi d'une histoire tourmentée, tissée d'amour et de haine entre deux cultures. Un récit flamboyant, attachant et écrit avec beaucoup de sincérité.

Dalva (Jim Harrison)

note: 5des sioux... Jean-François - 11 décembre 2016

L'histoire d'une famille où Blancs et Indiens d'Amérique ont lié leurs destins de façon inextricable. À travers les souvenirs de Dalva et les lettres et objets de son arrière-grand-père Northridge, pieusement conservés dans deux grands coffres, c'est tout un pan méconnu de la "conquête de l'Ouest" que nous fait découvrir l'auteur de "Sorcier" et de "Légendes d'automne". Passé et présent s'entremêlent, les points de vue divergent selon les personnages qui s'expriment. Dalva, Ruth, Naomi, la mère de Ruth et de Dalva, Michael, un universitaire amoureux de Dalva et de la cause indienne, et maints autres personnages émaillent cette saga familiale qui couvre un siècle et demi d'une histoire tourmentée, tissée d'amour et de haine entre deux cultures. Un récit flamboyant, attachant et écrit avec beaucoup de sincérité.

Oeuvre non trouvée

note: 5chiite, alors... Jean-François - 11 décembre 2016

Un pamphlet féministe au pays des ayatollahs : il fallait oser, Fariba Hachtroudi l'a fait ! Tourner en dérision les mille et une superstitions suscitées par le culte des imams en Iran, qui valent bien, soit dit en passant, nos bondieuseries "bien d'chez nous", tel est le pari (réussi) de cette auteure à l'humour féroce et aux traits d'esprit qui font mouche. Très enraciné dans l'histoire de l'Iran de l'après-Khomenyi, le récit, burlesque et irrévérencieux à souhait, nous fait découvrir une ville, Djamkaran, lieu de culte de "l'imam caché" et pèlerinage très couru, soutenu vivement par le président Ahmadinejad. La narratrice va découvrir, à travers le dialogue qui va se nouer avec "la voix qui sort du puits", que l'imam tant vénéré par le peuple chiite est en fait une femme. Et si c'était vrai ? Imaginez un peu la suite...

Waltenberg (Hédi Kaddour)

note: 5espion, es-tu là ? Jean-François - 11 décembre 2016

1914, quelque part sur le front, au bord de la Marne, deux soldats, l'un allemand, Hans Kappler, l'autre français, Max Goffard, ignorent encore que leurs destins vont être inextricablement liés. Tous deux ont aimé, ou vont aimer, la même femme, la très belle Lena Hellström, chanteuse lyrique à l'incomparable voix d'alto. Tel est le point de départ de cette incroyable saga, aux multiples personnages, qui va nous emmener aux quatre coins d'une Europe déchirée, sur une période embrassant la quasi-totalité du siècle passé. Tous ces personnages, Max, Hans, Lena, et les plus jeunes qui vont les rejoindre plus tard, sont ou vont devenir des espions, au service des grandes puissances du moment, mais tous sont animés d'une foi commune en la paix. Une vision originale de l'espionnage, aux antipodes des James Bond et autres OSS 117, beaucoup plus proche des héros fatigués d'un John Le Carré. À sa manière, "Waltenberg" renoue avec les thèmes pacifistes chers à Thomas Mann ("La montagne magique"), qu'il serait bon de remettre à l'honneur en ces temps d'affrontements sanguinaires entre ethnies et entre religions. Un message humaniste d'une grande portée, une œuvre rare, qui alimentera le plaisir et la réflexion du lecteur peu pressé et amoureux des belles lettres...

Waltenberg (Hédi Kaddour)

note: 5espion, es-tu là ? Jean-François - 11 décembre 2016

1914, quelque part sur le front, au bord de la Marne, deux soldats, l'un allemand, Hans Kappler, l'autre français, Max Goffard, ignorent encore que leurs destins vont être inextricablement liés. Tous deux ont aimé, ou vont aimer, la même femme, la très belle Lena Hellström, chanteuse lyrique à l'incomparable voix d'alto. Tel est le point de départ de cette incroyable saga, aux multiples personnages, qui va nous emmener aux quatre coins d'une Europe déchirée, sur une période embrassant la quasi-totalité du siècle passé. Tous ces personnages, Max, Hans, Lena, et les plus jeunes qui vont les rejoindre plus tard, sont ou vont devenir des espions, au service des grandes puissances du moment, mais tous sont animés d'une foi commune en la paix. Une vision originale de l'espionnage, aux antipodes des James Bond et autres OSS 117, beaucoup plus proche des héros fatigués d'un John Le Carré. À sa manière, "Waltenberg" renoue avec les thèmes pacifistes chers à Thomas Mann ("La montagne magique"), qu'il serait bon de remettre à l'honneur en ces temps d'affrontements sanguinaires entre ethnies et entre religions. Un message humaniste d'une grande portée, une œuvre rare, qui alimentera le plaisir et la réflexion du lecteur peu pressé et amoureux des belles lettres...

Dans le scriptorium (Paul Auster)

note: 5cauchemar psychédélique Jean-François - 11 décembre 2016

Un homme, âgé, est seul dans une chambre aveugle. Ses mouvements sont difficiles, il a perdu la mémoire et n'a pas conscience de la réalité. Des personnages apparaissent et disparaissent. À travers leurs conversations, une réalité se construit petit à petit, reconstituant par bribes une partie de sa vie. Mais quelle a été réellement sa vie, et quel est cet univers carcéral dans lequel il se trouve plongé ? Et pourquoi ? Dans ce roman étrange aux multiples facettes, Paul Auster (se) joue de l'écriture et du réel qu'elle est censée représenter. Ceux et celles qui ont connu le "Nouveau roman" retrouveront le charme (parfois mêlé d'ennui) des "Gommes" d'Alain Robbe-Grillet, et de quelques autres productions de l'époque. Mais, chez Paul Auster, on ne s'ennuie jamais. Bien au contraire. Il sait y faire...

Oeuvre non trouvée

note: 5sam' soufis Jean-François - 11 décembre 2016

Samarkande, Boukhara, Ispahan, Bagdad... Des villes qui autrefois faisaient rêver, avant que le commerce des armes et de la drogue n'en fassent ce que l'on connaît actuellement. Jacques Lacarrière nous les fait revivre, aux temps lointains de l'empire mongol, à travers le destin du jeune berger Yunus Emré, qui va devenir un disciple du célèbre soufi Haci Bektas et répandra la sagesse autour de lui. Dans une langue imagée, à la frontière du conte et de ses licences poétiques, le récit nous transporte au cœur du soufisme, cette religion, si particulière au sein de l'Islam, qui accorde à la femme une place égale à celle de l'homme. Un voyage initiatique, un dépaysement total, laissez-vous bercer par le rythme lancinant des incantations coraniques, et oubliez vos soucis l'instant de la lecture. Magique !

La grande fenêtre (Raymond Chandler)

note: 5une affaire de famille Jean-François - 11 décembre 2016

Une enquête de Phil(ip) Marlowe, le célèbre "privé" de Los Angeles ("Le grand sommeil" et bien d'autres). Tout part d'une banale affaire de vol familial. Un doublon en or, d'une valeur certaine mais surtout sentimentale, a disparu de la cassette d'Elisabeth Bright Murdock, une rombière passablement grip'sous qui accuse sa belle-fille de l'avoir volée. Elle engage notre détective de choc, qui va se retrouver plongé dans une étrange affaire, où doublons et coups de poing se multiplient comme les pains de l'Évangile. Comme dans toute l'œuvre de Raymond Chandler, ce n'est pas l'enquête qui est la plus passionnante (mais elle l'est, rassurez-vous !), ce sont tous les à-côtés, les réparties qui font mouche (admirable traduction !), la description de ce qui se cache sous les apparences, l'argent, la jalousie, les rapports troubles entre les humains. Une réussite du genre...

Oeuvre non trouvée

note: 5un train pas comme les autres Jean-François - 11 décembre 2016

Une attaque de train en Patagonie, qui tourne à la farce lorsque tous les passagers, forces de l'ordre comprises, se rangent du côté des "bandits". En fait de bandits, deux compères, "Butch" et "Bairoletto", ont décidé de délivrer Beto (le frère de "Butch") à l'occasion d'un transfert de prisonnier, et de se mettre dans la peau des bandits célèbres auxquels ils ont emprunté leurs surnoms. Hélas, mais pour le plus grand plaisir du lecteur, et des protagonistes, rien ne va se dérouler comme prévu. Une hilarante tragi-comédie policière écrite avec brio, et traduite à la perfection. On souhaite bon voyage à Raúl Argemi. Tchou tchou...

Les enquêtes de Victor Legris n° 10
Les souliers bruns du quai Voltaire (Claude Izner)

note: 3vélins et confitures Jean-François - 11 décembre 2016

Paris, 1898. Des meurtres inexpliqués affectent le petit monde des bouquinistes des quais de Paris, et vont bientôt s'étendre aux membres du mystérieux "Club des confitures". Fort heureusement, Victor et Joseph, un duo de petits futés, veillent au grain et vont finir par confondre, après moult péripéties, ce diabolique meurtrier en série. Beaucoup de personnages émaillent ce roman policier "historique", inspiré des fameux "Mystères de Paris" d'Eugène Süe et d'autres productions des feuilletonistes de l'époque. Le mystère et l'étrange sont au rendez-vous, l'humour aussi, et le lecteur s'évertue à découvrir avant les protagonistes la clé de l'énigme. Tous les ingrédients sont donc réunis pour une bonne tranche de lecture. Hélas, les auteures, elles-mêmes bouquinistes, font étalage de leur érudition, en truffant le récit de descriptions de quartiers aujourd'hui disparus, de textes et chansons anciennes. Ce qui ravira les amateurs d'histoire risque fort d'ennuyer le lecteur avide d'énigmes et d'aventures. Un sérieux "dégraissage" serait le bienvenu, mais l'intrigue est tout de même très bonne...

Le Labyrinthe du monde n° 3
Quoi ? l'éternité (Marguerite Yourcenar)

note: 5le charme du nord Jean-François - 11 décembre 2016

Dans ces chroniques, troisième tome du "Labyrinthe du monde", qui s'étalent sur une période allant d'une guerre (1870) à l'autre (1914-1918), Marguerite Yourcenar dépeint le destin des êtres qui lui ont été chers pendant son enfance et son adolescence. Michel, ce père volage, amoureux des femmes et des voyages, deux fois veuf et toujours en quête du bonheur conjugal. Jeanne, la femme de sa vie, maîtresse adulée, qui l'aimera à la folie mais finira par s'en lasser. Egon, le mari de Jeanne, jeune musicien d'avant-garde, bientôt célèbre, qui l'aime mais lui préfère ses amants d'un jour. Enfin, Marguerite, qui parle peu d'elle sauf pour évoquer l'éveil de son homosexualité. À travers ces personnages, et maints autres, tous "hors du commun" par leur culture raffinée mais aussi par leur sens aigü de la liberté individuelle, c'est toute une époque qui est évoquée, avec la grâce d'écriture et l'immense érudition de l'auteure de "L'œuvre au noir" et des "Mémoires d'Hadrien"...

La danse du ventre (Roberta Bongini)

note: 4danse avec moi... Jean-François - 11 décembre 2016

Un roman étrange, entre traité de danse orientale, polar et roman d'aventures. La narratrice, jeune fille dont le nom nous sera tu tout au long de l'ouvrage (à peine sait-on qu'on l'appelait "Lola" lorsqu'elle était petite), s'est entichée de danse orientale, communément appelée "danse du ventre". Le long apprentissage de cette danse, au caractère tout autant sacré que sensuel, va bouleverser sa vie. Au cours d'un voyage au Maroc, en compagnie de Benoît, son époux, elle rencontrera d'étranges personnages, tissant un lien avec un passé familial dont elle avait tout ignoré jusque-là. Ce récit, écrit dans un français légèrement suranné (on y emploie l'imparfait du subjonctif !), maintient le lecteur constamment au bord du rêve, sans pour autant jamais sombrer dans l'irréel...

Les enquêtes du mandarin Tân n° 8
Les corbeaux de la mi-automne (Kim Tran-Nhut)

note: 5un trésor est caché dedans... Jean-François - 11 décembre 2016

Poursuivant la série des "Enquêtes du mandarin Tân", Than-Van Tran-Nhut nous plonge dans l'atmosphère trouble qui accompagne le déclin de l'empire vietnamien, au début du 17ème siècle. Un jeune garçon est retrouvé noyé le lendemain de la fête de la mi-automne, où les enfants sont laissés sans surveillance tant est grande l'agitation de la population. Peu de temps après, les statues divines et les toilettes des deux temples bouddhistes et taoïstes sont vandalisées. Ces deux affaires, qui a priori n'ont rien à voir entre elles, vont mobiliser les efforts du mandarin Tân et de ses aides, le lettré Dinh et le sbire Khoa, tous deux dotés de pouvoirs hors du commun: l'un est capable de mémoriser dans ses moindres détails un document aperçu quelques secondes seulement, l'autre est doté d'un sens olfactif lui permettant de rivaliser avec nos tests ADN les plus sophistiqués. Une enquête apparemment banale, qui va pourtant déboucher sur une chasse au trésor, révélant les sombres desseins politiques de dignitaires avides de pouvoir et de lucre. Abondamment documenté (un bravo pour les notes historiques en fin d'ouvrage), ce "polar" historique se lit d'une traite, tout en nous ouvrant l'esprit vers des pans méconnus de l'histoire de l'Asie du Sud-Est. La description des "paysages olfactifs" perçus par le sbire Khoa est un morceau d'anthologie, que n'aurait pas renié l'auteur du "Parfum"...

Oeuvre non trouvée

note: 5michael et pauline, une vie... Jean-François - 11 décembre 2016

Michael et Pauline se sont croisés, un beau jour de 1941, au cours de la parade accompagnant la déclaration de guerre des États-Unis au Japon. Dans l'enthousiasme général, mais surtout pour séduire cette jolie fille au manteau rouge qu'il a remarquée au premier coup d'œil, Michael va s'engager dans l'armée de terre. L'opération séduction est un succès total, et le mariage suivra lorsque notre vaillant pioupiou s'en reviendra de guerre (en fait de guerre il n'aura connu que les manœuvres en Californie), avec une blessure au bassin qui le laissera claudiquant le restant de sa vie. L'épicerie familiale, dans le quartier "polak" de Baltimore, au-dessus de laquelle s'installe le jeune couple, va accaparer Michael et laissera vite sa femme insatisfaite. Au fil des chapitres successifs, chacun décrivant une étape cruciale de leur vie, le récit accompagne sur une cinquantaine d'années ces deux êtres "mal assortis", qui de disputes en réconciliations vont petit à petit finir par construire un véritable foyer. Leur histoire, c'est celle de tout un chacun, et le talent de l'auteure est de nous rendre attachants tous les personnages de cette saga familiale. Une fine analyse de l'amour (et de ses ratés), un message humaniste sans prêchi-prêcha, et un sacré bon moment de lecture...

Oeuvre non trouvée

note: 5michael et pauline, une vie... Jean-François - 11 décembre 2016

Michael et Pauline se sont croisés, un beau jour de 1941, au cours de la parade accompagnant la déclaration de guerre des États-Unis au Japon. Dans l'enthousiasme général, mais surtout pour séduire cette jolie fille au manteau rouge qu'il a remarquée au premier coup d'œil, Michael va s'engager dans l'armée de terre. L'opération séduction est un succès total, et le mariage suivra lorsque notre vaillant pioupiou s'en reviendra de guerre (en fait de guerre il n'aura connu que les manœuvres en Californie), avec une blessure au bassin qui le laissera claudiquant le restant de sa vie. L'épicerie familiale, dans le quartier "polak" de Baltimore, au-dessus de laquelle s'installe le jeune couple, va accaparer Michael et laissera vite sa femme insatisfaite. Au fil des chapitres successifs, chacun décrivant une étape cruciale de leur vie, le récit accompagne sur une cinquantaine d'années ces deux êtres "mal assortis", qui de disputes en réconciliations vont petit à petit finir par construire un véritable foyer. Leur histoire, c'est celle de tout un chacun, et le talent de l'auteure est de nous rendre attachants tous les personnages de cette saga familiale. Une fine analyse de l'amour (et de ses ratés), un message humaniste sans prêchi-prêcha, et un sacré bon moment de lecture...

Oeuvre non trouvée

note: 5jules césar, premières armes Jean-François - 11 décembre 2016

Le titre de ce roman historique, rempli de bruit et de fureur, trompera le lecteur, ce qui n'enlève rien à sa qualité d'écriture. Spartacus, qui conduisit les esclaves à la révolte et faillit faire s'écrouler la république romaine, n'est présent que vers la fin de l'ouvrage, et encore sa figure est-elle à peine esquissée. Le véritable sujet est l'ascension fulgurante de Jules César, jeune militaire à la tête d'une unité de dix soldats au début de l'histoire, qui finira par commander une légion entière. La république est en danger, outre les esclaves, les craintes viennent de la révolte du roi Mithridate, en Grèce, et des attaques incessantes des pirates qui affaiblissent la puissance maritime de Rome. Jules César va vaincre cette révolte et se voir remettre une couronne de chêne, dont il fera plus tard le symbole de sa puissance et de la reconnaissance du peuple. Des personnages célèbres émaillent cette fresque historique, peinte à gros traits, comme le veut le genre : Sylla, le tyran, qui précipitera la chute de la République mais deviendra l'ennemi juré du futur empereur, l'infâme Caton, Pompée, le général avide de pouvoir (et de sang), et bien d'autres, réels et imaginaires. On ne s'ennuie pas à la lecture de cette fresque haute en couleurs, qui nous emmène dans un passé tourmenté, où les faits de guerre plus que la sagesse faisaient et défaisaient les puissants. Rien n'a changé...

Oeuvre non trouvée

note: 5everglades for ever... Jean-François - 11 décembre 2016

Un thriller humoristique, un peu dans la lignée de Chester Himes ("La reine des pommes"), où victimes et assassins jouent au chat et à la souris. L'action se situe dans les Everglades, cette partie marécageuse de la Floride où régnait jadis une nature sauvage, avant l'arrivée des pesticides et des milliardaires retraités. Charles ("Chaz") Perrone, soi-disant docteur en biologie, travaille à la protection des Everglades (du moins ce qu'il en reste) en prélevant des échantillons d'eau destinés au dosage des phosphates et pesticides d'origine agricole. Il arrondit ses fins de mois en se faisant grassement rétribuer par un riche propriétaire terrien, qui arrose abondamment de produits chimiques interdits ses immenses terres agricoles situées en bordure de la réserve. En échange, Chaz doit bien entendu falsifier les résultats d'analyse. Ce triste personnage, persuadé que sa femme a découvert ses malversations, ne va pas hésiter à la balancer par-dessus bord à l'occasion d'une croisière. Tel est le point de départ d'une course-poursuite échevelée, sur terre et sur mer, avec des personnages qui n'ont pas peur du ridicule, mais dont la bêtise s'avère fort dangereuse. Rassurez-vous, les bons finissent par gagner, avec beaucoup de panache et un humour qui fait mouche à tout coup. Une réussite du genre...

Oeuvre non trouvée

note: 5everglades for ever... Jean-François - 11 décembre 2016

Un thriller humoristique, un peu dans la lignée de Chester Himes ("La reine des pommes"), où victimes et assassins jouent au chat et à la souris. L'action se situe dans les Everglades, cette partie marécageuse de la Floride où régnait jadis une nature sauvage, avant l'arrivée des pesticides et des milliardaires retraités. Charles ("Chaz") Perrone, soi-disant docteur en biologie, travaille à la protection des Everglades (du moins ce qu'il en reste) en prélevant des échantillons d'eau destinés au dosage des phosphates et pesticides d'origine agricole. Il arrondit ses fins de mois en se faisant grassement rétribuer par un riche propriétaire terrien, qui arrose abondamment de produits chimiques interdits ses immenses terres agricoles situées en bordure de la réserve. En échange, Chaz doit bien entendu falsifier les résultats d'analyse. Ce triste personnage, persuadé que sa femme a découvert ses malversations, ne va pas hésiter à la balancer par-dessus bord à l'occasion d'une croisière. Tel est le point de départ d'une course-poursuite échevelée, sur terre et sur mer, avec des personnages qui n'ont pas peur du ridicule, mais dont la bêtise s'avère fort dangereuse. Rassurez-vous, les bons finissent par gagner, avec beaucoup de panache et un humour qui fait mouche à tout coup. Une réussite du genre...

Charlene ne reviendra pas (Lisa Unger)

note: 5fatalitas... Jean-François - 11 décembre 2016

Une adolescente disparaît, Charlene, un peu paumée, un peu (mais plus qu'elle ne croit) amoureuse de Ricky, le fils de Jones et de Maggie. Tout se passe dans une petite ville imaginaire du nord-est des États-Unis, où tout le monde se connaît et où les secrets sont bien difficiles à garder. Et pourtant il y en a, des secrets, qui lient entre eux à vingt ans d'intervalle des personnages qui pourtant ne se fréquentent guère. La disparition de Charlene et les recherches faites pour la retrouver morte ou vive vont réveiller de vieilles histoires que certains auraient bien aimé oublier. De nombreux personnages émaillent ce polar bien ficelé, où tous les ingrédients sont réunis pour tenir le lecteur en haleine du début à la fin. Lisa Unger ("Surtout ne te retourne pas") est une professionnelle de l'écriture policière, elle réussit son pari de nous conter une bonne histoire tout en dressant un portrait sans concession d'une microsociété ancrée dans ses préjugés et ses frustrations. C'est également une excellente analyse des rapports parents-enfants, et un message de tolérance et d'espoir...

Thèra (Zeruya Shalev)

note: 2qu'il est difficile d'aimer... Jean-François - 11 décembre 2016

Thèra est écrit comme un long monologue, celui d'une jeune femme juive, Ella, habitante de Jérusalem. Son couple se défait, après une dizaine d'années de vie commune avec Amnon, qu'elle n'aime plus. Très attachée à son fils Guili, âgé de six ans, elle va longtemps hésiter, puis se décider, et revenir sur sa décision lorsqu'il sera malheureusement trop tard. Il y a bien sûr une suite à cette histoire assez banale, que le lecteur (patient) découvrira au fil de ce long, très long récit. Zeruya Shalev décrit par le menu toutes les sensations qui accompagnent une vie qui se cherche, au fil des rencontres, de l'attachement aux êtres chers, mais aussi des rancœurs et des meurtrissures qui s'accumulent au cours du temps. Une très fine analyse psychologique des rapports entre les êtres humains, qui atteint à l'universel. Hélas, quel ennui à la lecture de ce récit à une voix qui démontre au final, mais sans jamais l'avouer, que le mal-être provient souvent d'un profond égoïsme...

La Femme rompue (Simone de Beauvoir)

note: 5amour, toujours... ou jamais ? Jean-François - 11 décembre 2016

Trois nouvelles, ou plutôt trois courts romans, écrits à l'âge de la maturité par une auteure devenue célèbre tant par son œuvre littéraire et philosophique que par ses prises de position politiques et surtout en faveur de la condition féminine. Trois portraits de femme, chacune atteinte par une crise existentielle. Crise de la quarantaine ("La femme rompue"), de la cinquantaine ("Monologue"), de la soixantaine ("L'âge de discrétion"), Simone de Beauvoir ne veut juger ni l'homme, ni la femme, ni même la société, et dresse seulement un portrait tout en finesse des situations inextricables dans lesquelles le couple s'engage au fil du temps, et dont la femme est la première victime. Écrit avec beaucoup de sincérité et un style épuré, proche de la langue parlée (comme on le ferait dans un journal intime), ce recueil dresse un constat, toujours d'actualité, des espoirs que chacun(e) d'entre nous met dans l'amour. Amour toujours ? La réponse est contrastée, puisque l'une des protagonistes va retrouver l'amour au sein de son couple, les deux autres non, bien que la fin de la troisième nouvelle reste entrouverte...

La Femme rompue (Simone de Beauvoir)

note: 5amour, toujours... ou jamais ? Jean-François - 11 décembre 2016

Trois nouvelles, ou plutôt trois courts romans, écrits à l'âge de la maturité par une auteure devenue célèbre tant par son œuvre littéraire et philosophique que par ses prises de position politiques et surtout en faveur de la condition féminine. Trois portraits de femme, chacune atteinte par une crise existentielle. Crise de la quarantaine ("La femme rompue"), de la cinquantaine ("Monologue"), de la soixantaine ("L'âge de discrétion"), Simone de Beauvoir ne veut juger ni l'homme, ni la femme, ni même la société, et dresse seulement un portrait tout en finesse des situations inextricables dans lesquelles le couple s'engage au fil du temps, et dont la femme est la première victime. Écrit avec beaucoup de sincérité et un style épuré, proche de la langue parlée (comme on le ferait dans un journal intime), ce recueil dresse un constat, toujours d'actualité, des espoirs que chacun(e) d'entre nous met dans l'amour. Amour toujours ? La réponse est contrastée, puisque l'une des protagonistes va retrouver l'amour au sein de son couple, les deux autres non, bien que la fin de la troisième nouvelle reste entrouverte...

Et surtout ne te retourne pas (Lisa Unger)

note: 4marcus circus Jean-François - 11 décembre 2016

Un chassé-croisé entre Prague et New-York, sur la piste d'un homme que l'on croyait aimer, et qui est peut-être un dangereux assassin. Isabel Raine (Izzy), romancière à succès et épouse de Marcus, un homme d'affaires tout aussi "successful", a bien du souci à se faire lorsque son mari disparaît, qu'elle retrouve les locaux de sa société mis à sac et tous ses comptes bancaires vidés. C'est le départ d'une course-poursuite à la recherche du passé de cet homme, qu'elle va progressivement reconstituer grâce à sa ténacité. On ne s'ennuie pas à la lecture de ce thriller haletant, écrit avec une maîtrise parfaite des ficelles narratives. Un bon moment de lecture, dépaysement garanti...

Oeuvre non trouvée

note: 5made in proust Jean-François - 11 décembre 2016

Écrit par un amoureux de Marcel Proust et du beau langage, ce petit roman (petit par sa longueur seulement) se lit avec un réel plaisir. Telle la fameuse madeleine du narrateur de "À la recherche du temps perdu", la sonnette du bar tenu par ses parents dans le village de Montigny, au bord de la Solène (un lieu imaginaire), fait resurgir mille et une sensations vécues dans le passé pas si éloigné de l'enfance. Grâce à la découverte, au cours d'une promenade, d'un livre vite dérobé à la belle Sandra Maréchal, chanteuse lyrique de son état, la lecture va faire éclore ses fleurs dans ce petit village où la culture n'avait guère droit de cité. La "proustmania" va embraser Montigny, et du même coup parfaire l'éducation sentimentale de notre jeune héros, qui collait un peu trop aux basques de sa chère et fragile maman. Humour et tragique se côtoient dans cette belle histoire d'amour, amour des femmes mais aussi de la littérature et, tout simplement, de la langue française. N'y cherchez pas cependant le célèbre style "à tiroirs" de notre Marcel national, l'écriture ici est simple et coule sans méandres. Un premier roman fort réussi...

Nager sans se mouiller (Carlos Salem)

note: 5à poil ! Jean-François - 11 décembre 2016

Une organisation secrète, dénommée "L'Entreprise", spécialisée dans des opérations aussi louches que mortelles. Un tueur à gages, Juan Pérez Pérez, représentant en papiers hygiéniques dans le civil, habile tireur et baiseur impénitent, membre influent de L'Entreprise sous le pseudonyme de Numéro Trois, titre qu'il porte depuis qu'il a descendu, sur ordre de l'organisation, le Vieux Numéro Trois. Dans le cadre d'un camp naturiste situé sur la côte andalouse les personnages de cette fantasia déjantée vont se pourchasser, à la recherche de leur vérité toute... nue ! Un jeu de masques habilement mené par l'auteur de "Aller simple". Un régal...

Le passage de la nuit (Haruki Murakami)

note: 5tokyo by night Jean-François - 11 décembre 2016

Beaucoup d'événements vont se dérouler au cours de cette nuit tokyoïte pas comme les autres. Des rencontres, comme celle de Mari, jeune fille esseulée qui se croit laide et ne l'est pas, avec Takahashi, un jeune un peu paumé, habitué de la nuit et entiché de jazz. Il va lui parler de sa sœur Eri, la très belle Eri, dont il est vaguement amoureux mais qu'il n'ose pas aborder. Attablée au "Denny's" où elle attend la fin de cette nuit interminable, Mari va également rencontrer Kaoru, la tenancière du "Love Hotel", où une jeune chinoise s'est fait salement tabasser par un client (il s'agit d'un hôtel de "rencontres", comme on a pu s'en douter). Une quête du coupable va avoir lieu, qui déclenchera une cascade d'événements tous aussi inattendus les uns que les autres. En parallèle, Eri dort et pendant son sommeil se passent d'étranges choses dans d'aussi étranges lucarnes, l'écran de télévision servant à une traversée du miroir que n'aurait pas dédaignée Jean Cocteau. Bourré de références musicales, cinématographiques, littéraires, ce roman étrange se dévore d'un bout à l'autre, le plaisir de la lecture étant décuplé par les souvenirs qui resurgissent à chaque coin de page. Malgré l'étrangeté du récit, on vit pleinement avec les personnages, dont le mal de vivre et l'incommunicabilité, ce mal chronique des Japonais, se transforment en un puissant ressort narratif.

Oeuvre non trouvée

note: 5un poisson nommé liberty Jean-François - 11 décembre 2016

Liberty Fish, le digne rejeton d'un couple, que l'on qualifierait aujourd'hui de militants antiracistes, se rend, à l'occasion de la Guerre de Sécession où il s'est enrôlé sous la bannière de l'Union, chez ses grands-parents maternels, un couple de sudistes farouchement attachés à l'esclavage. Sur cette trame, propice à la confrontation de deux conceptions radicalement opposées de la liberté individuelle, Stephen Wright a bâti un étrange et fascinant roman qui nous plonge dans les méandres du racisme ordinaire, vécu, une fois n'est pas coutume, du côté des "blancs". L'ambiguïté est cependant de mise car les uns comme les autres semblent avoir la plus totale méconnaissance de ce que souhaiteraient les "noirs", qui sont finalement, et bien malgré eux, au centre de leur vie. De nombreux personnages émaillent cette épopée, très spéciale tant par les thèmes abordés que par le style narratif (admirablement rendu par la traduction), qui nous emmène jusqu'aux confins de la folie humaine...

Oeuvre non trouvée

note: 5montalbano je suis... Jean-François - 10 décembre 2016

Andrea Camilleri a inventé un style qui le distingue parmi les auteurs de romans policiers contemporains. La langue, mélange de sicilien et d'italien de la rue mâtiné de trouvailles langagières dignes d'un Louis-Ferdinand Céline ou d'un James Joyce, est admirablement rendue par la traduction (il faudrait plutôt dire la réécriture) de Serge Quadruppani, par ailleurs excellent auteur de romans policiers français. Le comportement du héros principal, le commissaire Montalbano, dénote également, par son je-m'en-foutisme érigé en principe de vie, pour ne pas dire sa fainéantise dès lors qu'il s'agit d'autre chose que faire honneur à une belle esseulée, un plat de pâtes ou... une dive bouteille ! La réussite de ses enquêtes, il la doit au hasard ou, assez souvent, à la sagacité de son fidèle adjoint le sérieux Fazio. Autant dire que l'intérêt de l'histoire réside plus dans le décor et les personnages qui l'habitent, que dans cette espèce d'anti-héros qu'est le "dottor" Montalbano. Une bonne introduction au petit monde de Don Camilleri…

Oeuvre non trouvée

note: 1l'amant disparu Jean-François - 10 décembre 2016

Comme l'auteure, la narratrice, suédoise et passionnée de chasse "au gros", est venue s'installer au Kenya, puis en Tanzanie et divers autres pays d'Afrique orientale, où elle organise des safaris. Mal à l'aise dans la société des européens expatriés, mal à l'aise dans son physique de garçon manqué, elle va faire la connaissance, au cours d'une soirée chez une amie, d'un homme à moto qui deviendra son amant. Leurs rencontres s'organisent autour d'un thé, pris ensemble sur le sofa bleu qui l'accompagnera tout au long de ses pérégrinations. L'histoire de cette passion, brutalement interrompue par la mort de l'amant (annoncée dès la première page), aurait pu être l'occasion de poser un regard dépourvu d'artifices sur la relation qui s'installe entre deux blancs un peu paumés dans cette Afrique noire dont ils ne semblent pas partager les valeurs. Hélas, l'histoire est racontée avec force enjolivures et une montagne d'affectation. Une fois le livre refermé (heureusement il est très court), je me suis vraiment demandé de quels sentiments était tissée cette relation amoureuse, et si cet amant était bien réel. On est loin, bien loin de la Karen Blixen de "La ferme africaine", dont la sincérité et la simplicité d'expression font cruellement défaut à ce roman narcissique, de la lecture duquel on peut se passer si on veut en savoir plus sur l'Afrique, et sur l'amour...

Oeuvre non trouvée

note: 5le dalembert nouveau est arrivé ! Jean-François - 10 décembre 2016

Amer, cruel, cynique, désabusé ! Les qualificatifs ne manquent pas pour caractériser le dernier opus de ce magistral écrivain francophone qu'est Louis-Philippe Dalembert. Écrit au lendemain de la catastrophe qui a plongé son île natale (Haïti) dans le deuil et la désolation, "Noires blessures" décrit un monde sans pitié, où un bon petit soldat des organisations humanitaires (les fameuses ONG) s'avère un dangereux psychopathe, dont la conduite est dictée par des penchants bien éloignés de la cause qu'il est censé défendre. Qu'il s'agisse de l'adoption comme des relations hommes-femmes ou bien de maître à domestique, les apparences sont sauves, au nom du sacro-saint droit d'ingérence, cachant l'existence de relations entièrement basées sur le profit et la recherche du pouvoir, du côté des blancs expatriés, ou sur le simple besoin de survie du côté des populations "aidées". Rassurez-vous, braves gens, personne n'est épargné, ce n'est pas, surtout pas "La case de l'oncle Tom", ni même "La couleur des sentiments" et noirs et blancs en prennent chacun pour leur grade. D'une construction complexe mais néanmoins très facile à suivre pour un lecteur d'aujourd'hui, ce roman noir, au sens propre comme au sens figuré du terme, explore et dénonce le passage trop aisé du Bien au Mal. Un cri !

Un autre amour (Kate O'Riordan)

note: 5love in london Jean-François - 10 décembre 2016

Mariés, trois enfants, la presque quarantaine, Connie et Matt vivent en maison individuelle dans la banlieue de Londres. Matt est dentiste, Connie s'est associée avec son amie Mary dans la fabrication de cartes de vœux "décalées". Mises à part les facéties du plus jeune fils, Benny, tout semble baigner dans un bonheur "idéal". En fait tout commence à l'occasion du retour inattendu de Connie, partie pour Rome avec Matt pour un voyage en amoureux. Matt est resté là-bas, il va falloir mentir, à son travail, aux amis, aux enfants, et tout va se détraquer petit à petit dès lors que le retour attendu de Matt va se faire attendre, attendre, et encore attendre... Démarrant comme une banale histoire d'amour raté, ce thriller psychologique s'enrichit au fil des pages, captant de plus en plus l'attention du lecteur au fur et à mesure que les personnages prennent de la substance et que les masques tombent. La ménagère parfaite que se veut Connie part en vrille, dès lors que le lointain passé que l'on croyait oublié remonte à la surface. Ce roman qui n'a l'air de rien pose en fait de graves questions sur ce qui fonde le couple et cimente le foyer, sur l'amour, la passion et le désir, aussi. Une cruelle analyse psychologique, qui met à mal les faux-semblants d'une société basée sur la sauvegarde des apparences plus que sur la sincérité des sentiments, doublée d'une montée dans l'angoisse digne des meilleurs thrillers...

Un autre amour (Kate O'Riordan)

note: 5love in london Jean-François - 10 décembre 2016

Mariés, trois enfants, la presque quarantaine, Connie et Matt vivent en maison individuelle dans la banlieue de Londres. Matt est dentiste, Connie s'est associée avec son amie Mary dans la fabrication de cartes de vœux "décalées". Mises à part les facéties du plus jeune fils, Benny, tout semble baigner dans un bonheur "idéal". En fait tout commence à l'occasion du retour inattendu de Connie, partie pour Rome avec Matt pour un voyage en amoureux. Matt est resté là-bas, il va falloir mentir, à son travail, aux amis, aux enfants, et tout va se détraquer petit à petit dès lors que le retour attendu de Matt va se faire attendre, attendre, et encore attendre... Démarrant comme une banale histoire d'amour raté, ce thriller psychologique s'enrichit au fil des pages, captant de plus en plus l'attention du lecteur au fur et à mesure que les personnages prennent de la substance et que les masques tombent. La ménagère parfaite que se veut Connie part en vrille, dès lors que le lointain passé que l'on croyait oublié remonte à la surface. Ce roman qui n'a l'air de rien pose en fait de graves questions sur ce qui fonde le couple et cimente le foyer, sur l'amour, la passion et le désir, aussi. Une cruelle analyse psychologique, qui met à mal les faux-semblants d'une société basée sur la sauvegarde des apparences plus que sur la sincérité des sentiments, doublée d'une montée dans l'angoisse digne des meilleurs thrillers...

Oeuvre non trouvée

note: 5copacabana Jean-François - 10 décembre 2016

Un couple sort d'un restaurant chic, la femme est belle, l'homme est passablement éméché et perd son portefeuille, qui va atterrir sous le nez d'un gosse des rues. S'ensuivent une série de crimes, qui vont conduire le commissaire Espinosa sur la piste d'une sale affaire de ripoux, où le hasard va finir par devenir le protagoniste principal. Au hasard de l'enquête, donc, on va côtoyer la faune nocturne de Copacabana, qui déambule à la recherche de quoi survivre, au nez et à la barbe de policiers bien plus occupés par leurs petits trafics que par la protection des citoyens. Dépaysement ? Voire... En tout cas un sacré bon moment de lecture pour qui ne recherche pas la construction rigide des bonnes vieilles énigmes policières à la Agatha Christie. Un peu foutraque mais terriblement attachant ce commissaire Espinosa, plus à l'aise au lit que dans la recherche des assassins, mais ne vous inquiétez pas, il finit toujours pas gagner...

Oeuvre non trouvée

note: 5loin de tian'anmen... Jean-François - 10 décembre 2016

On a beaucoup dit et écrit sur la Chine, surtout depuis les massacres de la place Tian'anmen. Pourtant, la grogne faisait rage déjà depuis longtemps, et parfois loin de la capitale. Dans ce roman de Yiyun Li, nous sommes dans une petite ville de province, peu après la chute de la "bande des quatre", commandée par la veuve de Mao Zedong. Après les ravages de la "révolution culturelle", les aspirations à la démocratie se font jour même dans les endroits les plus reculés de l'empire. À l'occasion de la condamnation à mort de la jeune Gu Shan, une ex-garde rouge qui a osé critiquer le régime et demander pardon pour les atrocités qu'elle avait commises au nom de sa foi communiste, les consciences des villageois vont se réveiller. Pendant ce temps, dans la capitale, une lutte se joue entre deux clans opposés. Tel est l'arrière-plan de cette vaste fresque, qui peint le quotidien pour atteindre à l'universel. Les personnages sont nombreux, qu'il s'agisse de Nini, la jeune infirme avide d'amour, du professeur Gu, qui confond encore lâcheté et sagesse, de Kai, l'artiste à la voix d'or au service du Parti, de Kwen, Bashi, et tant d'autres, tous aussi attachants les uns que les autres. Le temps de la lecture, nous vivons pleinement en compagnie des acteurs principaux du drame qui va se nouer. L'écriture est simple, sans artifices, il s'agit avant tout d'un témoignage, brutal, sur les ravages d'une pensée politique érigée en système mafieux.

Sunset Park (Paul Auster)

note: 5destins croisés Jean-François - 10 décembre 2016

Sunset Park, une maison abandonnée où vont se retrouver quelques garçons et filles dont les destins vont se croiser. Un squat ? Mieux que ça, une résidence collective, bien tenue, sans problèmes avec le voisinage, en toute illégalité. On y retrouve Miles Heller, un new-yorkais ayant abandonné de brillantes études quinze ans auparavant, parti vivre de petits boulots dans divers coins des États-Unis. Il va finir par se poser en Floride, où il fait la connaissance, et tombe follement amoureux, de Pilar Sanchez, une orpheline tout aussi brillante que lui mais ayant le malheur d'être... mineure ! C'est le début des ennuis, qui vont l'obliger à revenir à la case-départ, à deux pas de la maison de ses parents, en attendant de rêver d'une vie meilleure. Chacun des occupants de cette petite colonie très californienne au cœur de la "grosse pomme" (New York City) tente de faire quelque chose de sa vie, loin du bruit et de la fureur d'une société minée par la course effrénée au profit. Dans ce roman, amer, Paul Auster délivre un message humaniste, malheureusement peu porteur d'espoir. On y retrouve tout ce qui fait le charme de cet écrivain amoureux des belles lettres, avec mille et un petits détails d'écriture qui savent capter l'attention du lecteur. D'une construction moins complexe que la plupart de ses romans précédents, "Sunset Park" se lit comme un moderne roman d'aventures, qui ravira tant les jeunes que les moins jeunes.

Oeuvre non trouvée

note: 5breslau, là-haut... Jean-François - 10 décembre 2016

Breslau, aujourd'hui Wroclaw depuis son rattachement à la Pologne en 1945, était appelée la "Petite Venise du Nord" en raison des nombreuses îles sur lesquelles elle avait été bâtie sur le fleuve Oder. Le roman de Marek Krajewski se déroule en 1919, au lendemain de la Grande Guerre, dans une ville portuaire rappelant étrangement l'atmosphère de la Vienne du célèbre "Troisième homme". Bas-fonds, profiteurs de tout poil, voisinent avec les barons allemands dont la richesse s'est accumulée au cours de l'essor industriel de la Silésie. Quatre corps affublés de costumes de marins sont retrouvés mutilés et assemblés selon un ordre rituel. Ce crime atroce est suivi de l'assassinat du directeur du port et de celui d'une prostituée, dont les corps sont retrouvés avec les yeux crevés et munis d'un étrange message tiré de la Bible: "Bienheureux ceux qui n'ont point vu et qui ont cru...". Il n'en faut pas plus à l'assistant criminel Eberhard Mock (Ebi pour les intimes) pour se lancer dans une enquête qui va l'amener à côtoyer les milieux interlopes d'une société en décomposition. Alcoolique au grand cœur, aimé des femmes et grand connaisseur des tragédies grecques, notre enquêteur va nous emmener de mystère en mystère jusqu'au dénouement final, inattendu. Une atmosphère étrange, des portraits brossés au vitriol, et un réel bonheur d'écriture pour un polar noir, très noir...

Petites enveloppes bleues n° 1
13 petites enveloppes bleues (Maureen Johnson)

note: 5winnie... peg ! Jean-François - 10 décembre 2016

Virginia Gladstone (Gin, Ginny, Ginger pour les intimes), 17 ans et toutes ses dents (sauf les dents de sagesse ?), reçoit une enveloppe de sa tante Peg (on ne saura jamais son nom complet), renfermant treize petites enveloppes bleues qu'elle devra ouvrir les unes à la suite des autres. Chacune lui permettra d'atteindre une étape d'un jeu de pistes devant la conduire aux quatre coins de l'Europe, en compagnie d'un simple sac à dos de 15 kg. Bien sûr, au départ, elle ne sait pas où tout cela va la conduire. Sa tante Peg, une artiste un peu fantasque mais qui l'avait toujours fascinée lorsqu'elle était petite, était partie un beau jour sans plus donner de nouvelles. Jusqu'au jour où... Voilà notre héroïne partie en quête de la vérité sur cette tante mystérieuse, dont elle va suivre la trace pas à pas au fil d'un voyage initiatique au cours duquel elle va découvrir sa propre vérité. Un beau roman pour adolescent(e)s, qui se laisse aisément lire par les "adultes" un tant soit peu capables de rêver...

Un garçon singulier (Philippe Grimbert)

note: 5j'irai revoir ma normandie... Jean-François - 10 décembre 2016

Le narrateur, jeune homme de bonne famille en rupture de ban universitaire, tombe un jour sur une annonce qui l'alerte et va faire basculer son quotidien. En bas de l'annonce, la ville, Horville, située en Normandie, fait brusquement surgir les souvenirs liés à l'enfance : les traditionnelles vacances à la mer avaient lieu chaque année précisément dans cette ville, à l'Hôtel des Flots. Il s'agit de s'occuper d'un "garçon singulier", sans plus de précisions, en lui consacrant tout son temps en échange d'une petite rémunération et, bien entendu, le gîte et le couvert. C'est le point de départ d'une aventure, disons plutôt d'un voyage initiatique, qu'il ne serait pas bon de dévoiler au lecteur, tellement on va de surprise en surprise au fil des pages. Comme dans une énigme policière, on devine ou on essaie de deviner la suite de l'histoire, tout en sachant qu'un coup de théâtre va nous mener au suspense final. Qu'il est étrange l'univers de Philippe Grimbert ! Par son style d'écriture, faussement naïf et utilisant des mots simples, on est dans l'atmosphère du conte, les personnages nous paraissent tout d'abord comme étrangers à notre monde. Et pourtant, une fois le livre refermé, ou bien même en cours de lecture, les souvenirs affleurent, et l'on garde le sentiment que l'auteur touche juste à tous les coups et parvient en quelques pages à fouiller l'âme humaine dans ses recoins les plus obscurs.

La Ferme africaine (Karen Blixen)

note: 5chers kikuyus Jean-François - 10 décembre 2016

Dans son roman, écrit à la première personne, l'auteure nous conte ses années passées au Kenya, alors colonie anglaise, à la tête d'une exploitation agricole de très grande taille où plantations de café voisinent avec prairies et terres laissées au libre usage des indigènes Kikuyus. Les Masaïs, guerriers dépossédés de ce qui faisait leur orgueil, les armes, vivent dorénavant du pastoralisme dans une réserve située à proximité. Le temps reste comme suspendu : dix ans, vingt ans, trente ans ? On ne saura jamais combien de temps a duré cette aventure africaine, mais les personnages de jeunes deviennent des vieillards, on se doute alors que le temps ne se compte pas en années mais en décennies. Karen Blixen ne dévoile rien d'elle-même. Ses amours, nul n'en saura rien, et les liens qui se nouent avec les nombreux visiteurs de la ferme, point de chute de tous les voyageurs européens qui traversent le Kenya, que ce soit pour le commerce ou des safaris, Gustav, Denys, Hugh..., sont à peine évoqués, sauf lorsque la mort vient les frapper. Le véritable sujet du livre, c'est la diversité culturelle de ce coin d'Afrique : serviteurs Somalis et Indiens, hiératiques Masaïs et surtout le peuple Kikuyu, qui revit dans toute sa splendeur passée sous la plume de Karen Blixen. Aucune chronologie dans ces notes jetées au hasard des souvenirs, mais une communion totale avec le lecteur, qui aurait bien aimé que la ferme africaine dure encore et encore...

La ferme africaine (Karen Blixen)

note: 5chers kikuyus Jean-François - 10 décembre 2016

Dans son roman, écrit à la première personne, l'auteure nous conte ses années passées au Kenya, alors colonie anglaise, à la tête d'une exploitation agricole de très grande taille où plantations de café voisinent avec prairies et terres laissées au libre usage des indigènes Kikuyus. Les Masaïs, guerriers dépossédés de ce qui faisait leur orgueil, les armes, vivent dorénavant du pastoralisme dans une réserve située à proximité. Le temps reste comme suspendu : dix ans, vingt ans, trente ans ? On ne saura jamais combien de temps a duré cette aventure africaine, mais les personnages de jeunes deviennent des vieillards, on se doute alors que le temps ne se compte pas en années mais en décennies. Karen Blixen ne dévoile rien d'elle-même. Ses amours, nul n'en saura rien, et les liens qui se nouent avec les nombreux visiteurs de la ferme, point de chute de tous les voyageurs européens qui traversent le Kenya, que ce soit pour le commerce ou des safaris, Gustav, Denys, Hugh..., sont à peine évoqués, sauf lorsque la mort vient les frapper. Le véritable sujet du livre, c'est la diversité culturelle de ce coin d'Afrique : serviteurs Somalis et Indiens, hiératiques Masaïs et surtout le peuple Kikuyu, qui revit dans toute sa splendeur passée sous la plume de Karen Blixen. Aucune chronologie dans ces notes jetées au hasard des souvenirs, mais une communion totale avec le lecteur, qui aurait bien aimé que la ferme africaine dure encore et encore...

La Fraga (Danièle Sallenave)

note: 5vivre à venise Jean-François - 10 décembre 2016

Mary Gordon, une jeune gouvernante de la Nouvelle-Angleterre, arrive à Venise en compagnie de sa pupille. Après une maladie qui va la clouer au lit et la forcer à différer son retour, elle va se prendre d'amour pour cette ville bâtie sur la mer, aux ruelles mystérieuses reliant des palais endormis. On est à la Belle Époque, alors que le tourisme n'a pas encore envahi ponts et canaux, et les nombreuses trattorias permettent encore de se nourrir à peu de frais. Pauvre, fille d'un pasteur qui ne lui a guère laissé de fortune, Mary va devoir se débrouiller pour survivre. Elle n'a encore jamais croisé l'amour, mais au fil de ses nombreuses rencontres en pays latin, le désir s'éveille et va faire d'elle une femme accomplie, au destin hors du commun. De nombreux personnages et des situations étonnantes émaillent ce beau portrait de femme, qui est en même temps un très attachant roman d'aventures et d'amour. Écrit avec justesse par une romancière en pleine possession de son talent, il tient le lecteur en haleine jusqu'au bout. Le titre se laisse deviner au fil des pages, mais ne cherchez pas dans un dictionnaire, le mot n'existe pas !

La Fraga (Danièle Sallenave)

note: 5vivre à venise Jean-François - 10 décembre 2016

Mary Gordon, une jeune gouvernante de la Nouvelle-Angleterre, arrive à Venise en compagnie de sa pupille. Après une maladie qui va la clouer au lit et la forcer à différer son retour, elle va se prendre d'amour pour cette ville bâtie sur la mer, aux ruelles mystérieuses reliant des palais endormis. On est à la Belle Époque, alors que le tourisme n'a pas encore envahi ponts et canaux, et les nombreuses trattorias permettent encore de se nourrir à peu de frais. Pauvre, fille d'un pasteur qui ne lui a guère laissé de fortune, Mary va devoir se débrouiller pour survivre. Elle n'a encore jamais croisé l'amour, mais au fil de ses nombreuses rencontres en pays latin, le désir s'éveille et va faire d'elle une femme accomplie, au destin hors du commun. De nombreux personnages et des situations étonnantes émaillent ce beau portrait de femme, qui est en même temps un très attachant roman d'aventures et d'amour. Écrit avec justesse par une romancière en pleine possession de son talent, il tient le lecteur en haleine jusqu'au bout. Le titre se laisse deviner au fil des pages, mais ne cherchez pas dans un dictionnaire, le mot n'existe pas !

Oeuvre non trouvée

note: 3mornes mormons... Jean-François - 10 décembre 2016

Dans les décennies qui ont suivi la création de l'Église de "Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours" par le "prophète" Joseph Smith, en 1830, il ne faisait pas bon être Mormon. S'allier avec des tribus indiennes était parfois la meilleure façon de se défendre contre les pogroms qui se succédaient et obligeaient les adeptes de cette nouvelle religion à toujours aller plus loin vers l'ouest, jusqu'à la création de la célèbre Salt-Lake City. Alissa York, par clichés successifs embrassant à la fois le présent et le passé, nous décrit une famille mormone, rassemblée autour d'Ursula, la première épouse d'Erastus Hammer, qui fait régner un véritable matriarcat au sein de cette structure polygame. Elle assure l'ordre et la descendance, allant même jusqu'à conseiller à son mari les jours où il doit se rendre au chevet de sa seconde épouse, Ruth, dont la seule utilité est la procréation. Autant dire que l'atmosphère est sombre, très sombre, dans ce roman bien documenté, sur fond historico-religieux attesté par de nombreux témoignages. Hélas, les personnages manquent tous de profondeur, et l'on aurait aimé en savoir plus sur l'itinéraire qui les a conduits vers la nouvelle religion. L'aspect social est totalement gommé, au profit d'une analyse psychologique dépourvue de tout sentiment, qui laisse malheureusement le lecteur sur sa faim. C'est cependant bien écrit et construit avec intelligence...

Oeuvre non trouvée

note: 5mariage... ou enterrement ? Jean-François - 10 décembre 2016

Bérengère et Vincent ont décidé de se marier. Bérengère, jeune fille bon chic bon genre, veut le faire en grand, devant monsieur le maire et monsieur le curé, avec une foule d'invités. Soit, se dit Vincent, on verra après. L'idée qu'il se fait de sa future épouse change au fil des préparatifs de ce mariage, qui devient l'affaire du siècle et risque fort de tourner au suicide du couple. L'espiègle et mutine fiancée se mue en une redoutable femme d'affaires, qui mène son petit monde à la kalachnikov. Les petites scènes qui se déroulent pendant et en marge de la cérémonie et de la réception qui la conclut sont vues par les différents protagonistes, dont le curé, très déçu de voir sa préparation au mariage sabotée à la dernière minute. Loin des stéréotypes auxquels on s'attend dès le départ, les personnages prennent de la substance au fur et à mesure qu'ils nous deviennent plus familiers. Bérengère, par exemple, qui passe un moment pour ambitieuse et égoïste aux yeux de Vincent (et aux nôtres par la même occasion), s'avère au final être une jeune femme sensible, sincèrement éprise de son fiancé et désireuse d'assurer la réussite du foyer qu'ils vont créer. Avec un humour décapant, Blandine Le Callet a réussi une petite comédie humaine bien typique de la France d'aujourd'hui...

Poussière (Rosamond Lehmann)

note: 5proust made in england Jean-François - 10 décembre 2016

Rosamond Lehmann avait probablement lu "À l'ombre des jeunes filles en fleur", paru en 1919 et immédiatement traduit en anglais, avant de composer cet étrange roman psychologique où l'on retrouve quasiment en miroir la petite bande de Balbec. Ici, nous sommes dans la campagne anglaise, où Judith, la narratrice, va s'éprendre d'un groupe d'amis installés dans la propriété voisine. Les personnages évoluent au cours du temps, certains mûrissent tandis que d'autre gardent leur âme d'éternel adolescent, et beaucoup d'illusions tombent au fil des amours et des amitiés sans cesse contrariées par la mort et l'éloignement. Roman "à scandale" à l'époque où il parut, cette évocation très libre des penchants avoués et inavoués d'une jeunesse oisive proche de l'aristocratie constitue pourtant une fine analyse des sentiments humains, qui atteint à l'universel grâce à sa profondeur et sa sincérité. Admirablement rendue par la traduction de Jean Talva, la langue déploie toute sa saveur pour décrire la complexité des rapports amoureux.

Poussière (Rosamond Lehmann)

note: 5proust made in england Jean-François - 10 décembre 2016

Rosamond Lehmann avait probablement lu "À l'ombre des jeunes filles en fleur", paru en 1919 et immédiatement traduit en anglais, avant de composer cet étrange roman psychologique où l'on retrouve quasiment en miroir la petite bande de Balbec. Ici, nous sommes dans la campagne anglaise, où Judith, la narratrice, va s'éprendre d'un groupe d'amis installés dans la propriété voisine. Les personnages évoluent au cours du temps, certains mûrissent tandis que d'autre gardent leur âme d'éternel adolescent, et beaucoup d'illusions tombent au fil des amours et des amitiés sans cesse contrariées par la mort et l'éloignement. Roman "à scandale" à l'époque où il parut, cette évocation très libre des penchants avoués et inavoués d'une jeunesse oisive proche de l'aristocratie constitue pourtant une fine analyse des sentiments humains, qui atteint à l'universel grâce à sa profondeur et sa sincérité. Admirablement rendue par la traduction de Jean Talva, la langue déploie toute sa saveur pour décrire la complexité des rapports amoureux.

Le Chirurgien ambulant n° 1 (Wolf Serno)

note: 4aventures et bistouris Jean-François - 10 décembre 2016

Un roman d'aventures, se déroulant dans la seconde moitié du seizième siècle, à l'heure où l'Inquisition sévit dans l'Espagne du très catholique Philippe II. Vitus, un enfant trouvé et élevé dans un monastère cistercien par l'abbé Hardinus, va devenir un fier jeune homme, habile de ses mains et fin connaisseur des vertus des plantes médicinales. À la mort de l'abbé, il va partir à la recherche de ses origines, dans la lointaine Angleterre, comme en attestent les armoiries figurant sur le linge qui l'enveloppait lorsqu'il fut recueilli par les moines de Campodios. Tel est l'argument de départ de ce roman d'aventures, embrassant tous les genres de la littérature populaire, dans un contexte historique savamment documenté. On peut cependant se demander comment un chirurgien de l'époque, n'ayant par ailleurs fait aucune étude universitaire (peut-être grâce à cela, d'ailleurs, hi hi hi...), pouvait avoir une aussi bonne connaissance des maladies infectieuses et de l'anatomie. Malgré certaines invraisemblances liées au fait que l'auteur n'a pu s'empêcher d'insuffler un esprit "moderniste" dans sa saga historique, l'intrigue est bien menée et l'intérêt du lecteur est maintenu sans relâche tout au long de ces presque 800 pages.

Erotica n° 2
Les Petits oiseaux (Anaïs Nin)

note: 5toute nue... Jean-François - 10 décembre 2016

Treize nouvelles décrivant les formes du désir féminin. Toutes narrent, dans une langue épurée à l'extrême, l'attente du plaisir plus que la jouissance, la fragilité plus que la force du sexe de l'homme. Il s'agit donc de la meilleure littérature érotique qui soit, celle qui évoque les sensations et éveille les sens plus que celle qui décrit l'acte sexuel. Le divin marquis est bien loin, et on ne s'en plaindra pas...

Les grandes espérances (Charles Dickens)

note: 5gentleman frimeur Jean-François - 10 décembre 2016

Roman de la maturité d'un Dickens déjà célèbre, "Les grandes espérances" puise largement dans la propre histoire de l'auteur. Il raconte l'ascension d'un jeune homme, pauvre et passablement maltraité par une sœur aînée qui se targue de l'avoir élevé "à la cuillère" à la mort de leurs parents. Dans la forge de Joe le forgeron, Pip (tel est le surnom du jeune garçon) se morfond et rêve d'une vie meilleure. Ce jusqu'au jour où il apprend qu'il est porteur de "grandes espérances", sous la forme d'un protecteur anonyme qui souhaite faire sa fortune par l'intermédiaire d'un officier de justice chargé d'administrer ses "espérances" et faire de lui un "gentleman". Lorsque notre jeune homme va apprendre d'où vient sa bonne fortune, il va perdre brusquement ses illusions et devenir ce qu'il aurait dû être depuis longtemps : un homme, pourvu de toutes les qualités devant lui permettre de conquérir par ses propres moyens la fierté d'exister. Roman initiatique, "Les grandes espérances" contient une belle galerie de "grotesques" aux noms savoureux : Pumblechook, Mlle Havisham, Mr et Mme Pocket, Bentley Drummle, et bien d'autres. Le délicieux humour si caractéristique de Charles Dickens, cette façon de dire les pires incongruités avec le plus grand sérieux (qu'on appelle à tort "humour anglais") est présent à toutes les pages. Un agréable moment de lecture, et une belle leçon de vie...

De grandes espérances (Charles Dickens)

note: 5gentleman frimeur Jean-François - 10 décembre 2016

Roman de la maturité d'un Dickens déjà célèbre, "Les grandes espérances" puise largement dans la propre histoire de l'auteur. Il raconte l'ascension d'un jeune homme, pauvre et passablement maltraité par une sœur aînée qui se targue de l'avoir élevé "à la cuillère" à la mort de leurs parents. Dans la forge de Joe le forgeron, Pip (tel est le surnom du jeune garçon) se morfond et rêve d'une vie meilleure. Ce jusqu'au jour où il apprend qu'il est porteur de "grandes espérances", sous la forme d'un protecteur anonyme qui souhaite faire sa fortune par l'intermédiaire d'un officier de justice chargé d'administrer ses "espérances" et faire de lui un "gentleman". Lorsque notre jeune homme va apprendre d'où vient sa bonne fortune, il va perdre brusquement ses illusions et devenir ce qu'il aurait dû être depuis longtemps : un homme, pourvu de toutes les qualités devant lui permettre de conquérir par ses propres moyens la fierté d'exister. Roman initiatique, "Les grandes espérances" contient une belle galerie de "grotesques" aux noms savoureux : Pumblechook, Mlle Havisham, Mr et Mme Pocket, Bentley Drummle, et bien d'autres. Le délicieux humour si caractéristique de Charles Dickens, cette façon de dire les pires incongruités avec le plus grand sérieux (qu'on appelle à tort "humour anglais") est présent à toutes les pages. Un agréable moment de lecture, et une belle leçon de vie...

Sur les traces du serpent (Mary Elizabeth Braddon)

note: 5bienvenue à slopperton Jean-François - 10 décembre 2016

Injustement accusé du meurtre de son oncle, alors qu'il venait de rentrer dans le giron familial après une fugue de sept années, le jeune Richard Marwood échappe de justesse à la peine de mort mais est condamné à un enfermement à vie dans l'asile d'aliénés du comté. Cependant, ses amis ne l'ont pas oublié, ainsi qu'un policier, muet mais pas sourd pour autant, qui reste fermement convaincu de son innocence et de sa santé d'esprit. S'étant échappé de l'asile au bout de huit ans, notre héros va devoir prouver son innocence, rechercher et punir les vrais coupables. De nombreux personnages, masculins et féminins, émaillent ce roman policier étonnamment moderne, datant pourtant du début de l'ère victorienne (1860). Coups de théâtre, scènes d'action, secrets et mensonges stimulent l'imagination du lecteur tout au long de ce récit aux entrées multiples, écrit dans un style qui rappelle bien des "polars" modernes. L'humour "so British" de cette jeune romancière anglaise ajoute également du piquant au récit. Un hourra également pour le traducteur, qui a su rendre tout à fait actuelle cette tragédie d'un autre siècle...

Ulysse (James Joyce)

note: 5homère d'alors Jean-François - 10 décembre 2016

Joyce ne recule devant rien pour nous faire sentir la saveur de la langue (aux deux sens du terme) : du sexe, du scatologique, de l'emphase, du comique, du gargantuesque, tout est bon pour éveiller nos sensations et nous faire voir Dublin et sa faune sous un jour totalement inattendu. On s'amusera des passages où le verlan d'aujourd'hui (celui dit des "cités") remplace l'argot des quartiers populaires du Dublin de la Belle Époque. Plusieurs lectures sont possibles de cette œuvre magistrale de James Joyce. On peut s'armer d'une encyclopédie ("hénaurme" si possible) et rechercher la signification de toutes les références historiques, géographiques, philosophiques dont l'œuvre fourmille. On peut aussi, et c'est la voie la plus facile (et la plus honnête), se dire que de toute façon on ne parviendra jamais à la cheville de ce penseur universel, et se laisser bercer par la musique des mots et les sensations qu'ils nous font retrouver au travers de nos propres souvenirs. Comme dans un hamac, on se laisse bercer, ça prend le temps qu'il faut mais on y trouve un réel plaisir. Et on découvre, à travers "Ulysse", que James Joyce avait, cinquante ans avant, tout inventé du soi-disant "Nouveau roman". Que du bonheur...

Ulysse (James Joyce)

note: 5homère d'alors Jean-François - 10 décembre 2016

Joyce ne recule devant rien pour nous faire sentir la saveur de la langue (aux deux sens du terme) : du sexe, du scatologique, de l'emphase, du comique, du gargantuesque, tout est bon pour éveiller nos sensations et nous faire voir Dublin et sa faune sous un jour totalement inattendu. On s'amusera des passages où le verlan d'aujourd'hui (celui dit des "cités") remplace l'argot des quartiers populaires du Dublin de la Belle Époque. Plusieurs lectures sont possibles de cette œuvre magistrale de James Joyce. On peut s'armer d'une encyclopédie ("hénaurme" si possible) et rechercher la signification de toutes les références historiques, géographiques, philosophiques dont l'œuvre fourmille. On peut aussi, et c'est la voie la plus facile (et la plus honnête), se dire que de toute façon on ne parviendra jamais à la cheville de ce penseur universel, et se laisser bercer par la musique des mots et les sensations qu'ils nous font retrouver au travers de nos propres souvenirs. Comme dans un hamac, on se laisse bercer, ça prend le temps qu'il faut mais on y trouve un réel plaisir. Et on découvre, à travers "Ulysse", que James Joyce avait, cinquante ans avant, tout inventé du soi-disant "Nouveau roman". Que du bonheur...

Oeuvre non trouvée

note: 5stella et martin Jean-François - 10 décembre 2016

Une histoire d'amour qui finit mal, ou plutôt dont la fin tragique est connue dès le départ : Stella est tombée du neuvième étage d'un immeuble où elle a vécu avec Martin. Ils y sont retournés ensemble, ont grimpé sur le toit, ont esquissé quelques pas de danse, et puis... le vide, la chute, mortelle on s'en doute. À partir de ce fait divers s'échafaude une suite quasiment cinématographique de témoignages, chacun apportant sa pierre à un édifice qui va progressivement apparaître aux yeux du lecteur : la vérité sur Stella et Martin. Mais de quelle vérité s'agit-il ? La leur, on n'en saura guère plus une fois le livre refermé, et c'est peut-être aussi bien comme ça. Mais on saura tout de celle de leurs proches, du voisin Axel, grand cœur solitaire, de Corinne, l'enquêtrice, qui cherche à savoir s'il s'agit vraiment d'un accident mais craint de tomber sur pire encore. Un roman tout en finesse, qui tente au-delà des mots de cerner l'indicible : besoin d'amour, incommunicabilité des êtres, petits bonheurs aussi, bref la vie comme elle va. Fignolé, tant sur le plan psychologique que littéraire, ce petit bijou amer et attachant ne laissera nul indifférent.

Oeuvre non trouvée

note: 4quelle choucroute !! Jean-François - 10 décembre 2016

Quel personnage ce docteur Porc ! Peu affable, paresseux comme tout dès lors qu'il s'agit de se déplacer (heureusement pour lui, on est dans le Viêt-Nam impérial du 17e siècle et les porteurs ne manquent pas), âpre au gain, pour ne pas dire avaricieux, et d'une odeur repoussante. Tout pour plaire ! Et pourtant, il va réussir à démêler une affaire criminelle assez tarabiscotée, en l'absence du mandarin Tân, parti on ne sait où en laissant le tribunal impérial vacant. Il espère une récompense sous la forme d'un lingot d'or, ce qui va le motiver pour sortir de sa léthargie habituelle, mais rien ne va se dérouler selon ses plans. Il s'en sort quand même bien, un peu par hasard il faut le dire, et au grand dam de ceux qui espèrent sa chute, comme le malicieux lettré Dinh, toujours prêt à se moquer de sa fatuité : le docteur Porc fait un peu penser à Hercule Poirot, ce type de héros imbu de lui-même et passablement ridicule, popularisé par Agatha Christie. Une plongée dans le passé glorieux du Viêt-Nam, un livre rempli de références culinaires et médicinales (bravo pour les notes en fin d'ouvrage, et la franchise de l'auteure lorsqu'elle avoue avoir mêlé imagination et documentation !). Ce roman policier historique n'a pas la saveur des "Enquêtes du mandarin Tân", pleines de visions démoniaques et de scènes de bataille, mais c'est quand même un sacré bon moment de lecture, en attendant de retrouver notre héros préféré...

Hortensias blues (Hugo Buan)

note: 5au travail, workan ! Jean-François - 10 décembre 2016

Des meurtres en série, agrémentés d'une jolie fleur d'hortensia, un commissariat en plein désarroi, sentimental autant que professionnel, il n'en faut pas plus pour faire démarrer ce polar bien rythmé, plein d'humour et de fureur. Le commissaire Workan est aux commandes, il n'a pas froid aux yeux et a plus d'un tour dans ses neurones. Plein de rebondissements, le livre d'Hugo Buan tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page. Frissons et fous rires garantis...

Oeuvre non trouvée

note: 4au bord du rhin Jean-François - 10 décembre 2016

Écrit en forme de pièce de théâtre, ce "roman", qui n'en est pas un, est une chronique douce-amère de la "gentry" politique qui gouverna l'Allemagne fédérale au lendemain de la seconde guerre mondiale, et plus particulièrement la Rhénanie. Les hommes politiques se côtoient, s'allient pour une cause souvent aussi fugace que peu sincère, se haïssent aussi, allant jusqu'à précipiter la "chute" de l'un d'entre eux qui n'a plus l'heur de plaire ou pourrait les faire "chuter" à leur tour. Difficile de savoir qui est sincère, qui ment, qui va trahir ou a déjà trahi. Et les femmes dans tout ça ? Il semble qu'elles n'aient le choix qu'entre être séductrices ou victimes. Beaucoup d'entre elles, au bout du rouleau ou poussées par des maris en mal de conquêtes plus jeunes, font les choux gras des cliniques psychiatriques les plus "branchées". On l'a compris, il ne s'agit pas d'une bluette sentimentale, mais d'une plongée au cœur des bas-fonds de l'âme humaine. Le style d'écriture, où indications scénographiques alternent avec dialogues et monologues, peut lasser le lecteur et il est assez difficile de s'y retrouver entre les personnages. Les voir représentés sur scène aiderait sans doute à mieux fixer leurs caractères. Dommage...

Rhapsodie en noir (Craig McDonald)

note: 5cadavres exquis Jean-François - 10 décembre 2016

L'art peut conduire au crime. Telle est la thèse défendue par Craig McDonald dans ce polar qui nous emmène en compagnie de célébrités artistiques du siècle passé : Man Ray, Ernest Hemingway, John Dos Passos, Orson Welles, Rita Hayworth et bien d'autres. Point de départ de l'intrigue : Hector Lassiter, auteur de romans policiers et scénariste-adaptateur dans le Hollywood des années 30, séduit grâce à un stratagème la belle et voluptueuse Rachel Harper. Sa devise : écrire ce qu'il vit, vivre ce qu'il écrit. Pour le plus grand bonheur de ses lecteurs (et le nôtre, bien entendu) ce fichu programme va l'amener à vivre les aventures les plus rocambolesques, en compagnie de son ami Hem (Hemingway) et de quelques autres personnages tous aussi déjantés les uns que les autres et à la morale très... élastique ! Des meurtres surréalistes (des cadavres "exquis", joliment découpés et arrangés post-mortem) se succèdent, au long des pérégrinations de nos héros à travers la guerre d'Espagne, le Cuba pas encore tout à fait "libre" et les décors hollywoodiens des années 50. Mêlant fiction et événements réels, à la manière de James Ellroy, Craig McDonald nous fournit une histoire très crédible, qui met à mal un certain nombre de mythes sur le caractère intouchable de l'art et de l'artiste. Un démontage en règle du microcosme intello-artistique et de ses codes, et un suspense haletant...

La vie est brève et le désir sans fin (Patrick Lapeyre)

note: 2nora et les beaux mecs Jean-François - 10 décembre 2016

Murphy Blomdale, un américain vivant à Londres, et Louis Blériot, un parisien bon chic bon teint, se partagent l'amour de Nora Neville, une fille un peu paumée mais qui sait bien se faire désirer. D'autres personnages, tous liés de près ou de loin à nos trois héros désenchantés, cheminent au milieu de ce chassé-croisé amoureux, qui laisse le lecteur sur sa faim malgré un réel talent d'écriture. On se demande comment certaines personnes peuvent n'avoir que des problèmes amoureux, loin de toute contingence matérielle. Au moins existent-ils dans l'imagination de Patrick Lapeyre, mais on aurait aimé leur voir un peu plus "d'épaisseur", histoire de sentir battre un peu son petit cœur. Dommage...

Les Croix de bois (Roland Dorgelès)

note: 5je vais en enfer... Jean-François - 10 décembre 2016

Peu de témoignages sur la Grande Guerre ont la force du "Feu" d'Henri Barbusse, un réquisitoire sans concession contre la guerre et la folie des généraux. Dans ce récit, plus humble et plus intime, Roland Dorgelès nous fait partager le quotidien des poilus, au sein d'une brigade qui va être décimée au cours des attaques sur le front lorrain. La souffrance mais aussi la joie de ces hommes, réunis par une camaraderie qui ne va pas sans jalousies et petites tracasseries, est dépeinte avec une profonde sincérité. Les moments les plus touchants ne sont pas ceux pendant lesquels le danger est permanent et la mort au rendez-vous. Non, c'est pendant les temps de tranquillité, entre deux attaques, que le bonheur de ces poilus fait sortir les mouchoirs : un rien les réjouit, une jupe fleurie entrevue entre deux arbres, un biscuit trempé dans du chocolat, des petits riens qui font aimer la vie. La description de ces moments de bonheur volés rend encore plus cruelle la violence des combats. Roland Dorgelès a privilégié l'analyse psychologique à l'analyse sociale. C'est son choix, on peut le regretter mais au final il a laissé une œuvre immortelle, un message universel qui laisse au lecteur la possibilité de juger par lui-même : la guerre, et si vous y étiez ?

Oeuvre non trouvée

note: 2après la shoah Jean-François - 10 décembre 2016

Wanda, fille d'un haut dignitaire nazi ayant envoyé des milliers de juifs dans les camps de la mort, et condamné au procès de Nüremberg, vient à Paris pour se placer comme jeune fille au pair dans une famille juive. Elle veut connaître ce peuple que son père lui a appris à détester au nom d'une idéologie qu'elle a toujours refusé d'accepter. Elle va découvrir des gens chaleureux, généreux, qui vont être pour elle comme une seconde famille au sein de laquelle elle va enfin revivre et pouvoir s'ouvrir aux autres (et à l'amour). Tel est le point de départ d'une histoire attachante, à laquelle on aimerait adhérer jusqu'au bout. Hélas, à trop vouloir en faire dans les bons sentiments, on n'y croit plus trop au bout de quelques pages. On a tout de suite compris que les bons étaient d'un côté et les méchants de l'autre, et la finesse psychologique n'est guère au rendez-vous. La multiplicité des fautes de français (on veut bien croire que ce sont des coquilles de l'imprimeur, mais tout de même...) n'arrange rien. Dommage, car le sujet était très bon...

Elvis Cole et Joe Pike n° 5
Indigo blues (Robert Crais)

note: 5trois enfants en péril Jean-François - 10 décembre 2016

Elvis Cole, un "privé" de L.A. (Los Angeles pour les intimes), est sollicité par une jeune fille et ses deux frères et sœurs pour retrouver leur père, Clark, qui vient de disparaître. Une étrange affaire, pas très rémunératrice, qui va mener notre héros bien au-delà de ses secteurs d'activité habituels. Entre mafia russe et réfugiés vietnamiens c'est la lutte finale qui commence, et nos trois chérubins ont bien du souci à se faire au milieu de ce pataquès, où l'on se sait plus très bien qui sont les bons et qui sont les méchants. Une écriture dense, un thriller bien construit. Par l'auteur de "L.A. requiem"...

Oeuvre non trouvée

note: 5le lac gelé Jean-François - 10 décembre 2016

Lila Sever, une jeune slovène, vit à Paris avec Pierre, le père de son fils Oscar. Elle apprend la mort de son père, Matija, resté en Slovénie, qui lui a légué une maison au bord du lac de Bled. Elle va partir là-bas et retrouver par la même occasion son demi-frère Izo. Elle y va un peu à contrecœur, elle n'était pas très attachée à ce père qui ne s'est guère occupé d'elle, mais aussi parce qu'entre Pierre et elle, ce n'est plus tout à fait comme avant. Bref, elle y va, mais ça ne va pas du tout se passer comme elle l'avait prévu, et le voyage qui devait durer quelques jours va se transformer en une retraite, d'abord solitaire, puis... mais il faut laisser au lecteur le plaisir de découvrir lui-même la suite de ce beau roman ! Il est vite lu, mais au-delà de sa simplicité c'est un beau portrait de femme qui nous est proposé, et un bien joli voyage dans les méandres du cœur féminin...

Oeuvre non trouvée

note: 5mademoiselle drot, une vie... Jean-François - 10 décembre 2016

Mademoiselle Drot, une jeune fille "de bonne famille", hélas ayant "fauté", se place comme gouvernante dans une riche famille juive des beaux quartiers de Paris. Elle est jeune, elle est belle, elle est intelligente, connaît les "bonnes manières" et va vite faire la conquête de sa patronne, une agréable jeune femme avide de culture et de distractions. Hélas, on est à la veille de la seconde guerre mondiale et bien des équilibres vont être bousculés. L'exode, la chasse aux israélites, le dévouement sans faille qu'elle voue à sa patronne, vont amener l'héroïne, catholique bon teint et passablement antisémite (par ignorance plus que par haine de la différence), à revoir ses principes et "entrer en résistance". Dans ce beau roman, sensible et touchant, sans mièvrerie d'aucune sorte, Hélène Millerand nous décrit le destin d'une "belle âme", qui a mis son propre bonheur entre parenthèses pour faire celui des autres, dans une époque troublée...

Le cimetière des livres oubliés n° 2
Le jeu de l'ange (Carlos Ruiz Zafón)

note: 5livre maudit Jean-François - 10 décembre 2016

Où l'on retrouve la fameuse librairie Sempere, qui était au cœur de "L'ombre du vent". Mais on est cinquante ans en arrière, et le père de Daniel Sempere est encore un tout jeune homme, timide et peu désireux de s'attirer des ennuis. Il va bien changer par la suite, mais autant vous dire que ce ne sera pas lui le héros de l'histoire. Celui-ci est un jeune écrivain, d'abord grouillot dans une imprimerie, où il a été placé par le richissime Don Pedro Vidal, qui va l'aider à révéler ses talents de journaliste puis d'écrivain. Le livre, le travail d'écriture, la construction romanesque, où réel et imaginaire se rejoignent dans un fascinant jeu de miroirs, sont le véritable sujet du "Jeu de l'ange". Pour autant, il s'agit bel et bien d'un formidable roman d'aventures, et d'une enquête au suspense haletant, où le fantastique fait plus que montrer le bout de son nez. Carlos Ruiz Zafón a vraiment le chic pour marier les genres, tordre le coup au réalisme et nous prendre au piège de ces vieilles demeures barcelonaises, que l'on devine hantées par son âme d'enfant devenu en quelques années un des plus fameux représentants des lettres espagnoles.

Le docteur Jivago (Boris Leonidovič Pasternak)

note: 5amours et soviets Jean-François - 10 décembre 2016

Une saga dans la lignée des grands romans russes ("Guerre et paix", "Les âmes mortes"...), embrassant une période allant de la première à la seconde guerre mondiale, en passant par la guerre civile (rouges contre blancs) qui a suivi la prise du pouvoir par les bolcheviks en 1917. Politiquement incorrect à l'époque où il a été écrit (après la mort de Staline, mais en pleine guerre froide), "Le docteur Jivago" conte les amours et les voyages à travers la Russie et la Sibérie de Iouri Jivago, poète (et médecin à ses heures), victime de son amour pour la belle Lara, et de ses origines "bourgeoises" qui le rendent suspect à son retour de la guerre. Toujours poursuivi, jamais rattrapé, le jeune Iouri va mûrir, endosser plusieurs personnalités au gré de ses rencontres dans un pays ravagé par la guerre et la famine, exercer les métiers les plus divers sans jamais cesser de conserver sa fierté d'homme russe. Ses poèmes, jamais publiés (comme ceux de Boris Pasternak, qui a trouvé là un habile stratagème pour se faire connaître en tant que poète), figurent à la fin de l'ouvrage. Une épopée politique et sentimentale, contée à travers le destin tragique de personnages à la forte personnalité (Iouri Jivago, Pavel Antipov alias "Strelnikov", Larissa Antipova), dans un siècle broyé par les idéologies de tout poil...

Le Docteur Jivago (Boris Leonidovič Pasternak)

note: 5amours et soviets Jean-François - 10 décembre 2016

Une saga dans la lignée des grands romans russes ("Guerre et paix", "Les âmes mortes"...), embrassant une période allant de la première à la seconde guerre mondiale, en passant par la guerre civile (rouges contre blancs) qui a suivi la prise du pouvoir par les bolcheviks en 1917. Politiquement incorrect à l'époque où il a été écrit (après la mort de Staline, mais en pleine guerre froide), "Le docteur Jivago" conte les amours et les voyages à travers la Russie et la Sibérie de Iouri Jivago, poète (et médecin à ses heures), victime de son amour pour la belle Lara, et de ses origines "bourgeoises" qui le rendent suspect à son retour de la guerre. Toujours poursuivi, jamais rattrapé, le jeune Iouri va mûrir, endosser plusieurs personnalités au gré de ses rencontres dans un pays ravagé par la guerre et la famine, exercer les métiers les plus divers sans jamais cesser de conserver sa fierté d'homme russe. Ses poèmes, jamais publiés (comme ceux de Boris Pasternak, qui a trouvé là un habile stratagème pour se faire connaître en tant que poète), figurent à la fin de l'ouvrage. Une épopée politique et sentimentale, contée à travers le destin tragique de personnages à la forte personnalité (Iouri Jivago, Pavel Antipov alias "Strelnikov", Larissa Antipova), dans un siècle broyé par les idéologies de tout poil...

Le coeur régulier (Olivier Adam)

note: 5mortelle falaise Jean-François - 10 décembre 2016

Natsume Dombori, un policier en retraite, passe ses journées à rattraper des candidats au suicide, au bord de la falaise auprès de laquelle il s'est installé. Il se contente de poser sa main sur leur épaule et de leur proposer de venir vivre quelque temps avec lui. Et ça fonctionne, parfois non, mais au final le taux de suicides a baissé. On se suicide facilement au Japon, et certains européens y viennent aussi finir leurs jours de cette façon. Le beau roman d'Olivier Adam, inspiré d'un fait divers réel, décortique l'amour et le mal de vivre, et laisse un message d'espoir pour tous les désenchantés de la vie. Tel Nathan, un être fragile, tourmenté, qui trouve en sa sœur (la narratrice) un appui, qu'elle va un jour lui refuser. Plusieurs années après, elle apprendra son suicide, après son retour du Japon. Un billet d'avion pour Kyoto, que lui a laissé son frère, la décidera à partir au Pays du Soleil Levant, en quête des personnes qu'il a pu connaître, loin d'elle et de sa famille. La rencontre avec le "passeur de falaises" sera décisive. Un vrai bonheur d'écriture, une fine analyse psychologique, beaucoup d'émotion se donnent rendez-vous dans ce récit attachant, qui conforte le talent d'Olivier Adam.

Oeuvre non trouvée

note: 5un monde presque parfait Jean-François - 10 décembre 2016

Il y a treize ans, Greg Bear décrivait un monde futur, aujourd'hui pas très éloigné puisqu'il le situait vers la moitié du vingt-et-unième siècle. Robots et humains, naturels et transformés, vivent en apparente harmonie dans une société façonnée par les psychologues et régie par des codes destinés à rendre tout un chacun "heureux". Les neurosciences règnent en maître, sous la forme de "penseurs", robots de énième génération qui ont assimilé l'ensemble des connaissances acquises par l'humanité, et gèrent ce monde parfait. On n'y verse pas d'alcool dans les biberons des futurs sous-hommes, mais on y utilise la télé-réalité et les films pornos pour rendre les gens un peu plus abrutis et surtout peu aptes à développer leur esprit critique. Et pourtant, dans l'Idaho vert, une enclave "écolo" dans ce monde de machines virtuelles et d'humains décérébrés, se prépare une drôle de révolution. Des milliardaires, inquiets de voir l'humanité se dégrader à ce point, décident de constituer une sorte de franc-maçonnerie destinée à préserver les élites et reconstruire une ère nouvelle au prix d'une destruction de la Terre et de ses habitants. Tel est l'arrière-plan de ce livre foisonnant, qui laisse à réfléchir et nous entraîne dans une suite inextricable de combinaisons psychologiques et de scènes d'action plus tordues les unes que les autres. À déconseiller cependant aux néophytes...

Les neuf visages du coeur (Anita Nair)

note: 5amour et kathakali Jean-François - 10 décembre 2016

Un voyage au Kerala (un des états du sud de l'Inde), au pays du kathakali, sorte de théâtre dansé traditionnel représentant les scènes de la mythologie hindoue. Chris, un écrivain joueur de violoncelle, est venu à la rencontre de Koman (l'Oncle), un célèbre interprète de ce spectacle total, qui touche autant au corporel qu'au spirituel. Koman va petit à petit lui raconter sa vie et celle de ses proches, en la mêlant inextricablement aux scènes qu'il a interprétées tout au long de sa carrière. Un mystère plane autour de ces deux personnages, qui éprouvent une étrange attirance l'un pour l'autre malgré l'éloignement de leurs cultures. Chris va tomber amoureux de la nièce de Koman, Radha, qui s'ennuie très fort dans les bras de son mari, un homme d'affaires trop avide de richesses matérielles et peu attiré par le spirituel et la culture. Anita Nair joue sur les contrastes entre les multiples facettes de ces personnages, partagés entre modernité et tradition, entre désir et réalité. Ce roman psychologique, à la construction particulièrement soignée, se lit en fait comme un roman policier, tant on est avide de connaître la face cachée des personnages, de leur passé, qui se dévoile petit à petit pour le plus grand bonheur du lecteur. Une réussite...

Oeuvre non trouvée

note: 5le tambour Jean-François - 10 décembre 2016

Une plongée au cœur de la culture amérindienne, du New Hampshire, où résident Faye et sa mère Elsie, spécialistes en "successions" (nous dirions "brocante", en France), jusqu'au milieu d'une réserve indienne, au pays des sapins et des grandes étendues neigeuses. Au cours d'une de ces "successions", Faye découvre un tambour indien, majestueux et couvert d'ornements symboliques, qu'elle décide de substituer et de rendre, un jour peut-être, à ses propriétaires légitimes. Cette quête va l'amener à découvrir tout un pan du côté indien de sa propre culture. L'histoire de ce tambour, capable de porter secours aux humains en détresse, est au centre du récit. Un récit brûlant, hanté par les millénaires d'une culture qui a perduré jusqu'à aujourd'hui, malgré les persécutions dont n'a cessé d'être victime la nation indienne. Un vibrant hommage à un peuple toujours debout malgré les vicissitudes, fier de ses traditions et vivant en communication étroite avec la nature. La vision profondément humaniste de l'auteure force le respect, dans cette plongée au sein d'une des cultures les plus mystérieuses qui soient. Un régal…

Oeuvre non trouvée

note: 5vertu... gadin ! Jean-François - 4 décembre 2016

Deux sœurs, Justine et Juliette, toutes deux sorties (trop tôt ?) du couvent, vont connaître des destins contraires, l'une utilisant ses charmes pour réussir dans la vie, l'autre (celle qui est au cœur de ce récit) laissant la religion la guider, sa vertu restant inentamée malgré les malheurs qui vont s'abattre sur elle tout au long de sa (courte) vie. La philosophie de Sade est connue, il prend le contre-pied de celle de Jean-Jacques Rousseau (l'homme est naturellement bon, c'est la société qui le corrompt). Tous deux s'accordent pour dire que la société est mauvaise, mais l'un la remet en question alors que l'autre (le "divin" marquis) l'accepte comme telle et pense que l'homme, étant foncièrement mauvais, doit en tirer le meilleur profit. Bref, le marquis de Sade, quoiqu'on en dise en bien ou en mal, est étonnamment moderne, puisque l'effondrement des idéaux issus de la vision socialisante de Jean-Jacques a aujourd'hui laissé la place à l'opportunisme et, par réaction, au fanatisme. Que l'on adhère ou non à la philosophie de Sade, il reste un récit très bien écrit (en quinze jours, du fond de sa prison !), vivant, qui se lit (presque) comme un roman policier. On a envie de la voir s'en sortir, cette belle et tendre Justine, et de voir ses bourreaux enfin punis et la vertu récompensée. Roman philosophique ? Voire, mais sans doute un excellent roman d'aventures, qui se lit d'une traite et avec un réel plaisir.

Oeuvre non trouvée

note: 5raoultabille à marseille... Jean-François - 4 décembre 2016

Raoul Signoret et sa compagne Cécile vont dénouer une nouvelle énigme dans ce neuvième opus des "Nouveaux mystères de Marseille". Le meurtre d'un grand avocat, Louis Natanson, reste inexpliqué au bout de la dizaine d'années qu'a durée l'enquête menée par le juge Massot. Parvenu à la retraite, celui-ci a clôt le dossier. Et pourtant, il cherche encore... Une veuve, un fils, un amant devenu un mari après la mort de l'avocat. Beaucoup de pistes s'ouvrent à l'imagination débordante de notre jeune reporter, toujours en quête de sensations. Une aventure policière menée à un train d'enfer par le talent de Jean Contrucci. La ville blanche du début du siècle dernier paraît sous un jour inattendu sous la plume de cet écrivain fécond, doublé d'un historien amoureux de sa ville et de ses habitants. Humour et suspense sont au rendez-vous. On ne s'ennuie pas et on attend avec impatience le prochain bébé...

Ouragan (Laurent Gaudé)

note: 5louisiana story Jean-François - 4 décembre 2016

Au cœur de l'ouragan Katrina, des destins se croisent, des personnages qui n'auraient jamais dû se rencontrer vont se retrouver, se perdre, renaître, ou... mourir. La quête de Keanu, quittant une autre catastrophe (l'explosion d'une plate-forme pétrolière au large du Texas) pour en rejoindre une autre, celle de la Nouvelle-Orléans, est émouvante. Après avoir quitté sa femme Rose et son fils Byron, six ans plus tôt, il revient sur les traces de son passé en quête d'un pardon auquel pourtant il ne croit guère. Va-t-il les retrouver dans ce maelstrom où plus aucun repère ne fonctionne, où les tabous de classe et de sexe se sont brutalement effondrés ? Et Joséphine, la vieille négresse presque centenaire, que va-t-il lui arriver ? Contrainte d'abandonner sa maison, elle va errer dans la ville, sans trop savoir (ou ne sachant que trop !) ce qu'elle trouvera au bout du chemin. Et pourtant, grâce à elle, qui ne croyait plus trop à la vie, plusieurs personnes vont être sauvées. Bien d'autres personnages parcourent cette histoire, merveilleusement racontée selon un procédé narratif (on pourrait parler de "montage" ou de "collage") qui ne laisse jamais l'ennui s'installer. Une très belle écriture, des personnages attachants, au-delà de la notion de bien et de mal, car dans une catastrophe d'une telle ampleur la morale n'a plus cours. Laissez-vous emporter par la vague Gaudé...

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note: 5que d'os, que d'os !! Jean-François - 4 décembre 2016

Un fabricant de cercueils raconte ses longues années d'incarcération, dans un pays et une époque qui rappellent étrangement les puritains de la Nouvelle-Angleterre. Le plus étrange est que la communauté à laquelle appartient le narrateur (dont on ne connaîtra jamais le nom) pratique le "culte des morts", qui consiste à passer de longs moment à prier, tout au long de son existence, dans son propre cercueil. Ce culte étrange, basé sur de "saintes" écritures rédigées par une sorte de "prophète" prénommé Dirk, est brusquement voué aux gémonies et ses adeptes emprisonnés à vie, sans aucune possibilité de se défendre à moins de renier cette étrange religion. Roman fantastique ou philosophique ? Pamphlet antireligieux ou œuvre de pure imagination ? Toutes les interprétations sont possibles, étant donnée l'absence totale de jugement sur les étranges faits portés à la connaissance du lecteur, dans un langage fleuri volontairement daté et admirablement rendu par le traducteur. Que l'on prenne fait et cause pour l'oppression subie par les adeptes du culte des morts ou que l'on y voie un juste retour de bâton pour une pensée peu porteuse de "progrès", on ressort assez troublé de la lecture de ce récit original et très bien écrit. Pour ma part j'y ai vu une œuvre d'imagination remarquablement maîtrisée, le reste est affaire de ressenti...

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note: 4ah les belles italiennes ! Jean-François - 4 décembre 2016

Une œuvre magistrale, écrite au milieu du dix-neuvième siècle par un des fleurons des lettres italiennes. Ippolito Nievo retrace la vie d'un personnage imaginaire, Carlo Altoviti, noble de Venise. Parvenu au crépuscule de sa vie, il raconte l'itinéraire d'un orphelin, épris de liberté et fier de son pays, qui parviendra aux plus nobles fonctions dans l'Italie napoléonienne, avant de s'enfuir pour l'Argentine et revenir beaucoup plus tard dans son Frioul natal. Recueilli par sa tante, une riche patricienne de Venise, qui va le traiter comme un domestique, il va très vite s'attacher à sa cousine Pisana, qui va devenir l'amour de sa vie. Que de destins contrariés, en ces temps de conquêtes et de guerres fratricides! Amours et désamours, batailles sanglantes, exils, trahisons se succèdent au fil des 800 pages de ce roman-fleuve, haut en couleurs et d'une richesse psychologique et politique hors du commun....

Mille soleils splendides (Khaled Hosseini)

note: 5soleils trompeurs Jean-François - 4 décembre 2016

Un choc ! Malgré tout ce que vous avez pu lire ou entendre au sujet des guerres successives qui ont ravagé l'Afghanistan, ce n'est rien comparé au roman de Khaled Hosseini. À travers le destin de Mariam et de Laïla, c'est toute l'horreur de la condition faite aux femmes afghanes qui est décrite, sans détours et pourtant sans aucune complaisance morbide. Il m'est arrivé à plusieurs reprises d'arrêter ma lecture tant j'étais ému au-delà du supportable par la violence, tant psychologique que physique, de certaines scènes. Depuis la chute du royaume d'Afghanistan, sous les coups de boutoir des partisans armés par les soviétiques, jusqu'à l'intervention américaine qui a chassé (provisoirement ?) le régime des talibans, en passant par les luttes fratricides entre seigneurs de la guerre qui ont conduit le pays au chaos, la condition de la femme n'a cessé de connaître des hauts et des bas en cette terre d'Islam, au gré des clans divers qui ont dirigé le pays. Un grand, très grand moment d'émotion et un témoignage bouleversant. Puisse-t-il faire réfléchir...

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note: 5ah les femmes... Jean-François - 4 décembre 2016

Le Caire, à l'aube de l'indépendance. Encore anglaise, mais pour peu de temps, l'Égypte du début des années 20 hésite entre le repli identitaire et l'ouverture vers le monde occidental. Au travers du conflit des générations au sein de la famille d'Ahmed Abd-el-Gawwad c'est toute la classe moyenne égyptienne qui est décrite, vue du côté des hommes. Ahmed mène une double-vie, autoritaire et respectueuse des préceptes coraniques lorsqu'il est en famille, débridée et oublieuse de ces mêmes préceptes lorsqu'il est avec ses amis à la "villa". De ses deux fils encore en vie, l'aîné va choisir de vivre ses désirs au jour le jour, comme son père mais sans le savoir, l'autre va refuser de se conformer aux volontés paternelles et se détournera de la religion pour poursuivre sa quête du savoir. Le destin des femmes (sœurs, épouses, almées) est brossé en filigrane, mais le vrai sujet du roman est le désir masculin, qui est analysé sous toutes ses coutures à travers les relations (charnelles ou non) que nouent nos trois héros avec l'autre versant de l'humanité. Loin d'une vision narcissique de l'amour, "Le palais du désir" réussit à capter l'attention du lecteur à travers des dialogues et des monologues intérieurs qui rendent étrangement présents les personnages d'Ahmed et de ses deux fils Yasine et Kamal. Un message d'humanisme et une analyse sans faux-semblants de la religion et des méandres de l'amour...

La désirante (Malika Mokeddem)

note: 5lou es-tu entends-tu ? Jean-François - 4 décembre 2016

La narratrice, Shamsa, orpheline algérienne recueillie et élevée en Algérie par des religieuses françaises, part à la recherche de son compagnon, Léo (Lou), parti en mer et disparu huit mois plus tôt au large des côtes tunisiennes. Elle décide de conduire elle-même, en solitaire et pour la première fois, le catamaran à bord duquel il a disparu. Certains indices laissent à penser que sa disparition n'est pas "naturelle". Enquête et souvenirs (lointains, l'enfance, ou plus récents, l'amour au sein du couple, les beaux-parents, les amis) se mêlent dans une narration habilement construite, qui tient le lecteur en haleine du début à la fin. Un beau roman d'amour, enfin libéré des peurs qui hantaient les premiers romans de cette talentueuse écrivaine.

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note: 4la chine voisine... Jean-François - 4 décembre 2016

Un empereur de Chine autoritaire et passablement sanguinaire, un pape avide de se débarrasser de cette Compagnie de Jésus qui lui fait de l'ombre et menace son pouvoir. On est au milieu du dix-huitième siècle, à l'époque où l'opéra connaît ses premiers succès en Europe et va devenir bientôt le genre musical le plus prisé dans le monde entier. Un de ces opéras, écrit sur un livret de Carlo Goldoni (le célèbre auteur de "La Locandiera" et de maintes autres comédies), va circuler de Venise à Pékin, dans les malles d'un jésuite amateur de bel canto et désireux de faire entrer la dernière musique à la mode à la Cité Interdite. Sur cette trame historique, basée sur des évènements avérés, va se greffer une histoire romancée aux rebondissements spectaculaires, où femmes et eunuques se disputent la possibilité de faire valoir trémolos et vocalises. On apprend que les jésuites étaient présents au sein même de la Cité Interdite, fort appréciés pour leur savoir en matière d'astronomie. Le travail d'érudition qui a présidé à la conception de ce roman est visible, un peu trop tout de même car il nuit à la fluidité des dialogues, alourdis par de nombreuses références historiques. Remarquablement traduit, ce roman historique se lit toutefois avec un grand plaisir et ravira les amateurs de musique et d'orientalisme. Un grand pas également en direction d'une connaissance éclairée de la civilisation chinoise...

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note: 4mortelle vodka Jean-François - 4 décembre 2016

Dans son quatrième opus Camilla Läckberg nous entraîne dans une enquête sur des crimes en série ayant tous comme point commun la vodka, utilisée comme poison mortel. Comme dans les volumes précédents, Patrik Hedström enquête et va dérouler patiemment le fil qui le conduira vers l'arrestation du ou des assassins. Une équipe de télé-réalité débarque à Tanumshede et les remue-ménage provoqués par l'ego surdéveloppé des participants vont brouiller les pistes, jusqu'à ce que... mais chuttt !!! En parallèle, on suit la saga familiale, qui tourne autour du prochain mariage de Patrik et d'Erika, la toujours fidèle compagne de Patrik, et d'Anna, la sœur d'Erika, qui s'est enfin sortie d'une sale déprime et va prendre en charge toutes les corvées. On regrette qu'Erika soit toujours dans les couches-culottes (Maja a grandi mais c'est toujours un bébé) et totalement hors-jeu pour participer à l'enquête. C'est bien dommage, car elle mettait sa touche personnelle dans les premiers volumes de la saga et son humour nous manque terriblement. Sans elle, ça ronronne un peu...

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note: 5london for ever ! Jean-François - 4 décembre 2016

Un recueil de huit nouvelles du célèbre auteur de "Croc-Blanc" et de "Martin Eden". Engagé politiquement (très à gauche, tendance anarcho-syndicaliste) il exalte dans "Les temps maudits" le courage et la volonté révolutionnaire du peuple, en particulier de la classe ouvrière. Qu'il s'agisse du travail des enfants ("Le renégat"), de la révolution et de l'action syndicale ("Le rêve de Debs", "Pour la révolution mexicaine", "Au sud de la fente", "Les favoris de Midas"), du colonialisme ("Le chinago"), de la naissance des modèles économiques ("La force des forts") ou tout simplement du sport ("Une tranche de bifteck"), le message est clair : Jack London se fait le défenseur des oubliés, des opprimés, des perdants, et exalte leur lutte pour sortir de leur condition. Les mots frappent à tout coup (remarquable traduction de Louis Postif) et on est immédiatement plongé dans l'action, sans artifices inutiles. Une œuvre forte, mêlant les genres (heroic fantasy, anticipation, polar...), qui fait chaud au cœur, et toujours d'actualité malgré le temps passé.

Oeuvre non trouvée

note: 5tom-tom Jean-François - 4 décembre 2016

Un hommage à Dickens et Shakespeare dans ce roman "victorien" qui narre les aventures de Tom Bedlam, un enfant pauvre des faubourgs de Londres, que l'on suit de son enfance dans les années 1880 jusqu'à la fin de la première guerre mondiale. Des personnages hauts en couleurs et des situations pleines de rebondissements : George Hagen ose la bonne vieille recette des feuilletons littéraires, pour le plus grand plaisir du lecteur. Pour autant rien n'est gratuit dans cet amoncellement de coups de théâtre, tous plus inattendus les uns que les autres. On y croit et au final la saga tombedlamesque s'avère d'un humanisme qui fait chaud au cœur, une fois le livre refermé. Un récit passionnant, remarquablement traduit, dont on se souviendra longtemps...

Pierrot mon ami (Raymond Queneau)

note: 5queneau, queneau… Jean-François - 4 décembre 2016

Une fête foraine, l'Uni-Park, sur l'emplacement de ce qui deviendra plus tard le Jardin Zoophilique. Au beau milieu de ce décor foiredutrônesque, où l'Alpinic-Railway voisine avec l'inénarrable Palace de la Rigolade, un étrange tombeau, gardé par l'irréductible Mouilleminche qui refuse obstinément de vendre son terrain. Tel est le décor au milieu duquel navigue notre ami Pierrot, amateur de petits boulots et de jolies filles, et ses amis Petit-Pouce et Paradis. Il tombe amoureux de la belle Yvonne, la fille du patron, qui hélas aime Paradis et se fiche pas mal des bonnes manières de notre héros au cœur d'artichaut. Pas facile tout ça, quand on n'a pas un rond en poche et seulement ses yeux pour pleurer. Qu'il est étrange le petit monde de Raymond Queneau, ses personnages mêlant candeur et moquerie, son langage où surgissent ici ou là des incongruités grammaticales, des mots qui n'existent même pas. Et pourtant, qu'il est vrai ! À la lecture de "Pierrot mon ami" les fans de Daniel Pennac découvriront une filiation évidente, sans toutefois les trouvailles de langage qui font florès chez Raymond Queneau, Boris Vian et autres membres du célèbre "Collège de Pataphysique". Raymond Queneau a fait école, et c'est tant mieux pour la langue française, qui a bien besoin d'être "décrassée", et pour notre plaisir de lecteur. À déguster sans modération...

Le sang du renard (Minette Walters)

note: 5drôle de drame... Jean-François - 4 décembre 2016

Une énigme bien ficelée, dans l'Angleterre profonde, loin des brouillards londoniens et de Jack l'Éventreur. Des meurtres inexpliqués, des coups de téléphone anonymes, des rumeurs, et la présence inquiétante d'un camp de "minorités non sédentarisées", il n'en fallait pas tant pour troubler la quiétude de ce petit village déserté du Dorsetshire. Le mystère va s'épaissir autour de l'étrange famille du colonel James Jolly-Renard, reclus dans son manoir en compagnie de son notaire et fidèle ami Mark Ankerton. Un petit air d'Agatha Christie (l'énigme, la recherche du coupable entre des personnages connus ou que l'on croit connaître, les secrets de famille bien gardés au chaud) mais aussi de Fred Vargas (l'atmosphère étrange à la limite du fantastique, les humains qui se prennent pour des animaux). Bref, un cocktail réjouissant, qui se lit d'une traite et donne sacrément envie de lire le suivant...

Le roman d'Olivier n° 1
Les allumettes suédoises (Robert Sabatier)

note: 5olivier chez les bourges Jean-François - 4 décembre 2016

Où l'on retrouve Olivier, le poulbot déluré des "Allumettes suédoises". À la mort de sa mère, la mercière de la rue Labat, cet enfant de la rue se trouve brusquement plongé dans un univers bourgeois, celui de son oncle Henri et de sa tante Victoria, riches propriétaires d'un empire papetier. Le décalage est cruel, tant en ce qui concerne le langage que les "bonnes" manières, dont il n'a vraiment que faire. La très belle Victoria l'effraie un peu, par ses sempiternels rappels à l'ordre et son air compassé, mais tonton Henri s'avère vite un compagnon d'infortune, prêt à partager avec lui le goût de la vraie vie. Notre jeune héros va progressivement découvrir, au-delà des apparences, la véritable substance dont sont faits les êtres qui l'entourent et qui l'aiment malgré lui. Un beau roman initiatique, largement autobiographique, et une belle leçon de vie racontée dans une langue savoureuse. Les noms de marques et les slogans publicitaires (le bon vermifuge Lune...) émaillent le récit et lui donnent une touche de nostalgie.

Le roman d'Olivier n° 2
Trois sucettes à la menthe (Robert Sabatier)

note: 5olivier chez les bourges Jean-François - 4 décembre 2016

Où l'on retrouve Olivier, le poulbot déluré des "Allumettes suédoises". À la mort de sa mère, la mercière de la rue Labat, cet enfant de la rue se trouve brusquement plongé dans un univers bourgeois, celui de son oncle Henri et de sa tante Victoria, riches propriétaires d'un empire papetier. Le décalage est cruel, tant en ce qui concerne le langage que les "bonnes" manières, dont il n'a vraiment que faire. La très belle Victoria l'effraie un peu, par ses sempiternels rappels à l'ordre et son air compassé, mais tonton Henri s'avère vite un compagnon d'infortune, prêt à partager avec lui le goût de la vraie vie. Notre jeune héros va progressivement découvrir, au-delà des apparences, la véritable substance dont sont faits les êtres qui l'entourent et qui l'aiment malgré lui. Un beau roman initiatique, largement autobiographique, et une belle leçon de vie racontée dans une langue savoureuse. Les noms de marques et les slogans publicitaires (le bon vermifuge Lune...) émaillent le récit et lui donnent une touche de nostalgie.

Oeuvre non trouvée

note: 5barcelone de mes amours... Jean-François - 4 décembre 2016

Si vous avez aimé, dans le désordre, "Les indes noires", "Les rivières pourpres", "Les mystères de Paris" ou bien encore "Les trois mousquetaires", alors vous adorerez "L'ombre du vent". Roman gothique, polar noir, très noir, récit fantastique, mélodrame, thriller, roman à énigmes, tous les genres propres à vous faire frémir ou pleurer sont au rendez-vous dans ce récit où passé et présent se mêlent inextricablement au long de cinquante ans d'histoire de Barcelone la grande. Tout part de la visite faite par un enfant de dix ans, Daniel Sempere, dans le "Cimetière des Livres Oubliés", un lieu magique où l'on peut acquérir gratuitement un livre, mais un seul, que l'on se devra de conserver toute sa vie et auquel on consacrera celle-ci. On comprend dès la première page que l'écriture et la lecture, les livres donc, seront au centre de l'histoire. Un stylo rarissime, censé avoir appartenu à Victor Hugo, va servir de lien entre passé et présent. Le reste est action, suspense, amour et... perdition, autour d'une énigme qui va s'enrichir au fil des souvenirs des divers personnages rencontrés par notre détective en herbe. Un plaisir constant tient le lecteur en haleine au long de ces 600 et quelques pages, dont on ne ressort pas indemne. De la belle, très belle littérature populaire, ou littérature tout court pour ceux et celles que ce mot effraie...

Yanvalou pour Charlie (Lyonel Trouillot)

note: 3pauvre charlie... Jean-François - 4 décembre 2016

Mathurin, un avocat d'affaires de Port-au-Prince, a refoulé dans sa mémoire son passé de gamin pauvre. Ce passé va resurgir à l'occasion de l'enterrement de son père au village natal et de sa rencontre avec Charlie, un gamin des rues qui va se coller à lui à ses risques et périls. L'histoire est touchante et le ton, celui de la fable, convient bien à cette satire sociale agrémentée d'un message généreux et universel. Malheureusement j'ai eu beaucoup de mal à suivre le parcours de tous les personnages, en particulier le destin final de Charlie me laisse sur ma faim, j'avoue ne pas avoir très bien compris comment il en est arrivé là. Dommage, car c'est très bien écrit...

Noria Ghozali n° 2
Bien connu des services de police (Dominique Manotti)

note: 5spécial police Jean-François - 4 décembre 2016

Un commissariat de la proche banlieue parisienne. Des flics ripoux, un peu macs, un peu traficoteurs, un terrain vague convoité par des promoteurs immobiliers, une commissaire ambitieuse et mieux connue des services ministériels que de ses administrés, un chauffeur aux allures de truand repenti... Tous les ingrédients sont rassemblés pour de bonnes bavures policières, et un cocktail qui va finir par exploser à la figure et faire pas mal de morts au passage. Heureusement, il y a dans le tas quelques âmes (encore) pures, deux jeunes policiers stagiaires qui n'en croient pas leurs yeux, et Noria qui, dans l'ombre des RG, tisse sa toile et va peut-être mettre à mal tout ce faux-semblant sécuritaire et mafieux. On est en 2010, en France, pays des droits de l'homme et du citoyen, terre d'accueil de longue tradition. Mais les directives gouvernementales sont là, il faut "faire du chiffre" et appliquer les nouvelles consignes : nettoyer, au prix des pires bassesses et en s'en mettant au passage dans la poche. On pense bien sûr à l'inoubliable "Tchao Pantin" mais c'est bien pire, car le monde a changé, et ça ne s'arrange pas. Tout le monde en prend pour son grade dans ce polar noir, très noir, séditieux et politiquement très incorrect. Le polar français s'endormait un peu depuis la mort de Jean-Claude Izzo. Il se réveille, enfin...

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note: 5ah la vie militaire ! Jean-François - 4 décembre 2016

Inspiré du fameux "Désert des Tartares" de Dino Buzzati, "Souvenirs de la guerre récente" nous conte les infortunes d'un jeune marié, recruté de force par l'armée pour une lointaine campagne militaire aux confins de l'Uruguay, face à un ennemi que l'on ne verra jamais, même au bout de neuf longues années de campagne. Splendeurs et misères de la vie militaire, rien ne lui sera épargné de l'ennui quotidien et de l'absurdité d'une vie réglée comme papier à musique, pour un but imaginaire et sans cesse repoussé. Heureusement pour lui, déraciné brusquement d'un foyer qui venait tout juste de se construire, il va se sentir entouré, au sein d'un groupe où les rapports hiérarchiques reproduisent à l'infini le modèle familial. Sera-t-il capable un jour de vivre la vraie vie ? En forme de parabole absurde, Carlos Liscano, dans ce roman écrit lors de ses longues années de prison, dresse un portrait au vitriol, bien que non dénué d'humour, de l'univers carcéral, et plus généralement de l'univers concentrationnaire. Absurdité des situations créées de toute pièce, des ordres donnés de façon aussi péremptoire qu'anarchique, on retrouve là le délicieux cocktail qui permet d'asservir les humains et de les emmener aux confins de la folie...

Cher amour (Bernard Giraudeau)

note: 5dernier voyage, dernier amour... Jean-François - 4 décembre 2016

Dans une langue reconnaissable entre toutes, Bernard Giraudeau conte ses derniers voyages à une belle inconnue, dont le nom ne nous sera pas révélé. S'agit-il de la compagne de ses quinze dernières années ? Lorsqu'il la décrit, elle lui ressemble terriblement, mais elle aime tant la discrétion... Ses voyages, l'artiste qu'il est les justifie par des raisons professionnelles, un tournage lointain, une tournée théâtrale, mais il les accompagne toujours de son regard, si clair et si juste, sur des peuplades oubliées (l'Amazonie), des enfants errant dans des décharges (Manille, Phnom-Penh) et sur les traces encore visibles du passé (les Mapuches du sud chilien). L'artiste est fêté, entouré d'amis, mais l'homme est seul avec son amour lointain, la "femme" éternelle à laquelle il a voué son destin. Un livre hors du commun, une écriture de grande qualité, un partage total avec le lecteur. On ne ressort pas indemne de sa lecture, et l'on regrette celui qui a su nous toucher par sa tendresse, son sourire, qui a su nous faire rire et pleurer au théâtre, au cinéma, et ces dernières années en littérature. Trop tôt disparu, mais il a laissé tant de belles choses...

Juliet, naked (Nick Hornby)

note: 5naked plus ultras Jean-François - 4 décembre 2016

Un roman hors du commun, qui plaira aux amateurs de musique (rock, soul) aussi bien qu'à ceux et celles qui aiment les intrigues psychologiques et, pourquoi ne pas le dire, les histoires d'amour. Tucker Crowe, un guitariste pop-rock des années 80, a brusquement disparu de la scène un beau jour où on l'a vu entrer dans les toilettes du Pits Club, un soir de concert, et ne jamais ressortir. Son dernier album commercialisé, "Juliet", était pourtant un chef-d'œuvre ! Plus personne n'a eu de ses nouvelles depuis, mais un fan-club a vu le jour, et a réussi à dénicher un enregistrement brut du même album, sans orchestre (naked), qu'il va encenser comme si c'étaient les dernières paroles du Christ... Tel est le point de départ d'un fichu concours de circonstances, qui vont mettre face à face des personnages qui n'auraient jamais dû se croiser. Des rencontres, des amours de passage, au fil desquelles les héros de l'histoire vont se transformer, s'enrichir et apprendre à aimer. Non, ce n'est pas gnan-gnan pour un sou même si le message est humaniste et fait du bien au cœur. Beaucoup de finesse psychologique, une histoire merveilleusement racontée, une bonne traduction = beaucoup de plaisir pour le lecteur. À déguster et conseiller aux ami(e)s...

Le mystère de la patience (Jostein Gaarder)

note: 5joker gagnant Jean-François - 4 décembre 2016

Un roman-puzzle totalement hors du commun, qui fait du bien aux neurones. Road-movie, fantastique, policier, conte philosophique, tous les genres se mêlent pour le plus grand plaisir du lecteur. Basé sur un jeu de 52 cartes (plus le joker, personnage principal), ce roman à clé nous vient du froid. Il entremêle l'histoire de Hans-Thomas, un adolescent norvégien en voyage avec son père à la recherche d'une mère descendue vers le soleil, et celle d'une histoire incroyable de nains perdus au milieu d'une île déserte. La frontière entre réel et imaginaire disparaît, au profit d'un message philosophique résumé en une phrase "Celui qui dévoilera le destin devra y survivre". Comprenne qui pourra, mais on se laisse facilement bercer par ce double récit agrémenté des délicieuses gravures sur bois de Sophie Dutertre. De la belle ouvrage, inclassable mais de la lecture de laquelle on sort avec un regard neuf sur le monde qui nous entoure. Une réussite...

Oeuvre non trouvée

note: 5mandarin gourmand Jean-François - 4 décembre 2016

Un policier hors du commun, conçu comme une suite de petites histoires, suivies d'un coup de théâtre final. Comme dans les autres volumes de la série, on est toujours au dix-septième siècle, à l'époque où le Viêt Nam est un empire rival de celui de la Chine voisine. À l'occasion de la venue du percepteur des impôts impériaux un méga-banquet est organisé et chacun des convives, rassemblés autour du jeune et beau mandarin Tân, doit raconter une anecdote particulièrement croustillante. Les histoires rivalisent d'étrangeté, alternant avec des plats aux senteurs typiquement extrême-orientales, dont les ingrédients et la préparation sont racontés dans le plus menu détail. Bizarre pour un roman policier censé nous mettre en face d'une énigme et de sa résolution. Mais patience, tout vient à point, et l'énigme est là où on ne l'attend pas, le terrible coup de théâtre final venant rassurer le lecteur avide de mystère. Si l'odeur de la citronnelle vous incommode, refermez le livre, mais vous allez en perdre l'essentiel...

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note: 5confusion des sentiments Jean-François - 4 décembre 2016

Zoltan, 60 ans et des poussières, descendant d'émigrés "russes-blancs" installé à New York, rencontre, à l'occasion d'un enterrement à Nice, Iéva, une jeune fille dont il va rapidement tomber amoureux et à qui il va confier ses souvenirs sous la forme du manuscrit d'un roman. Grâce à elle, il va enfin retrouver l'inspiration et se remettre à vivre. On oubliera l'artifice d'écriture, cher à Stefan Zweig, pour se plonger dans cette histoire déroutante, qui met en scène des personnages hauts en couleurs, riches, beaux et intelligents, au destin hors du commun. De ce qui aurait pu être un scénario de telenovela à la française, l'auteure a su tirer une analyse assez fine des ressorts troubles du comportement amoureux. On pense à Sagan, mais la qualité de la narration et l'absence de complaisance vis-à-vis de ses personnages rapprochent cette auteure de Nabokov. Un bon moment de lecture et un livre dont on se souvient...

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note: 5une bien étrange affaire... Jean-François - 4 décembre 2016

Tout commence par le meurtre d'une jeune fille, violentée et torturée, dont le corps disparaît mystérieusement de la morgue de New York. On est en 1909, au moment de l'unique visite aux États-Unis qu'y fera Sigmund Freud, invité pour un cycle de conférences dans une université newyorkaise. Sa venue, en compagnie de ses célèbres disciples Carl Jung et Sándor Ferenczi, va déclencher une cabale dans cette Nouvelle-Angleterre restée très puritaine. Dans le même temps une série d'événements, plus rocambolesques les uns que les autres, vont survenir, au cours desquels un jeune enquêteur malin et un jeune psychiatre tout aussi malin (disciple de Freud, of course !) vont conjuguer leurs talents pour dérouler le fil d'une incroyable machination. Au centre de ce thriller psychanalytique, Nora Acton (un cas, celle-là...), une "deb" super mignonne et facile à manipuler, autour de qui s'agitent un tas de personnages tous plus foldingues les uns que les autres (mais tout le monde sait qu'il n'y a ni fol ni dingue dans l'univers de la psychanalyse). L'histoire est complexe mais ça fonctionne, on y croit et on se laisse égarer dans ce jeu de pistes, toutes plus fausses les unes que les autres, jusqu'à la découverte d'une vérité pas jolie jolie. Un bon moment de lecture, pour celles et ceux qui aiment se perdre dans les méandres de l'esprit humain...

Oeuvre non trouvée

note: 5ah, les belles familles ! Jean-François - 4 décembre 2016

La famille Amberson est le fleuron de la ville que le "Major" créa dans le Middle West peu après la fin de la Guerre de Sécession. Richesse, domesticité à foison, renommée de cette nouvelle "aristocratie", ces valeurs sont censées être tombées dès sa naissance dans l'escarcelle de "Georgie", le petit-fils du Major. Beau à mourir, tout comme sa mère Isabel, il va faire des ravages dans le cœur de Lucy, la fille d'un inventeur, pauvre mais qui va faire fortune grâce à son idée d'introduire dans la ville les premières automobiles au grand dam des propriétaires de voitures à chevaux. Tout semble bien parti pour une idylle romanesque genre "ils furent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Hélas, George Amberson, fort attaché aux privilèges de sa "naissance", va s'ingénier à pourrir la vie de sa famille et faire le malheur de celle qu'il aime plus que tout, sa propre mère, et le sien par-dessus le marché. Mélodramatique à souhait, le roman de Booth Tarkington dresse pourtant un portrait sans concession d'une certaine classe que l'on appellerait en Europe les "parvenus". On se sent "accroché" dès les premières pages par le destin chahuté des nombreux personnages, et l'on comprend que ce roman ait inspiré un des cinéastes les plus doués de l'après-guerre, mais aussi des plus infatués de lui-même : Orson Welles.

Erlendur Sveinsson (gros caractères) n° 8
Hypothermie (Arnaldur Indridason)

note: 5la mort et au-delà... Jean-François - 4 décembre 2016

Maria s'est donné la mort, dans le chalet d'été au bord du lac gelé. Elle n'avait pas supporté la mort de sa mère, survenue deux ans plus tôt, et le souvenir du suicide de son père, lorsqu'elle était encore enfant, la hantait. Il en faudrait plus pour décourager le commissaire Erlendur d'aller voir s'il n'y a pas "anguille sous roche". D'autres disparitions étranges, restées inexpliquées, le hantent lui aussi, celle de son jeune frère en particulier, disparu lors d'une tempête de neige. Et s'il existait une vie après la mort ? Erlendur ne croit pas aux fantômes mais bien des témoignages sont assez troublants. Tel est le point de départ d'une quête solitaire (Sigurdur Oli et la fidèle Elinborg sont curieusement absents de cet opus), qui va mener le lecteur au cœur d'une incroyable machination. Arnaldur Indridason poursuit son analyse au scalpel de l'âme humaine. Frissons garantis...

Oeuvre non trouvée

note: 5neige et souvenirs Jean-François - 4 décembre 2016

On a souvent reproché à Jean Giono sa vision sombre de l'humanité, qui contrastait avec une nature, sauvage certes, mais qu'il aimait idéaliser. Comme l'auteur du "Chant du monde", André Bucher travaille la langue, jusqu'à la rendre ronde au palais et goûteuse à souhait. Tous deux nous content leur pays, la Haute-Provence, mais le regard d'André Bucher est tout autre. Ses personnages ne subissent pas la nature, ils la vivent et nous la font aimer. Il est vrai que l'époque n'est pas la même, et que les 4x4 ont remplacé les ânes bâtés, ça facilite bien des choses dans ces contrées reculées. Humanisme, saveur de la langue, sur un fond de jazz des sixties. Comme dans ses autres romans (chez le même éditeur, à la présentation très soignée), André Bucher bâtit pierre après pierre sa petite comédie humaine, et c'est bien sympathique. Un auteur de qualité, qu'il faut déguster et faire partager...

Je vous emmène (Joyce Carol Oates)

note: 5mes jeunes années Jean-François - 4 décembre 2016

L'auteure nous raconte ses jeunes années, de son départ de la ferme familiale, pour suivre des études supérieures, jusqu'à la mort de son père, qu'elle va revoir après une longue, trop longue absence. Désarrois de la fin de l'adolescence lorsque, étudiante boursière, elle loge dans une résidence universitaire pour filles (une "sorority") où ses "consœurs" et la "mère supérieure" (?) lui en font voir des vertes et des pas mûres. Découverte de l'amour, dans les bras d'un étudiant attardé, brillant philosophe mais piètre compagnon. Enfin, retrouvailles avec un père qui l'a tenue à l'écart jusqu'à quitter le giron familial après la mort de sa mère, survenue lorsqu'elle avait dix-huit mois. L'histoire est simple et peut se raconter sans préjudice pour le lecteur, car ce n'est pas un roman à suspense. L'intérêt principal réside dans la sincérité et la finesse de l'analyse psychologique. La narratrice dépeint ses sentiments et sa vision du monde extérieur avec une acuité rarement présente dans la littérature contemporaine. Le trouble est généré par le contraste entre les paroles qu'elle prononce et les pensées qu'elle garde bien cachées au fond de son cœur. Celles-ci apparaissent en italique, d'abord sous la forme de citations car c'est dans sa culture que l'adolescente parvient à trouver les mots pour le dire, puis elle met ses propres paroles à la place. Comme tout cela est vrai, comme tout cela nous ressemble, à tout un chacun !

Oeuvre non trouvée

note: 5un petit bijou Jean-François - 4 décembre 2016

Un petit bijou, pour les amateurs d'heroic fantasy, ou tout simplement de merveilleux. Une époque imaginaire, vaguement moyenâgeuse, un pays imaginaire, que l'on suppose pas très loin des tropiques, et de l'action, du mystère, du dépaysement. Les personnages ne sont pas stéréotypés et évoluent au fil du temps. L'héroïne, dame Carillon de Rochecarre, née Valjine, un tantinet compassée et confite dans ses privilèges de quasi princesse, va déchanter au long d'un exil qui va l'initier aux souffrances et aux difficultés de la vie en groupe, lui faire connaître et apprécier les autres, ceux du peuple en particulier, et la faire elle-même se mieux connaître et se réaliser, enfin, dans ce qu'elle a de meilleur. On l'aura compris, il s'agit d'un roman initiatique, mais qui recèle bien des beautés qu'il faut laisser au lecteur le soin de découvrir. C'est court, c'est bon, à lire de 7 à 77 ans, et bien au-delà...

Oeuvre non trouvée

note: 5à la campagne Jean-François - 4 décembre 2016

Paul et Annette se sont connus grâce à une petite annonce placée dans "Le Chasseur Français" par Paul, agriculteur dans le Cantal. Comment Annette, urbaine du Nord en rupture d'un compagnon alcoolique et violent, a pu lire "Le Chasseur" et tomber sur la fameuse annonce ? On ne le saura jamais, mais l'important c'est qu'ils se soient rencontrés, aimés et aient accepté de "faire famille", comme on dit là-bas. C'est une bien belle leçon de vie que nous conte-là Marie-Hélène Lafon, avec un talent fou d'écriture. Les personnages de "L'annonce", on y croit, on les sent vivre en soi tout le temps de la lecture (et bien après). Chacun d'eux a souffert, mais ils vont pouvoir trouver enfin l'apaisement, dans une vie certes rude mais faite de respect, de la nature, de l'autre, de soi. L'important, dans ce court mais dense roman, étrangement fascinant, ce n'est pas l'histoire, qui est banale aujourd'hui, c'est la vérité qui se dégage des personnages. Paul et Annette, bien sûr, mais également et surtout Éric, le fils d'Annette, un adolescent ouvert au monde des adultes (c'est rare !), intelligent, curieux de tout, en résonance parfaite avec les humains et avec les animaux. On aimerait bien connaître la suite de ses aventures. À savourer sans se presser, mais surtout pas dans le RER entre deux téléphones cellulaires...

La renverse (Olivier Adam)

note: 5un monde sans pitié Jean-François - 4 décembre 2016

Olivier Adam est le peintre inégalable de l'errance perpétuelle. Avec ses mots à lui, ses images fortes, imprégnées d'une vision extatique de la nature, il sait nous faire partager le malaise de ses personnages, toujours à la recherche d'un ailleurs qui sans cesse les ramène vers le rivage qu'ils croient avoir quitté. Dans un contexte de scandale politico-sexuel, qui évoquera aux yeux des habitants de certaines communes de la banlieue sud-est de Paris des événements ayant fait les choux-gras de la presse locale, et le désespoir des administrés, on suit l'histoire d'Antoine, adolescent tourmenté qui voit se briser brutalement l'image idéalisée de ses parents, de sa mère surtout, et ne trouve de salut que dans la fuite. Un huis clos au grand air, éclaté entre une banlieue pavillonnaire impersonnelle et une Bretagne sauvage propice au recueillement et au tri des souvenirs. Un roman initiatique, grave, sur la perte des illusions, ce mal qui fait des ravages chez les personnes les plus sensibles, souvent les plus fragiles, ce mal qui fait du bien aussi lorsque l'on peut enfin se sentir libre. Un livre qui se lit d'une traite, sans reprendre son souffle. C'est de la littérature, oui, mais c'est la vie…

Délit de fuite (Dominique Dyens)

note: 5burn out Jean-François - 3 décembre 2016

Un thriller psychologique qui fait froid dans le dos. C'est l'histoire d'une jeune femme célibataire, victime de l'extrême lassitude causée par l'excès de travail, qui "craque" et part loin de tout, poursuivant son unique obsession : se trouver un mari, avoir des enfants. Une proie facile pour des prédateurs sans scrupules. Cette lente descente aux enfers est racontée avec brio dans ce court roman, d'une efficacité redoutable, qui ne laisse place à aucun doute : méfiez-vous de ceux qui vous veulent du bien. Une morale peu salutaire en ces temps de nombrilisme effréné, mais un sacré bon moment de lecture…

Le cercle de Megiddo (Nathalie Rheims)

note: 1le cercle des dieux disparus Jean-François - 27 novembre 2016

Connaissez-vous le chiffre douze ? Qu'est-ce qu'il vous évoque ? Les signes du Zodiaque ? Bravo, vous êtes un dieu ! Le roman de Nathalie Rheims est une déclinaison de ce chiffre magique, à travers les découvertes singulières d'un groupe d'archéologues prospectant un site au nord d'Israël. Des morts en série (douze), des dieux (devinez combien ?) assoiffés de vengeance et qui envoient des SMS, un complot international, des sages, et des moins sages, aux prises avec des textes sacrés qui s'interprètent à l'endroit comme à l'envers. Tous les ingrédients sont donc réunis pour un best-seller genre "Millénium" ou "Da Vinci code", mis à part le sexe qui manque (curieusement) au rendez-vous. Hélas, hélas (douze fois...), la mayonnaise ne prend pas. Que l'on croie ou non aux pouvoirs magiques des dieux chaldéens, marris de se voir préférer un dieu unique au septième siècle avant notre ère et fermement décidés à se venger sur les humains, n'est pas le seul problème, malheureusement. On s'ennuie ferme et l'action ne vient pas compenser la faiblesse du sujet et la transparence des personnages. Dans le genre biblique je vous conseille plutôt les romans d'Éliette Abécassis sur le même sujet ("Qumran" et la suite) : il faut y croire, d'accord, mais au moins on s'attache aux personnages et à leur quête de la vérité...

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note: 5merle ou coucou ? Jean-François - 27 novembre 2016

Les "René" (en fait Claude et René Pernet mais tout le monde les appelle ainsi, allez savoir pourquoi...) se sont installés à Uzès lorsque René a pris sa retraite du Muséum d'Histoire Naturelle. Ornithologues tous deux, ils collaborent à la société savante locale, qu'ils fournissent en articles et conférences au gré de leurs sorties de terrain et de leurs voyages. L'âge venant, le rythme des sorties s'allège et le goût des voyages s'estompe, la vie se ralentit, jusqu'au jour où survient... le Merle Bleu ! Homme ? Oiseau ? Légende ou réalité ? Il ne faut surtout pas déflorer ce roman écrit avec beaucoup de finesse et de tendresse, par l'une de nos meilleures romancières d'aujourd'hui. Il se lit comme un roman policier (sans crime et sans police), tant la quête de la vérité (humaine) y tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. Michèle Gazier sait ménager ses surprises, en conteuse chevronnée elle tisse sa toile patiemment mais sûrement et j'apprécie particulièrement le dialogue qu'elle parvient à nouer avec ses lecteurs. Une belle leçon d'écriture, loin, très loin des dérives nombrilistes d'une certaine littérature d'aujourd'hui...

Oeuvre non trouvée

note: 5brave margot... Jean-François - 27 novembre 2016

Albinus, un bourgeois "riche, respectable et heureux" (ainsi que le présente l'auteur), est piégé par la jolie Margot, une gamine de seize ans, rouée et bien décidée à le plumer jusqu'à l'os, en compagnie de son alter ego, Axel Rex. Tel est le thème de ce court roman, qui vaut son pesant de lolitas. La morale en prend un coup, c'est sûr, et les "bons" sont méchamment punis, mais dans l'histoire (comme dans la vie ?) qui est vraiment bon, qui est vraiment méchant ? Vladimir Nabokov nous donne sacrément à réfléchir dans ce court roman "berlinois", écrit en russe dans les années 30 et réécrit quelques années plus tard en anglais, donc bien avant le fameux "Lolita" qui fit sa réputation après-guerre, pour le meilleur et pour le pire. Un thriller psychologique décapant, par un maître du genre...

Les Souffrances du jeune Werther (Johann Wolfgang von Goethe)

note: 5werther's original Jean-François - 27 novembre 2016

Après "La Nouvelle Héloïse" (1761), "Les souffrances du jeune Werther" (1774) sonne le glas du classicisme et inaugure le courant "Sturm und Drang" qui sera appelé plus tard "Romantisme" et révolutionnera l'art et la pensée pendant tout le dix-neuvième siècle. Dans ce court récit, en grande partie autobiographique, qui a inspiré nombre d'artistes de la période "révolutionnaire", la morale chrétienne est sérieusement mise à mal. Le héros tombe éperdument amoureux d'une jeune femme, fiancée puis mariée, dont il vante la vertu pour mieux la tenter et, pour finir, la séduire. Las de voir ses ardeurs repoussées il finira par se suicider, après avoir mis en scène sa mort avec panache. Le rouge est mis, le noir aussi tant le pessimisme est de rigueur. Seul rayon de soleil dans ce champ de larmes : la nature, omniprésente, moins que chez Rousseau pourtant, bien entendu toute de paix et d'équilibre (Darwin en donnera une autre vision, mais près d'un siècle plus tard, annonçant la fin du romantisme). Pour ma part j'aurais préféré une vision moins narcissique de l'amour (on sait tout des états d'âme du jeune Werther mais rien des sentiments de sa bien-aimée), vision qui semble (hélas !) revenue en force dans la littérature de ces dernières années, mais côté femmes cette fois.

Personne (Gwenaëlle Aubry)

note: 5tout sur mon père Jean-François - 27 novembre 2016

Comment parler d'un père qu'on a très peu connu, dont la vie est longtemps restée pour vous un mystère ? Ange ? Démon ? Le maudire ? Lui pardonner ? La narratrice a choisi la voie d'un dialogue imaginaire, alternant ses propres souvenirs avec les notes écrites au fil du temps par ce père absent, retrouvées dans ses affaires après sa mort. Chaque chapitre prend pour titre un personnage (au hasard : Jean-Pierre Léaud, Dustin Hoffman, un flic, un clown) auquel le père a pu ressembler au cours de ses métamorphoses. Fragile, il avait pourtant tout pour lui, l'intelligence, la beauté, celle du corps et celle du cœur, mais il était habité par un constant mal de vivre, sans jamais la petite étincelle qui vous rend heureux d'exister et vous permet d'aimer. Ses périodes "fastes", ses amours et ses métiers, entre séjours psychiatriques et clochardise, n'ont jamais été que des faux-semblants, des tentatives désespérées pour exister aux yeux des autres, de ses enfants en premier. Remarquablement bien écrit, ce court roman vous prend à la gorge, et la communion est totale avec les deux personnages. On souffre, on rit avec eux. Que demander de plus à un roman ?

Personne (Gwenaëlle Aubry)

note: 5tout sur mon père Jean-François - 27 novembre 2016

Comment parler d'un père qu'on a très peu connu, dont la vie est longtemps restée pour vous un mystère ? Ange ? Démon ? Le maudire ? Lui pardonner ? La narratrice a choisi la voie d'un dialogue imaginaire, alternant ses propres souvenirs avec les notes écrites au fil du temps par ce père absent, retrouvées dans ses affaires après sa mort. Chaque chapitre prend pour titre un personnage (au hasard : Jean-Pierre Léaud, Dustin Hoffman, un flic, un clown) auquel le père a pu ressembler au cours de ses métamorphoses. Fragile, il avait pourtant tout pour lui, l'intelligence, la beauté, celle du corps et celle du cœur, mais il était habité par un constant mal de vivre, sans jamais la petite étincelle qui vous rend heureux d'exister et vous permet d'aimer. Ses périodes "fastes", ses amours et ses métiers, entre séjours psychiatriques et clochardise, n'ont jamais été que des faux-semblants, des tentatives désespérées pour exister aux yeux des autres, de ses enfants en premier. Remarquablement bien écrit, ce court roman vous prend à la gorge, et la communion est totale avec les deux personnages. On souffre, on rit avec eux. Que demander de plus à un roman ?

Oeuvre non trouvée

note: 5alma de malheur Jean-François - 27 novembre 2016

Une histoire dans l'histoire dans l'histoire, comment appelle-t-on cela ? Une mise en abyme ? Un terme bien savant, je préfère penser à la Vache-qui-Rit, avec ses boucles d'oreilles en forme de camemberts, c'est plus parlant. Il s'agit donc de récits emboîtés, où réalité et fiction se mêlent inextricablement, qu'il vaut mieux ne pas raconter (ouf !!) et laisser au lecteur le plaisir de découvrir et de savourer au fil des pages (les dernières sont presque vides, mais chutttt...). Question subsidiaire: combien d'Alma(s) avez-vous comptées ? Quatre ? Wouahhh, super ! Moi j'ai été jusqu'à trois et encore en faisant un sacré effort de mémoire. C'est merveilleusement bien écrit, et bien traduit. Pour les amateurs et amatrices de labyrinthes romanesques dans lesquels s'égarer sans peur et sans reproche : Jorge Luis Borges, Paul Auster, sans oublier l'ancêtre Luigi Pirandello et ses personnages en quête d'auteur...

Oeuvre non trouvée

note: 5alma de malheur Jean-François - 27 novembre 2016

Une histoire dans l'histoire dans l'histoire, comment appelle-t-on cela ? Une mise en abyme ? Un terme bien savant, je préfère penser à la Vache-qui-Rit, avec ses boucles d'oreilles en forme de camemberts, c'est plus parlant. Il s'agit donc de récits emboîtés, où réalité et fiction se mêlent inextricablement, qu'il vaut mieux ne pas raconter (ouf !!) et laisser au lecteur le plaisir de découvrir et de savourer au fil des pages (les dernières sont presque vides, mais chutttt...). Question subsidiaire: combien d'Alma(s) avez-vous comptées ? Quatre ? Wouahhh, super ! Moi j'ai été jusqu'à trois et encore en faisant un sacré effort de mémoire. C'est merveilleusement bien écrit, et bien traduit. Pour les amateurs et amatrices de labyrinthes romanesques dans lesquels s'égarer sans peur et sans reproche : Jorge Luis Borges, Paul Auster, sans oublier l'ancêtre Luigi Pirandello et ses personnages en quête d'auteur...

Erica Falck et Patrik Hedström n° 3
Le Tailleur de pierre (Camilla Läckberg)

note: 5fjällbacka for ever ! Jean-François - 27 novembre 2016

Un crime odieux et mystérieux (une fillette retrouvée noyée la bouche pleine de cendres), des fausses pistes à n'en plus finir, une fine analyse sociale et psychologique de la société suédoise, tous les ingrédients d'un bon polar contemporain sont réunis. Et les fans seront ravis de retrouver les héros de "La princesse des glaces" et du "Prédicateur" : Patrik Hedström, l'enquêteur toujours prêt à enfreindre les ordres de sa hiérarchie, sa compagne Erica, la journaliste trop curieuse, ici coincée à la maison avec un bébé sur les bras (la soi-disant parité suédoise en matière de congé parental en prend pour son grade...), et sa sœur Anna, éternelle victime de la brutalité des hommes. L'atavisme (génétique ou culturel), au cœur de l'œuvre de Camilla Läckberg, renvoie à une vision mystique (freudienne ? ouh là là, qu'est-ce que j'ai dit là ???) de la criminalité, vue comme une pulsion incontrôlable plus qu'un froid calcul. Agatha Christie est loin, bien que l'on retrouve ici le même art de brouiller les pistes et de donner envie au lecteur de se joindre à l'enquête. En prime, une fois celle-ci terminée et les coupables confondus, l'histoire se termine sur un coup de théâtre qui obligera le lecteur peu attentif à revenir en arrière et... à espérer lire bientôt le prochain volume de cette saga suédoise tout à fait hors du commun !

Oeuvre non trouvée

note: 5une leçon d'humanité Jean-François - 27 novembre 2016

Dans ces mémoires, écrites peu de temps avant qu'il ne se donne la mort en 1942, Stefan Zweig retrace 50 ans d'histoire, de la Vienne riante de la Belle Époque aux bruits de bottes qui ont précédé la Seconde Guerre Mondiale. Aux longues années de bohème et de voyage initiatique (Londres, Paris, Berlin) succède brutalement, dès la fin de la Première Guerre Mondiale, le succès mondial du fabuleux peintre des passions humaines qu'était devenu l'auteur de "Amok" et de "Brûlant secret". L'émergence du nazisme en Allemagne et en Autriche, érigeant la haine des juifs en valeur cardinale, va faire de lui un apatride, d'abord en Angleterre, qu'il retrouve trente ans après, puis en Amérique, où il fuira la guerre et la haine de "l'allemand". Sur cette trame historique, présente dans tous les manuels d'histoire, et reprise tant de fois dans la littérature et le cinéma, Stefan Zweig apporte son regard personnel, un regard que le lecteur ne pourra plus oublier une fois refermé le livre. J'ai été estomaqué par l'acuité de son analyse des causes de la Première Guerre Mondiale. Non, décidément Stefan Zweig n'était pas seulement un spécialiste des choses du cœur, il était aussi un géopoliticien hors pair. Sa profonde connaissance de l'âme humaine lui avait permis de comprendre ce qui pouvait animer les masses bien au-delà des contingences politiques. Un grand moment d'émotion, et une si belle écriture...

Le monde d'hier (Stefan Zweig)

note: 5une leçon d'humanité Jean-François - 27 novembre 2016

Dans ces mémoires, écrites peu de temps avant qu'il ne se donne la mort en 1942, Stefan Zweig retrace 50 ans d'histoire, de la Vienne riante de la Belle Époque aux bruits de bottes qui ont précédé la Seconde Guerre Mondiale. Aux longues années de bohème et de voyage initiatique (Londres, Paris, Berlin) succède brutalement, dès la fin de la Première Guerre Mondiale, le succès mondial du fabuleux peintre des passions humaines qu'était devenu l'auteur de "Amok" et de "Brûlant secret". L'émergence du nazisme en Allemagne et en Autriche, érigeant la haine des juifs en valeur cardinale, va faire de lui un apatride, d'abord en Angleterre, qu'il retrouve trente ans après, puis en Amérique, où il fuira la guerre et la haine de "l'allemand". Sur cette trame historique, présente dans tous les manuels d'histoire, et reprise tant de fois dans la littérature et le cinéma, Stefan Zweig apporte son regard personnel, un regard que le lecteur ne pourra plus oublier une fois refermé le livre. J'ai été estomaqué par l'acuité de son analyse des causes de la Première Guerre Mondiale. Non, décidément Stefan Zweig n'était pas seulement un spécialiste des choses du cœur, il était aussi un géopoliticien hors pair. Sa profonde connaissance de l'âme humaine lui avait permis de comprendre ce qui pouvait animer les masses bien au-delà des contingences politiques. Un grand moment d'émotion, et une si belle écriture...

Oeuvre non trouvée

note: 5mektoub Jean-François - 27 novembre 2016

Peut-on échapper à son destin ? Et si le destin était fait de tous les hasards de la vie, et de tous les efforts que l'on fait pour s'arracher à la terrible fatalité de l'enfance ? Lorsque le frère aîné meurt, alors qu'il venait d'être accepté à l'école de gendarmerie (une aubaine pour toute la famille), quoi de plus "normal" que de demander à son frère cadet (le narrateur) de prendre sa place et d'usurper son identité ? Telle est la fatalité qui s'abat sur ce jeune marocain et va faire de lui un mort en sursis, jusqu'au jour où il parviendra à se détacher de l'emprise de cette mère, tendre mais impitoyable. Au bout d'un long périple, qui l'amènera finalement à Barcelone, il rencontrera l'amour, que la vie lui avait d'abord refusé. Un message d'espoir pour tous les déshérités de la vie, mais aussi un beau, très beau roman, bien écrit, et qui tient chaud au cœur...

Les Chênes qu'on abat (André Malraux)

note: 5on l'appelait "qui vous savez..." Jean-François - 27 novembre 2016

André Malraux, un des derniers fidèles, rencontrait régulièrement Charles de Gaulle à La Boisserie, où celui-ci s'était retiré en 1969. Ce livre est un recueil des dialogues (réels, imaginaires ?) entre ces deux "grands" de l'histoire et de la littérature. On peut regretter la grandiloquence de l'écrivain, qui transporte toujours avec lui des "valises" de citations, allant de Sophocle à Mao-Tsé-Toung, et n'est pas avare de phrases plutôt obscures, à la grammaire tarabiscotée, dont on retiendra malgré tout la grande poésie. C'est agaçant, pour un livre qui se veut un témoignage, mais passons... Beaucoup de thèmes sont évoqués, le Communisme, la Résistance, la lutte contre le Fascisme bien sûr, et celle qu'on appelait familièrement "tante Yvonne" (Yvonne de Gaulle, née Vendroux, la femme du général) fait son apparition au passage, si heureuse de voir son époux enfin débarrassé de ses soucis de chef d'état (elle n'en a malheureusement pas profité longtemps...). Le destin de celui qui fut le plus grand homme d'état français du siècle dernier est évoqué, à travers sa vision de la France, dont il pensait, à tort ou à raison, porter le destin sur ses frêles épaules. Un témoignage bouleversant, qui fait paraître bien pâlottes les petites agitations bling-bling de nos leaders politiques du moment. Un remarquable travail d'écriture aussi, pour ceux et celles qui sont encore sensibles au beau langage...

Vasco n° 22
La Dame noire (Gilles Chaillet)

note: 5black mic-mac Jean-François - 27 novembre 2016

Wouahhh !!! Difficile d'écrire un commentaire lorsqu'on vient juste de finir ce roman-marathon à vous couper le souffle ! Un polar noir (au sens propre du terme), qui vous dévoile une face cachée de la haute société américaine. Sur fond de campagne présidentielle (pas celle d'Obama, illustre inconnu à l'époque...), Julia, l'épouse du président d'une université renommée de Nouvelle-Angleterre, va se trouver entraînée dans une enquête aux nombreux rebondissements. Grâce à sa ténacité, elle va finir par découvrir des secrets pourtant jalousement gardés depuis des décennies, y compris au sein de sa propre famille. L'histoire ne se raconte pas, tellement les personnages sont nombreux, tous essentiels, et tellement l'intrigue est tissée de fausses pistes comme dans un véritable labyrinthe. Au bout de ce jeu de pistes, apparaît une vérité qui ne sera pas bonne à dire... Un véritable bijou, qui plaira aux amateurs d'énigmes policières aussi bien qu'aux fans de John Le Carré et de Philip Roth.

Vasco n° 22
La Dame noire (Gilles Chaillet)

note: 5black mic-mac Jean-François - 27 novembre 2016

Wouahhh !!! Difficile d'écrire un commentaire lorsqu'on vient juste de finir ce roman-marathon à vous couper le souffle ! Un polar noir (au sens propre du terme), qui vous dévoile une face cachée de la haute société américaine. Sur fond de campagne présidentielle (pas celle d'Obama, illustre inconnu à l'époque...), Julia, l'épouse du président d'une université renommée de Nouvelle-Angleterre, va se trouver entraînée dans une enquête aux nombreux rebondissements. Grâce à sa ténacité, elle va finir par découvrir des secrets pourtant jalousement gardés depuis des décennies, y compris au sein de sa propre famille. L'histoire ne se raconte pas, tellement les personnages sont nombreux, tous essentiels, et tellement l'intrigue est tissée de fausses pistes comme dans un véritable labyrinthe. Au bout de ce jeu de pistes, apparaît une vérité qui ne sera pas bonne à dire... Un véritable bijou, qui plaira aux amateurs d'énigmes policières aussi bien qu'aux fans de John Le Carré et de Philip Roth.

Oeuvre non trouvée

note: 5retour à haïti Jean-François - 27 novembre 2016

Comme dans tous ses romans, cet auteur haïtien dont on ne se lassera pas de louer la qualité d'écriture nous raconte une histoire mêlant poésie et réalisme. Le personnage dont on narre les aventures ("l'homme") revient au pays vingt-cinq ans après avoir quitté sa ville natale "Port-aux-Crasses". Il se souvient des longues heures de son enfance passées au volant d'une vieille guimbarde abandonnée à regarder le quai et ses habitants à travers le rétroviseur (cela ne vous rappelle rien (?), mais si cherchez bien...). Ses souvenirs, ses sensations se mêlent intimement avec l'histoire de Faustin, le cireur de chaussures alcoolique. Faustin travaille dur pour nourrir sa famille, qu'il part retrouver à la campagne deux fois l'an après s'être dessoûlé, lavé et avoir enfilé de beaux vêtements. Faustin, le compagnon d'enfance, qui lui aura appris la vie mieux que dans les livres. Faustin, qu'il va rechercher en vain dans cette ville tant aimée et tant haïe aussi. De nombreux personnages aussi truculents les uns que les autres émaillent ce roman-mosaïque, qui se lit d'une traite grâce à la belle écriture de Louis-Philippe Dalembert. C'est également un témoignage bouleversant sur la vie quotidienne du peuple haïtien. La totale quoi...

Oeuvre non trouvée

note: 5fenêtre sur divan Jean-François - 27 novembre 2016

Dans ce vocabulaire écrit "au petit bonheur", Jean-Bertrand Pontalis se livre à un devoir de mémoire. Secrets sortis du passé, nostalgies, regrets, espoirs sont autant d'ouvertures (vers le passé, vers l'avenir) que l'auteur s'efforce d'analyser, à la lumière de ses souvenirs de praticien. Dans un langage simple, débarrassé du jargon et des tournures alambiquées des spécialistes, l'écrivain-psychanalyste avoue en toute modestie sa faiblesse face aux souffrances de ses patients, et éclaire d'un jour nouveau de nombreux concepts restés longtemps obscurs pour le commun des mortels. Loin des querelles de chapelle qui ont précipité le déclin de l'analyse freudienne, cette œuvre d'une grande lucidité, facilement accessible au lecteur curieux et attentif, renoue les liens avec une tradition associant savoir et qualité de l'écriture. Un régal...

J'aurais voulu être égyptien (°Alā al- Aswānī)

note: 5qu'ils sont loin les pharaons... Jean-François - 27 novembre 2016

Avec son humour corrosif, loin des clichés touristiques, l'auteur nous emmène dans les coulisses d'un pays très secret, l'Égypte. Ce recueil rassemble des textes non publiés ou peu connus d'Alaa El Aswany. Il s'ouvre par une longue nouvelle (ou un court roman au choix), intitulée bizarrement "Celui qui s'est approché et qui a vu", reprenant pour l'essentiel "Les feuillets d'Issam Abd El Ati" qui ont valu tant de déboires auprès de la censure égyptienne au futur auteur de "L'immeuble Yacoubian". Les autres nouvelles, plus courtes, sont tout aussi savoureuses. Elles dépeignent sans pudeur et sans complaisance les diverses facettes de l'âme égyptienne. Quel curieux mélange de roublardise et de finesse que l'esprit égyptien d'aujourd'hui, façonné par des siècles de servitude après avoir dominé le monde "civilisé" ! J'ai particulièrement apprécié la nouvelle intitulée "Le factotum", où l'on voit Hicham, un brillant étudiant en médecine, tout innocent dans sa candeur juvénile, se hisser d'un puissant coup d'épaules dans la hiérarchie du département de chirurgie d'un grand hôpital du Caire. On ne saura pas quel stratagème il a utilisé pour se faire valoir auprès du grand patron, mais ce n'est sans doute pas joli joli... Cela se passe pourtant ainsi dans notre pays, non ? À travers l'égyptien, c'est bien l'homme qu'Alaa El Aswany dépeint. Balzac n'est pas loin...

Oeuvre non trouvée

note: 2un… dos… tres ! Jean-François - 27 novembre 2016

Une sombre affaire d'espionnage et de tableau volé. Un jésuite ayant perdu la foi. Une course au trésor. Trois histoires en parallèle pour un thriller signé d'un des maîtres de la nouvelle littérature latino-américaine. Trois lectures qui s'entremêlent, chacune passionnante, mais on perd le fil lorsqu'elles se raccrochent entre elles vers la fin du roman. On dirait que l'auteur s'est lassé lui-même et a bâclé le travail au moment crucial. Dommage ! Comme dans les lave-vaisselle, trois en un c'est bien pratique mais le résultat n'est pas toujours parfait...

Maman, je veux pas être empereur (Françoise Xenakis)

note: 3ce néron au sourire si doux... Jean-François - 27 novembre 2016

Une tentative de réhabilitation d'un pervers polymorphe, et pas le moindre: l'empereur Néron, bien connu des manuels d'histoire pour ses crimes contre l'humanité (l'incendie de Rome, le massacre des chrétiens) et le "suicide" de ses proches lorsqu'ils avaient le malheur de lui déplaire ou de comploter contre lui. Dur dur... Même Bruno Bettelheim n'aurait pas osé, c'est dire ! Malgré tout, ce roman épistolaire est écrit avec beaucoup d'humour et les lecteurs qui apprécient les plaisanteries tournant autour du sexe (style Reiser ou Wolinski) se régaleront. Reste le plaisir éternel de la lecture, car c'est très bien écrit...

Maman, je veux pas être empereur (Françoise Xenakis)

note: 3ce néron au sourire si doux... Jean-François - 27 novembre 2016

Une tentative de réhabilitation d'un pervers polymorphe, et pas le moindre: l'empereur Néron, bien connu des manuels d'histoire pour ses crimes contre l'humanité (l'incendie de Rome, le massacre des chrétiens) et le "suicide" de ses proches lorsqu'ils avaient le malheur de lui déplaire ou de comploter contre lui. Dur dur... Même Bruno Bettelheim n'aurait pas osé, c'est dire ! Malgré tout, ce roman épistolaire est écrit avec beaucoup d'humour et les lecteurs qui apprécient les plaisanteries tournant autour du sexe (style Reiser ou Wolinski) se régaleront. Reste le plaisir éternel de la lecture, car c'est très bien écrit...

Oeuvre non trouvée

note: 5africa ! Jean-François - 27 novembre 2016

Une épopée africaine, au temps où l'Afrique était partagée entre les grandes puissances européennes. Sur fond de première guerre mondiale, anglais et belges, alliés pour l'occasion, tentent de déloger les allemands du lac Tanganyika. Geoffrey Spicer-Simson, transfuge de la marine marchande, un vrai-faux commandant désolant de naïveté et de prétention, va alors organiser à ses frais une expédition destinée à couler un navire allemand. Deux minuscules canonnières, affrétées à Londres, vont transiter à grand peine à travers le continent africain, en compagnie de personnages hauts en couleur, recrutés au petit bonheur la chance, jusqu'aux rives du fameux lac. Au nez et à la barbe des riverains médusés, Spicer, que tout le monde prend pour un clown grotesque, va réussir un coup de maître, qui va faire de lui un demi-dieu. Presque cent ans après, son effigie est toujours présente sur les étals africains, alors que le souvenir de son épopée a disparu depuis longtemps des mémoires. Ce récit, basé sur des documents historiques et abondamment documenté, retrace un moment peu connu de l'histoire de la colonisation, qui a pourtant inspiré romanciers et cinéastes, et pas des moindres (Joseph Conrad, John Huston). La véracité du récit et la légèreté du style (un hourra pour le traducteur !) font de ce livre un chef-d'œuvre de la catégorie aventure. Captivant !

La mauvaise rencontre (Philippe Grimbert)

note: 5deux amis Jean-François - 27 novembre 2016

Deux amis, inséparables depuis la petite enfance : l'un va rester sur la rive, l'autre va sombrer doucement vers la paranoïa. Pour ce dernier, La "mauvaise rencontre" c'est celle de l'être cher, qui compte plus que tout au monde mais qui va s'éloigner un jour pour gagner sa liberté, pour vivre tout simplement. Pour le survivant, la "mauvaise rencontre" c'est le goût amer du remords : s'il n'avait pas trahi la confiance de son ami, celui-ci aurait pu échapper à la terrible fatalité de sa maladie. Une histoire troublante, écrite par un grand connaisseur de l'âme humaine. Passionnant !

Oeuvre non trouvée

note: 5saga chinoise Jean-François - 27 novembre 2016

Extrême fin du dix-neuvième siècle. La Chine impériale est aux mains des "grandes puissances" du moment, au premier rang desquelles l'Allemagne de Bismarck : en l'absence d'empire colonial, elle y trouve le moyen de s'approvisionner à bon compte en matières premières et en denrées rares. La Belle Époque dites-vous ? Pas en Chine en tout cas et pas en ce temps-là... Les paysans se révoltent et sont durement réprimés par les armées étrangères qui s'appuient sur le système du mandarinat, fortement attaché à ses privilèges. Dans ce contexte historique mouvementé, Mo Yan nous décrit le destin funeste de Sun Bing, un chanteur d'opéra "à voix de chat" (une forme populaire apparue à cette époque) qui va être victime d'un concours de circonstances devant le conduire à un supplice particulièrement cruel, le "supplice du santal" (âmes sensibles s'abstenir !). Un récit puissant, décrivant avec précision, au travers d'un événement local (la révolte des habitants d'un village du Shangdong), les rouages d'une société féodale sur le déclin. On y découvre que la cruauté de l'armée allemande valait bien le raffinement des fameux "supplices chinois". Bien que complexe dans sa structure et dans les rapports entre les personnages ce roman se lit aisément et passionnera le lecteur du début à la fin. Une œuvre magistrale, malgré un défaut de relecture de la part de l'éditeur, qui a laissé passer de trop nombreuses erreurs de langage.

Tant que je serai noire (Maya Angelou)

note: 5une femme d'humeur Jean-François - 27 novembre 2016

Chanteuse de jazz, strip-teaseuse (on va plutôt dire danseuse...), militante pour les droits civiques (la grande affaire de sa vie), et enfin écrivaine reconnue, après bien des déboires amoureux et financiers. Le destin chaotique de Maya Angelou nous est conté par elle-même avec humour et tendresse. Son franc-parler, ses coups de gueule, mais aussi un cœur gros comme ça, elle sait nous faire partager tout ça dans ce récit très attachant, traversé par des personnages célèbres, au fil de ses rencontres : Martin Luther King, auprès de qui elle s'est engagée un temps, Malcom X (nettement moins sympathique, mais c'était l'époque...), Billie Holiday (copieusement imbibée mais toujours charmante), et enfin Musumzi Make, l'homme qu'elle a un temps épousé, militant des droits de l'homme lui aussi, mais plutôt tendance apparatchik. Un beau morceau d'histoire contemporaine, savoureusement raconté par une grande dame.

Oeuvre non trouvée

note: 5ferdinand chez les godons Jean-François - 27 novembre 2016

Une tribu de français échoués dans le Londres des bas-quartiers au temps de la Grande Guerre. On s'engueule, on s'étripe, et on traficote au vu et au su de la maréchaussée. Un Céline célinant et célinesque à souhait. Bonne connaissance de l'argot requise. Qui a dit que Céline était le Rabelais du vingtième siècle ? Personne, zêtes sûr ? Alors, le mot est lâché. Tonnerre de Brest !

Lord Jim (Joseph Conrad)

note: 5allez, venez milord… Jean-François - 27 novembre 2016

Un récit dans le récit, qui ravira le fan-club de Stefan Zweig. Jim est second sur un navire marchand transportant plusieurs centaines de pèlerins vers La Mecque, commandé par un capitaine à la moralité plus que douteuse. À l'occasion d'un naufrage dans l'Océan Indien, il va fuir le navire en train de sombrer, en compagnie du capitaine et de sa clique, et gagner ainsi la vie sauve sans avoir porté secours aux occupants, tous disparus. À l'issue d'un procès maritime, auquel il aura eu le courage d'assister alors que les autres membres de la bande ont réussi à se défiler à temps, il sera déchu de son titre et vivra ensuite dans la honte perpétuelle de la faute qu'il a commise. Dans un monde régi par la cupidité et la lâcheté des puissants "Lord" Jim, ainsi appelé par les habitants d'une île imaginaire peuplée de malais, va racheter sa faute en devenant un parangon de sagesse et de courage, jusqu'au jour où le monde qu'il croyait fuir va se rappeler à son bon souvenir. Une peinture sans concession de l'âme humaine, dans tous ses replis visibles et invisibles, où l'auteur a mis une bonne part de ses angoisses face à son propre passé. Un récit tortueux, parfois ennuyeux dans sa première partie (le procès, qui n'en finit pas...) mais qui restera gravé dans la mémoire du lecteur. Malgré le décor, maritime à souhait, la mer dans ce beau récit à quatre voix (Jim, Marlow, Stein, Brown) est avant tout une mer intérieure...

Lord Jim (Joseph Conrad)

note: 5allez, venez milord… Jean-François - 27 novembre 2016

Un récit dans le récit, qui ravira le fan-club de Stefan Zweig. Jim est second sur un navire marchand transportant plusieurs centaines de pèlerins vers La Mecque, commandé par un capitaine à la moralité plus que douteuse. À l'occasion d'un naufrage dans l'Océan Indien, il va fuir le navire en train de sombrer, en compagnie du capitaine et de sa clique, et gagner ainsi la vie sauve sans avoir porté secours aux occupants, tous disparus. À l'issue d'un procès maritime, auquel il aura eu le courage d'assister alors que les autres membres de la bande ont réussi à se défiler à temps, il sera déchu de son titre et vivra ensuite dans la honte perpétuelle de la faute qu'il a commise. Dans un monde régi par la cupidité et la lâcheté des puissants "Lord" Jim, ainsi appelé par les habitants d'une île imaginaire peuplée de malais, va racheter sa faute en devenant un parangon de sagesse et de courage, jusqu'au jour où le monde qu'il croyait fuir va se rappeler à son bon souvenir. Une peinture sans concession de l'âme humaine, dans tous ses replis visibles et invisibles, où l'auteur a mis une bonne part de ses angoisses face à son propre passé. Un récit tortueux, parfois ennuyeux dans sa première partie (le procès, qui n'en finit pas...) mais qui restera gravé dans la mémoire du lecteur. Malgré le décor, maritime à souhait, la mer dans ce beau récit à quatre voix (Jim, Marlow, Stein, Brown) est avant tout une mer intérieure...

Oeuvre non trouvée

note: 5un été en amazonie Jean-François - 27 novembre 2016

Un petit bijou, présenté par Luc Besson, qui ravira les amateurs d'heroic fantasy. Malgré le titre de la collection (15-20) c'est lisible à tout âge : après tout, Jules Verne n'écrivait pas pour la jeunesse ! Des situations plus invraisemblables les unes que les autres se succèdent à un rythme effréné, sur un fond écolo assez sympa puisqu'il s'agit pour nos héros de revenir du futur pour sauver... l'Amazonie ! Dans ce futur, éloigné de pas moins d'un millénaire, la Terre est devenue un désert pollué, sur lequel les quelques humains qui survivent s'entretuent : pas si idiot que ça, si l'on en croit les spécialistes du climat. Si l'Amazonie n'avait pas été déboisée par les méchants à la solde de l'Armée des Ombres, la Terre aurait pu devenir un paradis. Tel est le postulat de départ de cette aventure rocambolesque où tout est possible grâce à la communication télépathique entre humains mais aussi avec les animaux : un chien super-intelligent et télépathe (hérité de Clifford Simak ?), un gourou illuminé mais fin stratège, de jeunes héros sans peur et sans reproche, et toute la ménagerie tropicale qui va se mettre au service de la bonne cause, pour bouter les méchants destructeurs de la forêt. Ne cherchez pas trop la véracité des situations, c'est le genre qui veut ça, et laissez-vous aller...

Oeuvre non trouvée

note: 5mandarin malin Jean-François - 27 novembre 2016

Le cinquième volume des enquêtes du mandarin Tân le montre aux prises avec de nombreux mystères : un comte est retrouvé la gorge tranchée, noyé dans son sang, des jonques sont attaquées par une armée de morts-vivants, des cadavres surgissent de leurs tombes et dérobent les stèles funéraires, des marchandises précieuses disparaissent au nez et à la barbe de l'administration. Dans le cadre somptueux de la baie du Dragon (la fameuse baie d'Ha Long), Tân, accompagné de son fidèle acolyte le lettré Dinh, va déjouer les traquenards de deux jeunes et belles femmes trop passionnées par leurs idéaux. Le combat final, qui associe la puissance et la magie du Kung-fu, verra notre héros bien près de succomber, mais il sera sauvé in extremis par l'amour d'une belle guerrière. Beaucoup de poésie dans ce volume, très bien écrit comme d'habitude, qui ravira les amateurs d'énigmes policières tout autant que d'aventures guerrières aux pays des arts martiaux. En solo comme en duo, une réussite de plus des très talentueuses sœurs Tran-Nhut...

La fenêtre panoramique (Richard Yates)

note: 5l'enfer au paradis Jean-François - 27 novembre 2016

Une dissection au scalpel des problèmes d'un couple de la Nouvelle-Angleterre, dans les années 50. Un roman universel et de tous les temps, à ne pas lire toutefois dans un moment de déprime (surtout la fin !), mais riche d'enseignements sur ce qu'il ne faut surtout, mais surtout pas faire avec l'être aimé ! L'histoire est banale : un couple qui se défait parce qu'il a été bâti sur des illusions, des disputes suivies de réconciliations, une grossesse non désirée qui va conduire à la rupture finale, des voisins et amis qui vous veulent du bien mais vont gâter les choses. Tout cela a été archi vu et revu, dans toutes les cultures et à toutes les époques ("Une femme mariée", "Madame Bovary", "L'amant de Lady Chatterley", "Washington Square" et tant d'autres fleurons de la littérature psychologique). Mais chez Richard Yates, quelle finesse d'analyse des petits riens qui en disent (trop) long, du lent changement qui s'opère chez les êtres au fil du temps, de la voix intérieure qui vous dit ce qu'il faut faire et que vous n'écoutez pas. Rarement le paradis n'a été aussi près de l'enfer au pays des gens heureux...

Léviathan (Paul Auster)

note: 5jeux de hasard Jean-François - 27 novembre 2016

Un roman, devenu classique, du plus francophile et du plus lu (en France) des auteurs américains contemporains. L'étrange histoire de Benjamin Sachs, parti un jour de sa maison dans le Vermont pour une petite promenade roborative dans la forêt avoisinante, va s'achever plusieurs années plus tard dans l'explosion de la bombe qu'il a lui-même mise à feu. Une promenade au milieu des êtres chers au narrateur, des hommes et des femmes à la forte personnalité, soumis au conflit incessant entre les lois du hasard et leur propre désir de vivre et d'aimer. Rencontres inattendues entre des personnes qui n'auraient jamais dû se rencontrer, amours et désamours s'égrènent au fil de cette narration brillante, excellemment traduite, qui renoue avec les ressorts narratifs du Nouveau Roman (Butor, Sarraute, Robbe-Grillet) tout en laissant le lecteur impatient de lire la suite et, en un mot, captivé.

Erlendur Sveinsson (gros caractères) n° 3
La cité des Jarres (Arnaldur Indridason)

note: 5adn en folie Jean-François - 27 novembre 2016

Un meurtre associé à une sombre histoire de filiation vient troubler l'existence de l'inspecteur Erlandur et de ses fidèles acolytes Sigurdur Oli et Elinborg. Un cerveau prélevé sur un cadavre vieux de 40 ans et une odeur tenace de pourriture sur la scène de crime vont conduire nos enquêteurs à remuer la fange d'une Islande s'apprêtant à entrer doucement dans le long hiver boréal. Bien des personnages vont être bousculés par un Erlandur en colère mais décidé à aller jusqu'au bout de ses intuitions et la vérité finira par éclater. Une atmosphère très "gore" pour un polar réaliste qui nous fait découvrir la face cachée de la "tranquille" cité de Reykjavik. C'est le premier volume des célèbres enquêtes du commissaire Erlendur Sveinsson, qui n'est encore qu'inspecteur dans celui-ci, et c'est déjà un petit chef-d'œuvre. À déguster sans se priver...

Oeuvre non trouvée

note: 1victoria, au secours ! Jean-François - 27 novembre 2016

Et encore un roman victorien ! La mode en a été lancée par le succès de "La rose pourpre et le lys" de Michel Faber. Un gros livre, bien épais : 423 pages pour celui-ci, c'est déjà mieux que les 1142 pages du roman de Faber, mais c'est encore beaucoup trop par rapport à la matière du roman. Des phrases alambiquées, sans doute pour imiter le style de l'époque, et des personnages aux sombres penchants, tout en mensonges et en cachotteries. Résultat : on n'y comprend strictement rien ! Angelica est une charmante fillette de 10 ans, très belle et très intelligente, dont le papa décide un jour qu'elle ne doit plus dormir dans le lit conjugal, qui n'est pas destiné à ça. En gros, voilà la trame de l'histoire. Là-dessus se greffe, comme c'est de rigueur aujourd'hui quand on veut faire un gros bouquin, une vision éclatée de l'histoire, à travers la mère, Constance, le père et une étrange personne, qui va s'installer at home (ça se passe en Angleterre !) sous le prétexte de faire disparaître les mauvais esprits qui hantent la maison (en fait elle ne pense qu'à rançonner la crédule Constance). Constance est-elle folle lorsqu'elle croit que sa fille subit des sévices de la part des esprits ? Joseph, le vivisecteur de Beagles, a-t-il des attouchements avec sa fille, voire pire, lorsqu'il vient lui parler seul à seule ? Et que pense de tout ça Angelica ? Le lecteur peut tout imaginer et n'a qu'à remplir lui-même les pages manquantes...

La dernière tribu (Éliette Abécassis)

note: 4messies à gogo Jean-François - 26 novembre 2016

Surfant sur la vague mystico-policière initiée par "Le nom de la rose" (Umberto Ecco) et qui a donné naissance à de nombreux best-sellers au cours des vingt dernières années, Éliette Abécassis nous emmène au pays du soleil levant. Son héros récurrent, Ary Cohen, érudit, grand-prêtre (et néanmoins homme d'action), descendant en droite ligne des Esséniens (2000 ans !), nous fait découvrir des aspects inconnus des relations entre le shintoïsme (la religion ancestrale du Japon, antérieure au bouddhisme et encore pratiquée dans de nombreux temples) et le judaïsme. Il existe une théorie affirmant que les japonais sont les descendants des dix "tribus perdues" d'Israël, dispersées il y a environ 3000 ans. Tel est le point de départ d'une intrigue aux nombreux rebondissements qui nous emmène d'Israël au Japon, en passant par le Népal et le Tibet, sur fond d'aventure amoureuse entre le héros et Jane (sic !), une jeune enquêtrice de la CIA. Tous les ingrédients d'un bon roman d'espionnage sont au rendez-vous, sur un fond d'érudition tout à fait crédible comme dans les autres romans de la série. Dommage toutefois que le souci d'historicité prime sur l'action (une fois le livre refermé on n'ignore plus rien de l'histoire comparative des religions), et dommage aussi que l'auteure ne cite pas ses sources en fin d'ouvrage...

La vie meurtrière (Félix Vallotton)

note: 5une mort insipide Jean-François - 26 novembre 2016

Une vie insipide, une mort au diapason. Le roman tout en grisaille de Félix Vallotton contraste avec sa peinture, célèbre par ses couleurs en grands aplats lumineux. Ici, rien de tel où tout n'est que misère, fureur et dégoût de soi-même. Le personnage central de l'histoire, qui conte ses déboires dans un manuscrit remis entre les mains du commissaire chargé de l'enquête sur les circonstances de sa mort, a vécu persuadé que toutes les personnes qui l'approchaient d'un peu trop près étaient vouées à une mort certaine. Et, bien entendu, son comportement génère ces situations fatales, tant il est englué dans le marasme où il entraîne ses proches. Mais rassurez-vous, on ne sort pas de la lecture de ce court roman pour aller se jeter dans la Seine ou sous un train. Le ton est enlevé, plein d'une tendre ironie, et on finit même par sourire aux malheurs que ce jeune homme sème autour de lui, tant sa naïveté est touchante. On pense aux héros désabusés d'Emmanuel Bove, aussi à la vallée de larmes des "Souffrances du jeune Werther". Une lecture déconseillée donc aux personnes en trouble dépressif, mais qui ravira les amateurs de belles lettres…

Le temps vieillit vite (Antonio Tabucchi)

note: 4souvenirs, souvenirs... Jean-François - 19 novembre 2016

Un recueil de neuf petites nouvelles autour du temps (qui passe, pas celui qu'il fait !). Une promenade sentimentale à travers l'Europe, au fil des rêveries de l'auteur. Une écriture allusive, toute en finesse, qui demande toutefois pas mal d'efforts de la part du lecteur : à se laisser bercer par la petite musique de Tabucchi on perd vite le fil de la narration...

Oeuvre non trouvée

note: 5le ghetto, et autres horreurs Jean-François - 19 novembre 2016

Neuf valises, c'est le fardeau que l'on se coltine lorsque, devant fuir son pays, sa famille, sa maison, son travail, ses amis, on veut s'accrocher à tout ce qui reste d'une vie. Cette vie, c'est celle de l'auteur, journaliste, polémiste, farouche opposant au régime Horty, mis en place sur le modèle de l'Italie fasciste et bientôt de l'Allemagne nazie. Juif de surcroit, Béla Zsolt va voir le sort s'acharner sur lui, dès lors que les bruits de bottes l'emportent sur les patenôtres des pacifistes. Les lois anti-juives se durcissent, après un aller-retour Budapest-Paris, le mal du pays (les neuf valises !) l'emportant sur l'instinct de survie, il va être envoyé en Ukraine, sur le front est de la guerre où, comme des milliers de ses coreligionnaires, il sera soumis à des travaux forcés. Puis c'est l'enfermement dans un ghetto provincial, avant de rejoindre celui de Budapest après maintes péripéties lui ayant permis d'échapper aux wagons plombés de la "solution finale". Le récit, haletant, nous fait parcourir, en direct, l'horreur d'une époque, maintes fois évoquée au travers de la littérature et du cinéma, mais jamais avec cette acuité et cette franchise dans la description - au-delà de la souffrance physique - des mille et une bassesses dont est capable l'humanité, que l'on soit victime ou bourreau. Non, on ne ressort pas indemne de ce témoignage, écrit avec le sang. Puisse-t-il faire reculer la tentation de l'holocauste, aujourd'hui et demain…

Oeuvre non trouvée

note: 5l'île de la découverte Jean-François - 12 novembre 2016

Atlanta, Géorgie. Non, ne cherchez pas Rhett Buttler, ni le son du canon. C'est aujourd'hui (enfin presque), dans la "middle class" américaine, que ça se passe. Molly, mariée, deux (grands) enfants, voit son gentil univers se détruire brusquement. Son mari la trompe, demande le divorce, lui coupe les vivres et lui demande de quitter les lieux, dont il est seul propriétaire. Sur ces entrefaites, sa mère, qui l'a élevée sans jamais lui donner quelque espoir de réussir dans la vie, décède brusquement, la laissant seule, sans autre appui qu'un père effondré, se laissant couler dans la dépression... Wouahhh, quel programme ! Et pourtant... Répondant à l'invitation d'une amie, elle part pour quelques jours sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, dans ce Nord où elle n'aurait jamais pensé se rendre un jour. À l'occasion de ses pérégrinations elle découvre un panneau indiquant un cottage à occuper gratos, via quelques services à la personne. Cette découverte va faire basculer sa vie, et lui faire découvrir des êtres simples, marqués par la vie, aux antipodes du milieu aisé dont elle est issue et où elle s'est laissé enfermer pendant tant d'années. Dans ce roman, qui aurait pu être un ramassis de lieux communs, Anne Rivers Siddons dresse un portrait de femme attachant, et nous donne une belle leçon de vie. Un roman de détente, mais la couverture est trompeuse, c'est beaucoup mieux que ça au final...

Oeuvre non trouvée

note: 5l'île de la découverte Jean-François - 12 novembre 2016

Atlanta, Géorgie. Non, ne cherchez pas Rhett Buttler, ni le son du canon. C'est aujourd'hui (enfin presque), dans la "middle class" américaine, que ça se passe. Molly, mariée, deux (grands) enfants, voit son gentil univers se détruire brusquement. Son mari la trompe, demande le divorce, lui coupe les vivres et lui demande de quitter les lieux, dont il est seul propriétaire. Sur ces entrefaites, sa mère, qui l'a élevée sans jamais lui donner quelque espoir de réussir dans la vie, décède brusquement, la laissant seule, sans autre appui qu'un père effondré, se laissant couler dans la dépression... Wouahhh, quel programme ! Et pourtant... Répondant à l'invitation d'une amie, elle part pour quelques jours sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, dans ce Nord où elle n'aurait jamais pensé se rendre un jour. À l'occasion de ses pérégrinations elle découvre un panneau indiquant un cottage à occuper gratos, via quelques services à la personne. Cette découverte va faire basculer sa vie, et lui faire découvrir des êtres simples, marqués par la vie, aux antipodes du milieu aisé dont elle est issue et où elle s'est laissé enfermer pendant tant d'années. Dans ce roman, qui aurait pu être un ramassis de lieux communs, Anne Rivers Siddons dresse un portrait de femme attachant, et nous donne une belle leçon de vie. Un roman de détente, mais la couverture est trompeuse, c'est beaucoup mieux que ça au final...

Trois fois dès l'aube (Alessandro Baricco)

note: 5rencontres Jean-François - 12 novembre 2016

Trois nouvelles autour de rencontres, à l'heure où tout le monde (ou presque) dort encore. Rencontres fortuites, entre un homme et une femme que tout éloigne, âge, milieu social, mais qui vont pouvoir se parler, échanger leurs expériences, s'aider aussi à voir la vie autrement à la faveur d'une nuit qui n'en finit pas de s'achever. Trois petits bijoux d'écriture, qui font chaud au cœur en ces temps de communautarisme généralisé.

La vérité et autres mensonges (Sascha Arango)

note: 5ceci est un roman Jean-François - 12 novembre 2016

Au fur et à mesure de la lecture, un sentiment de gêne remplace l'angoisse, habituellement de mise dans un thriller psychologique. Hendry Hayden, le célèbre auteur de "Frank Ellis" et de maints autres titres à succès, fait les beaux jours de la maison d'édition de Claus Morany, où travaille sa maîtresse Betty Hansen. Mais comment a-t-il pu acquérir ce talent d'écriture, reconnu par les meilleurs critiques, lui qui n'a connu que galères et ratages en tous genres avant de surgir comme un soleil dans le milieu de l'édition ? Quelle est la vérité de cet homme, dont le comportement peut toujours s'interpréter en noir comme en blanc ? L'auteur se joue de la notion de bien et de mal, de vérité et de mensonge, faisant de l'ambigüité le ressort du drame qui se joue. Un roman étrange, envoûtant, qui laisse la sensation que la frontière qui nous sépare de la folie est bien poreuse. Mais aussi une réflexion assez profonde sur la face cachée de la création littéraire. Il vaut mieux parfois ne pas savoir…

Oeuvre non trouvée

note: 5percements persans Jean-François - 5 novembre 2016

Le percement des lignes de métro de la ville de Téhéran a connu bien des vicissitudes, notamment dues à la révolution islamique et la terrible guerre contre l'Irak. C'est le thème qu'a choisi Sorour Kasmaï, traducteur de son propre texte écrit en persan, pour nous conter l'histoire de son pays, au travers de la vie de personnages imaginaires : Mithra, l'archéologue, qui recense les vieilles inscriptions, le Jeune Ingénieur, qui s'échine à retrouver les traces d'un très ancien réseau de galeries souterraines (ces deux là sont faits pour s'entendre), Doctor Siemens, Saïd, Farivar, Nozar, et bien d'autres. A mi-chemin du conte (persan comme il se doit) ce roman nous entraîne dans une sarabande infernale où se mêlent rêve et réalité. Merveilleusement bien écrit, "Le cimetière de verre" se laissera déguster par les amateurs de "réalisme magique" : attention, à ne pas lire dans le RER car on perd vite le fil de l'histoire...

Oeuvre non trouvée

note: 5labrador en folie Jean-François - 5 novembre 2016

Jules n'est ni un mari ni encore moins un empereur, juste un labrador retriever doté des pouvoirs d'un médium. Chien-guide d'aveugle, il est le gardien de vie d'Alice, et beaucoup plus que ça aussi, les deux formant un couple symbiotique partageant pensées et nourriture, sans oublier la couette. Jusqu'au jour où… Mais il ne faut pas retirer aux lecteurs le plaisir de la surprise, tant il va se passer de choses incroyables dans la vie de notre héros à quatre pattes. Didier Van Cauwelaert joue avec un talent remarquable sur notre crédulité, face aux découvertes les plus récentes des sciences de la communication, de l'intelligence collective des bactéries aux pouvoirs paranormaux humains et canins. Le tout habillé dans un style enlevé, avec une belle qualité d'écriture, chaque page apportant son lot de ah ! et de oh !, jusqu'à une fin heureuse pour tous les protagonistes. De la fraîcheur, de la verdeur même par moments, et de l'humour en veux-tu en voilà. Une réussite…

Un brillant avenir (Catherine Cusset)

note: 5une vie Jean-François - 5 novembre 2016

À travers l'histoire d'Elena la roumaine, devenue Helen l'américaine, Catherine Cusset nous entraîne dans une captivante aventure psychologique. Elena, pour vivre et se marier avec son bien-aimé Jacob, a dû affronter l'antisémitisme atavique de ses parents, émigrés de Bessarabie en Roumanie à la suite des bouleversements politiques issus des accords de Yalta. Le régime de Ceaucescu n'arrangeant rien de ce côté, l'émigration vers Israël puis vers les États-Unis permet au couple de trouver enfin un équilibre et de fonder un foyer. Pourtant Elena (pardon, Helen) va reproduire le même schéma lorsque son fils Alexandru (devenu Alex) va annoncer à ses parents qu'il aime et veut épouser... une française ! Au-delà de cette trame apparemment banale, ce sont les rapports complexes entre les êtres humains et les caprices du destin qui sont analysés avec finesse et une grande sincérité. L'écriture est réduite à l'essentiel, dans un style très "américain". Dès la première page, on se passionne pour ce chassé-croisé entre les années de jeunesse, de maturité et de vieillesse de l'héroïne.

The promised neverland n° 4
Je veux vivre ! (Kaiu Shirai)

note: 5la mort, et puis quoi? Jean-François - 5 novembre 2016

Tessa sait qu'elle va mourir. Sa leucémie n'a pas pu être enrayée malgré plusieurs années de traitement. Elle n'a encore rien connu de la vie, en tout cas elle le croit. De rage, elle va dresser une liste des choses qu'elle veut absolument faire avant de mourir. Même les choses les plus extravagantes. Et tout finira par se réaliser, car elle dispose d'une furieuse envie de vivre. La force du récit se joue de tous les pièges : ni mièvrerie, ni condescendance, ni larmoyance (un mot qui a tort de ne pas exister). Tout semble si vrai, jusqu'à utiliser les pouvoirs mystérieux de la syntaxe pour peindre les derniers instants…

The promised neverland n° 4
Je veux vivre ! (Kaiu Shirai)

note: 5la mort, et puis quoi? Jean-François - 5 novembre 2016

Tessa sait qu'elle va mourir. Sa leucémie n'a pas pu être enrayée malgré plusieurs années de traitement. Elle n'a encore rien connu de la vie, en tout cas elle le croit. De rage, elle va dresser une liste des choses qu'elle veut absolument faire avant de mourir. Même les choses les plus extravagantes. Et tout finira par se réaliser, car elle dispose d'une furieuse envie de vivre. La force du récit se joue de tous les pièges : ni mièvrerie, ni condescendance, ni larmoyance (un mot qui a tort de ne pas exister). Tout semble si vrai, jusqu'à utiliser les pouvoirs mystérieux de la syntaxe pour peindre les derniers instants…

Demain j'aurai vingt ans (Alain Mabanckou)

note: 5michel et les géants Jean-François - 30 octobre 2016

À onze ans, comment voit-on la vie devant soi ? Comment peut-on s'imaginer que celle-ci aura une fin, mais qu'avant cela bien des choses seront possibles, qu'on ne peut malheureusement pas réaliser. Aimer, être aimé, avoir de l'argent, de la notoriété, on oublie bien sûr que tout cela est loin d'être gagné d'avance et qu'il va falloir beaucoup d'efforts, et une bonne dose de chance, pour y arriver. Alain Mabanckou s'est glissé dans la peau de Michel, un jeune congolais vivant, comme lui-même l'a sans doute vécu, sous le régime marxiste-léniniste qui fit les beaux jours du Congo-Brazza dans les années postcoloniales. Ce savoureux récit d'enfance, fait des innombrables aventures et mésaventures de notre héros, jouant le candide au pays des mille diables (la croyance dans les pouvoirs des esprits est omniprésente), est aussi un astucieux artifice littéraire pour décrire au vitriol la duperie que constituent les idéologies lorsque règnent corruption et désordre généralisé. Un roman remarquable de fraîcheur et de sincérité, qui peut se lire à deux niveaux, l'un léger, l'autre d'une gravité allant bien au-delà de tous les essais que l'on a pu écrire sur l'Afrique noire.

Myron Bolitar n° 8
Promets-moi (Harlan Coben)

note: 3aimée t'es où ?? Jean-François - 29 octobre 2016

Aimée Biel, une lycéenne de 19 ans, a disparu. Myron Bolitar, l'ami de la famille (sic), enquête hors des sentiers battus et de l'enquête officielle. Un parcours chaotique qui va amener notre héros à rencontrer des gens peu fréquentables. La fin est assez banale et l'histoire aurait pu être l'occasion d'une analyse intéressante du comportement des adolescents (hélas, Harlan Coben n'est pas Arnaldur Indridason) mais ce polar se laisse tout de même lire agréablement...

Myron Bolitar n° 8
Promets-moi (Harlan Coben)

note: 4aimée t'es où ?? Jean-François - 29 octobre 2016

Aimée Biel, une lycéenne de 19 ans, a disparu. Myron Bolitar, l'ami de la famille (sic), enquête hors des sentiers battus et de l'enquête officielle. Un parcours chaotique qui va amener notre héros à rencontrer des gens peu fréquentables. La fin est assez banale et l'histoire aurait pu être l'occasion d'une analyse intéressante du comportement des adolescents (hélas, Harlan Coben n'est pas Arnaldur Indridason) mais ce polar se laisse tout de même lire agréablement...

Oeuvre non trouvée

note: 3à bout de souffle Jean-François - 29 octobre 2016

Tous les ingrédients d'un thriller à succès sont réunis dans cette course-poursuite échevelée entre un tueur assoiffé de vengeance, un homme d'affaires peu scrupuleux mais que l'amour rend bon, et une belle et jeune héroïne, spécialiste des secours en conditions extrêmes, accompagnée de sa chienne aux pouvoirs hors du commun. Tout est d'ailleurs hors du commun dans cette histoire peu crédible mais assez attachante par le soin avec lequel sont brossés les personnages. L'incursion du monde animal, autrement que par le truchement de créatures assoiffées de sang, est la bonne surprise de ce roman, qui met en lumière les relations privilégiées qui s'établissent entre humains et animaux dès lors que la confiance est au rendez-vous. Sans Maggie la louve et Monty, le golden retriever au flair exceptionnel, l'histoire aurait pu être banale, mais ces deux-là sauvent la mise, fort heureusement…

Quelqu'un pour qui trembler (Gilles Legardinier)

note: 5fantasia chez les ploucs (bis) Jean-François - 22 octobre 2016

Un Legardinier pas piqué des vers, qui fait du bien au mental par ces temps de désespéritude (le mot est de moi, pas de Ségolène, pour une fois). L'histoire, assez abracadabrante, ne se raconte pas, seuls les mots de l'auteur parvenant à la rendre crédible. Il y a de l'amour, il y a de l'action, un peu de tristesse aussi parfois, mais pas trop. La peur de vieillir, connais pas, dixit Legardinier. La peur de ne pas être aimé, d'être même rejeté, est au cœur du roman, par contre, et l'auteur met en plein dans le mille. Rassurez-vous, tout finit par s'arranger. Je voterais bien pour lui à la prochaine présidentielle, s'il était candidat. Chiche…

Jour sans retour (Kathrine Kressmann Taylor)

note: 5luther contre hitler Jean-François - 15 octobre 2016

Le témoignage bouleversant de sincérité d'un pasteur ayant fui le nazisme peu de temps avant le début de la seconde guerre mondiale. Persécutée et bâillonnée, une partie du clergé luthérien a constitué le noyau dur de la résistance au national-socialisme, dans des conditions particulièrement difficiles en raison de l'endoctrinement massif de la population allemande sous le Troisième Reich. Les ressorts du totalitarisme sont particulièrement bien analysés dans ce récit d'une portée universelle.

Des fleurs pour Algernon (Daniel Keyes)

note: 5science sans conscience… Jean-François - 15 octobre 2016

On a souvent taxé les scientifiques d'apprentis sorciers, lorsqu'une découverte, riche d'applications, est lancée sans prendre en compte les risques qu'elle peut faire courir à l'humanité ou à la nature. Dans une université américaine la chirurgie du cerveau a permis de mettre au point un traitement visant à développer les facultés intellectuelles. Une souris, surnommée Algernon, a d'abord été traitée, devenant capable de se diriger sans erreur dans un labyrinthe en trois dimensions, d'une complexité sans cesse croissante. C'est au tour de Charlie Gordon, un handicapé mental (on disait un "attardé") de trente-six ans, de se faire opérer. Il a été sélectionné car il avait depuis toujours eu l'envie de "devenir intelligent". Les progrès sont spectaculaires, Charlie devenant en quelques semaines un "génie" scientifique mondialement connu, mais seront vite suivis d'une chute tout aussi spectaculaire, à la manière d'un "mauvais trip". L'intérêt du livre, au-delà des sentiments que l'on éprouve pour le héros involontaire de cette navrante épopée pseudo-scientifique, tient à l'analyse des rapports humains qui s'instaurent entre "normaux" et "handicapés" et au mince fil auquel tient le fait d'être accepté ou rejeté par la société. Un discours profondément humaniste, malgré une fin prévisible, très pessimiste en ce qui concerne les bienfaits de la science.

Oeuvre non trouvée

note: 5science sans conscience… Jean-François - 15 octobre 2016

On a souvent taxé les scientifiques d'apprentis sorciers, lorsqu'une découverte, riche d'applications, est lancée sans prendre en compte les risques qu'elle peut faire courir à l'humanité ou à la nature. Dans une université américaine la chirurgie du cerveau a permis de mettre au point un traitement visant à développer les facultés intellectuelles. Une souris, surnommée Algernon, a d'abord été traitée, devenant capable de se diriger sans erreur dans un labyrinthe en trois dimensions, d'une complexité sans cesse croissante. C'est au tour de Charlie Gordon, un handicapé mental (on disait un "attardé") de trente-six ans, de se faire opérer. Il a été sélectionné car il avait depuis toujours eu l'envie de "devenir intelligent". Les progrès sont spectaculaires, Charlie devenant en quelques semaines un "génie" scientifique mondialement connu, mais seront vite suivis d'une chute tout aussi spectaculaire, à la manière d'un "mauvais trip". L'intérêt du livre, au-delà des sentiments que l'on éprouve pour le héros involontaire de cette navrante épopée pseudo-scientifique, tient à l'analyse des rapports humains qui s'instaurent entre "normaux" et "handicapés" et au mince fil auquel tient le fait d'être accepté ou rejeté par la société. Un discours profondément humaniste, malgré une fin prévisible, très pessimiste en ce qui concerne les bienfaits de la science.

Oeuvre non trouvée

note: 2banzai ! Jean-François - 8 octobre 2016

Une lutte à mort entre des ninjas porteurs de dons surnaturels, dans un Japon moyenâgeux à souhait. Beaucoup de trouvailles (l'auteur a su mettre à profit ses connaissances en biologie), des combats comme s'il en pleuvait, mais on s'ennuie ferme passé le premier chapitre, où on a déjà deviné la fin...

Le liseur du 6h27 (Jean-Paul Didierlaurent)

note: 5la goulue Jean-François - 8 octobre 2016

Quel est le personnage principal, dans ce petit livre, réjouissant en diable et que l'on referme avec regret au bout de ses même pas deux cent pages ? Notre liseur, Guylain Vignolles, que les mauvaises langues ne se privent pas d'appeler Vilain Guignol, ou bien cette horrible machine au service de laquelle le destin, malin, l'a asservi ? En d'autres temps, on l'appelait le "pilon", aujourd'hui elle s'apparente à une gigantesque excavatrice fonctionnant à l'envers : elle "avale" des livres, mais aussi des rats et, parfois, quelques membres humains qui se sont égarés. Mais rassurez-vous, il ne s'agit pas d'un thriller "gore", simplement une histoire de livres, ou plutôt de pages arrachés à l'appétit de la "Zerstor 500". Ces pages vont faire le bonheur des gens, passagers d'une ligne de RER (Réseau Express Régional pour les non-franciliens), puis plus tard, le succès venant, résidents d'une maison de retraite, auxquels notre héros fait la lecture. Pas très crédible, tout ça ? Certes, et pourtant cette fabulette nous montre que la réalité la plus morose peut se transformer en conte de fées. Une lecture à conseiller à nos dirigeants, si prompts à déclencher l'enfer sur la planète en oubliant que chacun, après tout, n'aspire qu'à un peu de tranquillité…

Une histoire sans nom (Sarah K.)

note: 5après la messe... Jean-François - 8 octobre 2016

Un mystère plane autour de la grossesse (inavouée) d'une très jeune fille, survenue peu après Noël. Cela ne vous rappelle rien ? Ange ou démon ? L'atmosphère s'épaissit tout au long de ce roman d'épouvante, qui est une réécriture moderne du roman éponyme de Jules Barbey d'Aurevilly. Une réussite du genre, à déguster...

Derrière les panneaux il y a des hommes (Joseph Incardona)

note: 5polar autoroutier Jean-François - 8 octobre 2016

Un huis-clos en milieu ouvert, tel est le pari (tenu) de ce thriller mettant aux prises un tueur en série, le père d'une des victimes, et la capitaine de gendarmerie Julie Martinez, bien handicapée dans son enquête par ses menstrues douloureuses. Sans oublier Tía Sonora, la diseuse de bonne aventure, proxénète d'occasion, et maints autres personnages tout aussi hauts en couleurs. L'écriture colle à l'action, se resserrant à l'extrême ou s'étirant en fonction de l'urgence des situations, naviguant d'un personnage à l'autre dans une vision très cinématographique. Champ-contrechamp, zoom, plan d'ensemble alternent au gré de l'imagination fertile d'un auteur qui a conçu là une œuvre originale, que l'on parcourt à cent-trente kilomètres à l'heure, par temps sec bien entendu…

Oeuvre non trouvée

note: 5heureux qui comme ulysse... Jean-François - 1 octobre 2016

Qui n'a jamais rêvé de larguer les amarres, tout comme cestui-là qui conquit la Toison... Fermer sa maison, changer de nom, couper tous les ponts et partir vers une vie nouvelle, de nouveaux amis et amants, loin des souvenirs culpabilisants de l'enfance. Ce vieux rêve (souvent masculin), Pascal Quignard l'a imaginé sous les traits d'une musicienne, rare et adulée, belle et solitaire, dont la vie va brusquement dériver au gré de ses caprices. Beaucoup d'imprévus vont surgir et mettre quelque peu à mal son projet. Ce beau roman de Pascal Quignard, écrit dans une langue épurée à l'extrême (que d'aucuns taxeront de minimaliste), utilise le pouvoir évocateur des mots pour nous faire partager les errements et les troubles calculs d'une intelligentsia dilettante et désabusée (Sagan n'est pas loin, mais quel style !). Laissez-vous entraîner dans ce voyage imaginaire, sans chercher à y voir se refléter votre propre vie. Le charme opère et, une fois commencé, ce livre vous colle à la peau. Mais Villa Amalia, c'est aussi un film. Je ne l'ai pas vu et pourtant à chaque page j'entends la voix d'Isabelle Huppert. Étonnant, n'est-ce pas ?

Villa Amalia (Pascal Quignard)

note: 5heureux qui comme ulysse... Jean-François - 1 octobre 2016

Qui n'a jamais rêvé de larguer les amarres, tout comme cestui-là qui conquit la Toison... Fermer sa maison, changer de nom, couper tous les ponts et partir vers une vie nouvelle, de nouveaux amis et amants, loin des souvenirs culpabilisants de l'enfance. Ce vieux rêve (souvent masculin), Pascal Quignard l'a imaginé sous les traits d'une musicienne, rare et adulée, belle et solitaire, dont la vie va brusquement dériver au gré de ses caprices. Beaucoup d'imprévus vont surgir et mettre quelque peu à mal son projet. Ce beau roman de Pascal Quignard, écrit dans une langue épurée à l'extrême (que d'aucuns taxeront de minimaliste), utilise le pouvoir évocateur des mots pour nous faire partager les errements et les troubles calculs d'une intelligentsia dilettante et désabusée (Sagan n'est pas loin, mais quel style !). Laissez-vous entraîner dans ce voyage imaginaire, sans chercher à y voir se refléter votre propre vie. Le charme opère et, une fois commencé, ce livre vous colle à la peau. Mais Villa Amalia, c'est aussi un film. Je ne l'ai pas vu et pourtant à chaque page j'entends la voix d'Isabelle Huppert. Étonnant, n'est-ce pas ?

Marie d'en haut (Agnès Ledig)

note: 5tout est bon Jean-François - 1 octobre 2016

Tout est bon chez Agnès Ledig. La délicieuse histoire d'Olivier et Marie, deux êtres que tout sépare mais qui vont se trouver, par hasard, et ne se quitteront plus pour le meilleur et pour le pire, fait chaud au cœur. Sans mièvrerie aucune, l'auteure sait nous montrer que les destins les plus funestes (enfance maltraitée, délit de sale gueule, sans oublier la mort des êtres chers) peuvent aussi nous aider à devenir meilleurs et parfois même se transformer en véritables contes de fées. Une écriture toute fraîche dans sa simplicité et sa complicité permanente avec le lecteur. Un bon moment de lecture. Vivement le prochain…

Oeuvre non trouvée

note: 5fille perdue Jean-François - 1 octobre 2016

Gloria, pas même vingt ans, a déjà tout connu : les hommes, la drogue, l'alcool, l'argent facile, seul l'amour n'est pas au rendez-vous. Il y a bien son ami Eddie, mais il ne peut guère lui offrir la vie dorée sur tranches à laquelle elle aspire. Sa liaison avec Weston Liggett, "honorable" citoyen, va peut-être lui ouvrir les portes du paradis, ou bien être la première marche d'une descente vers l'enfer. C'est cette seconde option que choisit John O'Hara en ces temps de prohibition où les tripots clandestins (les "speakeasy") offrent aux new-yorkais respectables la possibilité de côtoyer la lie de la société. Une vision amère, mille fois plus amère que le fameux "Canada dry" cher à Al Capone. Peu de personnages trouvent grâce au milieu de cette humanité désenchantée. Et pourtant, Gloria, malgré ses défauts, brille de mille feux, par sa beauté, mais aussi sa franchise et sa simplicité. On lui aurait souhaité un tout autre destin. Mais l'auteur n'en a pas décidé ainsi. Une autre époque…

Le tango de la vieille garde (Arturo Pérez-Reverte)

note: 5éternel retour Jean-François - 24 septembre 2016

Un homme, une femme. Lui, danseur mondain argentin, attirant les femmes aimantées par son physique avantageux et les histoires qu'il raconte, empruntées pour la plupart. Elle, excessivement belle, toujours à son avantage au bras d'un mari fortuné, recherchant le plaisir surtout lorsqu'il est "interdit". Leurs rencontres, imprévues tant ils appartiennent à des mondes différents, vont pourtant jalonner leur vie, en une sorte de duo, très "je t'aime, moi non plus", que représente si bien le tango, cette danse où l'on ne cesse de se rapprocher et de s'éloigner. Trois villes, Buenos Aires, Nice, Naples, où leurs destins vont se mêler inextricablement. Amour impossible, et pourtant éternel, entre deux êtres passionnés et désenchantés. Arturo Pérez-Reverte signe là un roman qui tient en haleine, tel un polar de la meilleure eau, mais aussi une romance digne des meilleurs feuilletonistes. Le temps n'existe plus, tant on navigue entre ces étapes d'une vie aventureuse que chacun a vécue de son côté, et qui les a fait se rencontrer, pour des moments de plaisir intense, vite passés mais jamais oubliés. Un chef-d'œuvre de la littérature populaire hispanique, à lire et à relire…

Oeuvre non trouvée

note: 5l'or de la tortue Jean-François - 17 septembre 2016

Pauline Bonaparte (oui, la si mignonne sœur de l'empereur) aurait enterré dans une grotte une jarre pleine de louis d'or, avant son départ précipité de l'île de la Tortue, embrasée par la guerre d'indépendance. Tel est le point de départ des pérégrinations rocambolesques de notre héros, qui nous emmène de Naples à Cuba en passant par Bahia, pour enfin découvrir la sérénité auprès des bons pères de l'île de la Tortue (oui, le célèbre repère des pirates des Caraïbes). Un coup de théâtre, qui ne se raconte pas, ouvre une perspective finale grandiose à cette chevauchée fantastique au gré des amours fuyantes du narrateur. Un roman écrit d'une main de maître par l'excellent Louis-Philippe Dalembert, auteur haïtien. Laissez-vous porter par sa maîtrise de la langue et son imagination débordante. Un véritable chef-d'œuvre de la littérature francophone...

Oeuvre non trouvée

note: 2bouvard ou pécuchet ? Jean-François - 17 septembre 2016

Au pied de la boutique d'un soldeur de livres d'occasion, une rencontre entre le narrateur et une femme, belle, et amatrice comme lui de beaux livres, va servir de prétexte à un recensement minutieux de la "bibliothèque idéale", rassemblant tout ce qui compte, ou devrait compter selon l'auteur, en matière de littérature. Michel Field n'est pas avare de détails, parfois égrillards, sur la vie et l'œuvre des écrivains, avec quelques incursions dans d'autres domaines de la culture. La lecture est agréable, car il sait écrire et raconter, avec un zeste de préciosité, mais cet entassement à la Prévert, loin de démontrer son intelligence et son degré de connaissance du sujet, suggère qu'il n'est guère capable de penser par lui-même. Comme d'autres journalistes de talent, dont la gloire a consisté à inviter les célébrités du moment sur leurs plateaux télévisés, Michel Field semble seulement capable de s'exprimer par le truchement des auteurs, dont les citations encombrent près de la moitié des pages. En son temps, Gustave Flaubert a moqué cette prétention à la culture dans son célèbre "Bouvard et Pécuchet". Les Bouvard (sic !) et Pécuchet d'aujourd'hui sont nichés au cœur des médias. Existera-t-il un Flaubert pour les en déloger ?

Huit monologues de femmes (Barzu Abdurazokov)

note: 5femmes femmes femmes... Jean-François - 10 septembre 2016

De délicieuses petites nouvelles en forme de monologues, qui pourraient faire la joie d'une Muriel Robin tant elles sont criantes de vérité. Un petit chef-d'œuvre, écrit pour le théâtre et remarquablement traduit. Le Tadjikistan, ce n'est vraiment pas loin, lisez-le mesdames, vous en serez convaincues...

Commissaire Marion n° 8
Crimes de Seine (Danielle Thiéry)

note: 3qui l'eût crue Jean-François - 10 septembre 2016

Âmes sensibles, s'abstenir ! Danielle Thiéry ne fait pas dans la dentelle, ses lecteurs le savent, mais là elle se surpasse. Sur fond de crue de la Seine, un événement qu'elle a su anticiper même si celle de 2016 n'a pas atteint le niveau qu'elle a imaginé, des crimes sont perpétrés dans un Paris totalement désorganisé. En gare du Nord, la commissaire Edwige Marion, grièvement blessée à la tête et plongée dans un coma profond, disparaît mystérieusement du service de soins intensifs où elle a été transportée d'urgence dans une panique indescriptible. À Chaillot, des momies (fausses, car tout à fait contemporaines) flottent sur la Seine. Une scène de cauchemar, que n'aurait pas reniée un Tardi (Jacques, un grand de la BD). L'auteure, non contente de décrire par le menu les mille et une turpitudes qui règnent à la "Crim" et dans l'ensemble de l'appareil policier, un milieu qu'elle connaît (trop) bien, introduit dans son histoire, d'un réalisme crû, des éléments dignes des "Aventures d'Adèle Blanc-Sec (toujours du même Tardi), qui rendent le récit peu crédible. Dommage, mais les sensations fortes sont quand même garanties…

Oeuvre non trouvée

note: 5veuves blanches Jean-François - 28 août 2016

Dans ce recueil de sept nouvelles, d'inégale longueur, assorties d'un chapitre introductif destiné à éclairer le lecteur sur les intentions de l'auteure, le thème abordé est celui des "veuves blanches". Une veuve blanche c'est une veuve d'un genre un peu particulier, puisqu'il s'agit de jeunes filles, fiancées à un homme parti donner son sang pour défendre "l'honneur" de son pays lors de la Grande Guerre et, comme tant d'autres, jamais revenu leur assurer descendance et protection. Pourvues d'un statut particulier, ancré dans une tradition millénaire, ces "demoiselles", que la pression sociale voue à un célibat définitif, bénéficient d'avantages matériels et d'une considération auxquels la plupart d'entre elles ne voudraient pour rien au monde renoncer. L'auteure brosse un portrait de ces femmes, rendues crédules par la religion et la tradition, dont certaines vont passer leur vie à attendre le retour d'un être aimé dont le corps ne sera jamais retrouvé. Les variations sont multiples, au gré de l'imagination de l'auteure, avec un humour en demi-teinte qui ne masque pas la tendresse profonde qu'elle éprouve pour ces personnes simples mais terriblement attachantes. Au passage, un témoignage de première main sur l'évolution sociologique qu'ont connue ces campagnes si reculées jusqu'à l'aube du vingt-et-unième siècle.

Oeuvre non trouvée

note: 2mise en boîte Jean-François - 27 août 2016

Le mythe de la caverne de Platon revisité. Mettez-vous une boîte en carton sur la tête et le haut du corps, avec une mince fente pour les yeux et une visière en plastique, et promenez-vous ainsi dans les rues de Tokyo. Kōbō Abe décrit les avatars de cette drôle de machine à voir le monde tout en étant en lui mais extérieur à lui. Bref, un roman philosophique sur la perte d'identité, mais sans l'humour d'un Franz Kafka ("La métamorphose") ou la férocité d'un Gunther Grass ("Le tambour"). On s'y perd un peu, entre les vrais, les faux, les vrais-faux et les faux-vrais hommes-boîtes. Au final, quel est le vrai, quel est le faux ? C'est peut-être le message que voulait délivrer l'auteur au bout de ses 271 pages, mais j'avoue que je me suis sérieusement ennuyé. Tout le monde ne peut pas être prof de philo...

Une enquête du commissaire Brunetti n° 20
Deux veuves pour un testament (Donna Leon)

note: 5mourir à venise Jean-François - 27 août 2016

Une enquête du célèbre commissaire Brunetti, dans sa Venise chérie qu'il préfère parcourir à pied au risque d'arriver trop souvent en retard à ses rendez-vous. La signora Altavilla, occupant sa retraite en aidant des personnes en grande faiblesse, femmes battues, sans-papiers, vieillards solitaires, est retrouvée morte par sa voisine, baignant au milieu d'une mare de sang. Crise cardiaque, selon le médecin légiste, mais des marques brunes sur le cou et dans le dos laissent dubitatif notre fin limier. Comme dans ses autres enquêtes, la lenteur vénitienne est de mise, lenteur que les gens du cru préfèrent appeler sagesse. Il faudra donc attendre les dernières pages pour voir une piste se dessiner, au bout d'une longue et délicate mise en confiance des protagonistes, digne d'un Jules Maigret, qui permettra de lever la chape de silence qui semble recouvrir cette ville si riche en secrets. Un bon moment d'évasion, en compagnie de personnages attachants, et une merveilleuse histoire d'amour, qu'il faut avoir la patience de découvrir au bout de cette difficile quête de la vérité.

Les sandales blanches (Malika Bellaribi-Le Moal)

note: 5enfance brisée Jean-François - 21 août 2016

Un récit poignant, écrit par une cantatrice "issue de l'immigration", qui nous fait partager le long calvaire qu'ont été son enfance et son adolescence. Entre la lente résurrection de son corps après un terrible accident, l'absence d'amour maternel et le rejet de la société à l'égard des "bronzés" (pas le film !), Malika Bellaribi a su se construire et trouver sa fierté de vivre au travers du chant. L'émotion est présente à toutes les pages dans ce beau récit écrit avec passion et beaucoup de sincérité. Les personnages que la narratrice a rencontrés au cours de sa vie sont nommément cités. Certains s'en trouveront flattés, d'autres sans doute moins. Tant pis pour le politiquement correct...

La chaise numéro 14 (Fabienne Juhel)

note: 5la chevelure Jean-François - 21 août 2016

Une histoire de femme tondue, au moment où la Libération libéra aussi les instincts les plus revanchards, les règlements de compte entre particuliers, sous couvert d'épuration. Maria Salaün, la fille du patron de l'auberge "La petite bedaine", a été tondue pour avoir aimé passionnément un officier allemand. Une liaison que son ami d'enfance, parti rejoindre les rangs de la Résistance, ne lui a pas pardonnée. Une histoire comme tant d'autres sur le même thème, mais écrite avec des mots si simples, évoquant si justement toute la palette des sentiments humains, qu'on pardonne volontiers à l'auteure d'avoir enfourché à son tour sa "bicyclette bleue". Le pardon, que Maria va rechercher, et trouver, au terme d'un véritable chemin de croix, est au centre du récit. Un récit profondément humaniste, jamais racoleur ni misérabiliste, un message toujours actuel, en ces temps où remâcher ses frustrations débouche souvent sur la violence ou, au pire, sur la folie meurtrière…

Oeuvre non trouvée

note: 5retour vers le passé Jean-François - 20 août 2016

Un roman très bien écrit, riche d'émotions, qui se lit d'une traite. Le "héros" (qui n'a rien d'héroïque pourtant) revient au Vietnam 30 ans après la mort de sa femme, morte en couches alors qu'elle avait donné naissance à une petite fille. Parti à la guerre puis en exil, il revient dans son village alors qu'il est au seuil de la mort. Commence une quête inlassable, qui l'amène à tout savoir de cette fille qu'il n'a jamais connue. La fin est poignante. Il ne faut pas juger le personnage, la vie l'a éloigné à tout jamais de l'amour, seule la mort lui permet de renouer avec la vie...

Un Simple viol (Marie-Sabine Roger)

note: 5viol sans retour Jean-François - 13 août 2016

Un thriller psychologique d'une qualité exceptionnelle, qui se lit d'une traite sans reprendre son souffle. L'héroïne de l'histoire traque à travers tous les hommes qu'elle rencontre au cours de son adolescence l'homme qui l'a violée lorsqu'elle était à peine pubère. Un cutter dans la poche, elle attend... Tout l'intérêt de ce court roman, ou plutôt de ce récit, tient à l'analyse fine d'un cœur et d'un corps blessés, écrite dans une langue épurée à l'extrême. Une réussite !

Le problème Spinoza (Irvin D. Yalom)

note: 5quatre siècles vous contemplent Jean-François - 13 août 2016

Contrairement à d'autres de ses romans ("Mensonges sur le divan", "Et Nietzsche a pleuré"), l'humour en demi-teinte, si typique de cet auteur, a disparu. Car l'heure est grave. Il s'agit rien de moins que d'une remise en cause de l'essence même de la religion, la croyance en un "au-delà" et en l'origine divine de textes sacrés. Le célèbre philosophe Spinoza, rejeté par la communauté sépharade d'Amsterdam, croyait en la Nature (à laquelle il identifiait Dieu) et rejetait toute idée de vie après la mort. Ses textes ont inspiré maints philosophes, parmi les plus grands, et sa vision humaniste et universaliste est toujours d'actualité. Irvin Yalom met en miroir les destins de deux personnages que tout oppose au-delà des presque quatre siècles qui les séparent. Le théoricien nazi Alfred Rosenberg se posait un problème à propos de ce Spinoza, vénéré par Goethe, dont il était persuadé qu'il ne pouvait pas être tout à fait juif avec une intelligence aussi brillante. La question qui est en filigrane dans ce double récit, mêlant faits réels (historiquement avérés) et imaginaires (des personnages viennent s'ajouter, générant discussions et polémiques), est bien : qu'est-ce qu'être juif ? Sans apporter de réponse, l'auteur fait ce qu'il sait si bien faire, nous raconter une histoire, mais avec intelligence, en laissant le lecteur, comme un de ses patients sur le divan, apporter lui-même ses réponses.

Voyage dans le passé (Stefan Zweig)

note: 5amour toujours Jean-François - 31 juillet 2016

Un homme, une femme se sont aimés et se retrouvent après neuf longues années d'absence, sur fond de manifestations nazies. Un amour de Zweig, remarquablement traduit. À déguster et comparer aux fades bluettes sex and sun d'aujourd'hui...

Les enquêtes de Quentin du Mesnil maître d'hôtel à la cour de François Ier n° 2
Meurtres à la Pomme d'or (Michèle Barrière)

note: 4policier polisson et gourmand Jean-François - 24 juillet 2016

Un beau roman, érudit et gourmand, plein de rebondissements, qui mêle personnages réels et imaginaires, comme les autres volumes de la série. Un seul regret, mais de taille : Michèle Barrière, qui a pourtant été sur les bancs de la faculté, d'après sa biographie, fait des fautes de français à toutes les pages : emploi du conditionnel au lieu du futur, fautes d'accord, j'en passe et des meilleures... Dommage qu'elle ne fasse pas relire sa prose avant de l'envoyer à l'éditeur, et dommage que l'éditeur soit si pressé de publier ses livres. J'ai quand même passé un très bon moment, et gagné quelques recettes succulentes.

Les enquêtes de Quentin du Mesnil maître d'hôtel à la cour de François Ier n° 2
Meurtres à la Pomme d'or (Michèle Barrière)

note: 4policier polisson et gourmand Jean-François - 24 juillet 2016

Un beau roman, érudit et gourmand, plein de rebondissements, qui mêle personnages réels et imaginaires, comme les autres volumes de la série. Un seul regret, mais de taille : Michèle Barrière, qui a pourtant été sur les bancs de la faculté, d'après sa biographie, fait des fautes de français à toutes les pages : emploi du conditionnel au lieu du futur, fautes d'accord, j'en passe et des meilleures... Dommage qu'elle ne fasse pas relire sa prose avant de l'envoyer à l'éditeur, et dommage que l'éditeur soit si pressé de publier ses livres. J'ai quand même passé un très bon moment, et gagné quelques recettes succulentes.

Oeuvre non trouvée

note: 5le complot Jean-François - 24 juillet 2016

Un thriller redoutablement efficace, écrit avec une grande rigueur malgré son aspect kaléidoscopique, tel un collage des années 1960 auxquelles il fait référence à travers l'histoire du rock. La musique est partout, les décibels s'éclatent, la drogue aussi, dure et douce, et toute une batterie de personnages tous plus déjantés les uns que les autres s'agitent dans une sarabande infernale. Un personnage est au centre de cette histoire, envoûtante, obsédante même tant on a hâte de savoir s'il va pouvoir se tirer du guêpier dans lequel il s'est fourré. De Bruxelles à Paris, en passant par Londres, New York et Berlin, la planète rock se visite, avec ses éclairs et ses coins sombres. Bon voyage au pays des fous…

Oeuvre non trouvée

note: 4USA années rockabilly Jean-François - 19 juillet 2016

Un parcours initiatique, à la découverte de l'amour et des problèmes raciaux dans l'Amérique des années 50. Le narrateur, un brillant lycéen français, a gagné une bourse qui va lui permettre de poursuivre ses études aux États-Unis. Sur le campus d'une université de Virginie, il va devoir déchiffrer les codes d'une mini-société très hiérarchisée, très blanche et très propre sur elle (du moins le croit-elle), qui intègre dans l'univers protégé des "colleges" américains tous les tabous de la société américaine bien-pensante du Sud des États-Unis. Grâce à April, une institutrice noire dont il va tomber amoureux (en cachette, bien sûr !), il va découvrir la face cachée de cette Amérique chérie, dont il semblait tout ignorer à son arrivée. Malgré un scénario digne d'un roman-photo, ce roman d'initiation, d'une facture très classique mais bien écrit et plein de charme, constitue un témoignage sur une certaine époque de l'histoire américaine. Le héros nous paraît aujourd'hui un tantinet ridicule, figé qu'il est dans son conformisme et son désir de réussir à tout prix, mais à travers le regard sincère qu'il porte sur les gens et sur la vie, l'auteur réussit à le rendre attachant.

J'ai vécu en ces temps (Olivier Todd)

note: 5la guerre, la mort, la mémoire… Jean-François - 19 juillet 2016

Dans ce témoignage bouleversant, le mot n'est pas trop fort, Olivier Todd partage avec nous ses souvenirs d'une époque trouble où les convictions politiques (le communisme, le fascisme) ou le sens du devoir ont poussé des hommes et des femmes à s'affronter ou s'entraider, faire des choses dont ils ont été fiers ou qu'ils ont amèrement regrettées. À travers l'histoire d'un officier allemand, rescapé du front russe et amoureux des poètes français, et d'une jeune résistante communiste, française et juive, prête à utiliser son corps pour recueillir des renseignements sur l'ennemi, c'est la tragédie de la seconde guerre mondiale que l'auteur analyse. Son enquête minutieuse sur ces deux écorchés vifs, victimes, souvent inconsciemment, de leurs contradictions, lève le voile sur de nombreux aspects cachés de cette période troublée. En journaliste, il rassemble les faits, et essaie d'en tirer une interprétation cohérente, qu'il nous soumet sans jamais en cacher les zones obscures. Puisse son témoignage, d'une actualité brûlante, nous faire réfléchir sur l'enfer terrestre où peuvent mener les idéologies, lorsqu'elles sont poussées à leur extrême…

Si j'ai bonne mémoire (Anne Icart)

note: 5retour au bercail Jean-François - 12 juillet 2016

Poursuivant la saga familiale initiée avec "Ce que je peux te dire d’elles", Anne Icart nous entraîne à la suite de Violette, de retour au bercail toulousain après sa "fuite" vers Paris : études de vétérinaire, puis exercice de son métier en compagnie de Raphaël, rencontré sur les bancs de l’école. Mais la naissance du petit Gabriel va brusquement lui donner envie de retrouver la chaleur du gynécée de la "tribu" Balaguère. Une suite de coïncidences, toutes aussi heureuses qu’improbables, vont s’enchaîner et apporter beaucoup d’animation au ce sein de ce petit monde chaleureux, dévoué à la couture (la haute), et toujours plein de non-dits. Écrit d’une façon très simple, avec des mots ordinaires pour décrire des "caractères" auxquels tout un chacun pourra s’identifier ou reconnaître des proches, "Si j’ai bonne mémoire" possède toutes les qualités d’un vrai roman populaire. Mine de trois fois rien, il aborde, et avec quelle acuité, les grands thèmes universels qui fondent la vie en société, à quelque échelle que l’on se place. Fil rouge du récit, la mémoire, et parmi tous ses avatars la perte de mémoire, celle que l’on s’efforce de masquer, d’expliquer par les mille-et-un tracas quotidiens, jusqu’au jour où l’aveu ne peut plus être différé. Mais comme tout est tellement plus facile lorsqu’on est entouré(e)…

Oeuvre non trouvée

note: 4le monstre vert Jean-François - 9 juillet 2016

Une intrigue assez embrouillée (mais depuis "Le faucon maltais" on en a vu d'autres) mettant aux prises deux fillettes inséparables, Sadie Green et Gwen Hubble, un jeune policier infatigable, une psychologue défigurée et quelques autres "figures" cachant bien des secrets enfouis au fil du temps. Sadie et Gwen ont disparu. Fugue ou enlèvement ? Le temps passe. Sont-elles toujours en vie ? Les questions se succèdent, mais le mystère s'épaissit au fur et à mesure que l'on croit s'approcher de la vérité. Un thriller remarquablement conduit, jouant sur les apparences, toujours trompeuses, une atmosphère trouble à souhait, avec un dénouement tout à fait inattendu.

Beijing Coma (Jian Ma)

note: 5terminus tian'anmen Jean-François - 2 juillet 2016

Dai Wei, étudiant en biologie moléculaire à l'université de Beijing (Pékin), est immobile sur son lit. Atteint d'une balle dans la tête un beau jour de printemps 1989, non loin de la place Tian'anmen, il est dans le coma. Les années passent, sans espoir de guérison, mais la partie de son cerveau laissée intacte lui permet d'entendre et sentir tout ce qui se passe autour de lui. Il revit ainsi, presque heure par heure, les événements, tendres et dramatiques, qui ont abouti à la terrible répression mettant un point final au mouvement vers la démocratie de la Chine d'après Mao Zedong (Mao-Tsé-Toung pour les anciens). Passé et présent convergent vers une fin tragique qui voit s'écrouler tous les rêves d'une jeunesse encore imprégnée d'idéal, avant que l'argent, bien ou mal gagné, ne remplace l'honneur et la liberté. Un constat implacable, ne négligeant aucune des contradictions qui ont agité tant le camp contestataire que celui des dirigeants d'un parti qui n'a de communiste que le nom. Comment le goût du pouvoir parvient à dévoyer les idées les plus généreuses ? Cette question, essentielle à la survie de l'humanité, est au cœur de l'ouvrage. Un roman puissant, aux dernières pages quasi insoutenables, aux qualités littéraires évidentes, jamais ennuyeux et qui touche à l'universel tout en décrivant par le menu ces quelques jours qui faillirent ébranler le monde…

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